
feul d’entr’eux furvécut à cette défaite, & qu’ il en porta ;
ia nouvelle à Athènes...... « Mais les veuves des morts , i
» voyant avec indignation que celui-là feul étoit échappé,
a» l’entourèrent, le faifirent & le percèrent avec les
» agraffes de leur habillement, en lui demandant cha-
33 cune des nouvelles de leurs époux 5 de forte qu’il mou-
33 rut. Les Athéniens, plus affligés de ce meurtre que de
33 la défaite , mais ne pouvant en punir leurs époufes,
».changèrent leur habillement, & leur firent prendre
33 celui des Ioniennes ( car auparavanties Athéniennes
33 portoient celui des Doriennes, pareil à celui des Co-
33 rinthiennes ) : ils leur donnèrent des habillemens^ de
33 Un , dontl’ ufage n’exigeoit point d’agraffe. Pour s’ex-
33 primer plus exa&ement, dans l’origine cet habille-
39 ment ne fut point ionien, mais carien ; car- ancien-
33 nement l’habillement entier des femmes grecques étoit
33 celui que nous appelons dorien. Pour ce qui regarde
» les Argiens & les Eginètes, ils firent, chacun dans leur
33 contrée, une loi qui prefcrivoit de donner aux agraffes
33 une fois 8c demie fS longueur qu’elles avoient alors ,
»'■ 8c qui ordonnoit aux femmes a’en confacrer de pa-
33 reilles dans les temples.... Il y eut depuis une telle
33 émulation entre les femmes des Argiens & celles des
3» Éginètes, contre les Athéniennes, que les premières
33 portèrent, 8c portent encore au moment où j’écris,
33 des agraffes plus grandes qu’elles l’étoient autrefois. 33.
Il faut confulter l’article des Cariens & celui des Ioniens
pour entendre ce paffage. Les agraffes dont il y eft
fait mention lioient fur l’épaule ou fur le haut du bras-
( tus 7t;çô?ct; , t£v au, air , dit en rapportant ce faitlefchô-
liafte d’Euripide, Hecub. 933 ) l’ancien habillement des
Athéniennes. Au refte , ’ oh vit reparoître, fous le Bas-
Empire , ces grandes agraffes » elles eurent environ
deux millimètres ( fix à fept pouces ) de longueur.
Sylburge a rapporté un pafîage d’ un fcholiafte (Clemens
AlexandrinP&dag. I l , cap.' 10 , pcg. 138..... pag. 8 tf.
Paris, 1^41 ) , qui jette un grand jour fur le texte d’Hérodote.
If dit des Làcédémoniennes.....' « Comme elles
»? portoient des,timiques fans manches., on voyoit leurs
33 -bras depuis l’épaule jüfqu’au poignet ; ce qui eft.éyi-
33 dent d’après les plus anciennes ftatues 8c les portraits
33 de femmes. Être vêtu à la dorienne défignoit l’ ufage
33 de cet habillement dépourvu de manche? ; car lès Do-
33 riens le portoient ainfi, de même que lès Lacedémq-
33 niens. Au contraire , être vêtu à l’ ionienne défignoit
»» l’ufage des habillemens garnis de manches , tels què
33 les portoientles Athéniennes : auffi les Ioniens étoient-
»» ils appelés Athéniens , à caufe qu’ ils étoient une colonie
33 venue de l’Attique. 33 L’ anciën habillement des Athéniennes
étoit donc dépourvu de manches ,' lié avec des
agraffes, & probablement fait d’ étoffes de laine. Depuis
la défaite d’ Égine leur habillement fut de lin , garni de
manches, 8c fans agraffes ( dans le fîxième fiècle avant
l’ère vulgaire ).
BÉOTIENS. Les neiges étoient abondantes enBéotie;
c’eft pourquoi Héfiode , qui y étoit né , recommandoit
à fes compatriotes (. Osera, idc. , verf. y 36 ) . . . . “ de fe
33 défendre du froid avec un manteau épais, une tunique
?3 fort longue, 8c en fabriquant les étoffes de ces habil-
» lémens avec une trame très-épaiffe.' »»
CARIENS, Euftathe dit ( l lia d .y , 42 y ) ....« Agraffe
>3 par Hérodote, habillement dorien ceîui.des femmes, 1
« qui étoit ainfi fixé. Tel fu t , dit-il, l’ancien habille- |
33 ment de toutes les femmes, 8c il appelle tunique de |
33 lin celle dés Carienires. »>
COLOPHONIENS. Théopompe , cité par Athénée
( X I I , cap. 6 ) , dit que mille des habitans de Colophon
en Ionie fe promenèrent dans la v ille , portant de longues
tuniques de pourpre, luxe réfervé pour les Rois > car la
livre de pourpre coûtoit une livre d’ argent.
33 que les femmes portoient autrefois fur la poitrine, pour
»» aflujettir le manteau. Les Doriensles premiers fixèrent
v leurs manteaux avec des agraffes> ce qui fit appeler,
CORINTHIENS. Leurs femmes portoient l’habillement
des Doriens ( comme on l ’a $vu dans l’article des
Athéniens ) , c’eft-à-dire , des tuniques fans manches.
CUMÉENS de la Campanie portoient, dit un hif-
torien cité par Athénée ( X I I , cap. 6 ) , des^ ornemens
d’ or , des habillemens faits avec des étoffes à fleurs, &
montoient des chars attelés de deux chevaux quand ils
alloient à la campagne avec leurs époufes.
DORIENS. On comprenoit fous ce nom tous les habitans
du Péloponnèfe, depuis que les Doriens, conduits
par les Héracüdes , en eurent chaffé les Ioniens. Les
Arcadiens feuls ne leur furent pas fournis > mais ils établirent
une colonie à Mégare, (. Voyez les1 articles des
Athéniennes 8c du Péloponnèse. )
ÉPIRE. Ceux des Épirotes qui étoient voifins de Cor-
■ cyre , ! partaient, étoient cçiffés & s'habillaient comme
les Macédoniens ( Strab. V I I3 pag. 327 - 162.0 ).
EUBÉE. Les habitans de l’Eubée portoient au liège
de T roÿe les cheveux longs par-derrière, & courts par-
devant. ( Voyei Abantes. ) Les pauvres portoient dans
,cettè île des tuniques de peau de porc ( Paufan. Arcad.
cap. 1 ):
ILOTES. Myron de Pryène., cité par Athénée ( X IV ,
cap. 21 ) , dit que les Lacédémoniens forçoient les Ilotes
à porter des bonnets de pèaux 8c des tuniques de la même
matière.
IONIENS. Les Ioniens furent célèbres dans l’ Antiquité
parle luxe & lamolleffe qui diftinguoient les Afiatiques,
au nombre defquels Es étoient comptés. Thucydide ( III,
cap. 104 ) cite des vers de l’hymne d’ Apollon compofé
par Homère , où les Ioniens font défignes par l’épithete
è\Kt<ri%lra>ves, vêtus de longues tuniques. S'ils ne les portoient
pas traînantes , du moins ces tuniques étoient-
elles beaucoup plus longues que celles des Grecs d'Europe
, telles a peu près que les habillemens des Turcs,
qui defcendent jufqu’ aux cheviEes des pieds. Antiphanes,
cité par Athénée ( X II, cap. 6 ) , dit de tous les Ioniens.....
« Peuple efféminé , adonné aux plaifirs, vêtu avec le plus
33 grand luxe. »» Démocrite d’Ëphèfe, cité par le meme
écrivain ( ibidem ) , difoit des Éphéfiens......cc Ils portent
33 des habElemens de diverfés couleurs..... Les habille-
>3 méns des Ioniens font violets, pourpres & jaunes, avec
33 des lofanges brochées. Leur chevelure eft féparée en
>» deux, 8c ornée de figures d’ animaux ( de cigales* d’or,
.3 dit Thucydide, T , chap.A ) . Ils portent des farapis
» jaunes, pourpres, blanches; des calafiris faites a Co-
33 rinthe..... Les plus belles calafiris font celles qui
»•viennent dë Perfe......Les Éphéfiens portent auffi les
33 plus précieux des habillemens des Perles, ceux quj>n
» appelle citées. Ils font faits avec une étoffe d’ un tilfu
fTs ferré, qui leur donne à la fois de la force,& de la légé-
„ retd. On y attache, avec des bandelettes de pourpre,
des grains d’or femblables à ceux de millet. >3 . K La chauffure des Ioniens caradérifoit en Grèce les
Igens efféminés (Apollon. Eptfi. 63 ).
t LACÉDÉMONIENS & SPARTIATES. Je fuis forcé
|d e les réunir dans un feul article , quoique les féconds
habitaffent feuls la ville de Sparte , tandis que les autres
habitoient toutes les contrées foumifes aux premiers, la
ville exceptée.
Au cinquième fiècle avant l’ ère vulgaire , les Lacédémoniens
portoient encore la barbe 8c la chevelure longues
( chevelure feulement moins courte que celle , des
filtres Grecs 8c des Romains), conformément aux infti-
*tutions de Lycurgue ,‘ comme on Te voit dans la Vie de
Nicias, par Plutarque (Brianis I I I , pag. 231 ).-Lycurgue
difoit que les longues chevelures rendoient les hommes
plus beaux lorfqu’ elles étoient bien arrangées , & plus
redoutables lorfqu’elles étoient en défordre (ibidem,
pag. <, in Lyfandro). Les Spartiates peignèrent 8c mirent
en ordre leur chevelure au moment qui précéda Iè
Jeombat des Thermopyles ( Synef. pag. 79-1633 ) . Us portoient
encore la longue chevelure, Ta cnauflure & le vêlement
qui les caradérifoient à l’epoque de la ligue des
Achéens (Paufan. Achaic. cap. 1 f ). Mais lès inftitutions
de Lycurgue perdirent leur force prefqù’ëntiérementdans
le fécond fiècle avant lere vulgaire , quoiqu’il en fubfif-
tât quelque tracé dans l’éducation de la jeunefle trois
fiècles après. Au refte, le luxe dans le coftume avoit déjà
pôrté, avant cette .époque , diverfes atteintes aux fqjjè-
fës inftitutions ; car le comique Antiphane, qui vivoit
dans le fiècle d’Alexandre (Atken. X I V , cap. 8 ) , parle
dès filets de pourpre dans lefquels dès otages lacédémo-
hiens rènfermoient leurs cheveux. Sous le règne de Do-
mitien, Apollonius (Epifi. 63 ) reproche aux Lacédémoniens
de ne plus porfÉr la barbe, de s’épiler , de porter
des Ima d’etoffe douce 8c légère, des anneaux ; d’être
chauffes comme les Ioniens.
"La chevelure lacédémonienne diftingua aüflî les Thu-
riens , les Tarentins 8c tous ceux, dit Phiioftrate (Apol-
hn. Vit. I I I , cap. 1 y ) , qui chériffoient les inftitutions
de Lycurgue.
S t Les Lacédémoniens portoient un bonnet de la forme
d'un oeuf coupé par la moitié, fëmblable à celui des
Diofcures, 8c le bonnet lacédémonien faifoit proverbe dans
là Grècë (Appian, Bell. Syriac. pag. 185, tom. 1 , 1670). j
Ils ceffèrent de le porter en abandonnant les inftitutions
de Lycurgue, 8c Dion - Chryfoftôme, parlant dans le[
deuxième fiècle de l’ ère vulgaire ( Orat. 7 1 , pag. 628)
de certains bonnets ,le s compare à ceux « que portoiei.t
.** autrefois les Lacédémoniens. 33
^fe Tant quêlês inftitutions de Lycurgue furent en vigueur,
les Lacédémoniens ne portèrent qu’ un manteau fans tuniq
u e , ciytv %it£vos (Plutarc. Infiit. lacon. tom. V I , pag. 7 7 ,
Briani), & le même manteau dans toutes les faifons. Ce
manteau étoit cle couleur obfcure & d’ une étoffe grof-
Jiere , & e etoit ainfi que le portoient ceux des Athé-
.niens qui affeâoient de paroître dans Athènes avec le
coftume auftèré des Lacédémoniens. Bémofthène (Adv.
Conon. pag. 732, Wolfii, i t f i ) nomme ëntr’autres Dio-
■ ;<|une . Archébiade, Çhæretius , & il les. dépeint ainfi......
'^c^lls- :ont un air févère, des manteaux grofliers, des
chauflures très-fimples. »Plutarque (P'nocio Briani,
IVy pag. 18y) ajoute à ce portrait une barbe très-
longue.
On a vu plus haut que les Lacédémoniens avoient une
chauffure particulière. On a cru que la couleur rouge en
faifoit le caractère diftinâif (Pollux. V i l , cap. 2 2 ,
fegm. 88 } ; mais on lit dans Athénée ( V , cap. 14) , que
Lyfias, tyran de T arfe, portoit une chauffure blanche
' 33 laconienne. » Je crois trouver ce caraéière dans le
paffage de Démofthène, cité plus haut, où il défigne la
chauffure des Lacédémoniens parle mot «wAi?, fimple ou
fans ornemens.
Les Lacédémoniens portoient ordinairement (non dans
les affemblées politiques ) de gros bâtons recourbés à
leur extrémité fupé-neure ( Arifio, han. Avts , 1283, &
Schol. ). Jamais ils ne fe baignoient ni ne fe frottoient
avec des huilés odorantes ( Plutarc. Infiit. lacon. Briani,
V I , pag. 7 1 ) . — Ils ne portoient jamais de pourpre
( Llem. Alex. Stromat. I , pag. 294-1641 ). Dans le fiècle
où Pline.écrivoit ( X X X l l I , cap. i , feci. 14 ) ils n’a-
; voient encore que des anneaux de fer. — Les Rois,; les
Ephorés, ne portoient aucune diftinélion particulière.—
Les Lacédémoniens prenoient leurs repas , affis fur des
bancs de bois, tandis que les autres Grecs mangeoient
couchés fur des lits ( Atken. X I1 , cap. 3 ). — Lycurgue,
voulant détruire la fuperftition des tombeaux, dit Plutarque
(Infiit. lacon. Briani , V I , pag. 80) , permit d'én-
terre,r dans les v illes, & même auprès des temples. On
enveloppoit les corps dans une étoffe rouge , on les dé-
pofoit fur un lit de feuilles d’ olivier ; mais on ne pouvoit
graver , fur les. tombeaux, que les noms des nommes
morts*à. la guerre, 8c des femmes qui avoient vécu fain-
tement\ Ugds, dit Plutarque (in Lycurg. Briani , I ,
pag.:iioy.idfjg Ceux qui avoient pris la fuite dans un combat,
étoient condamnes à porter toujours des manteaux
couyerts de pièces, d’ une couleur très-obfcure, & à
rafer la moitié de leur barbe.
L ’éducation des Lacédémoniens étoit très-auftère. Les
enfans marchoient nus pieds, la tête raiee. A l'âge de
douze ans , ils portoient un manteau , le même pendant
toute l’année. Quand ils marchoient, ils cachoient leurs
mains fous cet habillement, &-iIs ne levoient pas les
yeux; jamais ils Me portoiènt de tunique ; jamais ils ne
prenoient de bains hors des tivieres ( Xenoph. Lacsd.
Rejpubl. cap. 2, 3. -— Plutarc. in Lycurg.).
Les Làcédémoniennes mariées portoient ordinairement
une tunique, un manteau, mais toujours un voile en
public ( Plutarc. Apoph. lacon. Charil. Briani, V I , p. 64).
Les filles n’ avoietjfcpour tout habillement qu’ une tunique,
y.oyo^lTavsç ( ibid. in Pyrrko, I I , pag. 472 ) , & cette tunique
différoit de celle des femmes 8c de celle des autres
Grecques. Les deux pièces qui, par les coutures fur les
deux côtés, formoient les tuniques ordinaires, n’étoient
point, coufues enfemble depuis les hanches jufqu’ au bas j
de forte que, dans la marche, elles flottoient au gré des
vents , & elles laiffajent les cuiffes découvertes ( ibid.
in Parallel. Lycurgi & NumA, I , pag. 168 ) . Sur les théâtres
, Hermione paroiffoit avec cette tunique pour indiquer
qu’ elle étoit de Sparte.
Les Lacédémoniens enlevoient leurs futures époufes ;
enfuite la femme qui préfidoit aux mariages , leur cou-
poit les cheveux, les çhauffoit avec une chauffure, &
les couvroit avec un manteau d’homme 3 enfin, elle les
laiffoit feules, fans lumière^ & couchées fur un lit de
feuillages.
Un article tel que celui-ci, où tout eft extraordinaire,
demanderoit à être fortifié par des preuves tirées des
Q