
Caylus croyoit pofféder un des bracelets, armilU, qui
étoient chez les Romains une des récompenfes militaires.
C e bracelet eft formé d’un beau fil de laiton, 8c il lui :
avoit été envoyé d’Herculanum. Comme Furage de' ce
bracelet n’eft pas aufli certain que ce favant Fa penfé ,
je le donne ici fous le n°. 4 , PL CX LVIl. Nous avons
vu plus haut que les Perfes portoient des bracelets. Dio-
dore dit aufli ( lib. 5 ) que les Gaulois fabriquoient avec
For de leurs rivières , des bracelets ou plutôt des cer->
clés , qu’ils portoient aux deux bras 8c aux poignets.
Tous les peuples de l’antiquité portèrent des anneaux
ou des bagues. 11 n’en faut excepter qu’ un petit nombre 3
comme nous. l’apprend Pline 3 en difant qu’a Rome les
anneaux étoient fi communs, qu’on en donnoit a toutes
les Divinités, même à celles des peuples qui n’en avoient
jamais porté eux-mêmes. D’apres cela je ne parlerai,
■ dans cêt article, que de la matière , de la forme des an- :
neaux, & des états de la fociété, qui avoient certains
anneaux pour attribut exclufif. On trouve des anneaux
antiques d’ o r , d’argent, de bronze, d’or recouvert de
f e r , de fer (la rouille a détruit prefque tous ceux de ce
métal) , d’ agate de diverfes couleurs , d’ambre. Les uns
n’ont point de gravure. La gravure des aytres eft tracée
tantôt fur l’ anneau, tantôt fur une matière différente,)
incruftée ou fertie dans l’anneau. Cette dernière forte a
formé en grande partie les colledtions de pierres gravées:
Sous ce nom générique on comprend les rubis,
les grenats, les hyacinthes, les faphirs, les fmara^des,
les topazes, les bérils, les aigues-marines, les amethyf-
te s , le criftal, les jades, les agates de toutes fortes,
les turquoifes, lé lapis-lazuli, les jafpes, les hématites,
l ’ambre, l’ ivoire, le verre, &c. Avec le verre diverfe-
ment coloré, les Anciens contrefailoient les pierres pré-
cieufes , & ils les gravoient de même. — On les appelle
aujourd’ hui des pâtes, & on les recherche avec autant de
foin-que les véritables pierres gravées, parce que l’intérêt
des fujets & la beauté du travail font les memes.
La forme dés anneaux a finguliérement varié. Les uns
étoient ronds, fans chaton, comme les joncs d’aujour-:
d ’hui, ou faiforefitplufieurs tours, comme-un ferpent dont
ils avoient la forme ' ici n°. 5 , PL C X L V I l( Montfau-
con3 III, PL C X X X V ). D’autres avoient la forme extérieure
& l’intérieure polygones ( ibidem ) , n°. 6 ,
P L CX LVIl. On voit dans lés pierres gravées de la galerie
de Florence-( 27, tab. 11 ) , ici n°. 7 , PL C X L V I l,
un anneau d’or, polygone, dans lequel font enchâffés
trois grenats graves. Il eft parlé dans Trebellius Pollion
( Claud. , n°. 1 4 ) , d’anneaux à deux pierres , du poids
d ’ une once romaine,( 16 gram. 77 ) : annulum bigemmeum.
uKcîalem. Le poids d’ un anneau, pluspefant qu’ une pièce
de-cinq francs, fait reffouvenir que les Romains avoient
des anneaux d’ été & des anneaux d’hiver : femeftres an-'
nuit. C’étoient de femblables anneaux dont Juvénal dit
(VII, 89) : Ventilât &ftivum digitis fudantibus aurum. Dans
le cabinet de Sainte-Geneviève on voyoit une bague de
bronze, dontle chaton, pris furie même morceau, portoit
gravé en creux le portrait de l’impératrice Lucilîe : ici
n°. 8 , Pl. C X L V I l ( Montfaucon, I I I , PL C X X X V ) .:
■ On conferve plusieurs anneaux antiques , dont le chaton
■ eft formé par une médaille d’o r , d*argent, même de
bronze, fertie à jour.
Je donne ici deux anneaux fort extraordinaires : l’ un ,
qui eft formé parla réunion de deux têtes d’animaux fan-
taftiques , a é t é publié par Caylus . ( Rec. d‘Ant. ) , ici-
n9’. çy, PL. C X L V I l ) ; le fécond, tiré du cabinet de
îlircher ( Montfaucon, 777, PL C X X X V ) , eft formé
entièrement par une agate travaillée en relief, ici l a
PI. CXLVIII.
Les Romains ne fe fervirent lqng-tems que d’anneaJ
de fer; mais les Chevaliers portoient, comme un attrib> ■
diftinûif de leur Ordre, des anneaux d’or dès Fan S
de Rome , à la défaite de Caudium. Depuis il devint f l
ornement des Sénateurs. On l’accorda quelquefois à J
citoyens qui n’ étoient ni Sénateurs ni Chevalier;,1
Sylla l’ accorda au comédien Rofcius ; Céfar à LakriÆ
'Avant Augufte on ne l’avoit donné qu’ à des homJ -.
libres : ce Prince l’accdrda lepremier à des affranchis.M
Sénat le donna aux affranchis de Claude, de Galba ,$
Vitellius, de Domitien, & même à des affranchis de Æ
ticuliers. Enfin la novelle 68 de Juftinien en permit l’ufjJ
à tous les affranchis. Sévère P avoit accordé à tous B
foldats. On quittoit l’anneau d’or dans le deuil & l’afflB
tion. H
Pline ( X X X I I I , 1 ) dit que les maris donnoient alecl
femmes, en lés époufant, un anneau de fer.
11 n’eft point fait mention d’anneaux dans les poèJ
d’Homère. Depuis les Grecs portèrent l’anneau au J
trième doigt de là main gauche ( G elii, X , io).M
Romains les imitèrent d’abord : les ftatues de.NumaM
Tullius en étoient la preuve (P lin ., ibidem ); enfuitei I
en mirent au fécond doigt, puis al index, au petit doigt I
à tous enfin , celui du milieu excepté. O11 en porta méa
à toutes les phalanges. Les ftatues d’Empereurs trouvés
à Herculanum ont, au doigt annulaire de la main droits
un anneau fur lequel eft gravé le lituus, pour délignetl
fouverain Pontificat.
Les Gaulois & les Britanni portoient l’anneau au doit I
du milieu ( Plin., ibidem ).
On fe fervoit de l’anneau pour cacheter les lettre: I
& pour fcèller les portes ou les caffettes. I
Jules-Céfar avoit une Vénus fur fon anneau : la famil I
des Marciens, Alexandre. : Scipion-le-Jeune, Scipis I
l’Africain : celui-ci, Syphax : Sylla, Jugurtha : les à I
ciples d'Épicure, leur maître : Augufte, Alexandre I
plufieurs fucceffeursd’Augufte, cet Etupëreur : Cos«
mode, une Amazonne ’• les Athéniens 8ç les Lacedemj
niens, Solon & Lycurgue : les habitans de1 different*
villes, leurs fondateurs , 8cc. Augufte avoit aufli un|njl|
fur fon anneau : Mécène, une grenouille : Pompee,«
chien fur une proue : les foldats-égyptiens , un fearaba»
Darius 1, un cheval : Pliné-le-Jeune , un quadrige :w I
lycrate, une lyre : Séleucus , fine ancre : les premia I
Chrétiens, le monogramme de Chrift, un P avec un
Les gants ont été employés par les Anciens. Ho®1
( OdiJf.Q., 229 ) parlé de gants employés pour derew
les.mains contre lés épines. Euftathe, expliquant ce w
d’Homère, dit.que les archers fe fervoient de gantsî
n’étoientpas refendus en doigts. Mufonius ( apudbto ■> J
parle d’hommes efféminés , qui couvraient leurs ms|
avec du drap & du linge , c’eft-a-dire, avéc des.j^Jjj ■
laine & de fil. Columelle ( I , 8 ') dît que la- famüiej
cultivateur doit être garantie du froid par des gaj' |
peau, pellibus manie ans, 6’c. Pline-1 Ancien {Ep'J ■ J
fàifoît prend» des gants- à fon fecrérare, afin
écrire malgré le froid : cujus mtmiis hyimè munies ■ jm
bantar , (le. Dans le livre des Jeux , je décrirai les B» g
lets des athlètes qui combattoîent avec le celle. ,
Chez- les Grecs,, chez- les Romains Sr.cheï to J
Barbares, les deux fexe's portoient des ceintures, g *
excepter lés. Carthaginois. Les hommes armes W jm
le unguium^ ceinture militaire i & lorlqti'ils etoie- -
. félon Ammonius, qui appelle
H T . la ceinture des femmes. On place la ceinture im-
S to em en t fous le fein ; ou plus bas fur les-hanches &
S ü - . -il. L e s hommes portoient orainaircmcnt ordinairement ut-la icm-cein-
lehomb r
lin neiTau deffous du fein & au deflfus du nombril,
l l - à - j r e , dans une place qui tenoit le milieu entre les
V V S ÏB m I Mais les hommes neghgens ou débauchés la
| S * qui la faifoit tomber fur les hanches.
Wuloit-on au contraire agir avec force ou courir avec
f t f f e on élevoit la ceinture le plus haut quei l on pou-
3 t immédiatement fous le fein. Voila 1 explication de
Site expreflion d’Horace ( I I ; fe rm .V III 10 ) : Alte
MSlus On faifoit plus, on relevoit le bas de la tunique-
aile une fécondé ceinture : c’eft ainfi que les voyageurs
| | es héraults paroiffent fur les marbres.
Les Romains des premiers tems ne paroiftoient pas en
Jbiic fans ceinture : de là vient l’épithète cinLLuû, que
ddnne Horace aux Céthégus & aux autres héros de ce
tins. Ce fut long-tems à Rome une marque de molleffe,
qife de paraître en public fans ceinture, aifcinctus : ce mot
Svint même fynonyme de celui de débauché, nepos.
lion ( lib. 4h caP- 43) raconte de Céfar, que dans fa jeu-
ï e i l fe livroit à tous les plaifirs; qu’il portoit une tu-
S u e très-large, & que Sylla fuppofa, à cette habitude
df porter la ceinture lâche, un motif fecret, celui de
pSoitre incapable de réflexion & d’énergie^ Mais dans
ladeuil on ne portoit point de ceinture : c’eft ainfi que
i l Chevaliers ’accompagnèrent le corps d’Augufte au
jjgcher, fans trabea & fans toge, en fimpîe tunique & fans
cBnture : tunicati & difcincîi 3 dit Suétone ( cap. 101 ).
■ .î.jLa ceinture des Rois de Perfe étoit célèbre chez les
liées, à caufe de For & des pierres précieufes dont elle
éiiit ornée. Quinte^Curce ( I I I , 3, «°. 18 ) dit que Darius,
conduifant fon armée contre Alexandre, portoit une
Jinture dorée, femblable à celle des femmes : \onâ
amâmuliebriter cincius, Alexandre la ceignit, parce quelle
é|>itundes attributs diftinètifs des Rois de Perfe ( Plu-
tarc. in1 Àlexandro; Bryani, I V , 70 ). Les Rois parthes la
Mitèrent aufli, & Claudien. ( De raptu Prof erp., I I , 94 )
e| a vanté la richefîe :
- Parthica qua tatttis variantur cingula gemmis,
Regales junSlura Jinus,....
,:}|C’eft ici le lieu de dire pourquoi on ne voit point de
pêches dans les habillemens des figures antiques. La raifon
es eft que les Anciens mettoient dans leur ceinture, leur
p u r fe, leurs clefs, &e. comme le font encore aujour-
d|iui les Orientaux. Ariftote, ou plutôt Fauteur du Traité
^^mmirabilibus aufcultationibus , raconte qu’un marchand
divin deTarente fut atteint d’une folie qui ne le tour-
ppntoit que la nuit. Elle ne l’empêchoit pas de faire
rf?fCOmmer^e pendant le jour; & il ne perdit jamais la
il r la niaifon, qu’il mettoit dans fa ceinture , quoique
P É . rs perfonnes euffent fait des efforts réitérés pour
Ifiui enlever : ri t * zrtfs r S \ml»
IIe f C. Gracchus ( Gell. X X V , cap. 12) difoit 3. ôlen loin de s’enrichir dans le gouvernement d’une
^ »m e e ,-ll s’étoit appauvri : [Onas , quas plenas argenti
SW”*“* tuJ ex provincia inanes retuli. Le mot \ona devint
^■ |?iiyme de bourfe. Dans un naufrage quefitSimonide,
^ a i ) dit que fes compagnons d’infortune
eEueiiloient leurs effets les plus précieux : Hi \onas, illi
Piaur f T C. olllZunt > fibfidium vit a. Aufli trouve-t-on dans
^.n.e ^ Tritium, fV , 1 , 20), fector [onarius, qui feroit
. einent traduit parles mots coupeur de bourfe. Porphyrion,
expliquant ce vers d ’Horace ( II, Epijt- 2 .4 0 ) ,
tbit eo , quovis, qui ^onam perdidit, &c., dit que perde dit
ronam étoit une manière de parler des foldats, pour désigner
ceux qui n’avoient point d’argent, qui nihil habent
nummorum, parce que les foldats portent dans la ceinture
tout ce qu’ils poffèdent : quod quicquid habent milites, in.
lonâ fecum portant. Enfin nous lifons dans la Vie de Py-
thagore, par Jamblique ( cap. 27 ) , que , dans un temple
d’Efculape, un étranger, ayant laifle tomber fa ceinture
remplie de pièces d’o r , ^eir/jv %çua-lov e^naav, s’indignoit I
de ce qu’ on ne vouloit pas la lui laifier reprendre, en
vertu d’une loi qui défëndoit de ramafter ce qui avoir
touché la terre ; mais qu’ un difciple du philofophe lui
confeilla de reprendre For qui ne l’avoit pas touchée, 8c
d’abandonner la ceinture.
C’étoit aufli entre la tunique & la peau, ou entre les
tuniques lorfqu’ on.en portoit plufieurs, que Fon plaçoit
les objets que Fon defiroit conferver foigneufement. C ’eft
ainfi que Vitellius, voulant flatter Meffaline, époufe de
Claude ( Sueion. Vitel. , ‘ cap. 2 ) , lui demanda la per-
miflion de la déchauffer, & qu’il s’empara de la chaufliire
de fon pied droit. Il la portoit’ ordinairement entre fa
toge 8c fes tuniques, inter togam tunicajque.■ geftavit ajfidue,
& il la baifoit fouvent.
J’ai parlé, dans la fe&ion I du chapitre I de ce livre ,
des perifeelides ou bandelettes que les' Romains entor-
tilloient autour de leurs cuiffes , pour tenir lieu de caleçon.
Le. mot perifeelides défigne plus particuliérement ces
anneaux que les Barbares placoient comme des bracelets
autour des cuiffes, ou autour des jambes vers les chevilles.
Nous avons vu plus haut que les Perfes portoient
ainfi des rangs de perles. Caylus (Rec. aAntiq., 1 , 276 )
parle de fquelettes ’ déterrés en 17 r i près'de Nangis ,
dont plufieurs avoient des cercles de bronze autour du
c o u , des cuiffes 8c des bras.
On ne voit dans les monumens antiques aucun mouchoir,
& les écrivains grecs 8c latins n’en parlent point
; avant le Bas-Empire. On a. cru long-tems que le plus ancien
texte où il foit fait une mention expreffe de mouchoir,
étoit le fuivant, tiré des glofes fur les Bafiliques :
Odonaria & odonia fin i panni longi qui & oraria vocantur
quibufdam. H ac fere qui in palatium ibant Senatores gere-
bant, illis ulebantur ad emungendum & expuendum. Voilà,
diftinêlement exprimés deux des.ufages que nous faifons
du mouchoir. Il en exifte un troifième, celui d’effuyer la
fueur. J’en parlerai plus bas.
Les Perfes prenoient, dès l’ enfance, l’habitude d’avaler
la falive 8c la mucoftté qui s’écoule du nez. « Cyru s,
s? dit Xénophon ( Infiitut. , lib. 8 , cap. i,fegm. 14) , ac-
» coutuma lès Perfes à fe conduire de manière qu’on ne .
» les vît jamais cracher ni fe moucher. « Quoique je ne
connoiffe pas de texte qui énonce clairement la même
chofe, relativement aux Grecs 8c aux Romains, cependant
je crois pouvoir Faffurer, d’après les induétions fuivantes.
Dans le Miles gloriofas ( I I I , 1, 192 ) de Plaute , qui a
peint les moeurs grecques, un homme d’un goût épuré
demande pour maîtreffe, puellam ficcam. Chez les Grecs ,
conftitution fèche 8c fanté parfaite étoient fynonymes.
Héraclite difoit : Anima ficcà eft optima. Dans Juvénal
( Sac. VI, verft 146 ) , un mari demande le divorce parce
quërfa femme, fe mouchoitfouvènt : Jarr. gravis es nobis, &
jApe emungeris, exi ocyus. Enfin Suét-one ( cap. 24 ) 8c Tacite
( Annal., X V I , 4) racontent de Néron , qu’étant
monté fur le théâtre pour difputer les prix du chant 8c
de la lyre, il fe foumettoit aux lois les plus, rigoureufes
des concours. « Jamais il n’ ofa cracher, 8c ü h’ effuya