
122 RECUEIL D’ANTIQUITÉS.
monumens ; mais cela eft impoffible, parce qu’ il ne nous
en refte point qui repréfentent des L a c é d ém o n ie n s , ce
peuple n’ayant jamais exercé les arts.'
LOCRIENS-OZOLES. ( Voyei Æ toliens. )
LYDIENS. ( V o y e i l 'a r t i c le d e s B A R B A R E S . )
MACÉDONIENS. « Les Épirotes , placés du côté
33 de Corcyre j étoient appelés Macédoniens, parce que,
» ditStrabon ( lib. 7 , pag. 32.73 ec^n - I(>20) » “ s Par_
3, loient le même diale&e, portoient la meme chlamyde
g que les Macédoniens , avoient les cheveux coupes
33 comme eu x , 8c plufîeurs, autres points de refîenv-
M blance. » Ce paffage eft le feul, à ma connoiffance,
dans lequel on donne aux Macédoniens une manière particulière
de couper ou de peigner les cheveux. Je n en
faurois dire autre chofe. . .
Dans la fe&ion II du chapitre des coiffures , j’ai décrit
fort au long là caufia, bonnet propre aux Macédoniens,
& qui reffembloit à celui des Diol'cures. J y renvoie le
le&eur. . . . o \
Plutarque ( Apophtegm. Pfrilipp. Briani, V I , pag. ib )
rapporte un fait, duquel on peut conclure que les Macédoniens
ne portoient point de caleçon fous leur tunique.
Un des prifonniers de guerre que Philippe affis faifoit
vendre lui-même, lui dit : « Rabattez votre chlamyde,
»3 car cette pofture eft indécente. » ^
Nous voyons Çonventlei Macédoniens cznâériCés par la
chlamyde, habillement dont on leur attribuoit d’ailleurs
l ’invention. Winckelmann penfoit que la longueur& !’ampleur
de la chlamyde macédonienne étoient fon cara&ère
diftinêtif : il le prouvoit par un bas-relief de la villa A l-
bani, qu’ il publia dansfes Monumentiantichi( n°. 174) ,
& qui repréfente Alexandre & Diogène dans fon tonneau
de terre cuite. A la vérité, la chlamyde du Roi
Démétrius Poliocerte fe diftingua des autres Rois de '•
Macédoine par un fafte égal à celui des Rois d’Orient \
( Plutarc. Demetr. Briani , V , pag. . 509. — Athen. X l l ,
cap. 9 ) . Sa caufia de pourpre étoit ceinte d’un double ;
diadème de pourpre brodé en o r , dont les extrémités
flottoient fur fes épaules. Sa chaulfuré étoit faite entièrement
defcend prefque jufqu’aux chevilles j mais on doit ob-
ferver d’abord que plufieurs ftatues d’autres perfonnages
grecs en préfentent d’aufli longues ; enfuite que chez tous
les peuples les habillemens des Rois étoient plus longs
& plus amples que ceux des Amples citoyens. J’ ai donc
cru devoir chercher une autre raifongflui ait porté les
hiftoriens à caraétérifer toujours lesywfàcedoniens par la
chlamyde , fans donner à ce manteau quelqu’épithète de
laquelle On puiffe tirer un trait diftinétif ( Strab. V i l ,
pag. 317-16203 X V 3 pag. 71 Ç. Plutarch. fupr'a, &c.).
Je crois l’ avoir trouvée dans l’ufage exclufif de la chla-
myde, relativement au pallium cpxe lè^iutres Grecs portoient
en tems de paix 8c dans les villes.
La chaulfuré des Macédoniens avoit quelque chofe de
remarquable qui la faifoit diftinguer. Si dans la defcrip-
tion du triomphe de Paul-Émile (Briani 3 I l , pag. 186 ) ,
où Plutarque peint le malheureux Perfée couvert d’ un
manteau brun , & portant les crepides de fon pays, il
défignè par le mot , la Macedoine plutôt que
la Grèce entière, Strabon ( X X 3 pag. 715-1620 )-
femble-décider la queftïon par la négative , en ne dëfi-
gnant la chaulfuré d’un envoyé d’Alexandre que par le
mot crepides, : ^ / , , . ,
Le diadème des Rois de Macédoine a été décrit dans
Ja fe&ion des coiffures. Ordinairement leur chlamyde
étoit de pourpre 3 & c’étoit celle que portoit Alexandre
fur une tunique de pourpre rayee de blanc , avec la
caufia ceinte du diadème ( Atken. X I I , cap. 9 ). Sesfuc-
ceffeurs l’imitèrent ( Plutarch. in Antonio. — Briani, V ,
pag. 120).
de pourpre la plus précieufe , & chargée d’ orne-
mens d’ or. Ses chlamydes ordinaires étoient d’un pourpre
ft foncé, qu’elles paroiffoient noires. Il s’en fit broder ■
une fur laquelle on voyoit repréfentés en or le ciel avec
des étoiles & les douze lignes du zodiaque. Cet ouvrage
admirable n’ étoit pas fini lorfque Démétrius fut précipité
du trône, & aucun de fes fuccelfeurs n’ ofa en faire ,
ufage. , .
Les caufia de pourpre & de riches chlamydes étaient
les marques de diftinétion que les Rois de Macédoine j
diftribuoient à ceux des courtifans qu’ils appeloient leurs
amis.
MÉLOS. Les habitans de cette île portoient les cheveux
moins courts que les Grecs pris en general, de
même que ceux qui fuivoient en partie les inftitutions de
Lycurgue ( Philojtr. Apollon. Vita , I I I , cap. 15 )•
MILET. Plutarque (Briani, I I I , pag. 30 ) dit d’ Alcibiade
, que le voyant à Lacédémone fuivre ponctuellement
les inftitutions de Lycurgue , on auroit pu douter
qu’il eût jamais porté une Una milélienne , pitosUs £><*-
nfos. Défigne-t-il un habillement tiffu avec la laine de
Milet, célèbre par fa fineffe, ou une Una de forme ou de
couleur particulière aux Miléfiensr
PÉLOPONNÈSE. Un fcholiafte d’Euripide, cité par
Euftathe (Iliad. X V I I I , pag. 9 6 3 ) , dit que,.dans le
Péloponnéfe, les filles, pendant le jour, ne portoient ni
ceinture ni tunique, mais qu’elles avoient feulement un
manteau qu’ elles attachôient d’ un côté avec une agraffe.
Périandre (Atken. X I I I , pag. 589O , ayant vuMéliffa,
d’Épidaure..... « vêtue félon l’ufage des Péloponéfiennes
33 .( elle n’avoit point de manteau, elle ne portoit qu’une
» tunique, & elle verfoit du vin aux ouvriers), en
33 devint amoureux 8c l’époufa. 33 Melilfa, occupée aux
travaux domeftiques, ne portoit pas un manteau qui eût
gêné fes mouvemens 3 mais elle auroit été entièrement
nue fi elle eût été , comme le dit le fcholiafte
d’Euripide. Elle portoit fans doute une feule tunique légère,
celle qui tenoit lieu,de notre chemife, ^ovo^/ra»,
comme dit Athénée 3 de forte que le mot ne défigneroit,
dans le fcholiafte, que l’abfence de la tunique
extérieure. Le manteau à agraffe étoit le vêtement do-
rien, porté d’abord & enfuite abandonné par les Àthé*;
niennes. r..,- ■ ■ . , ,
Polyfperchon, voulant infpirer à fes troupes le mépris
pour les Péloponéfiens qui les affiégeoient, « prit , dit
33. Polyen (Strat. IV , cap. 1 4 ) , 1 e piieus des Arcadiens,
33 un manteau groffier , très-^épais, attaché avec une
33 agraffe , & un bâton 3 voilà, dit-il, les'ennemis que
33 vous avez à combattre, ôcç. 33
PHOCIDE. Les pauvres de cette contrée, voifine de
l’Eubée, portoient des tuniques de peau de porc (P“*'
fan. Arcàd. cap. 1 ) .
SAMOS. Lés habitans de cette î le , fituée vers la cote
d’Afie , avoient adopté une partie du luxe qui régna tou*
jours dans cette partie du Monde. On voit dans Athènes
TROISIÈME PARTIE.
(lib. 12 , cap. 6 ) qu’ils portoient des bracelets , & qu’ à
la fête de Junon ils marchoient en pompe, portant des
♦ uniques blanches qui touchoient la terre, & des cheveux
qui flottoient fur les épaules.
S SICILE. Les Syracufaines ( Theocrit. Idyl. X V , 2 1 ,
34) fe faifoient un honneur de defcendre des Doriens,
de parler le diale été du Péloponnéfe : auffi portoient-elles
l ’ample manteau dorien, lié avec une agraffe ( ibid. ). En
général, tous les Siciliens avoient la même prétention
( Thucidid. pag. 426. Hermocrates ) . ■
S Hiéron, Gélon & les autres Rois prédéceffeurs d’Hié-
ronyme ( excepté Denys le tyran) , n’avoient porté aucun
habillement, aucun attribut qui lés diftinguât des
Autres citoyens C Tit. Liv. X X I V , cap. y) ; mais Hiéro-
Myme, à l’exemple de Denys , porta la pourpfe & le dia-
Même, eut des gardes armés, & fortit de fon/palais
monté fur un char attelé de quatre chevaux blancs.
« L e s courtifans de Denys le tyran portoient, comme
lui, la tunique longue, sox-),v-, comme on le voit dans
Plutarque ( Dion. Briani , V3 pag. 166. )
» SIRIS. « Les habitans de Siris (ville de Lucanie) ne
« le cédèrent pas aux Sybarites en luxe, dit Athénée
33 ( X I I 3 pag. 523) 5 ils portoient des tuniques de di-
»3 verfes couleurs ; ils les lioient avec de riches ceintu-
33 r e s , qui les firent appeler par lëurs voifins , /uirçoxt-
33 tans. 33 Ce furnom (porteurs de tuniques liées avec des
ceintures ) étoit fondé fur la richeffe des ceintures, & non
fut leur ufage } car prefque tous les peuples en por-
|iient.
» SYBARITE S. Leur luxe & leur vie voluptueufe paf-
fèrent en proverbe dans l’antiquité. Athénée ( X I I ,
ébp. 3 ) dit qu’ils portoient des habillemens faits avec les
laifies de Milet.....que leurs enfans, jufqu’ à la puberté,
étoient vêtus de pourpre, & que leurs cheveux étoient
liés en boucles avec des fils d’or.
m Sybaris ayant été détruite , des Grecs fondèrent auprès
de fes ruines la ville de Thurium. Philoftrate (Apoll.
JCira, I I I 3 cap. 15 ) dit que les habitans de Thurium
portoient, félon l ’ufage des Lacédémoniens, les cheveux
moins courts que les autres Grecs.
B^YRACUSAINS. (Vo^ei S i c i l e . ) Phylarque, cité
par Athenee ( X l l„ cap. 4 ) , dit qu’ une loi défendoit aux
Smmes de Syracufq l’ufage de l’or pour leur parure, ce-
étoffés^de diverfes couleurs, de la pourpre, des
«|,ttes brochées , fous péine d’être confidérées comme
e viles proftituées,.... qu’une autre loi défendoit aux
j ”*-' Parure j des habillemens recherc.
es & differèns de ceux des autres citoyens , fous peine
etre reconnu pour un corrupteur des deux fexes.
, , -uy. i ) portoient les cneveux moins cour
que les autres Grecs, de même que ceux qui avoient e
honneur les inftitutions de Lycurgue.
J Les ÿ ‘?®s. de Tarente étoient recherchées. Les Tarei
I s en tailoient des étoffes fi fines, qu’elles étoient tran
- Il*'6nteS a ? ^ b!al>les à nos crêpes de laine. Cléarque
( X I I , cap 5 ) , dit. que le luxe avo
" T P " ^es arqntins à un tel points qu’ ils s’épiloier
. fie corPs > qu’ils portoient des habillemens tranfpa
oc ornes de bandes de pourpre , habillement réferY
ordinairement pour les femmes. -Telxinoé , dans Arifte-
nète (lib. 1 , epift. 2 5 ) , étoit .vêtue d’une étoffe tranfpa-
rente , au travers de laquelle brilloit toute fa beauté.
THESSAL1ENS portoient plus d’habits, & de habits
plus longs & plus amples que les habitans du refte de la
Grèce 5 auffi Athénée ( X I V , cap. 23 ) dit-il : « Ils
>3 reffembloient aux Perfes par l’habillement & par le
33 luxe. 33 J’ajouterai, & par 1 habitude du cheval. Leurs
moeurs étoient très-diflblues , & dans les feftins iis fai-
foient danfer des femmes dépouillées de tout habillement,
une ceinture exceptée.
La chlamyde des Theffaliens & leur pétafe avoient des
■ formes particulières. Philoftrate ( Vita Apoltonii, I I I ,
•cap. 25 ) dit qu’une ftatue de Tantale « portoit le cof-
»3 tume des Argiens, mais que la chlamyde reffembloit
;»3 à celle des Theffaliens. 33 Procope ( Bell. Vandalic. 7,
cap. 1 1 ) dit que , dans les marques de dignité envoyées
par les Empereurs romains aux Rois maures, « 0n
>3 voyoit un manteau blanc, lié avec une agraffe d’ or au-
>3 près de l’épaule droite, femblabîe par fa forme/à la
” chlamyde theflalienne. 33 Enfin Philoftrate ( Heroic. ,
cap. 1 , n°. 2) dit de Protéfilas : « Il eft revêtu de la chla-
f>3 myde theffalienne. 33 Le dernier texte a fait retrouver
■ à Winckelmann cette chlamyde. Il a publié , dans fes
Monumenti antichi ( n°. 1 2 3 ) , le bas-relief d’ un farco-
phage du palais Barberini , qui repréfente l’entrevue de
Protéfilas forti des enfers,, Üc de fon époufe Laodamie.
Le favant antiquaire fait remarquer la chlamyde du jeune
Theffalien ( qui a une petite roue à fes pieds , & qui eft
deffiné ici fous le n®. 2 , PI. CCLXI, & auquel il faut
joindre la chlamyde macédonienne d’Alexandre , ici
Planche L V 3 n°. 3 ). Elle eft plus longue que celle de
Mercure , qui le reconduit à Caron, & que celles de
toutes les figures du bas-relief. Auffi Protéfilas en relève-
t-il une partie avec la main gauche, à la hauteur de fa
cuiffe. Le fculpteur s’eft conformé en cela au coftume de$
Theffaliens. Strabon dit en effet (X I , pag, 530-1610)......
1“ On appelle habit arménien celui des Theffaliens,
33 compofé de longues tuniques appelées Étoliennes
33 dans les tragédies, ceintes fur la poitrine , & de
33 manteaux pareils à ceux que portent les adeurs tra-
33 giques lorsqu’ils repréfentent des Theffaliens......De
33 tous les Grecs , les Theffaliens portent les habits les
33 plus longs, probablement parce qu’ils habitent les
33 contrées les plus feptentrioriales & les plus froides......
33 ■ Leur coftume a du rapport avec celui des Perfes. >»
«Les chlamydes theflaîiennës ont, ditSuidas (©577«x.),
33 dés deux côtés, des angles qui reffemblent à. des ailes ,
; 33', d’ où vient l’expreffion ailes theffaliennes. 33 Eckei
( Num. vet. Anecdoti, tab. V I I , n°. 1 1 ) a cru voir fes
ailes dans les bouts de la ceinture d’une Minerve ( voye%
ici la fécondé Minerve citée dans l’article des Lybiens ),
qui font paffés fur fes deux bras, & qui pendent enfuite.
11 en donne pour raifon que cette Minerve, fe trouvant
fréquemment fur les médaillés de Theffalie , eft celle
Icône3 ville de cette contrée. Quelque refpeét que j’aie
pour cet illuftre antiquaire, je ne puis être ici de fon
avis. Je crois plutôt qu’il faut recônnoître les ailes de la
chlamyde dans les deux portions que laiffoit pendre 8c
flotter l’ agraffe lorfqu’elle n’étoit pas fixée aux angles
de ce manteau , mais lorfqu’elle l'étoit à deux points
plus rapprochés du milieu. On la portoit ainfi quelquefois
comme le montre la Planche L V de ce Recueil
8c probablement la chlamyde theffalienne , étant beaucoup
plus ample 8c plus longue que celle des autres Grecs ,
Q Z