
une Sirène pour fe parer de fes plumés, monument éternel
de Ton triomphe. La Sirène qui eft déffinee ici fous le
n*. x 3 Fl. CCXXXlV3 a la tête , le corps, la gorge, les
bras de femme, & une draperie légère 5 mais les cuilles,
les jambes, les pieds & les ailes attachées aux épaules
humaines, font des membres d’ oifeau. Elle tient une
flûte de chaque main. . . r .
Sur des marbres étrufques & fur une lampe (Gori3
Infcript. Etrurid, tom. I j Mu fi Etrufc. I , ta b .^973 “ ; 1 >
Bcllorli Lucern. ont. pag. 2, fig> a ) , on voit LJlylie Jie au
mât de fon vaiflèau, & trois Sirènes chantant & jouant
de la lyre & des flûtes. Ces Sirènes font des femmes richement
vêtues, fans aucun caractère diftinaif. .
" On a dit encore que les Sirènes avoient toutes les
formes dé l’oifeau, à l’exception de la tê te , qui etoit
celle d’une femme. C ’eft ainfi qu’on en voit une lur les
médailles de la famille Valeria (Geffnen, tom. U , tab. 29,
ntz. <13 ca ). Cette Sirène eft coiffée avec un calque, oc
contreVon aile gauche font appuyés un bouclier & deux
javelots. Quelques érudits reconnoillent ces momtres
pour des Harpies : c ’eft pourquoi j’en donne ici au n . 1 ,
El. C C X X X V , une tirée du Recueil d’Antiquités de
Caylus (tome 11, PL X X X IV ) . On en Voit une fem-
blable fur les vafes étrufques d’Hamiiton.
HARPIES. V irgile ( Æneid. lib. 3, verf 216) donne à
ces monftrçs la tête de femme, de grandes ailes (verf.
1 16 ) un gros ventre3 uncsque manus.Si ces mains crochues*
font dés mains de.femme, on voit une Harpie dans
la Sirène qui tient les flûtes. Dans les peintures du Virgile
du Vatican (;in-fol. pag. 108 ) , on trouve une Harpie
repréfentée à l’entrée des Enfers avec les autres monitres
qu’y place Virgile ( Æneid. lib. 6 3 verf. 289)» elle ref-
femble- à celle que je viens de citer, & mieux encore a
l’autre Sirène qui tient un tambour, fi on lui ajoute de
grandes ailes. * . , , ■ * . , *
Si par unes, manus on doit entendre des ferres crochues,
de meme que Pline (VIII* 10) appelle manum la trompe
de l’éléphant, alors les Harpies n auront plus que la tete
de femme, & on les verra dans la troifième Sirène.
GORGONE. Gette figure horrible eft repréfentée fur
un vafe grec publié par.d’Hancarville (tom. 1V 3 El.
CXXV1). On y voit les Gorgones, & Perfee qui coupe
là tête à Médufe. Les ailes, la tête large, hideufe, la
langue tirée hors d’une bouche très-ouverte tels lont
les traits qui caraftérifent ces trois femmes infortunées.
Médufe a , de plus que -fes foeurs, des ferpens meles
avec fes cheveux ( n°. 1 ,P L CCXXXV").
„ font celles de l’ aigle. « D’autres auteurs ont écrit qu il
y avoit des mines d’ or dans les mêmes montagnes, &
que lés Griffons prépofés à leur garde en défendoieut
l’entrée aux Arimafpes, peuple voifin. On voit fouvent,
leurs combats fur les.vafes grecs., appelés improprement
étrufques. Je donne ici un de ces Griffons fous le n°. 4 ,
Pi. C C X X X V i il eft tiré du Recueil d’Hamiiton ( tom..
IVy Pl. C X ; I l 3 Pl. L V I ) . On remarquera la légéreté
de fon corps, fa crête & fes cornes. La defeription de
Servius s’applique exactement, aux oreilles près, a celui
du n°. 1 , Et. CCXXXV 1 3 qui eft tiré du Recueil de
lampes de Pafferi (tom. 1 , tab,. 79 ). La forme de la tete
des Griffons varie beaucoup fur les monumens. Un farco-
phàge du Capitole (Muf. CapitoL tom I V , tav. 24, 0?
vas. 12 1 , 128.) en préfente un qui a la tete & les cornes
du bélier (on le voit ici fous le 71°. 2 3 Pl. CCXXX VI ) ,
& deux qui font terminés en poiflon. Sur un marbre publié
PYGMÉES. Les Grecs ayant créé desGéans, créèrent ;
auffi des hommes très-petits, hauts d’une coudee 5 d ou j
vint leur nom Pygmées. Homère, & d’ aptes lui les auteurs j
anciens, parle des combats que ces nains
grues. O n en voit un ici fous le n. . 3 , EL LCXXA.K ,
tiré des vafes grecs publiés par Tchisben.
GRIFFONS. Servius (adVirgil. Eclog. | S ^ S f i WË
dit que « les Griffons font une efpèce de betes féroces
» qui naiffent fur les monts hyperboréens. Ils ont toutes
» les formes du lion $ excepté la tête & les ailes, qui 1
par M. Choifeul-G0uflier, un Griffon a la tête de
l’autruche. Dans une peinture d'Herculanum (tom. I V 3
pag. c i -} , les Griffons font blancs j dans une autre ( tom.
y } pag. 3 3 6 ), ils font rouge-jaune dans les lumières. .
Le Griffon appartient à la théologie égyptienne comme
le Sphinx! Cette union monftrueufe de l’ aigle & du lion
exprimoit la force & la vigueur du foleil ou de fon emblème
Ofiris j aufti vit-on les Grecs atteler les Griffon*
au char de-Phébus. Ces animaux devinrent un des lym-
boles d’Apollon j mais ils furent quelquefois confaçres
à Jupiter, & même à Néméfis. C e ft à cetre divinité impitoyable
que l’on rapporte le Griffon lorfqu il appuie le
pied fur une roue, fymbple de la vie humaine & de les
révolutions. C ’eft ainfi qu’ il paroit fur les médaillés de
Smyrne : fur d ’autres, c ’eft un vafe qui eft fous fon pied.
On ne peut rien dire de ce dernier type ; il n elt peftt-
être qu’un ornement arbitraire , de meme que les Griffons
placés fur des cuirafles, fur le cafque de Minerve,
des médailles d’ or de Philippe, d’Alexandre, des Ve-
liens de Lucanie ; fur celui de Mars, des médaillés des
Bruttiens, &c._ . r .
11 n’en étoit pas de même des farcophages, fur letquels
on voit fi fouvent des Griffons. D’ après l’opinion fantaftique
qui les avoit créés gardiens des mines d’o r , on les conl-
tituoit aufti gardiens des cercueils pour effrayer les violateurs
des tombeaux} & pour rappeler lafaintete des fepul-
tures, on plaçoit des candélabres auprès des Griffons.
CHIMÈRE. Je n’ ai point à chercher l’origine de la
chimère 3 de ce monftrueux afîemblage des formes du
liofl, de la chèvre & du ferpent, que. détruifit Belléror
phon monté fur Pégafe. Sa. défaite fert de type aux me-
dailles.de Corinthe, mais non exclufivement. On voit ici
fous le n°. 3 , Pl. CCXXXV1 , une Chimère prife des
vafes grecs peints par M. Tchisben. On en conferve une
de bronze dans, la galerie de Florence ; elle eft de grandeur
naturelle} la.queue eft caffée} de forte que I on ne
peut afliirer qu’elle fut terminée en ferpent. On. la v.oit
dans le Mufeum Étrufcum ( tom. I , tab. iy j ) avec 1 infcrip-
tion étrufque, qui eft gravée fur fa cüifle droite.
PÉGASE. C e cheval monftrueux;, ne du fang de Médufe,
porte des ailes qui font ordinairement des ailes
d’aigle.
CHAPITRE
CHAPITRE II.
F I G U R E S M Y T H O L O G I Q U E S D E S B A R B A R E S .
SECTION PREMIÈRE.
Figures mythologiques des Egyptiens.
ISIS. Entraîné par la rapidité du travail des graveurs ,
je n’ai donné qu’une tête à! lfis. Cette tête a été travaillée
dans le ftyîe grec, apporté en Egypte par les Ptolémées
} mais il importe beaucoup de connoître l’ancien
ftyle des Égyptiens, parce quJl repréfente les traits des
deux nations qui ont habité l’Égypte, foit par droit d’occupation,
foit par droit de conquête. Je vais réparer
cette omiflion. Sur les plus anciens monumens de l’Égypte,
ceux que l’ on trouve à Thèbés, à Éléphantis, & c.
on voit les têtes formées comme celles des Nègres. Ce
font probablement celles des Éthiopiens, qui habitèrent
les premiers ou qui conquirent les premiers la Haute-
Egypte , cette partie qui fut aufti peuplée la première.
Un beau.camée du Palais-Royal (tom. I , Pl. I ) préfente
une tête à’ lfis , qui « a les principaux caraélères des an-
» ciennes têtes égyptiennes, mais cependant moins ref-
» fentis 5 les angles de là feélion des lèvres élevés, le
» menton gros & faillant, les narines larges:& étendues,
» les joues un peu enflées, l’angle externe de l’oeil beau-
» coup plus élevé que l’angle interne, l’ ovale de mau- •
v vaife grâce, & les oreilles placées plus haut que le
M nez. » On retrouve ces caractères au plus grand nombre
des Sphinx. La tête dalfis eft coiffée avec la dépouille
d’un vautour, & non de la poule de Numidie, comme
je l’ai dit ailleurs (P l. C CX X X V I , n°. 4 ) . La fécondé
tête à‘Ifis y qui eft ici deflînée, préfente les traits des
Indoux ou des anciens habitans de l’Inde. De ce nombre
étoient les Perfes, qui conquirent'& ravagèrent l’Égypte,
conduits par le farouche Çambyfe. Le profil dé cette
tête eft fort alongé. Le front & le nez font féparés par
un enfoncement très-fenfible } le nez eft légèrement arrondi
vers la pointe } les narines font très-relevées 3 la
lèvre fupérieure, très-renflée, eft beaucoup plus avancée
que l’inférieure : celle-ci eft plus Caillante que le menton.
Enfin, le haut de l’oreille ne s’élève qu’ à la hauteur de
» qui eft très-alongé. La dépouille du vautour couvre
le haut & le derrière de la tê te , & deux cornes de
vache qui fupportent un difque (emblèmes du croiflant
& de la lune pleine ) , furmontent cette coiffure. Winc-
kelmann (Monum. ant. nn. 75 & 74 ) a publié les deflins
qu’avoit faits d’ une petite figure à1 I fs en bronze, & du
profil de fa tê te , Pierre-Léon Ghezz i, deflins qui font
confervés à la bibliothèque du Vatican. On voit ici le
profil & le derrière de cette tête ( PL CCXX XVII, n#s.
1 & 2 ). La troifième tête d'I f s , que je donne i c i , eft
gravée fur une agate de deux couleurs, qui fe trouvoit à
Rome dans le mufée du marquis Capponi ; elle fert de
cul-de-lampe au chapitre Ier. du livre II de l'Hifioire de
LArt de l’édition de Janffen. La dépouille du vautour &
un collier ou plutôt une collerette pareille à celles que
1 on voit peintes fur la poitrine des caiflès de momies,
forment la parure de cette tête ; elle préfentë les traits
des Indoux mêlés avec les traits.des tetes éthiopiennes.
Le profil, depuis la naiiîance du nez jufqu’au menton ,
eft très-faillant; le nez eft peu large, mais pointu &
alongé ; la lèvre fupérieure eft forte & faille en avant de
l’inférieure, qui faille pareillement en avant du menton j
l’oeil eft peu ouvert, mais alongé vers les angles , & le
trou de l’oreille eft placé au niveau de l’oeil. On croit
généralement que cette agàte repréfente, fous l’allégorie
d’une lfisy quelque Reine égyptienne, époufe d’un des
Ptolémées ( Pl. CCX X X VL l, nQ. 3 ). Sous le n9. 4 ,
PL C C X X X V I I , on voit lfis allaitant Horus. C ’ eft le
deflin de la petite'ftatue de bronze, dont la tête eftdefli-
née plus haut fous deux afpeéts differens. On ne peut trouver
ici Harpocrate, parce que l’enfant allaité par lfis^n’ a
point le flocon de cheveux qui caraétérife ce jeune dieu.
lfis étant l’emblème de la Nature, qui produit & qui renferme
toutes les formes, dut être repréfentée fous plu-
fieurs formes : c’eft pourquoi on en trouve ici plufieurs
figures. Winckelmann (Mon. ant. n°. 75 ) a publié celle
que l’ on voit fous le n°. 1 , PL CCXXXVII1, d’après
un deflin tiré du Recueil du commandeur del Pozzo, Sur
la tête d'lfis eft placé le fruit du perféa avec les cornes
de vache. La déefle eft vêtue d’ une longue tunique rayée
ou pliflee, tunique qui lui étoit propre, & dont fe revê-
toit la fameufe Cléopâtre (Plutarchus in Antonio. Briani,
tom. V f pag. 12 1 ) lorfqu’elle paroiffoit en public avec
les attributs d‘lfis. Les longues ailes de notre lfis font
repliées deux fois autour de fon corps. C ’eft ainfi qu’ on
les voit à des Divinités phéniciennes qui fervent de type
à quelques médailles de Malte.
OSIRIS. Lorfque les écrivains grecs qui avoient voyagé
en Égypte voulurent faire connoître à leurs compatriotes
les Divinités égyptiennes, ils leur cherchèrent des analogues
dans la mythologie grecque. Ofiris devint le Soleil
ou Apollon, parce que, fur les mowmenségyptiens, il
tient une efpece de fouet à deux & à trois branches.
D’après cela l’épervier, qui étoit confacré à Ofiris , le
fut aufti à Apollon. , .
Sur les monumens faits en Égypte dans les tems les
F lus anciens , Ofiris, à qui l’on attribuoit l’ invention de
agriculture , porte des lymboles que j’ ai eflayé de refti-
tuer à cet art utile. On voit ici au «°. 2, PL CCXXX VU7,
le bufte d’ un Ofiris de terre cuite, de la colle&ion dite
de Sainte-Geneviève 5 il a la forme primitive, celle des
momies, & il tient trois attributs. Le premier eft le
croc avec lequel on commença à labourer *, le fécond, la
charrue compofée d’un manche, d’ un foc & d ’une tra-
verfe qui les maintenoit réunis 5 le troifième, qui pend
1 derrière lui, a la forme des traîneaux avec lefquels on