
pollon eft de couleur changeante, entre le rouge & le
vert. ,
Apollon paroît fouvent appuyé fur quelqu’ objet, &
aya'nt les jambes croiffes. Le croisement des jambes de-
fignoit en général, chez les artiftes anciens, lé repos.
Apollon fe repoloit après la victoire fur le redoutable
ferpent Python.
MARSYAS. Le fupplice de ce préfomptueux rival
d’Apollon a exercé fouvent le pinceau & fe cifeau des
ardues grecs. Je ne donnerai point ici la figure de Mar-
fyas , parce qu’elle ne préfente d’autre trait particulier
que les oreilles pointues des Faunes & des Satyres. Je
dirai la même chofe du barbare, qui aiguife un couteau
pour l’écorcher, il a les traits , la chevelure , la mouf-
tache, & c . , d’un barbare. C ’eft d’ après cela que le
baron de Stofch le reconnut le premier pour le Scythe
qui fe prépare à fervir la vengeance d’ Apollon. On voit
ces deux ltatues célèbres dans la galerie de Florence.
( Statue, tav. 13 , 9f* ) v
Je faifirai cette occafion de rappeler que les Anciens
n’ont jamais repréfenté une divinité affiftant à un fupplice
, ou témoin d’ une aétion barbare. Sur tous les mo-
numens, bas-reliefs, médailles & pierres gravées qui
repréfentent la fable de Marfyas, cet infortuné paroît
toujours près d’être écorché, mais lion encore déchiré,
à caufe de la préfence d’Apollon. Auffi, fur une pâte antique
de la collection de Stofch, où le Scythe écorche
Marfyas , Apollon eft tourné d’ un autre côté que fa
viftime. t . . . , A
Les graveurs de pierres ne liront pas ici fans interet
que la plupart des pierres fur lefquelles eft gravé le fupplice
de Marfyas, font des jafpes rouges, c ’eft-à-dire ,
d’une couleur analogue au fujet.
LATONE La mère d’Apollon, portant fur fes bras
Apollon & Diane, fert de type à quelques médailles
d’Ephèfe , de Tripoli en C a r ie , & c. Elle n’ a aucun
attribut particulier.
MNÉMOSYNE , déeffe de la mémoire & du raifon-
nement, -étoit mère des Mules. On voit au muféum Pio-
Clémentin une ftatue antique, avec la bafe & 1 infcrip tion
antiques , m n hm ostnh. Elle ne porte aucun attribut,
mais elle eft enveloppée dans un grand manteau fous
lequel elle élève fa main droite vers le menton. Cette
attitude qui caraCfcérife aufïi Polymnie, eft celle d une
perfonne qui fe recueille'pour rappeler quelqu’objet a
fa mémoire.
MUSES. Les Mu fes paroifler.t toujours vêtues fur les
monumens : jamais elles n’ont le fein'découvert. Ce ca-
raCtèrepeut faire diftinguerles Mufes des Nymphes quand
on ne voit point les attributs ordinaires des premières ,
parce que les Nymphes font le plus fouvent repréfentées
demi-nues. Les Mufes portent ordinairement des couronnes
de laurier 3 mais Phumutus {de Naturâ Deorum,
obtenue fur les Syrênes. Paufanias ( Bceotic.pap. 30?) &
Cafliodore ( Var. lib. 5 , Epifi. 51 ) ont -parlé deces plu?
mes, que l’ on voit très-diftinCtement fur un bas-relief du
palaisBarberini, à une ftatue du Capitole (10m. 111, tab. 59)
& à'une autre de la villa Albani. On peut fe fervir de cet
attribut fingulier pour faire reconnoître une des Mufes
lorfqu’on la repréfente feule. C ’eft pourquoi je donne
ici*, au n°. 1 , El. CCXXI, la ftatue du Capitole; U n e,
deux & même trois plumes prefque droites, ayant de
hauteur les deux tiers de celle de la face, fortent du
milieu de la chevelure, à fa naiffance fur le front, même
lorfqu’ il n’ y a point de diadème.— - On voit au muféum
français un bufte qui repréfente une Mufe fans autre
attribut que les deux plumes fur le front.
M. Heyne (de Mujar. Relig. &c. Soc. Gotting. 1784)
claffe les Mufes relativement à leurs fonctions, que défi-
gnent leurs attributs : i 0.. Poéfie, divifée en épique, lyrique
tap. 14. j pag. 161 ) leur donne des couronnes de palmes
ou de branches de palmier. # ) . : . ‘
Sur un cercueil étrufque , publié par Gori {'ïnfcript. ;
eiruf tem. 111, tab. 33) , on voit ies Mufes qui, dans un
défi, ayant vaincu, par leurs chants,les filles dePierius,
les puniffent de leur témérité, & arrachent les plumes,
de leurs ailes. Ces Déeffes portent un diadème auquel j
font f ix é e s fu r le milieu du front, deux plumes, gages I
cte cette viÇtoire ou d'une, fenplable qu’elles avoient |
Cavec les flûtes, avec les lyres, &_en vers érotiq
u e s ) , tragique, comique} 1 9. Pantomime ( & éloquence)}
3°. Hiftoire} 40. Aftronomie..... Ainfi Calliope
tient des tablettes.} Euterpe, la flûte} Terpfichore,
la lyre} Érato, la lyre} Melpomène, le mafque, tragique
& la maffue} Thalie, le mafque comique & le pedum ;
Polymnie a l’ attitude de la méditation ouïe gefte des ora*
teurs} C lio , le rouleau ou volumcn ,• Uranie , le globe
célefte & la baguette ou radias. «
Après avoir parlé des Mufes en général, je vais les
faire connoître chacune en particulier. Pour cela je donne
ici y n°. 3 , PI. CCXXI, le bas-relief d’ un cercueil du
muféum Fio-Clémentin ( 10m. I V , tav. 14) , fur lequel
Apollon & Pallas font repréfentés avec les neuf Mufes.
Je décrirai auffi le bas-relief d’ un autre cercueil de la
même collection ( ibid. tav. 1 y ) , fur lequel font fculptes
les Génies des Mufes, portant les attributs de ces Divinités
, demi-nus, enveloppés feulement, depuis les
reins jufqu’aux jambes, dans une draperie , excepté un
feul qui eft vêtu entièrement. Enfin, je ferai connoître
les ftatues des Mufes qui font dans le muféum français.
Quant aux vêtemens des Mufes, je les décrirai d’ après,
les peintures d’Herculanum ( tom .Il) . Je fui-vrai , dans
cette énumération, l’ ordre des deux bas-reliefs, en commençant
par la gauche du leêleur.
CLIO. La Mufe de l’Hiftoire fe fait reconnoître par
le rouleau d’écriture ( v&lumen) qu’elle tient, & par le
cafque ,( fymbole des guerriers) qui eft à fes pieds. Son
Génie & la Clio du mufée français, tirée, .en 1774* des
fouilles de la maifon de. campagne de Caffius, à T ivo li,
tiennent auffi le rouleau. On le voit dans la main de la
Clio d’Herculanum, qui, affife fur un hémi-cycle (fiège
à doffier circulaire), porte une longue tunique violette ,
à manches courtes 5 un bracelet & un manteau rouge?
foncé, bordé de bleu-clair,
EUTERPE. La Mufe de la Mufique tient une flûte de
chaque main. Vêtue comme Melpomène & Polymnie,
Mufes qui préfident auffi au théâtre, elle porte une tunique
longue, à plis droits & continus, à manches étroites,
defcendantes jufqu’au poignet ( Yortoftadios ) , avec
une ceinture formée par-devant en plaftron^triangulaire.
Son Génie tient des deux mains deux flûtes réunies,.
\JEuterpe du muféum français vient du V atican, originairement
du palais Lancelotti de Rome } elle tient
une flûte & porte des fandales.
Cette Mufe eft la feule dont on ne, trouve pas la figure
dans les peintures d’Herculanum.
THALIE. La Mufe de la Comédie tient un mafque de
fatyré, qui rappelle fon origine. Seule entre toutes les
Mufes , elle porte une tunique & un manteau qui ne
defcendent pas au-delà du milieu de la jambe > mais la
tunique a de très-longues manches. — Son Génie tient
un mafque comique & le bâton des bergers. La Thalie
du muféum français, trouvée à Tivoli dans les ruines
de la maifon de campagne de Caffius, fe reconnoît au
lierre dont elle eft couronnée} au tympanum ou tambour
debafque, fymboles des jeux de théâtre confacrés à
Bacchus} au pedum ou bâton recourbé des bergers. Ce
dernier attribut eft l’emblème de la poéfie paftorale &
géorgique à laquelle Thalie préfide , ainfi qu’à la comédie
rappelée par le mafque.
Dans les peintures d’Herculanum, Thalie eft vêtue
d’une longue tunique verte , bordée de rouge , à manches
très-longues} d’une fécondé tunique rouge , un
peu moins longue, avec des manches terminées au milieu
du bras ; enfin d’un manteau rouge, bordé de franges
, orné, vers le b a s, d’une pièce carrée de pourpre
( U eus). Seule entre les huit Mufes d’Herculanum,
Thalie porte des franges, ornement que les Grecs & le s
Romains laifloient aux Barbares. Il annonce ici la licence
des bacchanales, fêtes qui virent naître la Comédie. Elle
tient le mafque comique & le bâton des bergers.
MELPOMÈNE. La Mufe de la Tragédie porte ,
comme Euterpe & Polymnie, l’habillement théâtral, la
tunique longue, à manches étroites & très-longues 5 la
ceinture formée par-devant en large plaftron triangulaire
, & le grand manteau, le fyrma. Elle tient le mafque
tragique & la maffue des héros appuyée fur une tête de
boeuf qui eft pofée fur la terre. — Le Génie de Melpomène
tient un mafque tragique & la maffue.
La Melpomène du muféum français, trouvée à Tivoli
dans les ruines de, la villa de Caffius, eft couronnée de
lierre, tient le mafque héroïque d’Hercule & un poignard
} elle s’ appuie fur fa jambe gauche, qui eft pofée
fur une pierre élevée. Cette attitude caraétérife le repos
ou l’attention d’une perfonne qui écoute.- Melpomène
çorte une longue tunique à plis droits, non interrompus,
a manches .étroites & très-longues} une autre plus courte,
qui eft liée fur les hanches avec une large ceinture & le
manteau -tragique.
Cet habillement eft le même que -celui de la Melpomène
peinte fur les murs d’Hercûlanum, qui tient le
mafque tragique & la maffue. Sa longue tunique bleue a
des manches qui n’atteignent pas le coude. Sa tunique
plus courte , de couleur rouge-clair, n’a point de manches,
& fon manteau eft bleu..
TERPSICHORE. La Mufe qui préfide à la poéfie lyrique,
porte une longue tunique fans manches, & une
draperie qui l ’enveloppe depuis les reins jufqu’aux pieds.
LUe tient de la main droite un archet, pleftrum, & de
l’autre une lyre qui eft appuyée fur la cuiffe gauche. La
jambe, de ce côté, eft pofée fur une pierre élevée. — Le
Génie de Tcrpficho’ e eir placé entre un laurier & un vafe
pofé fur un cippe. Le laurier & le .vafe étoient la re-
compenfe des vainqueurs aux jeux olympiques, que l ’on
chantoit dans les odes.
La Ter’fichore du muféum français, trouvée à Tivoli
dans les ruines de la villa de Caffius, eft vêtue d’une tu-
niquëTongue avec dés manches courtes, d’une tunique
plus courte fans manches, & d’ un manteau. Elle tient
une ly re , dont Je corps eft une écaille de tortue , & les
branches font deux cornes de chèvre fauvage.
Dans les peintures d’HercuIanum, Terpfichore porte
une longue tunique de couleur changeante, entre le rouge
clair & le bleu, garnie d’une feule manche qui descend
jufqu’ au milieu de l’avant bras gauche. La draperie
extérieure eft bleue. Elle tient une petite lyre.
ÉRATO préfidoit aux poéfîes érotiques , ainfi que
l’annonce fon nom, dérive de celui de l’Amour. Mais
elle rempliffoit encore des fondlions plus nobles} elle
étoit la Mufe de la Philofophie. C ’eft pour cela fans
doute que, fur le cercueil du muféum Pio-Clémentin,
elle a les vêtemens & l’attitude d’une perfonne qui parle
en public. Elle porte une longue tunique avec des manches
qui defcendent jufqu’au poignet, & le manteau
grec, pallium , jeté comme la toge. Elle foutient, de II
main gauche, fon manteau à la hauteur de la cuiffe} de
la droite, qui eft placée devant la poitrine, elle fait le
gefte. ufité chez les orateurs ( Apul. Metam. lib. 1 ,p . y4,
inufum), l ’index légèrement courbé & appuyé furie
pouce étendu, les autres doigts pliés. — Le Genie d’É -
rato tient une lyre.
| L’ Erato du muféum français, trouvée à Tivoli dans
les ruines de la villa de Caffius, a les avant-bras reftau-
rés. Elle porte l’habit de théâtre, la longue tunique à
courtes manches, la tunique moins longue, fans manches,
liée avec une ceinture, & un manteau.
Dans les peintures d’Herculanum, Erato porte une
longue tunique ro fe, avec une double bordure bleue &
des manches courtes; un vafte manteau d'un vert-gai,
qui l’enveloppe. Elle tient une lyre qui a près des deux
tiers de fa hauteur, & qui diffère beaucoup de celle de
Terpfichore. «c On' a cru d’ après cela, dit ,M- Vifconti,
« que la différence des lyres pouvoit feule faire diftin-
» guer l’une de l’autre ces deux Mufes ; mais on doit
» confidérer que, dans les autres monumens, les deux
» eïpèces de lyre font indiftinitemênt données à ces
» deux Mufes, qui préfident l’une & l’autre aux diffé*
» rens genres de poefîe lyrique. »
POLYMNIE étoit appelée la Mufe fi/encieufe , Mu fa
tacitu , parce qu’elle préfîdoic à la pantomime. Sous ce
rapport elle étoit repréfentée fans attribut, & même
l ’abfence des attributs étoit alors fon caractère diftinôtif.
Mais Horace lui demande d’accorder fa lyre, barbiton.
( Öde / , verf. 34 , lib. 1 ) , comme à la divinité qui avoit
inventé l’harmonie. Elle paroît fur notre marbre avec
cet attribut & avec l'habit de théâtre que portent auffi
Melpomène & Euterpe. —- Sur le marbre du muféum Pio-
Clémentin, où font repréfentés les Génies des Mufes,
feul entre tous le Génie de Polymnie eft vêtu. Il porte
le coftume des orateurs grecs, la tunique courte & le
pallium , dans lequel il eft.enveloppé prefqu en entier ,
excepté les mains qui tiennent un rouleau, volumen. On
voit, fur les marbres, ce rouleau dans la main des rhéteurs
& de ceux qui haranguoient. 11 rappelle ici la Memoire
, & la Fable à laquelle préfidoit Polymnie. .
Entre les fept Mufes trouvées à Tivoli dans les ruines
de la villa de Caffius, & qui ornent aujourd’hui le muféum
français, Polymnie eu la mieux confervée. Elle eft
couronnée de fleurs & enveloppée dans un manteau très^
ample, qui défigne, oit le recueillement néceffaire à la
Memoire, c’eft-à-dire, à la réminiïcence du paffé, ou
i’obfcutité des tems fabuleux. . *
La Polymnie d’Herculanum porte une longue tunique