
III, PI. CXXXV7) . — N». 4 , PL CCLIX. Coftume de
Payfan : tunique, ceinture & chauffure très-épaiffes; petit
bronze trouvé à Herculanum ( Bron^i , II, pag. 203 ).
Héfiode ( Opéra, .&e. .336 ) recommande au laboureur
de prendre pour 1 hiver une longue tunique, dont la
trame foit plus fournie que la chaîne ; un manteau fait
d’une étoffe fouple , une chauffure de cuir de boe u f,
garnie de chauffons; une cafaque de peaux de chevreau,
coufues avec des nerfs, de boe uf, pour fe défendre de la
pluie ; enfin, un bonnet bien ample & bien fourré, pour
mettre les oreilles à couvert. Dans le roman d’ Ifmértias
& d‘ lfmene { lib. 4 ) , Euftathe décrit une peinture qui
jreprefentoit un Laboureu ray ant une chauffure, une
tunique groflières & déchirées, un bonnet fût de laine
foulee , une barbe épaiffe, tenant de la main droite le
manche de la charrue, & delà gauche l'aiguillon. Le même
écrivain (ibid. lib. 4) décrit un Moiffonneur & un Faucheur
»peints dans les mêmes tableaux. Le premier por-
toit d elà main droite une faulx (faucille), & delà gauche
il raflèmbloit les épis. Sa tête étoit couverte d ’un bonnet
bien travaillé, fans lequel il n’auroit pu foutenir l’ardeur
du foleil; fa tunique étoit relevée autour des reins, & le
refte de fon corps étoit nu depuis la ceinture. Le Faucheur
a voit la tête ceinte, non de tofes ou d’autres fleurs,
mais d’ un linge. Sa chevelure étoit courte, fon col couvert
; fa tunique groffière étoit relevée fans art; fes pieds
& jfes jambes étoient nus. i l tenoit une faulx avec fes
deux mains. Dans les mêmes tableaux on voyoit un Berger
où un Chevrier avec la tête nue, les cheveux & la
barbe hériffés , les mains & les avant-bras nus jufqu’ aux
coudes , la tunique relevée jufqu’aux genoux,
Longus ( Pafior. lib. 2 , ineuntt ) peint un Payfan couvert
d’une peau garnie de poils, chauffé avec des bottines
de cuir de boeuf cru , & portant une beface. Le vieux
Laerte cultivant fes champs portoit, dit Homère (Odyjf.
X X I I I , 226) , une tunique groffière, Faite de pièces
coufues; des bottines de cuir de boeuf, & des gants
pour fe défendre des épines ; un bonnet de peau de chèvre.
Enfin, Dion-Chryfoftôme dit de quelqu’un ( Orat.
L X X l , pag. 617 ) : « V êtu en agriculteur ou portant la
*®. tunique fans manches d’un berger, ou le manteau de
*» peau garnie de poils, ou ceint d’un fimple caleçon. »
LES VOYAGEURS grecs portoient la chlamyde au
lieu du pallium, qui étant fort ample, & qui n’étant
point retenu par une agraffe., auroit trop gêne les mou-
vemens ; ils portoient auffi le pétafe ou chapeau à bord
large & plat, l’ épée , & quelquefois des javelots. Trois
figures de Voyageurs, tirées de monumens grecs, fendront
de preuves. N °. 1 , PI. CCLX3 tiré des vafes grecs
de terre cuite d ’Hamilton ( Z , PI. X X X V ) . N°. 2 ,
PI. CCLX3 tiré d’un bas-relief de la villa Borghèfe , re-
préfentant Zéthus & Amphion avec leur mère Antiope.
Sous ce numéro eft deffiné Zéthus, qui choifit la vie paf-
torale ( Winck. Mon. ant. n°. 85 ) . N°. 3, PI. CCLX, tiré
d’un vafe grec de terre cuite, „confervé dans la bibliothèque
du Vatican ( ibidem , n°. 98 ) , qui repréfente
Thefée & Pirithoüs châtiant le brigand Sinnis. Sous ce
numéro eft deffiné Pirithoüs. Une feule de ces figures
porte une tunique relevée avec une ceinture , mais
elles ont toutes la chlamyde. Ce manteau eft l’attribut
particulier des Voyageurs. Philoftrate ( de Vitis Sophijl.
lib. 2 , cap. 27 , n®. y ) , parlant du fophifte Mégiftias,
qui déclamoit à l’inftant ou le fophifte Hippodromus def-
çendoit d’un navire : « Changeons l’un & l'autre de vê-
y> temçnç, dit Hippodromus ;. car celui-ci portoit une
»» chlamyde, & Mégiftias le manteau de déclamateur. »
Dans le Mercator de Plaute ( a£l. V 3 fc. 2 ) , Charinus
change de proje t, & renonce à voyager; il dit à fon
domeftique de lui apporter fon manteau, qui étoit dans
la maifon, & d’ y porter fa chlamyde. Bientôt après il
reprend fon projet de voyage, & il redemande fa chlamyde.
Dans le Perfa du même auteur ( aft. I , fc. 3 ) ,
on dit à un perfonnage que l’on veut faire paffer pour un
Voyageur arrivant par mer : «« Prenez la tunique , la cein-
» ture , la chlamyde & la eau fin . «3 Dans le Pjeudolus du
même écrivain , le même jeu eft répété : on y demande
la chlamyde, l’épé e, le pétafe, & la tunique garnie de
manches ( manuclatam tunicam). Le pétafe ou la caufiia
faifoit partie du coftume des Voyageurs, comme on vient
de le voir dans deux paftâges cités plus haut. On voit
auffi dans un de ces deux textes, & dans la fcène du
Mercator déjà indiquée, que l’épée faifoit auffi partie de
ce coftume.
On voit un Marin fur une pierre gravée de Stofch ,
expliquée par Winckelmann ( Mon. ant. n°. 1 y8 ) , & deffi*
née ici fous le n°. 4 , PI. CCLX. C'eft un des compagnons
d’Ulyffe, qui ouvre l ’outre dans laquelle les vents étoient
i renfermés. Cette figure donnera f intelligence d’un paf-
fage du Miles gloriofus de Plaute ( aH .IV , fc. 4) , oïl
l’on décrit le coftume d’ un Marin : ce Tu prendras, dit-on
*> au perfonnage que l’on veut faire déguifer, l’habille-
» ment d’un Marin; tu porteras une caufia brune..... un
» manteau de même couleur (les Marins modernes l’ont
» adoptée ) ; il fera lié fur l’épaule gauche, laiffant le
»3 bras libre, & ta tunique fera retrouffée avec une cein-
»3 ture. »3 Les Marins ne portoient pas toujours le manteau.
Lorfqu’il faifoit beau tems, ils n’avoient que la tunique.
Un homme vêtu d’une tunique feule eft pris,
dans Dion-Chryfoftôme ( Orat. 71 ) , pour un Marin,
Cçtte tunique étoit ordinairement tiflue de jonc, comme
une natte, raufanias ( Phocic. cap. 29 ) dit que, dans les
peintures de Polygnote à Delphes, « Elpénor avoit pour
»3 tout vêtement une natte de jonc , telle que les Marins
» ont coutume de la porter. 33
LES CHASSEURS pourfuivant.Ies bêtes fauves doivent
avoir, dit Pollux ( V , cap. 3 ) , leur chlamyde entortillée
autour du bras gauche, en guife de bouclier.
C ’eft ainfi que la porte Méléagre fur les bas-reliefs qui
repréfentent la chaffe du fanglier de Calidon. La chlamyde
des chajfeurs étoit différente de la chlamyde ordinaire
; elle étoit plus courte. Plutarque ( Pelopid. Briani,
I I , pag. 203) l’appelle & Gratius Falifcus
( Cynegeticon, 38), curta chlamys. Plutarque, cité plus
haut, dit que les exilés de Thèb e s , voulant rentrer par
rufe dans leur patrie, prirent le coftume des chajfeurs,
« portant des chlamydes courtes, des pieux pour dref-
>3 fer les file ts, & conduifant des chiens de chafle. «
J’ ai décrit à la page 31 l’épieu que portoient les chaf
feurs avec les javelots pour combattre la grande bête;
ils fe fervoient de flèches pour atteindre les oifeaux. Pour
tuer le lièvre & les animaux de même grandeur, ils leur
lançoient un bâton légèrement courbé & renflé par un
bout, qui fut appelé, à caufe de cet ufage, xayoZoxou Le
n°. 1 , PI. CCLXI, tiré d’une pierre gravée antique,
repréfente cette chaffe au lièvre. Oppien ( Cynegeticon,
I , verf. 9 1 , &c. ) décrit le coftume, les armes & les inf-
trumens des chajfeurs. Ils doivent porter deux javelots
dans la main droite, & une petite faulx paflëe dans b
ceinture, avec laquelle ils relèveront leur tunique. Leurs
. armes feront des épées, des bâtons pointus comme le*
>v*iffuifloiï)S des laboureurs , un trident pour percer les
lièvres , des crocs & des maffues plombées.
t LES MENDIANS étoient vêtus comme les plus mifé-
Irables des payfans. Dion-Chryfoftôme {Orat. 7 , pag.
î lo t ) peint un bouvier qui fut conduit fur la fcène dans
lune ville d’Eubée. “ Vous v o y e z , dit-on au peuple raf-
» femblé dans le théâtre, la vile tuniaue fans^manches ,
» & la peau dont il eft révéra......C ’eft un véritable menl$
3 diant qui ne poffede rien. 33
§. II. Des divers peuples de la Grèce.
|r ÀBANTES, anciens habitans de l’Eubée. Homère
dit qu’ils coupoient leurs cheveux fur le devant de la
tête ; qu’ils les laiffoient croître & flotter par-derrière.
Plutarque ( Thcfe. Briani, / , pag. 3 ) ajoute qu’ ils vouvoient
par-là ôter aux ennemis le moyen de les faifir par-
ftjlevant.
I ACARNANIENS. ( Voyei Æ to lien s . )
ACHÉENS. Le chef de la ligue des Achêens, appelé
iPréteur par les R.omains , ne portoit aucune marque ap-
Jparente de fa dignité ; car Philopoemen ne fut pas reconnu
par la femme de fon h ô te , de Mégare, chez qui il étoit
invité à dîner {Plutarc. Pkilop. Briani. IIspag. 3 74 ). Plutarque
dit expreffément d’Aratus ( ibid. V , pag. 338 ) ,
par oppoficion au luxe des tyrans, qu’ il portoit un manteau
& une chlamyde, tels qu’ ils fe trou Voient ( rtS
T»X” V ).
II ÆTOLIENS. Thucydide dit ( iib. Z , cap. y ) que de
fon tems les Ætoliens , les Acarnaniens & les Locriens-
Jpzoles confervoient d.es reftes de leur ancienne férocité,
tel que le port habituel des armes. — Les Ætoliens portoient
la caufia 3 comme les Macédoniens, les marins, &:c.
& une chlamyde d’une forme ou d’une couleur particul
iè r e ( Polyb. I V , cap. 4 , pag. 274 ).
H A R C A D IË .N S , habitant les montagnes élevées du
^centre du Péloponnèfe, furent les derniers civilifés, parce
Iqu’il paroît que la Grèce reçut la civilifation par les ré^
■ •gions maritimes. « Ils portoient des tuniques de peau de
”33 porc, dit Paufanias {Arcadie. 1 . pag. y ç9) , telles qu’en
»3 portoient les plus miférables de l’Eubée & de la Pho-
f l c}àe. >3 Le bonnet ou pétafe des Arcadiens { *;A«s
'%m °S ^ ^ans ^es écrivains grecs ( Diog. Laeit. in
Menedemo, pag. 3 64 ) ; mais on n’ a aucun moyen d’en
Pçcrire la forme.
K ' ARGIENS; Philoftrate, décrivant une fîatue de Tan-
|tale ( Apollon. V.ta. I I I 3 c. 2y ) , dit qu’elle étoit vêtue
pomme les Argiens , & qu’ elle av-oit feulement la chla-
jnyde theffalienne. Ce manteau fait connoitre que la
|itatue pouvoit être armée.
W. ATHÉNIENS. Thucydide (7/i. Z , cap. 6 ) dit que les
MAtkentens furent des peuples de la Grèce les premiers qui
renoncèrent au port habituel des armes & qui adou^ :
■ cirentla férocité de leurs moeurs antiques. Les vieillards :
^voient ceffé , feulement dans le fiècle où il vivoit ( le 1
cinquième avant Père vulgaire ) , de porter des tuniques i
i f ïin, 3 de boucler leurs cheveux & d’en lier fur le fom-
met de la tete une partie avec des agraffes d’ or repïéfen-
! lu ^es G18ales. Athénée ( Deipr.ofoph, 1 1 } cap. 1 ) parle
de ce luxe des anciens Athéniens ; il dit de plus qu’ils
portoient des tuniques de diverfes couleurs & des manteaux
de pourpre ; qu’ ils faifoient porter avec eux des
i fiéges plians, de crainte d'être forcés de s’ affeoir fur toutes
fortes de fiéges. Il ajoute : « Cependant ces mêmes
33 hommes furent victorieux à Marathon ! 3>
Glément d’Alexandrie attribue fpécialement aux ma-
giftrats d’Athènes les tuniques longues, les manteaux
traînans, le noeud de cheveux placé fur la tête ( appelé
crobyle ) , & les cigales d’or. Peut-être faudfoit-il ref-
treindre ce luxe aux magiftrats feuls ou aux vieillards
( Lucian. Nav. n°: 3 3pag. 249, tom. I II ). Xénophon dit
en effet ( Atken. Refpub. , cap. 1, n°. 10) : ......« Le peuple
»3 à Athènes ne porte point de meilleurs habits que les
33 efclavês & les étrangers qui habitent cette ville. La
»3 forme même n’eftpas différente. »3 Les Athéniens riches
avoient cependant une manière de porter le manteau ,
qui les faifoit reconnoître. Philoftrate dit d’un portrait
de Thémiftocle ( lcon. 11, cap. 32 ) : ce On reconnoît
>3 un Grec au milieu des Barbares...... & furtout il a un
>3_ manteau à l'athénienne. »311 dit auffi d’ un portrait de
Dédale ( ibid Z, cap. 16 ) : . . . ce II reffemble a un Athé-
» nien......par. fon coftume; car il eft enveloppé dans
3» un manteau de couleur obfcure, & de plus il a les
>> pieds découverts, comme les portent les Athéniens. >•
Le manteau traînant, cité par Clément d’Alexandrie ,
n’étoit-il en ufage qu’à Athènes ?
On p eut conclure d’un paffage de Philoftrate ( Apol~
don. Vit. I l 3 c. 41, & V I 3 cap. 6 ) , que les Athéniens les
plus diftingués portoient, en été & à la campagne , des
manteaux de coton (
Au refte, dans les cérémonies publiques, foit politiques
, foit religieufes, lès chefs des Athéniens brilloient
par la richeffe de leur coftume. Dans les fêtes de Bacchus,
celui qui conduifoit la pompe portoit une couronne d’ or
& un manteau de pourpre ( Üemojt. adv. Midiam3pag. 388,
Voljii ).
Dans le paffage de Philoftrate, relatif à Dédale cité
plus haut, j’ ai rendu le rtiot âw-zz-o^Axs par ceux-ci, les
pieds découverts 3 & non par ceux-là, les pieds nus. Je n’ ai
trouvé aucun autre texte d’écrivains grées , relatif aux
Athéniens, dans lequel il fût queftion de la nudité des
pieds. D’ailleurs, une ftatue de Démofthène, qui eft en
Angleterre, & dont on voit le deffin dans l’édition de
Winckelmann par Janflen ( tom. II3 PI. X ) , le repré-r
fente avec Une chauffure qui laiffe les doigts des pieds
découverts.
Jufqu’au deuxième fiècle de l’ère vulgaire, les jeunes
Athéniens portèrent des chlamydes noires ( Philojlr. Vit.
Sophijl. y lib. i l y c. 1 ) , pour témoigner lé regret que confervoient
toujours les Athéniens du meurtre du hérault
Copréus y qu’ils avoient mis à mort. A cette époque Hé-
r o d e - l e u r en donna de blanches. On peut conclure,
de cet ufage » qu’à Athènes on portoit le deuil en noir.
On le voit pofitivement dans le paffage où Xénophon
( Ht fi. Grée. I y cap,. 7 ) raconte que les amis de Théra-
mène fe préfentoient pendant les Apaturies, & dans
toutes les affemblées du peuple , avec des habits noirs
& les cheveux coupés, comme s’ ils euffent été parens
des citoyens tués au combat des Arginufes.
Les Athéniens confacroient l’adoption par teftament ,
fur les tombeaux , en y faifant fçulpter un enfant qui
portoit un vafe ( ÀssTçotpogos ). ( Dsmofi. adv. Leochar
pag. 6 7 4 , Voljii.)
Hérodote raconte ( lib. V , pag. 41 y , Wejfeting. ) que
les Athéniens ayant été vaincus dans l’île d’Égine, un