
de défenfe. On voit, au milieu de l’ égide, la redoutable
Çorgone, & des ferpens flottent fufpendus à cette dépouille.
. Dans la pantomime du Jugement de Paris, décrite par
Apulée ( lib. 10 ) , on vit paroître Minerve portant un
cafque brillant, entouré d’ une couronne d’olivier, élevant
un bouclier, & agitant fa lance comme dans un
combat. Deux enfans la fuivoient comme des écuyers,
tenant des épées nues, & s’élançant par bonds. C ’é-
toient la Terreur & la Crainte. . . • - '
Strabon dit ( lib. 13 , pag. 601-1610) que plufieurs
ftatues de Af/nerv^, très-anciennes, étoient aflifes. On en I
voyoit de femblables à Phocée, à Marfeille , à Rome,
à Chio & ailleurs.,Cette attitude défignoit-elle la prudence
de la déefle.?
Pallas eft ordinairement couronnée d’olivier.
PALLÀDIUM. Les Anciens ne font pas d’ acçord fur
la defcription de cette, ftatue de Minerve, qui fut enlevée
de.Troye par Diomède & UlyfTeVvSi l’ on en croit les
écrivains latins , les Grecs n’enlevèrent qu’ une copie du
véritable Palladium y mais Eriée l’app.orta en Italie, & les
Romains le dépotèrent -dans le temple de Vefta. Quant
aux formes de cette ftatue tombée du c ie l, Proçope
(Bell. Gotkiç. lib, 1 , cap. 16) dit. que. de fon tems on
ighorôit dans quel pays elle pouvoit fe trouver, mais
qu’on la voyoit a Bénévent dans un bas-relief. « G’eft
35 la figure d’une guerrière qui menace de fa lance, &
»5 qui femble fe préparer au combat. Elle porte une tu-
»5 nique qui defcend jufqu’aux pieds. La face n’eft point
95 celle de Pallas, telle que-les Grecs la repréfentoientj
93 mais elle rappelle les anciens ouvrages des Egyptiens. >»
ApoÜodore ( lib. 5 ) lui fait tenir la lance avec une que-r
nouille & un fufeau} mais fur les pierres gravées, où l’on
voit l’enlèvement du .Palladium, c’eft une Pallas armée
de bouclier, de lance, & terminée en gaîne , c’eft-à-
dire , avec les jambes non réparées, à l’ égyptienne..
CÉRÈS. -Les pavots & les épis que tiennent d’une
main les figures de Cérés, gravées' fur deux, pierres de la
galerie de Florence, font les fymboies de. la fécondité
& les attributs ordinaires de cette déefle.. Le fceptre que
porte l’une d’elles eft aufli l’ attribut- des grandes Divinités.
(M d f Flor. Gem. tom. I , tab. 100, nn. 3 ,4 . ) .
. Une lampe antique du Recueil de Pafteri ( tom. 7 ,
tab. 22.) préfente la figure du n% 3 , PI. C C X I , vêtue
•d’une longue tunique, d’un large manteau qui recouvre
la tête. Cires tient de la-main droite une longue-torche
qui rappelle la recherche pénible qu’elle fit pour trouver
Proferpine, & de la gauche les épis & les pavots qui
avoient procuré, du -repos à la déefle, fatiguée de fes longues
courfes. Le.croiflant & le globe, placés fur fa tê te ,
annoncent quelqu’ analogie avec Ifis.
Cires devroit, félon Winckelmann, ' porter une draperie
jaune, parce qu’elle rappelleroit à la fois la couleur
des moiflons & l’épithète blonde que lui-donne Homère.
— pindare ( Qlymp. VI ,.verf. 159 ) l’appelle Cires aux
.pieds rouges. Virgile ( Géorgie, ƒ , verf. 297 ) lui donne
aufli l’épithète rouge. Cette épithète étoit-elle relative à
la couleur d’une variété de froment qui en a prisfon nom,
le blé rouge? ou plutôt rappelloit-elleTufage de peindre
en rouge, dans les folemnités -, les pieds des ftatues de
-Cérès ; car l’on peignoit les fhtues .entières de plufieurs
•Dieux avec du minium, comme l'a fait obferver Winc-
jkelmann ? (Hifi. de VArt, liv. 1 , chap. 2. , n° .: 2. ) On
confacroipaufli à -Cire} la couleur blanche, & fes prêtrefles
portoient des vêtemens de cette couleur. ( Ovid.
Metam. X , verf. 43 2. )
Le cheval que l’ on voit auprès de Cirés fur plufieurs
monumens, rappelle fa métamorphofe en cavale , lorsqu'elle
fe déroboit aux pourfuites de Neptune. On
lui offroit les prémices des fruits, on lui immoloit des
brebis & furtout des truies, qui nuifent aux femences.
Dans fes facrifices, on ne portoit pas des couronnes de
fleurs, mais on fe couronnoit de myrte ou de narcifle
pour rappeler le deuil que Cires avoir porté après l’enlèvement
de Proferpine. ■— Les laboureurs lui confacroient
les inftrumens de leur art, un fo c , un jou g, une fauc
ille , &c.
On voit fouvent Cirés couronnée d’épis, ou coiffée
avec une efpèce de tour non crénelée, ou de turban peu
élevé i plus fouvent encore avec le boiffeau, fymbole de
la fertilité, ou avec la corbeille myftique, appelée cifte^,
qui rappeloit les myfteres d’Éleufis. — Sur plufieurs médailles
, elle eft repréfentée, tantôt marchant & portant
une ou deux torches }• tantôt fur un char tiré par des
ferpens ailés, & cherchant fa fille chérie.
DIANE. Les ftatues de Diane ne font pas rares ; mais
on ne connoît point de peinture antique qui la repréfente.
Poury fuppléer, je ferai connoître en détail une Diane de
marbre trouvée à Herculanum en 1750, & qui eft colorée.
Les cheveux font blonds, relevés & noués comme
ceux des vierges. Ils font ceints d’un bandeau orné de
huit rofes rouges. Les draperies font blanches. La tunique
a des manches larges , difpofées en plis boudinés :
fa bordure eft formée par trois bandes étroites.}, l’extérieure
d’ ifn jaune d’er : l’intermédiaire, moinsétroite, de
couleur de laque, qft ornée de fleurons blancs'5 l’intérieure
eft de la même couleur. Les tifiiis dé la tunique &
de la chlamyde font plifles à plis étroits & ferrés > plis in-
dépendans de ceux que forment la ceinture & les concours
du corps. — La taille de Diane, fur les rnonu-
.mens, eft: plus légère , plus fvelte que celle de Junon &
de Pallas. Le plus fouvent-elle n’eft vêtue que d’une tunique,
qui n’atteint pas les genoux } e’éft alors Diane
ch aller effe. Cependant elle'porté quelquefois une tunique
longue & traînante. Seule entre toutes les Déeflès ,
dit Winckelmann, elle a , fur quelques monumens, le
.fein droit découvert.
PI. CCX II, 72°. 1. Un moyen bronze trouvé à Herculanum
(tom. VIy pag. 43 ) repréfente Diane châfle-
refle. Elle eft armée de l’à rc, & ceinte, par-defliis fa tunique
retrouifée , de la dépouille d’ un faon. Les cerfs
■ formoient fon attribut diftinétif, comme on le voit à la
•belle ftatue trouvée à Arles, & confervée dans le mufée
français. Les chaufftires de la Diane d’Herculânum font
ornées de petits boutons en forme de grelots.
Dans une peinture d’Herculanum ( tom. I V , p. 319 ) ,
Diane porte une couronne avec dés rayons d’ or, un manteau
bleu-célefte, une tuniqu’è jaune avec deux bordures
violettes. Cette tunique intérieure n’eft vifible que
depuis la ceinture jufqu’aux genoux. Le haut du torfe eft
couvert d’ une tunique violette : on ne la voit plus -au
défions de la ceinture. Ses eothurries font jaunâtres.—
Les' courroies des fandales de la ftatue en marbre de
Diane 3 trouvée à Herculanum én 1750 , font rouges.
Cette couleur rappelle la ftatue de marbre que:( Bucol. 7.
verf 3 1 ) , dans une églogue de Virgile , Corydon promet
de confacrer à Diane , & qui- devoit avoir des cothurnes
rouges. Mais cette chauflure rouge rappelle plus
vivement l’identité reconnue par les Grecs d’Afie entre
Diane & Cé rè s , & les épithètes communes à l'une & à
Diane, dit Winckelmann , eft la feule déefle qui pa-
roifle quelquefois avec un fein découvert. Orphée I appelle
diejfe aux longues draperies ; aufli la voit-on ainfi ve-
tue fur quelques monumens. — Elle y paroît quelquefois .
traînée par deux cerfs, & portant une torche ; quelque- ;
fois montée fur un ce r f, ou le tenant d une main. :
Les Étrufques, comme les anciens Grecs ( Paufan
lib. y , pag. 424) , donnoient des ailes à Diane. Elle en
portoit fur le coffre de Cypfelus, & on lui en voit de
très-grandes fur une pierre gravée de la galerie de Florence.
Diane ou Lune. Son article eft plus haut.
Diane d’Éphèse. La célébrité du temple d’Ephèfe ,
de là ftatue de Diane qu’ il renfermoit, & ies honneurs
qu’ on lui rendoit, en firent un culte particulier qui fé répandit
dans toute l’Afie. La nature & fa force génératrice
étoient repréfentées par le grand nombre & la
grofifeur des mamelles, de cette ftatue , & par les divers
animaux dont elle.eft chargée. On voit ici (PL CCXII,
7i°. 2) cette figure bizarre qui rappelle les Divinités de
l’Inde. Elle eft tirée de •/’Antiquité expliquée ( tome 1,
PL X C X IV ) . Ménetrier l’avoit publiée, d’après Béger,
dans fa Dijferiationfur les attributs de Diane d‘Eph'efe.
HÉCATE. Les uns reconnoifîçnt Diane, d’autres
Ifis-irritée, d’autres la Lune, d’autres Proferpine, fous .
cet emblème: tous du moins font d’accord que^c’étoit
une divinité vengereffe des crimes. On plaçoit les ftatues
& Hécate dans les carrefours & devant les portes des
maifons, parce que , difoit-on , fes ftatues feules chaf-
foient les fpe&res. D’un autre cô té , Hécate apparoiffoit
dans la nuit, fous des formes effrayantes. — PL CCXII,
n°. 3. L’ancienne Hécate étoit repréfentée avec un feul
vifage & avec un feul corps. Celle-ci fe voit fur une
lampe antique du Recueil de Pafteri ( tom. 1, tab. 97). —
PL C C X lîï, /i0. 1. Paufanias ( Corintk. cap. 30) dit.que
le feulpteur Alcamène fit le premier, dans le cinquième
fièele avant l’ère vulgaire, une ftatue à*Hécate avec trois
vifages & avec trois corps adofles les uns aux autres.
Lachauflè (Muf Roman, tab. 13) en a publié une fem-
blable qui a été inférée dans VAntiquité expliquée ( tom., 7,
PL X C , n°. y ) . Une des tétés eft coiffée avec 1 e lotus 3
commeTétoit Ifis j tiné autre porte le bonnet phrygien ,
entouré d’ünè couronne à rayons 5 là troifième porte une
couronne de laurier. Les mains d’un corps' tiennent deux
torches} celles d un autre tiennent un poignard & un
ferpent; celles du troifième tie'nnentun fouet de cordes,
& la clef qui ouvre la région des ténèbres, Aufli voit-on
fur une pâte antique de Stofch ; Hécate aveC' Pluton &
IflS. ' V; .
; P LU TON. J’ ai dit ailleurs que les fnonumensTur lef-
quels P Laoneft repréfenté d’une manière diftincte, font
fort rares. J’excepte les monumens fur lefqtiels il enlève
Proferpine, & ceux que le cala chus oü la corbeille' placée
fur la fêté fait attribuer à'Sérapis. Le n°. 2 , PL CCXUI,
eft tiré d’ une belle pierre gravée de la galërfe de Florence.;
( Tom. I I y tab. 72 , n°. I .) Là'tête eft déffinée
ailleurs plus en grand. Le Cerbère & l’abfencè du ca~
lathus font reconnoître ici Plutcn : il porte le fceptre
comme les. grands Dieux. Quant à la fourche à deux de-nts
que des,monumens lui donnent pour attribut,les auteurs
anciens n’ en parlent point. — On peut donner à Plut-on.
des draperies noires. ( Claudiàn. de Raptu. Prejerp. lib. 1,
79 ) ,
PLUTUS. On a confondu quelquefois Pluton avec
Plutus, le dieu des richefies, parce que l’on tire l’or des
entrailles 'de la terre > mais ce font deux Divinités très-
diftindtes. On ne trouve Plutus fur aucun monument}
mais Philoftrate ( lcon. lib. 2 , cap. 27 ) dit qu’on voyoit
ce dieu peint au defîiis de la citadelle de Rhodes. « Il
>3 avoit des ailes pour défigner fa defeente du ciel 5 il
33 etoit d’or pour rappeler la fubftance dans laquelle il
53 s’étoit montre ; enfin, il étoit repréfenté, avec des
33 y eux , parce que la Providence célefte le leur avoit
33 envoyé. »3 L’écrivain a raifpn de parler ici de fa bonne
vu e, car on peignoit fouvent Plutus aveugle, & quelquefois
boiteux , par une fiction morale. — A Thèbes,
la Fortune tenoit dans fes bras Plutus enfant} à Athènes,
c’étoit la Paix.
PROSERPINE. Sur les monumens, Proferpine ne porte,
aucun attribut qui puifîe la caractérifer.
PARQUES. Les artiftes anciens ont repréfenté ordinairement
les Parques fous la figure de vierges jeunes &
belles, quelquefois avec des ailes à la tête , quoique les
poètes les aient peintes vieilles & même boiteufes. Dans
le périftile du temple d’Apollon à Delphes ( Paufanias ,
lib. 10, pag. 858 ) , on ne voyoit que deux Parques. On
n’en voit pareillement que deux fur un bas-relief du
muféum Capitolin ( tom. I V 3 tav. 2 y ) , qui repréfentent
Prométhée formant l’homme ; elles font belles & jeunes
toutes deux : l’ une tient une quenouille, & l’ autre,.regardant
le Zodiaque tracé fur un globe, tient une baguette
& un petit vafe, qui peut être une écritoire. —
Elles font trois fur un beau farcophage • du Capitole
( Muf. Capit. tom. IV , tav. 29 ) -, qui repréfente la Lune
& Endimion. L’ une file, & tient une quenouille & un
fufeau femblables aux nôtres } une autre tient des deux
mains un rouleau déployé en partie , parce que les
Parques étoiént les gardiennes des décrets de Jupiter,
félon Marcianus Capella : de là vient que l’ on voit ordinairement
une des Parques dans T attitude d’écrire fur-
un rouleau. Entre ces deux Parques eft placée la troifième,
d’ une taille plus élevée, portant un diadème, &
tenant une balance & une corne d’abondance.
La Parque dont on voit lé deflin au n°. 3, Pl. CCXIII,
tient de la droite l e ’ flyle pour écrire, & de la gauche
une tablette double ( un diptyque ) ; elle pofe le pied
gauche fur une roue, emblème ordinaire de la vie humaine.
Cëtte Parque eft tirée d’ un bas-relief de la villa
Borghèfe ( Sculpt. tom. 13 tav. 12 , pag. 58 ) 5 il repréfente
la mort de Méléagre. A une extrémité , la mère de
cet infortuné jeune homme, animée par une Furie, brûle
le fatal tifôn. La Parque eft placée auprès d’elle.
; Le n°. 4 , Pl. CCXUI, préfente les trois Parques ; elles
font tirées d’un fragment de bas-rélief du muféum Pio-
Clémentin, trouvé à Oftie , qui repréfente Prométhée
animant des corps.. Clotho tient le rouleau de la main
gauche , 8t peut-être une écritoire de la droite. Lachéfis
tient le gloDe célefte & la baguette. Atropos, enfin,
montré de là droite à celle-ci un objet extraordinaire
qu’elle porte du bras gauche : c’eft la mefure appelée,
coudée. Un ancien poète cité par Synéfius ( Epi f i . 94) ,
dit à Néméfis : « T u mefures (examines) toujours la vie