
fiers & d'inîcriptions latines. On les voit aujourd hui
dans le muféum des monumens français, rue des Petits»
Auguftins. Ils ont été expliqués dans les Mémoires de
l'Académie des Belles-Lettres , par Baudelot & Moreau
deMautour, & publiés par Montfaucon ( Antiq. expi.
zom. U , PL CX C). Une infcription en fait connojtre
l’âge ; elle apprend que , fous lV«pdre de Tibère > ceux
des Parifiens auinaviguoiefit ou qui commerçoient iür la
rivière (nauuParifiaci ) avoient confacré ce monument
à Jupiter très-bon & très-grand. Dans ces bas-reliefs
paroiffentVulcain, Jupiter, Caftor, P ollux, reprefentes
avec leurs noms gravés & avec leurs attributs ordinaires.
Plufieurs figures font tellement munlees, qu on
ne peut les reconnoître , d’autant plus qu elles ne portent
point d'infcriptions ; quatre feulement ont conferve
les leurs , & présentent des attributs qui femblent être
propres aux Divinités gauloifesj ç’ eft pow’quoi je les retracerai
ici fous le »*. } , PP CCXLt'I 6* ClX L F I I ,
Un homme couronné de feuillages porte une tunique
courte, a le bras & la main droite eleves, & li.teae«
quelqu’attribut, peut - être une hache ; la gauche elt
appuyée fur un tronc d’ arbre > a fes pieds eft la partie
tronquée. On lit au deffus de fa tête , s s v s ou hesus ,
que 1 on croit avoir é té , chez les Gaulois, le dieu de la
guerre, & qu’ ils appaifoient, dit Lucain ( I » verf.' 44$ h
par l’effufion du fang humain- Sur la quatrième race du
même cippe on l i t , t a r v o s t r ig â r a n v s , corruption
de deux mots grecs qui lignifient le taureau a trois
fième cippe eft gravé le mot esRtf VNNOSj au deflfou*
il ne relie plus que le bufte deffmë ici au «°. 4 , PI.
CCXLF1 & C C X IF IL Un homme à tête chauve , i
barbe, a des oreilles pointues & des cornes bifurquées,
avec un anneau très-large, enfilé fur chacune. Enfin,
fur la quatrième face du même cippe/, on voit ces traces
grues. L’ on voit au delfous, auprès d’un arbre, un boeuf
avec trois grues pofées, l’une fur fa tê te , & les deux j
autres fur (cm dos. On n'a pas même de conjectures a
propofer fur ce bas-relief. Sur la troilième face du t ro i-.
de lettres se v i Ri o s , & au défious le bufte d’un
homme nu, qui paroît frapper avec vin inftrument, dont
une partie elt brifée, un ferpent qiti s’élève contre lui.
Seroft-ce Hercule combattant l’hydre de Lerne ou le
dragon des Hefpérides ? ' . , _
Au refte, Hercule reçut un culte particulier des Gaulois,
ainfi que Mercure, appelé chez eux Tentâtes. Ils
les vepréfentoient fans l’organe fexüel, qu’ ils remplaçaient
par une efpèce de.plaque ronde ou par deux anneaux
enlacés l’un dans l’autre, On voit ic i, au n . j ,
PI CCX L F l & C CX LVU , un femblable Mercure
{Montf. tom. U , PI. C LX X X F I , f . x ) /qui fut trouvé
au commencement du dernier fiècie, avec plufieurs
autres figures de ce dieu , fur la montagne de Framont,
la plus haute de celles qui féparoient l ’Alface de la Lorraine.
On croit que les Gaulois adoroient aufli Jupiter
fous le nom de Tarants, dont Lucain, cite plus haut,
a fait mention,
BRESCIA ou BRESSE dans le Milanais. Ottavio Roffi
a écrit un volume in-40. Fur les Antiquités de cette ville,
dans lequel il a inféré les deflins de plufieurs figures de
Divinités anciennes, qu’il a créées & qu’ il a ofé don-
nerpour authentiques.
Telles font les Divinités des Barbares, dont on a con-
fervé ou dont on a cru polféder quelques figures.
l iv r e
L I VRE II.
FIGURES HI STORI QUES .
O b s e r f a t i o n g én é ra le .
Ç e livre préfente les coftumes mis en aélion ( s’ il eft [ la partie des coftumes. On doit donc rapprocher les arti-
pprmis de s’exprimer ainfi ) , c’ eft-à-dire que les figures des des figures hiftoriques} des articles qui leur fontre-
kifioriques réunifient les détails qui ont été expofés dans | latifs dans la partie des coftumes, & réciproquement.
C H A P I T R E PREMIER.
T R O Y E N S E T A M A Z O N E S .
Dans les Recueils d’antiquités on place ordinairement
les Troyens parmi les Barbares ; mais ceux qui font leur
etude.de l’antiquité en général, & des poèmes d’Homère
en particulier, ne peuvent fe réfoudre à féparer les
Troyens des Grecs. D’ailleurs, le haut degré d’opulence
& de Iplendeur où les Troyens étoient parvenus, félon
lé chantre de l‘Iliade3 à l’époque de cette guerre fatale
qui détruifit leur Empire, m’ engage à les placer même
avant leurs ennemis.
J’ai cru aufli devoir réunir dans le même article les
Troyens & leurs fidelles alliées les Amazones, afin que
ron eût d’abord fous les yeux ce qui a trait aux tems hé-
roïquès: de la Grèce.
Tous les monumens qui préfentent des Troyens, ont
été faits par des àrtiftes grecs, & tous les'écrivains qui
parlent ae cette nation font Grecs. Ainfi l’on fe rappellera
toujours, en lifant ce chapitre, que j’ y rapporte
uniquement les opinions adoptées par les Grecs, & depuis
par les Romains.
SECTION PREMIÈRE.
t Ce feroit une témérité que de vouloir établir rigou
I reufement des différences entre l’armure des Troyens &
I celle des Grecs. Cependant Virgile raconte ( Æneid. I I
[ verf ‘ 4ÏO ) que , la nuit de laprife de T ro y e , quelque?
uns des habitans de cette ville fe revêtirent des arme
[ des Grecs qui avoient été tués, afin de fe faire paffe
f pour des Grecs, & de fortir plus facilement, mais qu’il
furent vivement affailiis par les Troyens, à caufe ae I:
[ forme des armes & de la couleur des panaches grecs
^ Ukr exanHnant deux bas-reliefs de la villa Eofghèfe.
p publies par Winckelmann ( Monum. antiq. nn. 1 $ y r 37)
1 *1UI.5rePréfëntent, l’un Heéfcor rapporté par les Troye: s
1 y” f autre Priam allant avec des Troyens à la rencontre
F des Amazones, voit-on que le cimier du cafque de:
royens eft bas & recourbé en avant (comparé à ceju
, es cafques grecs). Ces cafques troyens font deffmés ;
la première Flanche des coftumes. On reconnoît ici h
reflemblance avec le bonnet phrygien, qui cara&érife les
Troyens. Il eft probable que les chefs portoient, comme
ceux des Grecs, des panaches de crin de cheval, mais
d’une autre couleur : du moins peut-on le conclure de
l’effroi que caufa au fils d’Heétor le panache de ce héros.
Un Troyen qui accompagne Priam , fur le fécond des
bas-reliefs cités , & qui eft defliné ici au n°. 1 , planche
CCXLVIII, paroît être armé > il porte cependant le bonnet
phrygien. Onpourroit donc donner aufli cette coiffure
aux Troyens armes. On croit encore reconnoître fur les
monumens, que la barbe des Troyens eft plus longue
que celle des Grecs.
Le bouclier que tient la figure citée, reffemble à celui
des Amazones, à une des fortes de la p e l t a celle qui
eft arrondie par le bas & échancrée deux fois fur le diamètre
, qui forme le demi-cercle. Seroit-ce le bouclier
phrygien, celui que Pythagore reconnut, dit Maxime de
Tyr ( Dijfert. 1 8 ) , à fa forme phrygienne ? En entrant
dans un temple de Minerve il le vit fufpendu avec d’autres
offrandes , & il dit qu’il l’avoit porté lorfqu’il étoit
le Troyen Euphorlus. Je dois faire obferver cependant que,
fur les bas-reliefs cités, les Troyens ont des boucliers
ovales : il faut fuivre plutôt cet ufage.
La figure du n°. 1 porte une chlamy.de femblable en
tout à celle des Grecs. Je ne la décrirai pas ici. ^ L a tunique
de cette figure pourroit être très-longue fi elle étoit
unique ; mais on ne peut afliirer, à caufe de la petitefie
de la figure , que les deux divifîons apparentes & indépendantes
de la ceinture vifible ne foient que des replis
formés par deux ceintures cachées. C e font peut-etre
les bords de deux très-petites tuniques d’inégale longueur,
placées fur la tunique vifible. Cette tunique a des
manches qui n’atteignent pas le coude. Sur les monumens,
les Troyens qui ne font pas armés, ont feuls des
manches qui defcendent jufqu’au poignet ; mais les uns
& les autres portent de longues chauffes qui fe lient à la
chauflare , & la chauffure couvre tout le pied, comme
le calctus des Romains.
Voilà ce que les. monumens nous ont appris jufqu’ ici
fur le coftume militaire des Troyens. On pourra , pour
le même objet , tirer parti d'un paffagê d’Hérodote
O