
SUITE DE LA SECONDE PARTIE.
S N. B . Des circonstances imprévues ayant forcé k imprimer la troisième partie de ce Recueil
avant la seconde, on na pu calculer avec précision la place que celle-ci devott occuper. On en
Trouve ici la suite' sous le titre courant : S u i t e d e l a s e c o n d e P a r t i e .
S E C T I ON I I I .
Manteau.
I §. Ier. Du manteau, en général3 & de fes noms.
®Je comprends dans cette feêtion, fous le nom de
m a n te a u , le vêtement commun aux deux fexes, que l’on
p|açoit fur la tunique , quelle que fût fa forme, & que
Ton portoit quelquefois même fans tunique. Le manteau
étoit appelé dans l’acception générale, chez les Grecs,
Æfcârw, à wivXoSy to ■ zreçtohqHee^ 8C chez les Latins pallium
, péplum ou peplus.
Le manteau avoit ordinairement la forme d’un carré
ouid’un carré long, dont la hauteur étoit égale à celle
dell’homme, la tête exceptée, & dont la largeur étoit
variable. C’étoit une pièce 4’étoffe coupée fous cette
forme, qui n’avoit aucune couture, aucun froncis ni
aiicun pli affujetti par des coutures. On en voit la preuve
dans les écrits d’Homère & des plus anciens auteurs
grecs, qui difent que l’on étendoit les manteaux fur les
lits pourfervir de couvertures, 8c qui donnent fouvent
les noms du manteau aux couvertures ordinaires des lits,
aidfî qu’aux tapis. Le mot vinXos eft ‘employé aufli Pouvait
pour défigner une pièce d’étoffe ou de toile , que
pofur défigner le manteau de l’ un & de l’autre fexe. Ces
pièces d’étoffe ou de toile ne dévoient avoir aucune couture,
aucun pli confiant, puifqu’ elles fervôient aux divers
ufages auxquels on les voit employées. Je crois donc
pouvoir en conclure que le manteau des Anciens ne ref-
fembloit point à celui des Modernes, qui a le haut beaucoup
plus étroit que le bas, qui eft terminé par un collet!
& qui a des froncis. On voit encore, dans plufieurs
contrées, les gens de la campagne s’envelopper dans une
pièce de drap coupée en carré long, & qu’ils afliijet-
riflent par une agraffe ou par deux liens.
,aft<es Anciens mettoient beaucoup de prix à placer ou
^Kot à jeter ( intÇcéxxtrai ) avec grâce leur manteau.
Pour obtenir cet effet pittorefque & ces beaux plis qui
fopt le charme des draperies antiques, ils attachoient
j||ivent aux angles du manteau quatre glands ou quatre
Mupes compofées d’une matière pefante. Ces glands
donnoient un poids aux draperies, qui par elles-mêmes,
|Sen raifqn de leur plus grande finefle, n’ayant aucun
iqfctien, n’auroient pu être jetées à volonté. Winckel- ■>_
manii le premier a fait remarquer ces glands fur les draperies
de plufieurs figures antiques 5 mais il n’a point indique
la caufe pour laquelle on. les avoit placés. Aujour-
d’hui
ç .U1 tlue nos déleurs tragiques copient avec une fidélité
lcrupuleufe fciupi > r 1 " Y ” les — “ coftumes “ antiques,1JL1«^UC3 , )j’ai ai
reconnu l’utilité
n!lL -, - s,Pour r------ iiiautt.au du . J-manteau.i dlUCUL UUL1 a<Xuteur qui a corn
PQie, vers le quatrième fiècle, fous le nom d’ Abdias de
&dbylone, 1 Rijloire du martyre des Apôtres, dit ( lib. 8 )
que laint Barthélemi portoit une . tunique à manches
( C0^ lUm)> blanche, ornée de bandes de pour-
nJo3 &u ,n.manteau blanc, orné à chaque angle d’une
P^rre precieufe. ' ’ H 6
rayées ■ ^examen de nos aéleurs vêtus de chla-
l’ooiniJ de Pa{ljum ou de togek, qui m’a confirmé dans
■ p o n que j avois embrafiée en étudiant les marbres
& les peintures antiques, favoir, que ces manteaux
divers ( la toge exceptée ) n’étoient ordinairement ni
arrondis par le bas ni échancrés par le haut, mais qu’ils
étoient le plus fouvent terminés par quatre lignes droites.
A la vérité., ces draperies, lorfqu’on les examine fur les
figures, fe trouvant fixées ou appuyées fur deux ou trois
points feulement, & n’étant point fendues, préfentent
des formes ondoyantes ou circulaires j mais elles n’ont
point été coupées fous ces formes. En un mot, fi l’on
fufpend une pièce de drap rectangulaire par deux points
plus rapprochés que ne le font les deux angles de cette
pièce lorfqu’elle eft tendue, on verra que les deux côtés,
qui ne font pas perpendiculaires , s’ arrondiflènt ferifî-
blement. Cependant, comme la bizarrerie & le caprice
exercent un empire abfolu fur les formes des vêtemens,
°,n .ne, fauro^ nier que la ligne inférieure du manteau
n’ait été quelquefois courbe 8c circulaire, de même que
l’on vit les Theflaliens échancrer leur manteau par le bas
& des deux côtés : d’où vint aux parties antérieures le
nom d’ ailes ( PI. C C t lV , n°. 3 ) .
§. I I . Manteau des Grecs.
Les manteaux des Grecs peuvent être claffés fous deux
divifions , le manteau militaire, le manteau civil ou ordinaire.
Le manteau militaire, appelé chlamyde, a été décrit
dans le livre de la Guerre ( chap. 1 3feft. 3) , & j’en ai
donné le modèle & la coupe fous les nas. 1 & 1 de
la PI. I P . On l’appeloit aufli Una. Il n’y auroit pas
à en parler dans ce livre du coftume civil fi les militaires
n’euflent porté, en tems de paix, la chlamyde
immédiatement fur la tunique & fans cuiraffe, fi d’ailleurs
elle n’eût pas été le vêtement ordinaire des efféminés,
des jeunes Athéniens, des voyageurs & des chaf-
feurs. Les deux premières aflertions font prouvées par
les peintures du Térence du Vatican, où l’on voit les
militaires vêtus d’une tunique courte, de la chlamyde
ou du manteau à agraffe j les jeunes hommes vêtus d’une
tunique longue & , le plus fouvent, d’une longue chlamyde.
Dans YEpidicus de Plaute Utt. I I I3fc. $3 verf. y4),
Périphanès dit d’un foldat qui arrive :
Sed his qui s eft? quem hue advenientem confpicor:
Suant qui undantem chlamydem quajfando facit.
Quant aux voyageurs , Plaute fournit plufieurs témoignages
( Pfeudolus , act, I l 3 J e . 4 , verf 44. Perfa, act. / ,
Je. 3 , verf. 74. Mercatorf aët. V , fc. 2). Pour les châî-
feurs, voyez Plutarque ( Pelopidas, Briani I l 3pag. 20 c.
Demetrius, Briani V3 pag. 1 ƒ ). Enfin la chlamyde, fous
les fuccefleurs de Conftantin, remplaça la to g e , même
chez les premiers perfonnages.de l’Empire. Les figures
grecques & romaines, deftinées dans le chapitre II du
ivre II de la troifïème partie de ce Recueil, prouvent
ces divers ufages.
La chlamyde, dont j’ ai donné la coupe dans l’endroit
cité plus haut, eft une des plus amples} elle eft ordinairement
plus étroite. En v o ic i, fous le n°. i 3Pl. CXP'I
un modèle ; c eft une figure de bronze d’Herculanum •
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