
mouvement par un bateau 5 ce qui eft naturel à un peuple
qui vit toute l’année, ou fur le bord d’un fleuve, ou au
milieu d’ un débordement. Dans les bas-reliefs d’un temple
de Philé, on voit la Terre figurée par un globe porté
fur une barque , & obombré par le vautour ,,ici au n°. 6 ,
PL C Ç C LK ln . » Porphyre dit que les Egyptiens ne.
croyoient pas qu’il convînt aux dieux de marcher fur la
terre j c’eft pourquoi ils les repréfentoient fur des barques.
Bâtons ou fceptres. Le fcholiafte d’Ariftophane, fur la
Comédie des Oifeaux ( 1554)* dit que le fceptre des Rois
d’Egypte étoit furmonte d’une cicogne , & termine en
bas parla figure d’un hippopotame. Cette coutume de
porter des bâtons ornés de fymboles divers étoit générale
en Égypte j -dans les pompes civiles & religieufes. Les
bas-reliefs & les peintures des édifices de cette contrée
ne prefentent qu’un très-petit nombre de figures q u i.
n’en portent point. On ne pourroit les reprodùire tous 3
mais en voici quelques-uns que M. Denon a deflines dans
les temples de Tentyra ( Pi. CXIX, nos. 7 , 8 , 9, IO, 11
& 13 7zos. 7 , PL CCCLXII1, & i , 1 , 3, 4 , s s
P l.C C C LX lV . Le ferpent facré eft placé fur trois de ces
bâtons : la huppe fur le fécond, une tête de bélier fur
le troifième , le lotus épanoui fur le quatrième , un petit
temple-monolithe fur le fixième , & une pliime d autruche
fur le premier. Tous ces objets étoient confacrés dans le
culte égyptien.
Boeuf facrifié. Quoique les boeufs Apis & Mnévis fuffent
adorés en Égypte, un bas-relièf du grand temple de
Tentyra, defline par M. Denon (F/. CA.A. V I I , nQ. 2),
nous apprend que l’ on y facrifioit des boeufs. Dans ce
tableau de la pièce ouverte de l’appartement qui eft fur le
temple on voit un facrificateur préfenter à Ofiris la cuiflTe
& le coeur d’un boeuf qu’ il vient d’immoler.
Cheval ailé. Sur la troifième plate-bande du plafond du
portique dans le grand temple de Tentyra font fculptes
les deux chevaux ailés du n°. 6 , PL CCCLXIV. M. Denon
, qui les a deflinés ( PL C X X I I , n°. 1 ) , dit
( page xxxix) : « C’eft la feule fois que j’aie vu la figure
d’un cheval dans des tableaux hiéroglyphiques : on peut
Voir ic i, comme dans les tableaux de batailles , que les
Égyptiens les favoient très-bien deflîner j c’eft aufli dans les
plafonds de ce portique qu’eft fculpté ( PL CJCXII, n° . 9)
l’oifeau à tête de cheval du n°. 7 , PL CCCLXIV, «
Cochon. Dans un bas-relief de la face intérieure de la
principale porte du temple dtHermôntis ( Denon, Planche
C X X V I , nQ. 4) on voit fur les parties latérales d’ un
grand tableau , des cochons auxquels on paroît faire la
chafle.
Girafe. Sur la partie extérieure de la muraille qui fait
le fond du temple à’Hermontis, eftfculptée lagiraffe du
n°. 8 , PL CCCLXIV : « c’e f t , dit M . Denon {p. xxxix.
PL CX X I I , ri°. 1 7 ) , la feule que j ’aie vue dans l’innombrable
quantité d’hiéroglyphes ou de bas - reliefs
que j’ ai pbfervés pendant mon féjour dans la Haute-
Egypte. »
Hiéroglyphes. «Les hiéroglyphes, ditM. Denon, page
13 9 , èxeeutés de trois manières, font aufli de trois
genres , & peuvent avoir aufli trois époques. Par l’examen
des édifices que j’ ai été dans le cas d’obferver, j’ai pu
juger que ceux qui dévoient être les plus anciens n’ ont
qu’un fimple contour creufé fans relief, & très-pro
fondement j les féconds , ceux qui font le moins d'effet,
font Amplement en relief très-bas, & les troifièmes, qui
me paroiflent du meilleur tems, qui font à Tentyra.
d’une exécution plusparfaite qu’en aucun lieu de l’Egypte.
font eh relief au fond d’ un contour creufé. Le qiiatriètw
genre eft celui des arabefques ( Voye^ ce mot ). Enfin j
travers les figures qui compofent les tableaux , il y ô
petits hiéroglyphes qui paroiflent n’ être que l’explicatif
des tableaux , & qui, avec des formes amplifiéess
bleroient une maniéré plus rapide de s’exprimer, une et
pèce d’écriture curfive, fi l’on peut dire ainfi en parlant J?
fculpture. »
On pourroit croire , d’après un paflage de StraboJ
{lib, 17, pag. 806 , edit 1620 ) , que la connoiffance de
hiéroglyphes étoit déjà perdue avant le tems oùilécif
v o it , avant le règne de Tibère.
Initiés. ( Voye^ Prêtres & Initiés. )
Monolithes y faits d’une feule pierre. M. Denon 4
{pag. 167) : « Les fan&uaires les plus fecrets contenoiej
encore de plus myftérieux fanétuaires, des temples nJ
nolithes , qui étoient des tabernacles qui contenoient«
qu’il y avoit de plus précieux , ce qu’il y avoit de plus f i l
cré , & peut-être meme l’oifeau facré qui reprélèntoitle
dieu du temple, l’ épervier, par exemple, qui étoit l'en,
blême du foleil, auquel précifément ce temple de FU
de Philé étoit confacré. J'ai trouvé {pag. xxij) furi
lange de momie la repréfentation d’un de ces petitsl
temples, avec une porte grillée & fermée, &u
autre avec la porte ouverte, un oifeau dans le temple,
PL C X X V , n°. 18 ( ici au «°. 9 , PL CCCLXIV) A
un troifième où le gardien des oifeaux les furveille pefr
dant qu’ ils prennent l’ air , PL C X X V , n°. 13 (Icia
n°. 10 , PL CCCLX1V ) . »
Nilomètre. On voit ici au n°. 1 , Pl. CCCLXV, J
hiéroglyphe repréfenté de la grandeur de l’original
M. Denon, qui l’a defliné ( PL X Ç V I , n°. 18), dit!
« Un bâton fiché dans un fupport, & garni de plufieni
traverfes, eft répété fouvent dans les hiéroglyphes. Oi
croit avec vraifemblance que c’ eft le nilomètre, fymbol;
de l’inondation; Celui-ci eft en pâte bleue : il n’eftpa
terminé 5 il reflèmble à l’empreinte d ’une pâte de camé
qui n’auroit pas été réparée. »
Noeud.. « L’efpèce de noeud {Denon, pag. amjj
PL C X V I I , n°. 1 ) qui forme un anneau autour deffl
queue d’un grand ferpent ailé fe trouve prefque partout!
il eft joint à toutes les palmes que l’ on porte dans toutes
les cérémonies, au bâton que l’ on met dans la main «j
toutes les Divinités ; il renferme nombre d’infcriptionsjj
de celles qui paroiflent, par leur pofition, êtrelesplaa
fentencièufes; » *
Obélifques. « J’ apperçus, djt M. Denon {pag. uüjj
fur les murs extérieurs des petits édifices qui font a coq
du fanétuaire du temple de Karnak ( Thèbes orientale!
un perfonnage faifant l’ offrande de deux obélifques
peut inférer de ces fculptures, qüe‘ les monumens oj
genre des obélifques étoient votifs. «
Patère. On voit i c i , fous les n Q S . 2 , 3 & 4 , W“rf
CCCLXV, le deflus, le deflous & la coupe d’une pâte»
égyptienne. « Ce morceau | dit M. Denon ( pdf 1
xxxij, PL C ) , eft digne des plus beaux tems des a
chez toutes les Nations qui S’ en font occupées,
trouvé dans les tombeaux des Rois , à Thèbes, jj? ;
efpèce de. patère en terre cuite jaunâtre, très- 1
les ornemens font d’un goût exquis, & l’ exécution P ^
faite. Les deux têtes font celles d’ Ifis & d Oiins’d
dernier, fous la figure d’un épervier, a le bec: 1
l’ornement qui eft au deflous eft la plante & lé bout “j
Prêtres & Initiés. Avant l’expédition de nos co n
, triotes nous avions peu de monumens authentiq|ie "j
i. .. - J W des Prêtres égyptiens.Kircher atoit publié
relief de la vigne Médicis a Rome, dans lequel
- iw fut fleures que Montfaucon c Antiq. expliquée,
B r0p , CXVI) croit être des perfonnages religieux. Le
êft fl greffier, que l’on diftingue à peine leur fexe ,
afrmis les lix portent de longs cheveux, cequim empeche
S les reproduire ici. Je ne dirai pas la meme chofe du
S™ bas-relief du palais Mattéi, publie par Bannit ( Ad- i Antiq. HH reproduit par Montfaucon [ I lI
VI ' r r r n le i’ai fait graver de nouveau : l'on volt ici
Oî Quatre figures fous les B | J . <>. 7 Planche
M Caylus (.Recueil ce Antiq. I I I , Pl. V I I I ) a re-
| mu pour un Prêtre égyptien la figure du n° i
Pl CCCLXVI. Les Monumenta Matteiorum {tom. I I I ,
tkb 24) préfentent la femme du n°. 2 , PL CCC LXVI.
Hlê eft fculptée fur un marbre où l’on voit un Romain
vêtu de la toge, tenant Vacerra de la main gauche, &
idtant de la droite-l’encens dans le feu d’un autel qui ne
s'élève pas au deflus de fon genou. A la droite de l’autel
ef placéefon époufe, qui eft ici deflinée i enfin, dans la
Qpllettion d’Herculanum {Pitture I I 3 321 & 31/ ) on
ttouve deux facrifices égyptiens, d’ où font tirees les
figures 3 ,4 , y & 6 , PL C CC LX V I. ^ .
[Hérodote affure que les Egyptiens n’avoient point de
Âêtrefes ( lib. I I , pag. 20 : Wefeling) , & cette obferva-
L tipn eft confirmée par l’ examen récent des fculptures &
t des peintures que préfentent les monumens de l’Égypte.
I On vpit cependant trois femmes dans les bas-reliefs reli-
1 gieux du palais Mattéi, que j’ ai fait deflîner ici 3 mais on
doit remarquer que ces marbres ont été fculptés à Rome
- dans les commencemens de l’ère vulgaire, & que lès
I iflÿftères .d’Ifis, auxquels ils ont rapport, reçurent en
lèlie & en Grèce de grandes modifications. ^ •
(Tous les auteurs s’accordent à dire que les Prêtres
égyptiens avoient la tête & le vifage rafés 5 quelques-uns
ajoutent même qu’ils fe rafoient tout le corps de trois en
tins jours {Herodot., lib. I l , pag. 121 ; Diodor. , I I I ,
cap. 3 y Lucian., tom. I I I , pag. 66 , &c. ). Les figures
des numéros précédens le prouvent évidemment : les
fanmes feules y ont des cheveux. Hérodote dit encore
que ces Prêtres portent un feul vêtement de l in ,
yji pAr/,v 5 des chauflures d’ écorce de végétaux,
vm^arju. pûÇ\ivü, & qu’ils n’en peuvent porter d’autres.
Apulée { Meta. I I , pag. 6 3 , in ufum ) , dit aufli : Linteis
amicuïis y mais Appien ( Bell, civil., IV 3 tom. I I , p. 991 :
TpUii) , parlant du coftume d’ un Prêtre d’Jfïs que le prof-
Çf1 Volujius emprunta pour fe déguifer, dit : 2/joA»i)> ^rùs
titou; InLu rds uro^gtisÿ ce qui pourroit faire croirè que
Ifcoton étoit employé, comme le lin, pour les vêtemens
é| ces Prêtres ( depuis Domitien fe cacha parmi les
Ugques, Tacite, hift. I I I , 74 ). Quant à lachauffure,
■ A|>ulée {loco citato) dit qu’elle étoit d'écorce de palmier,
Pdlmeis baxeis, & Marcianus Capella { I I , pag. 28 : 1599)y
®corce de jonc entrelacée., ex papyro textili. On re-
^nnoït cette chaufîure dans le bas-relief du palais
Mauei, au principal perfonnage, celui qui porte le
l l l 1^ de l’eau du Nil 5 lui feul aufli porte une
ai|ple draperie par-deflùs fa tunique. Jofephe {Antiq.
r ^ b ’ ^ J C" $ 3 in f i n e y ^ Achrnet { O n e i r o c r . ,
Ml 3 pa&’ I 3I ) parlent d’ un manteau de pourpre
f e ™ 1' 3UX Rois & aux Prêtres.
nCd’ fecon^aPer^onnaSe en dignité du même ba s -re lief
lJ L a jtre v®te™ent qu’ une draperie qui le cou v re feu-
fan<! u Pombril aux chevilles des p ie d s , & un bonnet
droite ?] ■? ^arn^au ^e^us de chaque oreille d’une plume F tleilt ^es deux mains un rouleau d’ écriture ;
c’ é to it l’interprète des chofes fainteS. L e Prêtre qu’ a
publié Caylus porte le même vêtement : fa coiffure feule
eft différente. O n trouvera dans la feétion précéden te
les diverfes coiffures des P r ê t r e s , dés In i t ié s , & c . ,
mais fans explica tion, parce que les conjectures les plus
vraifemblablès fur ces objets font dénuées de fondemens
écrits.
Des quatre figures d’Herculanum, les deux premières
ont fur la tunique un manteau découpé en pointes fur les
bords : l’une porte l’eau du Nil dans un vafe qu’elle tient
des deux mains, & a l^tête rafée & découverte; l’autre
tient un filtre & le petit vafe appelé fitulus 3 elle a la tête
couverte avec le manteau : les deux dernières figures
tiennent chacune un filtre, ont la tête rafée, & neportent
que la draperie, dans laquelle le bas du corps eft enveloppé.'
•
Dans le bas-relief du palais Mattéi on voit deux femmes,
recohnoifîables à caufe de leurs chevelures & d e la gorge
qui eft indiquée. La première eft coiffée, comme Ifis,
avec une fleur de lotus placée fur le front.Elle tientd’ une
main le fitulus, efpèce de vafe garni d’ une anfe, & un
ferpent eft entortillé autour de l’autre bras. La fécondé
tient un filtre, & le fimpulum, petit vafe à long manche,
avec lequèl on puifoit dans un plus grand. La Prêtrelfe de
l’ autre marbre du palais Mattéi porte une ample chevelure
trefiee autour de la tê te , furmontée d’un ornement qui
rappelle la coiffure d’Ifis. Une large bande d’étoffe,
jetée comme un baudrier autour de fon torfe , eft ornée
de croiflans & de rofettes. Elle tient le fitulus d’un«
main ; l’autre main eft détruite.
Appien {de Bell, civil., I V , pag. 991 , tom. l i t
Tollii ) dit : « L’édile Volufius étant proferit, emprunta
» d’un Prêtre d’ Ifis , fon ami, fa ftole, fes habillement
» de coton qui defeendoient jufqu’aux pieds, fe couvrit
; « avec la tête d’un chién, & , ainfi déguifé en Initié, il fe
.*> réfugia auprès du fils de Pompée. » C e paflage nous
rappelle que les Initiés & les Prêtres égyptiens fe cou-
vroient la tête & le vifage avec des mafques qui repréfentoient
les animaux confacrés aux Divinités auxquelles
ils fe dévouoiènt.
Porphyre {de Abfiinent., Hb. IV ) nous apprend que
les Prêtres égyptiens tenoient toujours les mains cachées
fous leurs habits , mais de diverfes manières, & que ces
manières diverfes étoient relatives à leurs miniftères dif-
férens.
j A ces monumens religieux & aux notions écrites que
nous avions fur les Prêtres égyptiens je joindrai quatre
figures tirées du Voyage de M. Denon. La première, qui
fe tiouve ici fous le n°. 7 , PL CCC LX V I, eft deflinée
fur un manuferit égyptien ( Denon ,. PL C X X X V I ) de
papyrus , trouvé dans l’enveloppe d’ une momie : elle
porte le mafque de l ’épervier facré 5 elle tient un bâton
& la croix avec line anfe : c’eft probablement un Prêtre
ou un Initié. Pour rendre raifon des couleurs des tableaux,
on les a exprimées dans la gravure de cette
figure & de la fuivante par les tailles :• la taille horizontale
indique le rouge, la verticale le bleu; la taille inclinée
le -vert , & la taille croifée le noir. La figure du
n°. 1 , PL CCCLXVII {Denon, PL C X X X V I ) ,;deflinée
fur le même mânuferit,. préfente une offrande à une va-
çhè. « Ce Prêtre, dit M. Denon, porte une tunique
blanche & croifée, qui l’enveloppe depuis la moitié des
reins jufqu’ à la moitié des jambes,. foutenue par des bretelles
qui paflentfur fon épaule droite, qui eft nue,.ainfi
que fes bras. Sur la tête il a un capuchon jufte que l’ on
pourroit croire de mailles, qui tourne autour de fes