
Le chameau eu plutôt le dromadaire ( chameau à une
feule boffe ) dé ligne l'Arabie. _ ^
La Dacie (contrée qui répendoit à celle que cohn-
nent aujourd’hui le Pruth, le Danube - 1s Tibifcus & les
monts Carpates ) porte fur les médailles une enfeigne
formée par une te:c d’ âne. Ôn ignore le motif de cet
emblème ; mais on fait qu’aujourd’hui , en Egypte &
dans l’Orient, les ânes font très-forts, très-prifés, &
qu’ ils fervent de monture aux plus riches. En auroit-il
été de même chez les Daces ? La Pannonie, terminée
par le Danube, le Save, la Carinthie, la Stirie, & ç . ,
tient des enfeignes militaires pour indiquer la valeur de
fes habitans. La Germanie, aujourdhui l’Allemagne,
tient un javelot & un bouclier plus long &' plus étroit
que ceux des Romains. fra Theifalie ( Fhiloftrati, I cq.:.
lib. 2 , cap. 14) eft couronnée d’épis & débranchés d’ olivier,
& ;elle conduit un jeune cheval. La triquetra, iym-
bole formé par la réunion de trois cuilfes avec les jambes
& les pieds, fur laquelle eft placée une tête, déiigne
les trois promontoires de la Sicile, qui a aufli pour attribut
la faucil|e & des épis. Sur des médaillés de Vefpafien
on lit ce mot, It a l i a , & l ’on -voit l'Italie repréfentée
fous la figure d’ une femme coiffée avec des tours, aflife
fur un'globe-étoilé , tenant lin fceptre & une corne d’abondance.
Claudien (in pr. Conf. Stdich. lib. 1 , v. z6l)
la repréfente liant la vigne & lé lierre, & répandant le
vin a grands flots. Sur une médaillé d’or de Claude
( Gcjfneri, tom. I I , tab. 4 1 ,«°. é * ) , on lit pour exergue
B r it an n ia , & l’on voit la Grande-Bretagne debout,
tenant un gouvernail : une proue eft à fes pieds. On
trouve la même légende fur un grand bronze d’Antonin
( Gcffncrif tom. I I , tab. 98, n°. 8 ) , & l’on y voit une
femme affife fur des rochers, tenant une enfeigne mili-.
taire & un javelot. Son coude gauche eft appuyé fur un
bouclier orné àt une tête de boeuf.
La Cappadoce paroît fur les médailles fous la figure
d’une femme vêtue d’une tunique courte, coiffée de
tours , tenant une enfeigne de cavalerie, parce que les
Romains en tiroient un grand nombre de cavaliers. A fes
pieds ou fur fa main droite, le mont Argée. L’Arménie
fe fait reconnoître à l’arc, au carquois fait en forme de
confole, à la tiare cylindrique terminée par des rayons,
& fe prolongeant fur la nuque feulement. La Parthie
porte une tiare recourbée, une tunique,, courte, des
chauffes longues, & tient un carquois.
Lés Villes furent aufli repréfentées fur les monumens
fous des figures & avec des attributs qui les faifoient
reconnoître. Ces attributs font le plus fouvent les figures
des Divinités auxquelles les Villes rendoient un culte
particulier, ou les fymboles de ces Divinités, ainfi que
les animaux qui leur étoient confacrés.. Les végétaux, les
fruits, les produits des manufactures propres au territoire
de ces Villes leur fervent aufli de fymboles. Enfin,
on voit fur les médailles, & employés au même ufage,
des objets qui n’ ont de relatif aux Villes que des âllu-
fions à leurs noms > ce que les Modernes ont appelé des
armes parlantes : un coeur pour Cardia, une grenade pour
Üidé, une clef pour les îles GUides, &e. <kc.
Ne pouvant rapporter tous ces attributs, ce qui feroit
& trop long & inutile en grande partie, je vais donner la
defcription d’un monument antique que l’on voit fur la,
place de Pouzzole j il fera connoître la manière dont les
Anciens repréfentoient les Villes. C ’eft la baie rectangulaire
d’une ftatue colojlale. que douze ou quatorze
Villes d’Afie firent élever à T ibère, comme un témoignage
de leur reeonnpiffance pour les moyens qu’il leur
avoit fournis de réparer les défaftres d’un tremblement
de terre. Laurent-Théodore Gronovius a donné le deffm
de cette bafe avec fon explication dans le Thefaurus An-
tiquitatum gr&carum ( tome V I I , pag. 433 ) } mais comme
le deflîn de Bulifon, fur lequel il a travaillé, eft inexaCt,
Wirickelmann ( Eflai fur VAllégorie, tome I , pag. 6 r ) a
cru devoir rétablir la vérité, & je le fuivrai. La première
figuré à droite eft Hyrcania : cette Ville porte un chapeau
qui reffemble au pétafe ailé de Mercure. C’eft ainfi
que fur une de fes médailles ( apud Odericium, pag. 129)
paroît la tête de Mercure avec le caducée. La fécondé
Ville eft Apôllonie d’Ionie, qui tient un oifeau. Sur une
de fes médailles (GujJeme 3 1 , pag. 130) on voit une colombe
éployée. Ephèfe, fous le coftume de Diane , eft
coiffée avec une tour , de laquelle s’élancent différens
animaux, femblables à ceux qui accompagnent les ftatues
de Diane d’Ephèfe : on les a pris mal à propos pour des
flammes. Elle tient de la main gauche deux épis de blé
3c deux têtes de pavot , & elle pofe le pied du même
côté ‘fur un malque tragique qui a une barbe. Enfin, on
voit derrière elle la ftatue de Diane portée fur une co lonne.
La quatrième figure, Myrina, appuie le coude
gauche fur un trépied, dont il ne refte plus que le haut :
de la main droite elle tenoit probablement une branche
de myrte ( myrmé en grec ) , comme on la voit fur fes
médailles. La cinquième Ville, Cibyra, a le coftume
d’une Amazone , la tunique"retrouffée , le cafque , la
lance & un bouclier rond : ce bouclier n’eft pas ordinairement
celui des Amazones, mais on le leur voit quelquefois.
Il paroît que cette. Ville fe donnoit pour fondatrice
une de ces héroïnes, comme Smyrne & Miryna.
ici finit l’ explication de Winckeltmnn. Temnus, la
fixième V ille, paroît fous les formes d’Efculape. Ce
dieu fert de type à fes médailles, frappées en l’honneur
de Mammée ( Gujfeme, V I ) & d’Otacilie ( Occo, pag.
3^7 )-
Sur un des côtés paroît Cymé. Sur les revers de quelques
médailles de cette Ville (Hunteri, tab. 22 , fig. 20
2 7 ) , on voit une femme debout, tenant un fiftre de la
main droite , & une corbeille de la gauche. Quelqu’ufée
que foit la figure de la bafe , elle rappelle ce type par. fa
maffe. La huitième V ille , Tmolus, eft feule représentée
fous la figure d’un homme nu. Il tient des pampres & des
raifins, & il défigne l’excellence des vignes du mont
Tmolus, qui donnoit fon nom à la v ille , ou le héros
Tmolus fon fondateur, dont on voit fur des médailles
de Sardes la tête couronnée de pampres. On ne peut
rien dire de Philadelphie : fa figure eft trop dégradée.
Sur l ’autre côté paroît la dixième Ville , Hierocæfarea,
célèbre par le culte qu’elle rendoit à Diane Perfïque ,
divinité qui fert de type {Seguini3 SeleEla Numifm. pag. 10 >
11 ) à plufieurs de fes médailles. La figure de cette Ville
eft coiffée de tours, & porte la tunique courte & retrouffée
de Diane. La onzième Ville eft une figure de femme,
vêtue d’ une longue tunique & d’un manteau ; elle tenoit
de la main, droite élevee un objet qui eft détruit ; de
même de la gauche, qui eft appuyée fur la, hanche. On
ne voit plus au deffous de cette figure que la lettre E ,
que l’on croit avoir fait partie du nom Mg&&. Moftène,
qui eft la douzième,. tient d’une main des fruits dans un
pan de fon manteau, & de l’autre un objet peu diftinét,
de forme ronde-alongée. Athénée ( lib. 1 1 ) parle d une
efpèce de noix qui portoit le nom de cette Ville.
Enfin, fur la face qui porte la dédicace du monument &
à la fin des lignes, on voit une femme qui élève une main
du côté de l’ infcriptian, & qui tient l’ autre fous fes vaftes
draperies. Aa deffous on lit i a , refte de Magnefa ad
Meandrum. La figure de femme qui eft placée au commencement
de l’infcription appuie une main fur la tete
d*un petit enfant, &r tient l’autre élevée vers fa poitrine.
Les lettres qui paroiffent encore fous cette figure font
inexplicables ; mais on a tout lieu de croire qu elle irepre-
fente la Ville de Sardes. . y .
Cet exemple fuffira pour montrer comment on doit
représenter les Villes perfônnifiées. On confultera fur
chacune de celles qui ont lai-ffèdes mônumens , le Lexi-
cou univ. rei numaris. de M. Rafche. Je vais parler feulement
de la plus célèbre des Villes, de Rome.
ROME. On voit fouvent Rome perfonnifiée fur les
médailles & les marbres. Quelquefois elle eft coiffée de
tours; mais ordinairement elle porte un cafquè. Quelquefois
elle eft vêtue en Amazone ; quelquefois elle
porte aufli nn manteau. Elle eft fouvent affife fur des
armes entaflees. Près d’elle eft placée ordinairement la
louve allaitant Rémus & Romulus. Dans une peinture
antique, confefvée dans le palais Barberini, Rotne porte
une tunique blanche & un manteau rouge. On voit ici
fous le n°. 1 , RI. C C X X X lll 3 la figure de Rome couronnée
par la victoire, qu’elle porte fur fa main droite ; de
l’autre elle s’appuie fur un bouclier orné de la tête de
Médùfe. Cette figuré eft gravée fur une pierre de la galerie
de Florence ( Getn. tom. i l 3 tab. 53, h?, y ).
CHEMIN (ou VO IE ) perfônnifié. Trajan ayant réparé
la Voie Appienne, le Sénat fit frapper en fon honneur des
médailles, fur lesquelles on lit : Via T r a ia n a . On y
voit ( Pedri'Jt, V I , pag. 24) une figure de femme affife
par terre, tenant de la main droite une roué qui eft placée
fur fon genou, & de la gauche une branché d’arbre. Le
coude gauche-eft appuyé fur un monticule. On Voit ici
cette figure au n°. 2 , RI. CCXXXHI. Sur les ba-s-reliefs
de Trajan, encaftrés dans’ l’arc de Conftantin, cette
figure affife à terre appuie fon bras gauche fur là roue ,
& élève la main droite vers le Prince.
BCEUF a face humaine. Sur le"s médailles de Campanie
& de Sicile on voit fouvent un Boeuf à face humaine,
tel qu’il paroît fur une pierre gravée de la eolleét'ion
d’Orléans (tome 1, PI. X X V l l l ) , &-teî qu’ il eft ici déf-
finé d’après, cette pierre, fous le n 0. 3, Pi. C CX X X lll.
Les favans ont été partagés fur le fens caché de ce monf-
tre fymbolique. Les uns l’ont pris pour le Minotaure ;
mais cette opinion n’a plus de partifans depuis que l’ on a
connu la véritable figure du monftre de C rè te, que l’ on
verra ci-après. D”autres le prirent pour le fymbole dp
F agriculture, fymbole qui eût été mieux chôifi fi l’on
n’avoit adopté qu’un boeuf ordinaire. Claude-Pierre Bur-
ftran, & après lui le prince Torremuzza, virent ici le
fymbole d’tin fleuve. Enfin, Martorelii ( Colonie in Na-
poli 13 229 ) renouvela l’opinion de Matthaeüs Ægyptius
( Sfnat. conful. de Bacchan. pag. 232) , qui a été portée
a 1 évidence par Eckhel (DoBrina Nummor. veter. vol. I ,
P fë -13^)^ Ces favans penfent que le Boeuf à face -humaine
des médailles de Campanie & de Sicile eft Bacchns, qüe
Macrobe ( lib. 1 , cap 18 ) dit avoir été adoré par les ha-
bicans detNeapolis en Campanie, fous le. nom à'Hébon.
Plutarque ( de I f a. & Ofir. pag. 364 ) dit aufli que plu-
jieurs peuples de la Grèce repréfentoient Bacchus fous
la figure d.’ un taureau , & que les femmes des Ëléens le
Pnoient de venir avec fon pied de boeuf 5 aufli voit-on
fur une médaille de Géla en Sicile, une femme préfentant
une couronne au Boeuf h face humaine ( Torremu^f a ,
Sicil. Numifm. tab. 32, n°. i ) . On réunit la face humaine
au taureau , pour apprendre qu’un dieu étoit caché fous
cette formé : de même pour Jupiter enlevant Europe ,
comme il paroît fur deux pierres gravées, l’une de la galerie
de Florence ( torh. 1 3 tab. ƒ 7 , n°. 2 ) ,• & l’autre du
Recueil des pierres gravées deGraveJle (10m. U , n". 45-) ;
dé même qu’ lô eft peinte par Ffchyle (Supplie, y . y?6 ) ,
en partie vache & en partie femme.
MINOTAURE. On ne peut plus douter de la forme,
de ce monftre qui dévoroit les enfans des Athéniens *
depuis que Ton a vu dans les peintures d’Herculanum
■ (tom. I , rav. 5) ces enfans remerciantThéfée leur libérateur,
& le Minotaure abattu à les pieds. Il a le corps
d’ un homme, & le col avec la tête d’ un taureau. C ’eft
ainfi qu’il paroît fur des médailles d’ Athènes ( rellerin,
Rec. 1 , RI. X X i l ) & fur un des vafes grecs publiés en
1795 par Tehisben. On le voit ici defliné fous le n". 4 ,
RI. C CX X X lll.
CENTAURE. L’ affemblage monftrueux des formes
du cheval & de celles de l’homme, défigné par le mot
Centaure, eft une invention des Égyptiens, & non des
Grecs. On voit un Centaure qui décoche une flèche, &
un Centaure femelle fur Un monument égyptien qui eft
. dans le jardin du palais Barberini, & un autre fur une
table de bafalte du muféum Clémentin à Bologne. Ces
deux Centaures ont les pieds de cheval. Mais les Grecs,
en adoptant la fiétion égyptienne, donnèrent aux Centaures
les jambes de devant de l’homme, comme on le
voit ici au ra0, j , PI. C C X X X lll, d ’après une pierre
gravée de la galerie de Florence (tom. I l , tab. 3 9 ,
ra°. 1 ) , où Théfée le combat. Tels furent les Centaures
d’un des plus anciens monumens grecs, du coffre deCyp-
felus, Prince qui vivoit peu avant Cyrus (P au fan. lib. 5,
pag. 426). Excepté cette pierre gravée, tous les monumens
repréfentent les Centaures avec les' quatre pieds de
cheval ; ils ont aufli quelquefois des oreilles de cheval
& c’eft ainfi qu’ ils paroiffent fur des vafes grecs publiés
par Tehisben. On en voit un ici fous le ra°. 1 , PI.
CCXXX1V. Lucien '( Zeuxîs, n°. 6 , tom. L, pag. 843 ) ,
décrivant un Centaure femelle peint par Zeuxîs , dit qu’il
avoit des oreilles de Satyre-. -
Le Centaure de la villa Borghèfe & le plus âgé des deifiï
Centaures du Capitole ont les cheveux relevés au deffus
du front, à peu près comme ceux de Jupiter, dont ils
defeendoient par Ixion, comme Ta fait obferver Winc-
kelmann ( H'fi- de l'A r t, lîv. 4 , ch. 2 , raos. 3 , 4 ) ; mais
il n’ en faut pas conclure que ce foit un caractère diflinc-
trif, car on ne le remarque point au Centaure Chiron, fur
une des peintures d'HercUlanum.
Les Centaures traînent fouvent le char de Bacchus fur
les monumens qui repréfentent fes triomphes ou fes
fêtes.
SIRÈNES. Sur les monumens, les Sirènes font repréfentées
de trois manières différentes. Selon l’ opinion qui
paroît être la plus ancienne , elles avôient la tête & Je
corps de femme jufqu’ à la ceinture, & la forme d'oifeau
de la ceinture en bas. C ’eft ainfi qu’une d’elles paroît
fur un vafe grec defliné par Tehisben, & ici fous le
ra°. 2 , PI. CCXXXIV. Elle tient un eympanum , efpèce
de tambour de bafque, & deux objets difficiles à reconnoître.
Winckelmann (Mon. ant. n°. 46) a publié le deflîn
i d’un bas-relief où Ton voit une Mufe coupant les ailes £