
manches, & fe terminent peu au defïiis du genou ; elles
font ornées par-devant 8c par-derrière de deux bandes
perpendiculaires | de couleurs différentes de celle de la
tunique. Sous cette tunique extérieure on en voit une
blanche à manches longues. Une ceinture brune ferre
les deux tuniques. Ces cochers portent des hauts-de-
chauffes, bracc&3 blancs & étroits, qui embraffent les
cuiffes, les jambes & les pieds, fans apparence d’autre
chauffure. Ils ont des efpèces de larges calottes relevées
par-derrière, & faites avec des étoffes de diverfes couleurs.
On voit le même bonnet 8c le même coftume à
un cocher du cirque, repréfenté fur un marbre publié
parFabretti & par Montfaucon ( I I I 3 PI. CLX1I ) , def-
lîtié ici fous le n°. 7 , PL C C C X X X V I : on y apperçoit
de plus les rênes des chevaux nouées derrière fes reins
pour l’affermir dans fa courfe. Fabretti avoit aufli publié
avec peu de foin un de ces cochers, monté fur un quadrige
& exécuté prefque de grandeur naturelle, qui fe
trouve aujourd’hui à la villa Aibani. Winckelmann a réparé
cette négligence" ( Mon. ant. n°. 203 ) , & je l’ai fait
defliner ici fous le n°. 8 , PL C C C X X X V I , afin que
l’on remarque la courroie dont il eft ferré à plufieurs
tours. La villa Negroni renferme encore un vainqueur
du cirque j mais on a de la peine à le reconnoître, parce
que le fculpteur qui l’a reftauré, voyant à fa ceinture un
poignard recourbé, a pris cette arme pour une ferpette,
8c a fait de la figure un jardinier en plaçant une houe
dans fa main. Ce poignard recourbé fervoit à couper les
rênes dans lefquelles le cocher étoit embarraflfé lorfque
le char fe brifoit. Dans la mofaïque de Lyon on voit un
homme debout dans l’ arène, auprès des chars, qui fem-
ble menacer les chevaux avec un fouet qu’il tient de la
main droite. De la gauche il tient un objet qui reffemble
à de longs cifeaux. Auroient-ils été deftinés àxouper
les rênes ?
Sidoine Apollinaire a décrit ( Carm. X X I I I 3 n°. 31)
le coftume des cochers du cirque, & il parle de leurs
cheveux treffés 8c tortillés......Jubafque tortas coguntftexilibus
latere nodis. On les voit fur le front du cocher de la
villa Aibani, defliné ici. Stace a parlé de la bandelette
qui entortilloit les, cheveux des cochers, infula, & des
plumes dont ils chargeoient leurs bonnets...... Çoncolor
eft albis & cajfis, & infula criftis.
Je parlerai de.s gladiateurs dans l’article fuivant.
§. I L Jeux de LAmphithéâtre. Gladiateurs.
Maffei a prouvé jufqu’ à l’évidence, dans fon Traité
d'egli Amphitheatri, que les villes grecques ne bâtirent
jamais d’amphithéâtres, parce que, comme je l ’ai dit
plus haut, & comme je dois le répéter‘ ic i, les Grecs
n’adoptèrent les combats des gladiateurs qu’après être
devenus fujets des Romains, 8c parce qu’ils ne les firent
célébrer que hors de l’enceinte de leurs cités.
Ce fut vers la décadence de la République, que les
Romains élevèrent des amphithéâtres pour les combats
des gladiateurs , qu’ils avoiertt pris des. Ëtrufques. Les
premiers amphithéâtres n’étoient élevés que pour le .
tems des jeux, & . on ne les conftruifoit qu’en bois.
Mais l’an 72) de la fondation de Rome ( 29 avantTère.
vulgaire), Statilius Taurus.en bâtit un en pierres dans
Rome. Ç et amphithéâtre, dont on ignore l’emplacement,
& celui de Vefpafien, appelé aujourd’hui le Colifée, fu- !
rent les feuls renfermés dans la ville. II y en eut deux ;
hors de Rome, 8c l’on en bâtit dans prefque toutes les !
villes romaines ou foumifés aux Romains i On en voit de .
beaux reftes à Arles, à Fréjus ; un entier à Vérone &
un prefqu’ entier à Nîmes,
L ’amphithéâtre étoit ainfi nommé parce qu’il reffem
bîoit à deux théâtres ou à deux demi-cercles réunis ]î
étoit cependant ovale : le grand diamètre étoit au pet;t
comme i.y à 1. Le milieu ou l ’arène étoit entourée de
gradins élevés les un?au deffus des autres, fur des p0r.
tiques en dedans .& en dehors. Immédiatement fur l a.
rêne 8c fous les gradins étoient des ioges voûtées, cjvm
où l’ on renfermoit les bêtes deftinées à combattre.
deffus dès caves, étoit le podium ou la tribune deftinéeaux
autorités publiques, Empereurs, Sénateurs, Magiftrats'
à l’Éditeur des jeux & aux Veftales. Il étoit orné déco'
tonnes 8c de baluftrades; mais quoiqu’il fût élevé de
3 mètres 898 à 4 mètres 873 ( 12 à iy pieds.),, cette
hauteur n’auroit pas fuffi pour garantir de la fureur des
éléphans, des lions, des tigres ; aufli le devant étoit-il
garni de filets, de treillis, de gros cylindres de bois mobiles,
qui , tournant fur des axes, rendoient inutiles les
efforts des bêtes féroces. Dans le même deffein on creu-
foit autour de l’ arène un large foflé , appelé euripe, &
l’ on rempliflbit d’.eau.
Les gradins fur lefquels on s’afleyoit, fur lèfquels po-
foient leurs pieds derrière les fpeétateurs aflis, ceux qui
étoient placés fur le gradin fupérieur, ont, dans l’amphithéâtre
de Vefpafién, o mètre 379 ( i pied 2 pouces) de
hauteur, & o mètre 8 1 2 (2 pieds 6 pouces.) de largeur.
Les gradins n’ étoientpas continus ; ils étoient fépares
de diftance en diftancë, par des efcaliers qui les cou;
poient du haut en bas, & dont les marches étoient de
moitié moins larges 8c moins hautes que les autres. Ces
efcaliers répondoient dans lë haut aux portes appelées
vomitoria, par lefquelles le peuple fe répandoit furies
gradins , en defcendant par-les efcaliers qui partageoient
la maffe des gradins en portions appelées cunei, coins, à
caufe de leur forme angulaire. Les gradins étoient aufli
partagés horizontalement par un gradin plus large Sr plus
haut, ou un pallier appelé ceintureyèalteus, pr&cinciw,
via. Ce pallier étoit placé au deffus des quatorze gradins
inférieurs,.deftinés aux Chevaliers, & il fervoit de chemin,
via, aux fpeélateurs. Enfin, au deffus des gradins
étoit un portique ouvert du côté de l’arène, fous lequel
; fe plaçoient, fur des fîëges, les femmes 8c quelques per
; fonnages diftinguës.
, Pour garantir les fpeélateurs de l’ ardeur du foleil, on
tendoit des toiles fur l’amphithéâtre. On les appeloit
v</a, voiles, parce qu’elles étoient fou-tenues par de
| grands mâts. Oh voit encore à l’amphithéâtre de Nîmes,
| dans le haut, des corbeaux ou pierres failiar.tes qui fup- !
portoiènt le pied de ces mâts. Ces voiles furent quel- I
quefois teintes en bleu de ciel ou en pourpre ; elles ne J
garantiffoient pas de la pluie. Pour l’éviter on fe retiroit I
fous les portiques à piulieurs étages, qui fup portoiènt lesl
gradins.- •
On fabloit l’arène, afin que le fang des bêtes & des
gladiateurs s’imbibât promptement, 8c l’on faififfoit 1 intervalle
des différens jeux pour remuer le fable. Ordinairement
on employoit du fable commuf; quelquefois on
employoit du marbre broyé pour donner une blancheur
éclatante ; quelquefois aufli les Empereurs qui prenoient I
parti pour une faétion faifoient fabler avec des matières
de la couleur de cette faétion. Néron fit couvrir Tare”e
de fulfate de fer vert ( dé vitriol ) , auquel Caligula m&a
du cinnabre pour rendre 'le vert plus foncé. C’étoit Wr
l’ arène que combattoient les gladiateurs 8c les bêtes. ^
gladiateurs combattoient entr’eux ou contre les betes •
L il cl combattoient aufli les unes contre les autres,
t eS" ©foit à leur fureur, 8c fans défenfe, les criminels
t^fmnés à mort. Quelquefois on inondoit fubitement
Nonfa avec l’eau des réfervoirs qui étoient pratiqués
rafles maflifs des amphithéâtres, pour donner le fpec-
le d’un combat naval, d’une naumachie, 8c l’on mtro-
H H des navires armés. Après le combat onvidoit
f? ène avec autant de célérité. Dans les naumachies, des ,
Silftres marins, tels que des phoques * des veaux ma-
[• fortoient du fein des flots, 8c combattoient contre
Ms ours. On vit paroître une fois dans l’arène un grand
[vire qui s’entr’ouvrit au milieu de l’amphithéâtre, 8c
E vomit plus de quatre cents bêtes féroces, ours,
[Sonnes,panthères, lions, autruches, ânes fauvages 8c
Ibifons. Gordien le premier fit paroître ces animaux dans
[l'amphithéâtre pour donner le fpeétacle d’une chafle. On
lolantoit alors une forêt dans l ’arène; on y ajoutoit des
[cavernes & des arbres faétices qui fortoient à volonté du
Ifein de la terre, 8c qui y rentroient de même avec les
pLe^amphithéâtres étoient confacres à Diane, déefle
[desforêts ; à Mars, dieu des combats; à Saturne, divi-
inité tutélaire des gladiateurs; à Pluton, le Jupiter infer-
iijal, & l’on y élevoit leurs autels.
Y Gladiateurs. J’ai déjà dit que, bien differens des athlètes
les gladiateurs furent des hommes vils , méprifés ;
autres doigts. Si au contraire il s’étoit battu lâchement,
fon arrêt de mort étoit rarement douteux. Les fpeébiteurs
avançoient' la main, levoient le pouce 8c le dirigeoient
contre le malheureux : celui-ci, voyant ce ligne redoutable
Ides captifs, des Barbares, des efclaves qui fe.vendoient
là des maîtres ( lanifts ) pour combattre à outrance aux
I funérailles des riches, pendant leurs repas 8c dans les
j jeux publics : cependant on vit, fous les Empereurs, des
IChevaliers, des Sénateurs defcendre dans l’arène, & y
! combattre les uns contre les autres ou contre des bêtes
Iféroces. Sous le règne de Domitien, les femmes 8c des
| dames mêmes y combattirent : Nec modo virorum pugnas,
mfed & feminarum ( Sue ton. Domit. cap. 4). Ce fut, félon
1 Valère-Maxime. ( 2 , 4 ), l’an de Rome 490 ( 263 avant
lière vulgaire ) , que l’on vit a des funérailles ces horn-
ibles combats, dont l’ufage venoit de 1 Etrurie.
i Les gladiateurs promettoient à leurs maîtres, avec fer-
ment, de fe laiffer tourmenter par le feu, lier, frapper, Ibleffer avec le fer, même jufqu’à la mort (Petron. c. 77).
Quelque tems avant le jour du fpeétacle, celui qui don-
Inoit les jeux (Editor muneris) en avertifloit le peuple par
Ides affiches ou par des tableaux expofés dans la place
[publique (Horat. Sat. 11,7, 9y ).Ces affiches indiquoient
[ le tems que dureroit le fpeélacle, le nombre des couples
r de gladiateurs, les efpèces de gladiateurs, les noms 8c
[ les marques diftinétives des gladiateurs qui dévoient
I combattre. Ces combats étoient représentés dans les ta-
I bleaux. Le jour du fpeétacle on apportoit fur l’arène deux
I fortes d’armes ; les unes de bois, armes courtoifes. {lufo-
! ha), 8c de véritables armes, (decretoria) décernées, ainfi
[appelées parce qu’elles étoient données en vertu dun
; décret du Préteur ou de l’Éditeur dès jeux. Les gladia-
I teurs commençoient par fe fervir des premières armes ;
I enfuite ils prenoient les fécondés, avec lefquelles ils
[combattoient nus ou revêtus d’une feule tunique. Au
I premier fang qui couloit, on crioit : il eft blefle ; 8c fi le
I gladiateur mettoit bas les armes, il faifoit l’aveu de fa.
I défaite. Sa vie dépendoit alors de la volonté des fpec-
t tateurs ou de l’Éditeur des jeux , ou de.l’arrivée impre-
I vue del’Empereur. C’étoit ordinairement te peuple qui
I decidoit de la vie op de la mort du gladiateur blefle.
Lorfqu’il avoir combattu avec adreffe 8c courage , fa
j gwcelai étoit prefque toujours accordée : alors les fpec-s
l dateurs élevoient la main en tenant le pouce plié fous les
, préfentoit la gorge pour recevoir le coup mortel,
| 8c s’efforçoit de prendre, en mourant, une attitude décente.
A peine étoit-il expiré, que fon corps étoit traîné
hors de l’ arène.
Cet horrible fpeétacle ne cefla que vers l’an y00 de
l’ère vulgaire, époque oùThéodoric, Roi des Goths,
détruifit l ’Empire d'Occident.
Les gladiateurs étoient féparés en diverfes claffes, que
l’on diftinguoit par la différence des armes : i°- les Mir-
millons, Mirmillones., combattoient contre les Rétiaires,
qui çherchoient à les envelopper dans un grand filet; ils
avoient pour armes une fourche à trois dents, fufcina ,
un poignard 8c un bouclier. On voit ici fous le n°. 9 ,
PL CCÇXXXV13 un Mirmillon tiré d’une lampe trouvée
à.Herculanum (tom. V I I I , pag. 7 7 , Candelabri) . Sur une
peinture antique, dont Winckelmann a publié le deffin
( Mon. ant. n°. 19 7 ), le Mirmillon qui combat contre le.
Rétiaire n’ a point de poignard ; mais celui qui eft abattu
aux pieds du Rétiaire tient un poignard, 8c a abandonné
fa fourche. i° . Les Rétiaires, Redarii, combattoient toujours
contre les Mirmillons, 8c ils cherchoient à les envelopper
dans un filet : d’ où leur étoit venu leur nom.
Les deux que l’on voit dans le deflin de la villa Aibani
que je viens de citer, font enveloppés dans le filet ; ils
portent un cafque ou bonnet à bord étroit, qui laiffoit le
vifage découvert (Suet. Claud 34) , un bouclier carré
long 8c courbé en tuile, 8c un poignard. L’ un d’eux eft
defliné ici fous le n°. 10, PL CCCXXXVI. 30. Les Hq-
plomaques, Hoplomacki, étoient armés de toute pièce ,
comme, l’ annonce leur nom. Je crois devoir leur attribuer
la figure du n°. 11 , PL C C C X X X V I, tirée du Recueil
des lampes de terre cuite de Pafferi (tom. I I I ) , q ji l’ a
prife pour un Mirmillon. Cet Hoplomaque porte une cui-
rafle, un bouclier carré long 8c bombé, un cafque fermé
entièrement par une vifière percée de trous, une bottine
défenfive à la jambe gauche (Apul. Metam. X I , Pomp.
Ifiac. ) , une chauffure fur laquelle s’arrêtent les longues
chauffes, 8c il tient une épée. Le même volume de ce
Recueil préfente un autre Hoplomaque, dont l ’armure
ne' différé de celle-là que par l’épée courbée, par l’ab-
fence de la bottine 8c par l’ efpèce de braflard qui couvre
le bras 8c l’avant-bras droits. Sur un deflin publié par
Winckelmann (Monum. ant. n°. 198), à la fuite de celui
que j’ai c ité , on Voit combattre avec des épées deux
gladiateurs vêtus de fimple tunique, fans cuiraffe, portant
des boucliers ronds'8c des cafques garnis de vifîè-
res femblables à celles de nos mafques modernes. Deux
ailes font attachées au cafque de l ’un d’eux. Sont-cé des
Hoplomaques? Je n’ ofe Faffurer. Le Lanifta , qui étoit
ordinairement un gladiateur émérite, reconnu pour tel
par le bâton appelé ruais, qu’on lui donnoit en lui accordant
fa retraite , formoit les gladiateurs, les nourriffoit,
les louoit pour les jeux 8c les encourageoit dans lés
combats. Dans les deux d^fins publies par Winckel-
mann, que j’ ai cités ( Monurh. ant. «0s. 197 & 19 8 ) , on
voit le Lanifta qui exhorte 8c excite les combattans; il
a la tête nue, n’eft vêtu que d’une tunique garnie de
manches très-amples, liée avec une ceinture, ornée par-
1 devant 8c par-derrière de deux bandes d’une couleur differente
de celle du fond ( clavi ) , qui defcendent dès
épaules au bas de la tunique, 8c il tient une baguette;,
n°. 12 , PI. CCCXXXVI : tels font lès gladiateurs que
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