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RECUEIL D’ANTIQUIJTÉS.
fit suffi fubftituer à la lance la fariffe, & leur apprit à la
tenir des deux mains.
LYDIENS.. Du tems de Créfus , les Lydiens ( Herodot.
lib. i , pas. 6) étoient le peuple le plus courageux & le
plus belliqueux de l’Afie. Ils étoient d’excellens cavaliers,
& ils portoient de longues lances. Ceux qui Envoient
dans l’armée de Xercès étoient armes, dit Hérodote
(lib. 7 \pag. f 4 i ) , à peu près comme les Grecs}
c’eft pourquoi ils font placés dans cette fection.
Athénée dit (A i. 14 , cap. 6) , d'après Hérodote , qu ils
marchoient au combat au Ton des flûtes a plufieurs tuyaux
& des flûtes Amples.
MACÉDONIENS. Nous n’ avons des Macédoniens,
peuple devenu fi célèbre fous le règne d’Alexandre, une
connoiffance certaine que depuis ce conquérant.^- Au
paffage du Granique ( Plut. Briani, I V , pag. 22), ce Roi
portoit une pelte ( bouclier lé g e r ) , un cafque orne d une
crinière, & fur les côtés de deux panaches remarquables
par leur blancheur &c leur grandeur. A la bataille d Ar-
belle ( ibidem, pag. 48 ) il portoit un cafque de fe r , brillant
comme de l’ argent pur} une cuirafle de lin double j
un colleret de fer, or-ne de pierres précieufes ; un epee
très-légère & teinte de .diverfes couleurs} un riche baudrier
& un manteau travaillé en Sicile. — Les foldats
d’Alexandre étoient armés, dit Tite-Live ( IX , cap.19 )
d’un bouclier rond & de la fariffe : clypeus farijjaqu
i'Uis. La fariffe, qui fut (W Herenn.IV, cap. x i ) d abord
l’arme propre des Macédoniens , étoit une lance longue
de plus de quatorze coudées ou de fix métrés quatre-
vingt-deux millimètres (environvingt-un pieds). Alexan
dre leur fit quitter la barbe ( P lu tare. Thef. l , pag. j )
parce qué les ennemis les faififfoient par la. Il leur otu
aufli les cuiraffes entières qui couvroient la poitrine &
le dos, & il ne leur laiffa que des demi-cuiraffes, v?‘-
èafcuti* , afin que leur dos fût expofé au fer des ennemis
s’ils prenoient lâ fuite (Polymi, Strat. IV , cap. 3.
n Dans "le chapitre des coifïures j’ai parlé fort au long de
la caufia , qui fervoit aux Macédoniens de bonnet en tems
de paix, & de cafque à la guerre. La caufia étoit faite
de cuir de boeuf cru, comme nous l’apprend Dion Cal-
fius (lib. 77, cap. 7 ) lorfqu’il décrit l’armure de Cette
phalange que forma Caracalla pour imiter Alexandre.
« Les foldats de cette nouvelle phalange portoient aulu
•, une cuiraffe de lin tiflue à trois fils, un Doucher rond
» d’airain, une lance très-longue, armée d’une pointe
» -courte, dès jambarts & l’épée.» — Démétrius Polio-
certe portoit ( Athen. Deipn. X I I , cap. 9, pag. 505 ) une
caufia de pourpre, ornée d’ùn diadème brodé en or.
de deux palmes , cent foixante-deux. millimètres (fix g
polices), étoit fixé à un fût ‘long d’une demi-csudee ■
( huit pouces environ Il avoit trois plumes ou ailes, oc .;-
deux courroies fervoient à le lancer.
La chlamyde, qui étoit le manteau des Grecs armes
voyageant, & des jeunes gens, avoit, chez les M ace-, h
donier.s, une forme ou du moins une ampleur remarquable',
La.fariffe étoit auffi remarquable par fa pefanteur, que
par fa longueur : lmmobïltm , dit Tite-Live (lib. ^44,
cap. 41 ) , longitudine & gravitate hafiam. Auffi Cleomene ,
en la faifant adopter aux Lacédémoniens (Plutarc. I V ,
pag. 32 c ) , leur enfeigna-t-il à la tenir avec les deux
mains. La fariffe étoit de frêne, & affez élaftique pour
céder aux coups fans fe rompre ( Suidas, )- —■
Le bouclier des Macédoniens étoit léger , ixa(f>p°ïs nnXru-
fîois, dit Plutarque ( JE mil. I l , 1 7 1 ) . Suidas («wA<7«<)
dit expreffénrent qu’ il étoit rond, ■— Leur épée étoit
courte ( ftsKf*7s f&i> ifyufté'iois (ibidefn) ) , comparée a
l’épée efpagnole , que les P».omains avoient
adoptée. — Tite-Live (4 2 , 65 ) décrit, fous le nom de
geftrofphendonus, une'efpèce de trait employé"par les Macédoniens
dans la guerre dePerfée. Un fer pointu , long
ce qui là fit appeler proprement chlamyde macédonienne.
Sur un bas-relief de la villa Albam ( Winck. Mon.
ont. n°. 174) on voit Alexandre & Diogène. La chlamyde
du Macédonien ne préfente d’autre différence avec
celle des autres perfonnages antiques, que fa longueur ;
elle defeend plus bas que la chevillé du pied, & ordinairement
elle touche à peine le gras de la jambe, btra-
bon ( X V I I , 795) compare la forme du Monde connu
à la chlamyde macédonienne déployéè} cè qui prouve-
roit qu’ellé étoit plus large que haute. Pline dit ( AJ , 10)
que Tarchite&e Dinocharès donna au plan de la ville
d’ Alexandrie d’Egypte, la figure d’une chlamyde macédonienne
déchirée dans fon contour, & prolongée en
pointe fur les côtés...... Ad effigie,n macédonien chlamydis
orbe girato taciniofam , dexuâ l&vâque angulofc prpeurju.
Au refte, cette chlamyde & le bonnet faifoientrecon-
noître les Macédoniens. Delà vint que l’Etolien Thymar-
ckus ayant tué Charmades, lieutenant du roi Ptolemee , le !
traveftit en Macédonien avec ces habits du mort, chlamyde
interempü & galero ad macedonicum ornatus eft habit um
( f i ü M l Strat. 111. cap. 1 , 11f l &
dans le port de Samos à l’ aide de ce déguifement.
MANTINÉENS. Lucien ( Dialog. Mort, y ) parle des
Mantinéens comme de troupes légères très-renommees.
MYSIE. La Troàde fit partie de la Myfie dans les
tems poftérieuts an fiège de Troye. 11 n'eft quelhon ici
des Myfitns que depuis cette.epoque. Herdtfote ( r i t ,
pas. t42 ) donne pour armure à ceux qui combat-
tofent dans l’armée de Xercès I de petit! bouchers ronds
i ( ârûiï'cts SfUK?*s), des javelots durcis au feu , & des calques
propres à leur nation.
THÉBAINS. Ils portoient le bouclier béotien, ovale
& échancré des deux côtés dans fa moindre largeur.
Xénophon ( Hifi. gmc. V I I , y ) dit qu’ils etoient armes
de maffues. Ils tenoient un des premiers rangs parmi les
troupes pefamment armées (Lucian. Dialog. Mort. 14.)
THESSALIENS. La cavalerie theffalienne étoit célèbre
dans l’ antiquité. Héliodore, qui écrivoit fes E th n i ques
fous le Bas-Empire , dit ( IU , cap. y ) que les cre-
pides des cavaliers tnejfaliens étoient ferrees au dellus des
talons avec une courroie rouge.
S E C T IO N IL
Cojîume civil des Grecs & des Étrujquef.
§ . Ier. Des Grecs en général.
ROIS GRECS. Un des attributs diftin&ifs des Rois
étoit la pourpre marine Homère ( lliad. I V , verf. 141 ) i dit même qu’un mors d’ ivoire , teint avec cette pourpre
! par les Méoniennes ou les Canennes, étoit l’ objet des
j defirs de plufieurs cavaliers , mais qu’il étoit réfervé pour
le Roi. Ce poète décrit ainfi (lliad. I l , verf. 42) le col*
tume d ’Agamemnon ; « I l revêt fa riche tunique, faite
» 0 uh®.
TROISIEME PARTIF. I l D
»> d’une étoffe moelleufe, & par-deffus il jette un ample
I» manteau, il lie fi précieufe chauffurë. Il fufpend à fes
I ss épaules une épée ornée de clous d’ argent. Il prend le
. 33 feeptre de fes pères , toujours brillant. ” , Athénée
I ( V , cap. • 14) parle d’ un Roi ou d’ un tyran de 'ia r fe ,
S appelé Lyfia.i, & philofophe delà feéte d’Épicure. Ayant
été élu ftéphanophore , c ’eft-à-dire, prêtre d’ Hercule,
I il ne voulut jamais dépofer la puiffance. fouyeraine qui
I étoit attachée pour un certain tems à cette dignité, & il
| déploya le coftume des Rois. « Il portoit une tunique de
■ 33 pourpre, ornée dans le milieu d’ une bande blanche}
I» une chlamyde très-ample & très-riche} la chauffurë
K» blanche, appelée laconique, & une couronne d’or ,
■ L travaillée fous la forme d’une branche de laurier. » Le
même écrivain, parlant d’Ortygès qui exerçoit la tyrannie
à Erythrée avec quelques autres citoyens, & qui por-
| & la coiffure, .fi l’on en excepte la bandelette avec Ia-
I quelle les Grecs fe ceignoient affez fouvent la tête. Ci-
j céron ( Pro Rabir. cap. 10 , pag. 48, tom. V I ,,Gr.&vii )
f dit que dés citoyens romains, .même des nobles adolef-
i cens, & des fénateurs d’une naiffance illuftre, alloient à .
.1 Naples pour y jouir, pendant quelque tems, des délices du
j climat, & qu’ils s’y montroiént le front ceint du ban-
| deau grec. « Vous voyez , ajoute-t-il, L. Sylla , impera-
| » ror, portant la chlamyde. La ftatue de Scipion l’afiati-
r » que même, placée au Capitole , eft noa-feulement re-
1 » vêtue de la chlamyde, mais elle eft chauffée avec les
j.» crèpidê.. » Tacite raconte auffi (Annal. 2 , 59) que-
Germanicus parcourant l’Égypte, & voulant fe rendre
agréable aux habitans, « marchoit fans garde , les pieds
» découverts .( fans calceus, mais avec les crepidn ) &
j» portant le manteau des Grecs , de même que l’avoit
» tait en Sicile P; Scipion, quoique la guerre punique
» durât encore. » C ’etoit ainfi qu’ Antoine en avoit agi
dans le même royaume (Appian. Bell, civil, y , p. 1080,.,
tom. I l, Tollii) , où il voulut vivre en fimple particulier.
“ Au lieu du manteau romain , . il portoit le manteau
:» carré des Grecs (la chlamyde) & la chauffurë blanche,
t» attique, les ph&cafia (chauffurë particulière des Prê-.-
■ toit, ainfi qu’eu x , le coftume des Rois, dit : « Ils fe pla-
33 çoient fur un tribunal, devant les portes de la v ille ,
■ 33 pour rendre la. juftice , portant des manteaux de pour-
1 » pre , des tuniques bordées de pourpre. L’été , . ils
■ » avoient des chauffures qui laiffoient le pied découvert
1 » par plufieurs ouvertures} l’hiver , dès chauffures de
■ » femme. Ils portoient de longues chevelures qu’ils fri-
B» foient en anneaux, & fur lefquelles ils plaçoient dès
11» diadèmes jaunes & pourprés. Toute leur parure étoit
. » d’o r , comme celle des femmeà. » Enfin Lucien, par-
■ lant ( Sornnium , n°. l6 ', tom. I I , pag. 743) des Rois de
la icène, dit..... « Les aéteurs tragiques, repréfentant Cé-
» crops, Sifyphe ou Télèphe, portent des diadèmes ,
» des épées à poignée d’ivoire, la chevelure flottante &
•« une chlamyde ornée de dorure,- » Les vafes grecs,
d’Hàmilton ( I I , PI. X L I ; I I I , PI. X L l l l ) m’ ont pré-
fenté les deux Rois que l’on Voit ici fous les hoS. 2 ,
PL CCLIII, & 1 , PL CCLIV. Le premier porte le cof-
tume qu’Homèré, cité plus haut, donne à Agamem--
lihon.
B REINES GRECQUES: Il y a'peu de chofes à obfer-
ver fuir le coftume des Reinës. Excepté la pourpre & le
diadème, il étoit le même que celui des autres Grecques.
|La forme des habillemens des Reines ne différoit point
de la forme des autres habillemens de Femmes} ils étoient
feulement plus amples & plus riches. Le diadème étoit
tantôt le bandeau royal, tantôt le diadème proprement
dit , ou une plaque de métal triangulaire ou arrondie ,.
.qui fe plaçoit fur les chevèux, iinmédiatement à leur
naiffance. Les modèles inftruiront mieux que les def-
criptions. J’en donné ici trois , tirés des vafes grecs
d Hamilton ( 7, 128 } I I , 89} I I I , 43 ). On les voit j
fous les «05. 2, 3 , PI. CCLIV, & 1, Pl. CCLV. A la vé- i
nté, laricheffe de leurs'coftumes différens, & la place i
quelles occupent dans les fujets dont elles font partie, !
aftont les feuls motifs fur lefquels je me fonde pour re- '
connoxtre ici des Reines} mais je les crois fuffifans. il. '
nen eft pas de même du n°. 1 , PL CCLV. On ne p eu t1
doi}Çr cette femme , placée fur un cKar avec fon ,
îavilieur, ne foitla Reine de Sparte , l’époufe dé Mené- i
las, Hélène. C ’eft un bas-relief de terre cuite du collège
romain, publié par Winckelmann (Monum. ant. n°. 1 17). i
G RECS, CONSIDÉRÉS EN GÉNÉRAL. J’ai déjà '
dlt que le coftume g rec , comparé au coftume romain
Sconfiltoit dans 1 èpallium & dans la chauffurë ouverte , ou
Mes crépids., parce que les Romains portoient la toge &
f a chauffurë fermée, ouïe caUsus. Du refte, tout étoit égal
dans-les deux coftumes 5 tunique, femoralia, o\i caleçon,
très d’Athènes, & de ceux d’Alexandrie). » ■
Au fîége de T roye, les Grecs portoient en général les.
cheveux d’une moyenne grandeur ( Philofirat. Epifi. 16 ).
Ils les. portèrent depuis un peu plus courts.
Nous voyons l’énumération de leur habillement dans
la menace que fait Ulyfle à Therfite ( lliad. I l, verf, 261):
de le dépouiller & de le mettre nu pour le frapper. «« Je
» t’arracherai ta cklena, ta tünique & l’ habillement qui
» couvre les parties fexuelles. » Il n’eft point fait depuis
mention du caleçon dans les écrivains grecs, jufqu’au
Bas-Empire, excepté dé celui que portoient les athlètes..
On voit même , dans deux chapitres des CaraStéres de
Théophraftè , ceux du Sot & de VImpudent,. des paffages,
qui prouvent l’abfënce de toute efpèce de caleçon. Mais
Procopé ( Hifi. arcah. cap.. 1 ) en parle , & il dit même,
qu’on l’attachoit avec une courroie. Codin ( Or i gin.
Confia n tin.') parle auffi de runrtxttftmë^Mxîov de l’ archi-
tefte Ignace , celui qui avoit reftauré Sainte-Sophie, il.
doit donc demeurer pour confiant que les Grecs portèrent,
à certaines époques feulement, une efpèce de caleçon
, quoique les artiftes ne l’aient pas exprimé dans
les monumens, pour conferver le nu fans interruption.
J’en .puis citer un exemple, qui eft peut-être unique }
c’eft la figure du n°. 3 , PL CC LV , tirée des vafes grecs
de terre cuite d’Hamiltori (H J , 43 ). Elle porte le co f-
tume grec. La forme du bonnet pourroit faire reconnoî-
tre ici Ulyffe ou quelqu’ autre héros célèbre par une-
longue navigation. Les compartimens deffinés’, ou les
pièces d ’applique qui paroifient fur fa tunique & fur fa
chlamyde, pouvoient être de pourpre. On.ne lui voit
ni collier d’or, ni bracelet, ni aucun autre ornement fait
de ce métal. Dion-Chryfoftôme ( Orat. 1 , pag. 29 ) dit
qu’Homère paroît n’avoir pas approuvé ces ornemens
d’o r , ni les freins, ni les ornemens du, poitrail, des chevaux
, faits avec l’or. ,
Je viens de parler du bonnet fans bords des marins,,
des artifans , &c. Je parlerai ailleurs du pétafe que portoient
habituellement , pour fe défendrë de l’ ardeur du
foleiî., les voyageurs , les chaffeurs. & prefqùe tous les
Grecs hors des villes.
Les Grecs portoient deux efpèces de manteau, la chlamyde
ou Uua, Sc le pallium ou le manteau grec propre^
ment dit. Sous le manteau ils avoient une tunique qui
P