
» jamais la Tueur de Ton front qu’avec Ton. bras. «.....
11 n’efluya jamais la Tueur qu’avec Ton habillement : on
»3 ne vit aucune excrétion fortir de Ta bouche ni de Tes
« narines. » Il ne faut cependant pas donner à cette ob-
fervation une trop grande généralité. Peut-être même
faudr oit-il ia borner à ceux qui partaient ou qui paroif-
foient en public; car on voit au troisième fiècle Arnobe
( lib. 2 , pag. J9) compter au nombre des habillemens le
muccinium, deftiné à recevoir la mucôfité des narine^.
-Quintilien ( Inftïtut., lib. n , cap. 3, edit. 1665 ) auflî
femble ne blâmer, dans l’orateur, que l’ufage trop fréquent
de Te moucher (.pag. 832), cùm emunüio etiam fre-
quentior non fine cauffâ reprehendatur,8c de cracher (p. 827),
expuere crebrà.
On trouve dans le lexique de Moeris, qvfHermippus,
un des auteurs de l’ancienne comédie, setoit Tervi du
mot e-u^ûfiov pour délïgner un mouchoir. Un poète de
la moyenne comédie ( Pollue. , lib. 7, c. 16) l’appeloït
xc{^iJ'i>tÿ,]ioy j Ariftophane ( ibidem ) l’appeloit y^uoid» ■ enfin
Catulle ( -XII ) parle de fudarium fait avec le lin de
Saerabis en ETpagne.
Si les Anciens ne Te Tervoient point ordinairement en
public de mouchoir pour recevoir la falivè & la muco-
uté du nez, ils Te lervoient du moins d’un linge pour
elfuyer la Tueur. Ils féchoient aufli leurs larmes avec ce
même linge. Lorsqu’on ne l’avoit point, on Te fervoit du
bord de Tes habits pour le remplacer. Nous avons vu
plus haut Néron en agir ainfi pour la Tueur, de même dans
Plaute ( Mercat., 1 , 2 , 16 , & Afin., III3 2 , 41). Pro-
dromus {lib. 3, exeunte ) dit aufli de Rhodanthé, « qu’elle
»5 Te fervit de Ta tunique, comme d’un linge, pour elfuyer
33 le vifage & les larmes de Ton cher Dolïclès. » cis
xu&oftârfç* tu %i'jwn pcçof/Jyy,. Agathocle, frère d’une Reine
d’Egypte ( PoLyb., lib. ij, pag. 71Z, edit. 1609 ), haranguant
les Macédoniens, efluyoit Tes pleurs avec Ta chla-
myde, à-KapMr^a* rv, ». Les Grecs appeloient ce
linge Cfwc-oy & ç>acra*iov. Suidas & le grand étymologifte
difent que ce nom grec dédgnok Y orarium des Romains ,
le linge avec lequel on s’efluyoit le vifage. L’orarium &
1 e fidarium étoient le même linge, & Tervoient au même,
ufage, à elfuyer la Tueur. Le fécond mot le délîgne allez.
Quant au premier, on lit dans Photius {pag. 1064 ),
ifcifiov, rS srpoFwxav ixfcuyuoy. Néron prenoit le plus grand
foin pour conferver fa voix. « Quoi qu’il fît de férieux
a» ou de folâtre, il avoit toujours auprès de lui Ton
33 maître de chant, qui lui recommandoit de ménager fa
33 refpiration & de placer un linge ( fudarium.) devant fa
33 bouche ( Sueton , cap. 1 y ). ■» Lorfqüe ce monftre Couronné,
Te voyant abandonné de tour le monde , prit la
fuite, il monta à cheval{ibidem3 c. 48 ) , s’enveloppa la
tête , & Te couvrit le vifage avec un fudarium. Quintiliéri
( Inftit., X I , cap. 3, pag. 845, tdit. 1665 ) s’étonne de ce
que Pline, parlant en public, Te faifoit elfuyer le front
avec un fudarium , de crainte que la Tueur ne dérangeât
Tes cheveux.
Dans les jeux publics les Romains faifoient ufage de
Vorarium pour applaudir. Je rappellerai cet ufage dans
le livre, des Jel:x .
Après avoir parlé du linge appelé fudarium & orarium,
je ferai mention des ferviéttes ou elfuie-mains, qui n’en
différoient pas par la matière, le lin, fi véritablement ils
en différoient par la forme. On peut même douter de
cette différence enlifant, dans le palfage de Prodromus
cité plus haut, que Rhodanthé Te fervit de Ta tunique au
lieu de linge , & littéralement au lieu d’efliiie-mains
C ) pour Técher les pleurs & le vifage de
Doficlès. On lit dans Plaute ( M c f i e l . 1, 3 , ï TQ ), om ■
peint les moeurs grecques : L in t e u m c a p e , mque ^„,1
t ib i m a n u s . , Les ferviettes étoient faites ordinairemil
avec le lin c ru, à fcô x /»«y, dit Athénée; ce „ J
les Latins appelèrent c ru d a r ium . L e lin avoit-il été blanc«!
par le travail & la macération dans l ’e au , on T appelé
XfuieoXitot.
C h e z les A n cien s , celui qui donnoit un repas ne fiJ
nifloit pas les ferviettes : chaque, convive apportoitj
fienne; c ’eft pourquoi les ferviettes devinrent un objJ
de lu x e , félon la nchelfe ou le g oû t des convives. IjJ
parafite, qui avoit Volé une ferviette pendant que lJ
convives etoient endormis, fait remarquer, dans Al||
phron ( / i l , 4 6 ) , le travail de ce linge .• « Voyez j(jjJ
33 i l , combien il eft précieux ! c ’eft une toile d’EgypteI
33 tilfue en partie avec de la pourpre d’ Hermione;eii
» eft extraordinairement fine & d’un très-grand prix.al
Un paflage de Lampride nous fera entendre ce texte.!
dit a’ Ale.xandre-Sévère ( c a p . 37.) : « Ses repas, n’étoiej
»3 ni fomptueux ni peu abondans; mais ils étoient d'inJ
»3 propreté extrême., de manière cependant qu’il ne doj
ï.» noit aux convives que des ferviettes de linge fans otl
» nemens ; quelquefois, à la v é r it é , les ferviettes avoiet:
33 des bandes d’écarlate , mais jamais elles ne fures
33 ornées de galons d’o r , comme Elagabale, a menu
>3 Hadrien, d it-o n , en avoit diftribué. >3 C ’eft de lt
dernière forte ..de ferviettes que le prodigue Gallien (a
fervit toujours ( P o l l i a , . ca p . 16 ).
Caligula ( S u e t o n . ca p . 1 6 ) fo u flrit, dans. Tes repas,
que les Sénateurs fe tînlfent debout à la tê te de fonli
ou à Tes p ied s , ceints d’un linge , f u u i n c l o s lîn t to .
Les Anciens étendoient-ils, comme .nous, des nappa
fur les tables? On en peut d o u te r, d’abord parce qui
fe fervoient de tables faites avec les bois les plus précieux
, apportés du mont .Atlas, & que les nappes al
auroient dérobé la vue ; enfuite parce qu’on fait que peo-l
dant le repas ils lavoient leurs tables avec des éponges.!
A u r e lie , les mots m a n t i le & map p a que l ’on a cru quel!
quefois avoir défigné des nappes, défignent le plus foui
vent des ferviettes ou efliiie-mains. Varroa . (d e L . L i t
c a p . 8 ) dit :. M a r . t e l iu m , cjuafi m a n u t e r ium , ubi mum
te rg um u r . Martial ( X I I 3 29) dit aufli du parafite voleur,
Kermogène :
Attulerat mappam nemo , dùm farta timentur ,
M a n tile è menfâ fu fiu lit Hermogenes.
Les Agraffes ou FiBüi ès .Tervoient aux Anciens!
réunir les extrémités dés chlamydes ou U a a , des pahd-
m e n tum , des fa g u m , des p à l la à,lier les ceintures,b
baudriers ; à tenir aflemblé le haut des habillemens 1«
femmes. Ifidore ( X X X I X 3 31) .dit des fibules.....
p e c tu s f em in a r u m o r n â t , v e l p a l l iu m v ir o r um in huattni J
, c ir g u lum in lum b is firm a t . J e ne parlerai ici que des agrafies»!
qui faifoient partie de l’ habillement des hommes.
La fibule eft un b o u to n , o u ,u n e b o u c le , ou uiq
âgraffe. Dans les collections d’antiques, on -en trouWI
des milliers qui. font prefque toutes travaillées fur®!
deflin différent. Elles n’excèdent pas ordinairement «I
longueur de l ’index. Mais fous le Bas-Empire , on N
donna des dimenfions extraordinaires"., L ’ ag raflé dtvmaj
teau de C h ilp e r ic , trouvée dans Ton tombeau à Touti
n a i, eft d’ o r , & auflî grande que la main. On en V I
d’auffi volumineufes dans les portraits de Juftinien, I
fôn époufe , & c . . . : , , - j, « ->
La chlamyde d’un Mercure que l’on voyoit à R0" I
l e7 jyf jenkins, eft attachée avec une fibule, fur la-
K j l l paroît une tête de bélier. Ce t ufage de porter
i l s fibules ornées de pierres gravées nous indicée
l’emploi des pierres, dont la grandeur furpafle celle des
dFus stands chatons d’anneau.
K TJlyffe, dit Homère ( Odyff. X I X , yerf. 2 1; ) , por-
sjltoit un manteau de pourpre, d’un tiffu très-fin, &
oi très-ample. L’agraffe qui le lio it , étoit d’or & avoit
»ideux bran:hes ; elle étoit gravée fur le- devant : on y
ï| voyoit un chien haletant, qui tenoit un faon avec fes
H pieds. Le-travail frappoit tout le monde d’admiration,
»1 parce que ces animaux, quoiqu’ils fuflent d’or, fem-1
tolbloient cependant, l’un vouloir étouffer le faon, &
m|1'autre agiter fes pieds pour échapper à fon ennemi. 3»
. ,|Qn trouvera des agraffes & des boucles de diverfe
«tme & de diverfe grandeur, deflinéesici"fous les «°\ 2
I 4> y } 6 & .7 , PI. C X L V I I I , & 1 , 2 , 3, 4 , y , 6,
7f g cj a, PI. C X L IX . Elles font tirées de Montfaucon
mm. ni, pi. x x v ii, x x vm , x x ix 6* xx x )J
§. I I . Des femmes.,
WmAiguilles de tète; J’ ai parlé ailleurs de leur ufage pour
i l coiffure des femmes. Je dirai ici qu’il y en avoit a ’o r ,
«argent , de bronze, d’ivoire & même de rofeau.
Éiylils (Rec. £Ant. III, pag. 311 ) a publié deux aiguilles
®ivoire, trouvées à Rome. On fait que l’ivoire étoit plus
tare chez les Romains , qu’il ne l’a été depuis les voyages
d’Afrique. « Cette rareté qui en faifoit le prix eft
«annoncée par le travail d’ une de ces aiguilles. Elle eft
«ornée d’une tête de femme travaillée de bon goût, &
»»dont la coiffure eft bien agencée. 33 Dans le nombre
prodigieux des aiguilles trouvées à Herculanum, on en
remarque quatre finguliérement grandes & bien travail-
Itès. La plus grande, qui excède la longueur de la main,
p®rte à Ton extrémité un chapiteau corinthien, fur le-1
qîiel on voit Vénus tenant fes cheveux des deux mains :
1 llmoiir lui préfente un miroir rond. Elle eft ici fous le
n|. îo, PL CX L IX . Sur le chapiteau corinthien de la
féconde, l’Amour & Pfyché fe tiennent embrafles: ici
f|us le 1 1 , Pl. C X L IX . Deux- buftes terminent la
twifième. Sur la quatrième paroit Vénus élevant la
jJnbe droite pliée , prenant le pied de cette jambe avec
ffmain gauche ; elle s’appuie fur un cippe qui porte le
#U Priape ( Voyag,. de Saint Non. I l ) .
• ûans les fouilles faites par M. Grignon en
près de Joinville, dans les ruines d’une
v|lle romaine, on a trouvé un grand nombre d’ aiguilles
' ivoire, fans autre ornement qu un bouton de même
®tiere a l’extrémité. ' •
« U s 1/oucLs a or tille forent toujours & partout la pa-
l re des femmes. Ifidore ( X I X , 3 r ) dit que les Grec-
| | J en poi toient aux deux oreilles : Harumufus in Gracia,
x ç utr^ uf dure. On v o it, dans les Recueils de Gaylus,
j,,- ,^ure égyptienne, qui porte des boucles d’oreille
af 1 lai|e s que fes joués.
orpiiu “ atues, de femmes grecques ont quelquefois les
toit 1 S PGfcf es- T)n fait que la Vénus de Praxitèle por-
dl viI j - °Uc!es d oreiHe. Les filles de Niobé, la Vénus
villn A1,laS-J ^eu1cot*1°é & une tête de bafalte vert de la
dis fioi aBI, ont les oreilles percées. 11 en eft dé même
€B0, f f ae Romaines : les oreilles du bufte d'Antonia,
PKoiîn 6 nru^u,s3 Sc d’ une femme âgée du Muféum ca- :
vyjj du bufte de Matidie confervé dans la
rdNes v r Jr^°nt au® Percées. Des boucles d’oreille
tiefes de la m v ma.l'hre, fe voient à une des Caria-
V Vllia ^egroni, à une Pallas du cardinal Pai- !
2 1D
fionei. Deux buftes de terre cuite de la collettion da
comte Fède en portent de fembhbles.
Caylus (tom. I, Pl. LX X V II d> LX X V III) a publié
deux têtes qui ne portent qu’une feule boucle attachée
à l’oreille gauche.
Le même auteur a décrit des boucles d’oreille trOu-
vées à Herculanum. L’une eft une pendeloque formée
par un grenat taillé en poire & monté en or. Une autre
eft formée par un gland d'or maflîf, de plus d’un pouce
de hauteur. Les Napolitaines des environs de Portici en
ont de femblabies. Deux boucles d’oreille trouvées avec
un collier & une aiguille de tête dans un tombeau , hors
de la porte Saint-Laurent à Rome , étoient'ornees chacune
d’un grenat & d’un faphir ( Guattani, 1784). On
Lit pofitivement que les femmes vouloient quelquefois
être enterrées avec leurs bijoux. Scaevola (Ag-, 40, §. de
auro & arg. légat.) nous a tranfmis la difpofition tefta-
» méntaire d’une femme, qui ordonne qu’on l’enterre
33 avec les ornemens qu’elle portera le jour dé fes fu-
»3 néraiJles, fes deux rangs de perles & fes bracelets de
33 fmaragdes. 33 Pignorius (de Servis, p. 410) décrit une
boucle d’oreille de bronze , garnie de verres colorés ou
de pierres faufles. Il croit, à caufe de la matière.vile,
qu elle a fervi à des femmes efclaves. On peut étendre
fa conjecture, & attribuer à la dernière ciaflè du peuple
les boucles d’oreille de bronze , telle que celle du
cabinet de Sainte - Geneviève , ici fous le n°. 12,
P L CXLIX ,• celles du cabinet de Kircher, ici fous les
«os, 1 & 2, Pl. CL. On voit dans le même cabinet
les pendeloques des raos. 3 <S> 4, Pl. CL. Celles des
nos. y- 6’ 6 , Pl. CL, font tirées de Montfaucon (III,
Pl. X X X I I ) , quia donné auflî les précédentes. Une
vermeille taillée en cabochon fait l’ornement du «L 7
Pl. CL, publié par Caylus (II, XLVII). Les nos. 8
& 9 , Pl. CL, appartiennent aux belles têtes de femme
qui font l’ornement des médailles de Syracufe.
Les colliers furent en ufage chez les Égyptiens, non-
feulement parmi les femmes, mais encore chez ies hommes.
Leurs Divinités mêmes en font ornées. Ges colliers
font faits avec des fruits, des filiques de plantes legumi-
neufes, des plumes, & furtout celles de vautour Sr'de la
poule de Numidie.«- Les Étrufques & les autres Barbares
fe paroient aufli de colliers d’or, de perles & de pierres
précieufes. On en voit de très-riches aux figures des
Rois parthes & des Rois faflanides.
Quant aux Grecques & aux Romaines, on pourroit
croire qu’elles ne portoient point de colliers en public,
quoiqu'elles aimaflent à s’en parer dans les feftins Û
dans les danfes qui fe faifoient dans l’intérieur des mai-
,fons. On ne voit de colliers, dans le vafte Recueil des
Moriumen-i anùchi de V. inckelmann, qu’à des femmes
aflifles fur des lits de table ou qui célèbrent des orgies.
Guattani, cité plus haut, a fait deflîner un collier d’or*
compolê de camées, de péridots & d’hyacinthes. Montfaucon
(III, Pl. X X X I I ) a donné pour un collier l’ornement
du n°; 10, PL CL, tiré des deflins de Peirefc. Peut-
être étoir-ce un ornement de tête, une efpèce de diadème.
Arifténète (lib. 1 , epifi. 1 ) décrit ainfi le collier
de fon amie Lais..... Il étoit compofé de pierres pré-
» cieufes , & leur arrangement formoit le nom de cette
belle. 33 Caylus a publié deux colliers antiques ( Reç'.
d'Ant. tom. III, Pl. LX X X V , & tom. VII\ Pi.LXX)
l'un, compofé de verres teints en bleu, attachés*à un entrelacs
d’or, eft de longueur à entourer le cou ; l’autre
formé par des pûmes d’émeraude & des perles brutes
enchaînées par un fil d’or renoué, & de la longueur