
foule encore le blé dans le Levant. Près de cet Ofiris on
a delfiné fes autres attributs, l’efpèce de fouet a pluliëürs
branches , qui étoit peut-être un fléau , avec lequel on
battoit quelques céréales 8c les plantes legummeufes ;
la clef que tiennent les grands Dieux d'Egypte (Mu/.
Capitol, tom. I I I , pag. 78, 79 ) , & qui pouvoit defigner
l'inondation du Nil par l'ouverture des canaux ; enfin , la
tête d’oifeau en général, & de huppe (ibid,tab. 00 ) en
particulier, qui fert d'ornement aux bâtons ou aux fcep-
tres des mêmes Divinités. , .
Sur une fardoine gravée de la galerie de Florence
(rom. I l , tab. 1 ) , on voit Ofiris marchant,
ayant une efpèce de couronne rayonnée, portant un 01-
feau fur fon bras droit étendu , & tenant de la main
gauche un bâton terminé par la figure d un oeil. Sur
quelques monumens, Ofiris porte fa main gauche a 1 organe
de la génération. Plutarque le décrit de meme (de
lfid. & Ofir. ) , & c’étoit a.nfi que l'on avoit repréïenté
Mercure à Cyllène, félon Paufanias (lib. 6 ) . O n recon-
noît ici le fymbole de la fécondité, qui l'eft encore dans
la religion des Indiens. Dans une peinture d Hercula-
num ( lom. U , tav. 10) , 'Ofiris, peint fur un fond noir,
a le vifage, les bras & les pieds bleus.
Non-feulement on confacra l'épervier à Ofiris, mais
on le repréfenta même avec la tête de cet oifeau. C eft
ainfi qu'on le voit fous le «°. 3 » C C X X X V l ll , d a-
près une lampe du Recueil de Pafferi (rom. I I I , tab. Ko).
On conferve à Rome, dans le palais Barberini, une ftatue
de même forme ; & dans le caoinet Rolandi, un epervier
de bafalte, haut de omet. 568 (vingt-un poucesV,coiffe
avec un bonnet rond aplati par le haut, 8c attache fous
la tête avec deiix liens.
ÉPERVIER. ( Voyei Os iRis . )
CNEPH ou CNUPHIS. Sur une table de granit rouge ,
confervée dans le jardin du palais Barberini a Rome,
monument du plus ancien ftyle égyptien, on voit la figure
qui a été publiée par Winckelmann (Mon. ant. n°. 7 9 ) ,
& qu’il a cru repréfenter Cnepk Elle eftxoiffèe avec une
efpèce de turban furmonté d'un globe, & de deux plumes
droites qui ont de longueur deux fois celles de la
ment du palais Barberini, cité dans l’article de Cnepk»
Eufëbe ( Pr&par. Evang. h b. I , circa finem ) dit que les
Égyptiens repréfentent le Monde par une figure circulaire
face. Un ferpent qui circule autour du turban , s éleve
fur le front. Cette figure, quoique mâle, n’a point de
barbe, & paroît nue jufqu’au nombril : de là un vêtement
la couvre jufqu’aux genoux. De la main gauche elle tient
un bâton terminé en bas par un petit croilfant, &>enhaut
par une tête d'oifeau ; de la droite elle tient une coupe
ovale ou une petite gondole, fur laquelle eft pofe un
quadrupède marchant, dont on ne peut diftinguer F efpèce.
Cette figure eft affife fur un focle cubique , qui
leüofe fur une bafe oblongue.
Eufëbe ( Pr&par. Evang. Lib. 3 , cap. 11 , pag. IIJ ) dit _
que les Égyptiens repréfer.toient Cnepk fous la figure d un j
de couleur de l’air, feme de flammes , dans le mi- j
lieu de laquelle eft placé un ferpent développe fous la
forme d'un vautour.
(EUE entre deux ferpens. Dans les bas-reliefs égyptiens,
à l’entrée des monumens, on voit un oeuf que
deux céraftes ou ferpens à cornes foutiennent avec leurs
bouches, celui qui eft ici delfiné au n°. 1, PL CCXX XIX,
d'après une pierre gravée de la galerie de Florence (wm.
I l tab. n , n°. 4). Selon les Egyptiens (Eufeb.Prtpar.
Evang. lib. 3, cip. 1 1 ) , Cneph, créateur de tout,, avoit
fait fortir de fa bouche un oeuf , duquel etoit-forti a fon
tour le dieu Plitha, te Vukain des Crées ; & cet oeuf
.'ils corifacroient à Fhtha, étoit-l’Univers.
Quant à ces ferpens à cornes, les ceraltes (Serpensde
Lacépede, in-a? . pag. 73) ’des natüraliftes, ce font des
ferpens venimeux d'Arabie & d'Egypte; ils ont au deflus
des yeux deux petites efpèce's de cornes mobiles, da
même nature que les écailles.
BON GÉNIE ou AGATHODÉMON. Les Égyptiens
déftgnèrent fous ce nom, tantôt Cneph, tantôt le N il,
8c particuliérement le brâs du Nil qui avoit Fon embouchure
à Canope. Sous ce dernier rapport c étoit encore
le Sérapis du N il, adoré à Canope, & alors le Bon Génie
étoit un ferpent élevant la partie antérieure de fon-corps,
qui portoit la tête de. Sérapis avec la corbeille. On en
voit un ici au n°. i , PL. C CX X X lX , tire du Recueil
d’Antiquités’ de Caylus (tom. I I I ). Ailleurs, c eft une
tête de lion entourée de rayons, & meme une te te de
taureau avec fes cornes. Quelquefois le Bon Genre elfc
repréfenté par te î'erpênt appelé vipère d‘Egypte ( Lacé-
pèd e, Serpens ) , qui a deux renflemens fur la tete. Sur
lés monumens il fe dteffq, & renfle prodigieufement une
efpèce de voile qu’il a fous le col. Ce ferpent eft venimeux
, 8c on croit qu’ il eft l’afpic qui donna la mort a
Cléopâtre.
HORUS & HARPOCRATE étoient fils d'Ofiris &
d'Ifis ; aufiile premier étoit-il appelé le vieil Hosus , Si
le fécond le jeu n e Horus. Winckelmann a publie le deflin
d’ une Ifis de bronaé, qui allaite le petit Horus. (O n l'a
vu ici fous 1e *®. 4 , P/. CCXXXV1I .) Horus eft nu ; il
porte, en guife de collier, un ornement -très-large, 8c
un bracelet au poignet. Sur fa tête eft un bonnet légère-
ment conique, orné par-devant d un ferpent faillant.
De même què Harpocrate, toujours entant, étoit 1 em-
blême du foleil naiffant au ‘foU'tice d'hiver, de même
B on s jeune ; fort & vigoureux , etoit l'embleme ou
foleil parvenu au folftice d'été, & (ouiffant de toute fort
énergie., Jablonski (Pont. Xgypt. ) a trouve dans la lan-
fiomme Ï Ï ' W K f # n'oirVqüi‘tenoit | gue
r a s ü s - H — i O x
Cnepé ou^l’ame du Monde étoit la même divinité que
le
crurent voir leur dieu Vulcain.
une figuré'debout, nue jufqu a .
vêtement élevé devant la poitrine, & coiffée avec une
GLOBE AILÉ. Sur les portes & dans le milieu de la j fleur de lotus ; mais elle relfemble plutôt a Ifis.
fnfe des temples égyptiens on voit un Globe ailép c’ eft-
à-dirü , foutenu par deux ailes de vautour éployées , 8c SÉRAPIS. J’ ai dit ailleurs que les Égyptiens avaient
üutouVduquél font entortillés un où deux ferpens ; il eft deux
ic i delfiné aun°. 4 , P l.C C X X X V U I , d’après lemonu- [ du foleil tenebreux , 1 autre,le Sérapis d u , qu 11 n /
& point de monument de Sérapis antérieur au règne de
Ptolémée Philadelphe, qui établit à Alexandrie le culte
de Sérapis-du-Pont après y avoir tranfporté fa ftatue ; que
les Grecs confondirent le Sérapis foleil d’hiver avec
leur Pluton, & qu’ ils réunirent dans leur Pluton les deux
anciens Sérapis, en lui donnant la corbeille (emblème,
de la fécondité que l’Égypte doit au Nil) avec le Cer-
'bère. On voit dans le Recueil de lampes de Pafferi (tom.
I I I ) cette'figure de Sérapis-Pluton ( PI. C CX X X IX ,
W m ■
HARPOCRATE. Avant l’arrivée des Grecs en Égypte,
Harpocrate étoit le fymbole du foleil nailfant au folftice
d’hiver, à l’ époque ou le N il, rentré dans fon lit , laif-
foit les campagnes, couvertes des fleurs du lotus, efpèce
de nymphéa ( plante aquatique ). On le repréfentoit accroupi,
avec la main rapprochée de.la bouche, c’eft-à-
dire, dans la pofture d’un embryon. 11 étoit ordinairement
aflis fur des fleurs de lotus ; & du côté droit de fa
tête rafée defeendoit un feul 8c long flocon de cheveux,
qui défignoit que , malgré fon état de foiblelfe, le foleil
éclaire & échauffe toujours quelque partie de la Terre.
Harpocrate paroît ici ( Caylus, Rec. d'Antiq. 3 ) accroupi
, fur une grande fleur aquatique ; il en tient une avec le
fléau ou le fouet qu’ il porte fouvent. On apperçoit les
, traces du flocon de-cheveux, qui a été détruit (PI.
CCXXXIX, n®. 4 ) . — Sur un beau camée du Palais-
i Royal ( tom. J , PL I I ) , on voit cet Harpocrate. Le flo-
| eon de cheveux & les fleurs de lotus font très diftinéts
(P/. CCXXXIX, n°. y). .
1 Les Grecs & lesRomains firent de Y Harpocrate égyptien
le dieu du Silence, à caufe du rapprochement ae
! fon doigt 8c de fa bouche.
\ APIS & NIL. Les Égyptiens-Grecs repréfentèrent le
| H il comme on repréfentoit les fleuves en Grè ce , c’ eft-
I à-dire,fous la figure d'un homme aflis à terre. Mais pour
[ .exprimer la fécondité procurée à l'Égypte par le N il
[ lorfqu'il s'élevoit à feize coudées, ils placèrent feize
1 enfans auprès du fleuve, montés fur fes jambes, fes bras,
fes épaules, fur la corne d’ abondance qu’il tient, & fur
[ le Sphinx qui lui fert d'appui. Cette figure du N il, qui a
1 été long-tems au Capitole, fait aujourd'hui l ’ornement
■ du mufée Napoléon.
I Dans les tems antérieurs aux Lagides, Apis ‘étoit le
i fymbole. du N il y auffi célébroit-on la naiffance de ce
I boeuf facré à l'époque de l accroiffement du fleuve. Les
.. figures de cet animal prefenteiït quelques variétés ; mais
K elles ont plusieurs.caractères conftans, dont quelques-
§ uns rappellent les marques ou taches blanches qui fai-
!; fuient reco’finoître ce boeuf noir ; il a prefque toujours
I le dos couvert d'une houffe qu’il portoit vraifemblable-
I nient quand il paroiffoit en public. Un aigle delfiné fur
I fa croupe eft placé conformément au récit d’Hérodote ;
1 mais l'efearbot que les hiftoriens placent dans la bou-
ch e, l'tft ordinairement fur les épaules. De même un
difque blanc, fixé entre les cornes, remplace le croif-
fant que Pline 8c Ammien - Marcellin difent qu’on lui
•voyoit au côté droit, & qui eft très-remarquable' fur .des
1 médailles d'Hadrien 8c d'Antonin, parce qu'il lï'y a point
• de houfîe. Enfin, Apis a fur le front un triangle blanc ou
F'jncrufté d’argent. J’en ai fait delfiner un fous le n°. 1 ,
PI. CCXL ; il eft tiré de Montfaucon ( Antiq. <xpl. tom.
; U , PL CXXVL3 n». 1 ) .
CH A T ou Æ LU RU S, traduction latine du nom grec
du Chat. Les Égyptiens firent du Chat un des fymboles
d'Ifis ou de la Lune, à caufe du nombre de fes petits ,
que l’on croyoit naître à chaque portée dans des nombres
progrelhfs, depuis un jufqu'à vingt-huit, nombre
des jours d’un mois lunaire.. Plufieurs de ces Chats-Dieux ,
de ronde b o lïè, font parvenus jufqu’ à nous. On ne peut
douter qu'ils ne foîent de cette efpèce d’animal lorfque
le corps eft entier ; mais quand la tête feule eft placée
fur un corps d’homme, on a de la peine à la diftinguer
de celle du lio n , qui étoit adoré à Léontopolis, & qui
étoit auffi le fymbole d’ Ifis, furtout fi les figures font de
très-petite proportion, à moins que l’on ne puiffe recon-
nôître la crinière, feul caraCtère diftinctif de la tête &
du col du lion. On voit ici fous le «°. 2, PL CCXL, une
de ces figures équivoques ; elle eft tirée de Caylus (Rec.
d’Antiq. tom. I V ) , qui croit voir un éventail dans fa
main. Cette figure fe trouve auffi dans Montfaucon
( Suppl, tom. l i , PL X L 1V3 n°. 2 ) , qui, dans le même
endroit, a donné le deflin d’un Chat que l’ on ne peut
méconnoître pour une divinité égyptienne, parce qu'il
porte, liée à fon col par un collier, une petite plaque
chargée d’hiéroglyphes.
ANUBIS, le fidèle compagnon 8c 1e gardien d’Ifis,
eft repréfenté dans les anciens monumens égyptiens avec
une tête de chien ; mais jamais il n’y tient le caducée.
Cet attribut lui fut donné par les G recs, qui reconnurent
Anubis dans leur Mercure. Tel étoit le perfonnage qui
repréfentoit Anubis (Metam. lib. 2) dans la pompe d’ Ifis,
qu’Apulée vit à Cenchrée dans l’Achaïe : il avoit la tête
d'un chien terrible ; il étoit alternativement de couleur
noire 8c doré ; enfin, il portoit un caducée de la main
gauche, & il fecouoit de la droite une palme verdoyante.
Cette alternative de couleurs brillante & obfcure rappe-
loit les fon&ions d'Anubis, qui, étant le fymbole de
l’horizon (Plutarch. de Ifide) , ouvroit ou terminoit le
jour rauffi voi.t-on dans les Antiquités de Boiffard (tom.
I V 3 pag. 78 ) ,Un bas-relief confacré par le prêtre Ifias
aux Dieux d’Égvpte, qui partagent le même trôné où
paroît Anubis à la tête de, chien, au corps humain, tenant
une fphère & Un caducée, & pofant un pied fur le
crocodile. On conferve dans lé mufée du Capitole ( tom,
I I I ,ta b . 8j ) Y Anubis de marbre blanc, qui eft defliné
ici fous le n°. 1 , PL CCXLI, qui tient un fiftre & le
caducée, 8c qui eft une imitation du ftyle égyp tien-grec,
faite du tems d’Hadrien.
CYNO CÉPH ALE, animal à tête de chien. C ’eft le
nom que les Grecs donnèrent au magot, efpèce intermédiaire
entre 1e linge proprement dit & le babouin. Il eft
commun dans la Haute-Egypte 8c dans la Barbarie. Les
Égyptiens le nourriffoient dans les temples pour con-
noitre le tems de la conjonêtion du foleil & de la lune ,
parce qu’on croyoit qu e , dans cette circonftance, le
Cynocéphale, privé de la faculté de voir, refufoit la nourriture,
& fembloit s’ affliger de l’enlèvement de la lune ;
auffi , ajoute 'Horus Apollo ( Lb. 1 , cap. 14 & 15 ) , qui
rapporte cette tradition, lorfque les Egyptiens veulent
exprimer l’idée de la nouvelle lune , ils repréfentent un
Cynocéphale debout, la tête ornée d’un diadème, levant
tes mains au c ie l, adreffant fes prières à la déeffe , dans
l’efpoir de recouvrer la vue dès qu’elle pourra fe dégager.
des rayons du foleil. Dans les monumens égyptiens
on voit le Cynocéphale dans cette attitude : on le recon-
noît à l’abfence de la queue & à la reffemblance de fa
tête avec celle du chien. Il eft ici repréfenté aflis, d’après