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RECUEIL D’ANTIQUITÉS.
vëra un grand nombre dans les têtes des dieux & dans
les têtes des Grecs, qui font gravées dans-T Iconographie
ou la première partie de ce Recueil. On confultera particulièrement
la tête de Janus, PL I , «°- 5 > celles de
Jupiter ; Pl. I l , bos. i 3 ü celle de Neptune , Pl. I I I ,
n°. i , &c. &c. .
Cet ufage fouffroit quelques exceptions. Les Abantes
( nom général des habitans de l’Eubée ) laiffoient croître
leurs cheveux par-derrière, & les coupoient fur le iront
pour ne pas laiffer aux ennemis le moyen de les lailir par
la chevelure (Iliad. I I 3 542 ).-Les Myfiens du Péloçon-
nèfe, les Curètes, les Etoliens, en ufoient de meme.
Les Doriens faifoient le contraire. — Les Athéniens qui
fervoient dans la cavalerie laiffoient croître leurs cheveux
( Arijloph. Nub. 14, equit. 577). Tous les Lacede-
moniens, militaires & autres citoyens , portoient les
cheveux longs ( Ariftot. Rhet. lib. 1 ). En general, les
militaires grecs les portoient affez longs & nottans,
iicioiisoi' xôhm , difent les comiques, grecs , & Plaute les
appelle c&fariati ( miles glotios ). ,
Les jeunes Grecs des deux fexes ne coupoient leurs
cheveux qu’à l’époque où ils devenoient adolefcens :
alors ils offroient à quelque Divinité leur première chevelure.
Ils portoient, dans l’adolefeence & dans les gym-
Dans les jeux, dans les facrifices, les Grecs portoieu-J
des couronnes faites avec des végétaux qui étoieyH
affe&és à chacune de ces cérémonies en particulier. Cs®
couronnes différoient du sçitpîov ou ftropus, couron^nB
tortillée à l’ ufage des Prêtres. On trouvera des modela®
de quelques-unes de ces couronnes dans le livre de^fl
i Guerre (chapitre V ) , & des têtes couronnées darnlfl
première Partie..... de laurier, Jupiter, PL I I 3 1 ; X:-
nophon, X V , 4......de pampres, Bacchus, V I I , 4.....fe
peuplier, Hercule, V I I , 3......de chêne, Jupiter,XL |
j i Bacchus, V I I , y..... de lierre, Pan, VIII, 1.
nafes, les cheveux encore alfez longs fur la tête , avec le
pétafe; mais on ne lailfoit point entrer dans les gymnafes
de longues chevelures, c’eft-à-dire, des enrans. Sortis
de l’adolefcence, les Grecs coupoient leurs cheveux.
Les dieux, auxquels on attribuoit une jeunelfe eternelle,
portent des cheveux alfez longs : Apollon, PL IV, n°. 6 ;
Mercure, PL. V , n°. 3, 5 ; de même Hercule jeune,
PL VU , n°. 2, & Méléagre, PL X I, n°; 1. J’en donne
ici deux modèles, tirés des pierres gravées de la galerie
de Florence ( 2 , 27, 2, 3), PL. CXXXIl, nos. 1 & z.
Dans le deuil, ceux qui portoient ordinairement les
cheveux longs, les coupoient pour témoigner leur affliction.
Sophocle, PL X I I I , n°. 1 ; Homère, Pl. X I , n°. 6) j>(
L’ ufage de la bandelette ou du bandeau devint plus hÆ
quent lorfqu’on porta des cheveux moins courts. On|fl
voit à deux têtes de Platon, Pl. X V , nos, y, 6. Un bron^^H
d’Herculanum ( I I , 2-91 ) » deffiné ici PL.
n°. 3 , préfente les détails d’ un bandeau agraffé derriès <3
la tête.
Ceux au contraire qui les portoient courts, les
laiffoient croître (S. G'regor. Moral, lib. 2 , cap. 17)^; v. j
Les Grecs fe fervoient de fers chauffés pour frifer &
pour boucler leurs cheveux. Les Romains employèrent
le même artifice.
Artémidore ( lib. 1 cap. 19) donne a entendre que la
chevelure longue & belle,, r^lx,**. fcty*z*s >&< ***** ,
convenoit aux Prêtres..,.aux Rois, aux Magiftrats, aux
perfonnes attachées au théâtre & aux fages, m(pa> ; il défigne
fans dout-*, par le mot fages, les philofophes en
général : tel fut Socrate en particulier ( Arijloph. Aves,
2282). Quant aux ftoïciens & aux cyniques, ils fe rafoient
la têt.e entièrement :.d’ où leur vint le furnom
raies jufqu’à. la peau.
Les efclaves, chez les Grecs, portoient des cheveux
extrêmement courts & hériffés 5. & les cheveux moins
courts, mais peignés, avec foin, caraéfcérifoient les hommes
libres : aufli un perfonnage dit-il dans une comedie
grecque (Arijloph. Aves, 912} : « Comment fe fait-il
m qu’étant efclave on vous voie des cheveux ? » ASzos
%x,w. Qn peut remarquer ici que S-ç‘i défigne
ordinairement* & dans le fens propre, des cheveux
courts 3, hériffés ; que xjfw défigne des. cheveux moins
courts, & peignés, avec foin.
. Les Athéniens entre-mêloient dans leurs cheveux des
cigales- d’or»
. Quoique-la mode ait peu influé fur le coftume des
Grecs & des Romains pris en général, cependant les
coiffures varièrent quelquefois. Onfe ceignit avec une
bandelette, même fur des cheveux courts : tel cm voit
Les Grecs d'Afie portoient les cheveux alfez longs
frifés. Les Ioniens po.ufloient ce luxe a 1 excès (Aïk,
Deipnof. lib. 12 , cap. y ).-Lorfqu’ ils nouoient leurs cb®
veux fur la tête, comme les vierges & les enfans, «j||
appeloit ce noeud
§. I I . Coiffure des Romains.
« Jufqu’à l’an 454 de la fondation de R ome, dit Wir®
» kelmann (Hifi. de L A r t, liv. y, chap. 2 , §• 8 ), c d-H
» à-dire, jufqu’ à la cent vingtième olympiade, lesftatuB
» (des Romains) étoient repréfentées avec unelongaB
» chevelure & de longues barbes , comme les portoiaB
» alors les Romains ( Plutarch. in Camillo ) j car ce oH
as fut que cette année qu’il vint des barbiers de Sicilefl
• 33 Rome (L iv ra i, lib. 2 7 , cap. 34). Tite-Live rappwt*
33 ( lib. 2 7, cap. 34) que le conful M. Livius s 'é t*
33 éloigne de la ville pour quelque mécontentement,™
33 s’ étant laiffé croître la barbe, ne reparut a Rome,H
>3 la follicitation du Sénat, qu’après s’être fait r a f l
33 Scipion l’Africain portoit de longs cheveux à fappH
»s mière entrevue avec le roi Maffiniffa ( idem, lib.jïïM
33 cap. 3 | ) t» Cet ufage ancien étoit fi connu,mesH
dans des tems poftérieurs, qu’Ovide (F a f t.il,) o|B
voulant indiquer les Romains de ces premiers
appelle imonfi. D’autres auteurs en ont ufé de même,®
Juvénal ( V, 30) fe fert, comme de fynonymes, demi®
qui fe rendroient en français par chevelu & antique. ■
ï Sur des médailles confulaires on voit la tête de h i j
avec une longue chevelure. On pourroit penfer que IJ
Romains portèrent les cheveux courts au cqmmencenie| |
de la République, fi l’ on en jugeoit d’après le bulte®
l’ancien Brutus. que l’ on croit être antique^ Depuis x®
pion l’Africain il faut appliquer aux Romains, rehtn1®
ment aux cheveux,, tout ce qui a été dit des Grecs®
général. La feule différence éft pour les efclaves-, |®
chez les Romains, portoien^les cheveux de
longueur que les citoyens >. mais ils fe faifoient râler 1 ®
qu’ on les affranchiffoit, & ils portoient alors le
le pétafe. Les jeunes Romains offroient „ comme ®
jeunes Grecs-, leur première „chevelure à quelque ®
ni:té. Les poètes ont chanté cette offrande , qui em*.®
jour dé fête & de régal. , • ,eri;
Ceux qui avoiènt fait naufrage & qui avoient P®
tous leurs biens, offroient aux dieux de la mer l-ur_®
velute, comme la feule offrande dont ils purente 'J
difpofer. On les coupoit même dans le péril & ü Æ
pète y ce. qui faifoit prendre aux marins pour un m B
I , 1», Aînn de couper fes cheveux ou fes ongles dans
.04) lorfque le tems étoit tran-
UniHe De même ceux qui relevoient d'une maladie grave
f i H i à un grand danger, S o i e n t
? îrrp leur chevelure pour 1 offrir aux dieux (Pet'on.
C- ?-r 'l On agiffoit de même lorfqu’on vouloit obtenir
dieux une bonne fanté ( Cenf or*f‘ ca-p- 1 ) ■ . „ .
IDans le deuil & dans l’affliftion on laiffoit croître les
élevèux & la barbe. Caligula, ayant appris la mort de
Drufille fa foeur chérie , accourut à Rome......barba capil-
E u e promijfo ( Sueton. cap. 4 , 6 ). Ceux qui etoient
accules de quelque grand crime, & ceux qui demandaient
juffice au peuple contre des oppreffeurs puiflans,
faifoient de même i enfuite ils coupoient leurs cheveux
& leur barbe le jour où ils étoient abfous ou qu’ils obte-
||ient juftice.
§. I II. Coiffure des Barbares.
Les Grecs donnoient le nom de Barbares à tous les
jéuples. Leurs fculpteurs, & probablement leurs peintres,
Snnèrent aufli aux figures des Barbares, des traits , des
Meveux, une barbe & un coftume qui les diftinguèrent
cinftamment des figures grecques , ils furent imités en
cela par les artiftes romains. Les cheveux des Barbares
font un peu longs, très-droits, relevés fur le front,
dàelquefois coupés au deffous des oreilles, & tombant
fîfc la nuque. Je donne ici pour modèle la tête du prétendu
gladiateur mourant («os. 4 & y , Pl. C X X X I l)
f l Capitole, qui eft aujourd’hui dans le Mufée Napo- 1
lehn. Je citerai le Rota tore ou le Scythe , bourreau de j
Marfyas, le prétendu P&tus de la villa Ludovifî, &c. |
Gn confultera dans ce Recueil les têtes du Cyclope ,
Pl. IV, y j celle du Faune, Pl. V I I3 6 , celle ae Pan,
m . v u i , i v
’'■ Les Troyens portoient les cheveux affez longs, comme
les Grecs d'Afie.
j^Kaumaife ( loco citato ) dit qu’ au fîècle d’Augufte, les
Grecs, les Romains, les Arabes (probablement ceux
qui habitoient les bords de la Mer-Rouge ) , les Phéniciens,
les Carthaginois, en un mot, les habitans depref-
qüetoutl’Univers connu &fréquenté, coupoient leurs cheveux
en rond, excepté les Égyptiens, qui fe rafoient les che-
"Yçux & même les fourcils. il faut diltinguer, des Égyptiens
proprement dits, ceux qui avoient adopté les ufages
des Macédoniens, & qui portoient les cheveux bouclés,
coinme les Grecs d’Ane. Une pierre gravée du Muféum
de Florence, deflinée ici fous le n°. 6 , Pl. C X X X I l, en
lléfente un modèle ( 1 , 1 6 , 2. )
■ k Les Perfes portèrent toujours de longues chevelures,
& les Parthes cherchoient à effrayer leurs ennemis en les
Jgbattant fur le vifage. Les Scythes, les Goths & les
Roupies du Nord, Germains, Gaulois, Bataves, Bretons,
&c. laiffoient croître tous leurs cheveux.
|Les Sicambres & les Germains formoient un feul noeud
d? leur longue chevelure. Ce noeud fervit à les caraété-
riler ( Tacit. Germ., c. 3 8 ) , & Martial l’appelle nodus
wkçni,
i Les Gaulais ( Diodor. Sicul.3 lib. y , ’ 21 z ) lavoient
.fquvent leurs longs cheveux avec de l’ eau de chaux, &
ayec le favon qu’ ils avoient inventé.
| Les Numides formoient leur chevelure, en boucles. La
tête de Juba, PL X X X V I , n°. 2, en préfente un modèle.
On en verra encore dans la feétion l rc. du chap. IV
du livre II de ce Recueil.
$®Les Maxyes, peuple de l’Afrique feptentrionale, qui
habitoit les bords du lac Triton , laiffoient croître leurs
cheveux à droite, & les coupoient au côté gauche de la
.tête.
§. IV . Coiffure des Grecques.
Avant de commencer cet article, je dois faire Cofi-
noître les diverfes acceptions des mots pbUv &
mitra. Le mot latin défigne prefque toujours un habille*
ment de tête ou un ornement de la chevelure ; le bonnet
phrygien, le diadème ou la bandelette qui nouoit les
cheveux 5 enfin un v o ile , tel que le fchall des Arabes ,
comme on le verra à leur article. Les mots grecs ont aufli
ces acceptions relatives à la tête ; mais ils en ont une
autre plus ordinaire, celle de ceinture, de baudrier,
même de lame de métal qui en tenoit Heu. Ici les mots
grecs ne feront employés que dans le fens du mot
latin.
11 faut diftinguer deux fortes d’ aiguilles de tê te , employées
par les femmes pour leur coiffure. L’ une, acus
difcriminalis, fervoit aux femmes à féparer leurs cheveux
en deux parties, fur le devant de la tête. L ’autre forte
d’ aiguille, qui étoit proprement l’ aiguille de tête, acus
çrinalis & acus comatoria, fervoit à retenir derrière, ou
fur la tête, les cheveux treffés ou natés. Les femmes des
environs de Naples attachent encore leur chevelure avec
des aiguilles d’argent, de la longueur de la main. Auprès
d’A p t , en Provence, on déterra, dans le commencement
du dernier fîècle, une ftatue de femme, dont la chevelure
eft retenue par une femblable aiguille. On la voit
ici fous les nos. 7 & 8 , Pl. CXXXIL ( Montfauc., Sup. III3
PL I V bis■ ) La defcription de ces aiguilles fe trouvera
dans le chapitre des ornemens.
Les vierges grecques, c’eft-à-dire, les jeunes filles
qui n’ avoient pas fubi le joug de l’hymen , fe faifoient
reconnoître à leur coiffure. Leurs cheveux étoient relevés
fur la tête > une petite portion defcendoit & étoit nouée
fur la nuque. C’eft ainfi que les portent les Divinités toujours
v ierges, Pallas, Diane, PL V I , n°. 1; laVi&oire,
PL V U l , n°. 4 ; & même Vénus, fans doute avant fon
mariage, PL V I , n°. y. Cette obfervation eft importante :
c’eft pourquoi j’en multiplie les preuves : PL C X X X III3
n°. 1 , tiree des pierres gravées du Palais - Royal ( / ,
PL X V I I I ) ; Pl. C X X X III3 n°. z& 3, tirées des pierres
gravées de la galerie de Florence Ç I , 26 , 7 I l , 12 ,4 ) ,*
Pl. C X X X I I I , n°. 4 , tête d’une Pallas de bronze àHer-
culanum ( I l , pag. 45 ).
Tertullien (de Virginibus velandis) répète fou vent que
les vierges fe diftinguoient des femmes..en relevant, eij
bouclant & en nouant leurs cheveux ferla tête : ut cumu-
lata in verticem ipjdm capitis arcem ambitu crinium contee.at;
qu’au moment où elles devenoient femmes , elles affec-
toient de prendre une autre coiffure, c’eft-à-dire, de
féparer en deux parties leurs cheveux depuis le front :
fimulque fe mulieres intellexerunt, venant capillum, & acu
lafciviore comam fibi inférant, crinibus a fronte divifis, aper-
tam profijft mulieritatem. Cet amas de boucles fur la tête
étoit appelé corymbus ou grouppe de baies du lierre ,.
& botrys ou grappe de raifin. Les deflins du paragraphe
fuivant rendront ceci plus fenfible.
Dans le roman grec d’ Ifmène & d’ Ifménias, celui-ci
félicite ( lib. 1 ) le peintre qui av-oit repréfenté la Chaf-
teté , de ce qu’il n’avoit point mis de rofes dans fa couronne,
«« parce qu’il n’y a aucun rapport entre la chafteté
33 & la rofe, qui a été teinte d’ une manière honteufe. »
C’étoit le fang de Vénus, qui de blanche l’avoit rendue
rouge. Cette obfervation doit s’appliquer aux vierges^
B b 1