
portèrent la barbe. Ces Empereurs, étant pour la plupart
nés de familles grecques, fe conformèrent à I’ufage des
Grecs, qui, depuis Juftinien, portoient de longues barb
es, & qui les confervèrent jufqu’ à la prife de Conftan-
tinople, quoique les Romains n’euffent point ceflé de fe
faire rafer.
§. IV . De la barbe cke% les Barbares,
Les fculpteurs grecs & romains ont ordinairement
repréfenté les Barbares avec de la barbe , finon entière,
du moins avec des mouftaches. On les voit au prétendu
Gladiateur mourant, au prétendu Pétus, au prétendu
Remouleur, &c. La barbe hériflee ou les mouftaches
étoient même un cara&ère diftinétif des Barbares.
Pour connoître les monumens qui peuvent fervir à
faire connoître les ufages divers des Barbares relativement
à la barbe, on confultera, i° . les Planches qui cor-
refpondent à ce chapitre troifième du livre des Coftumes
civils ; 2°. celles qui repréfentent les Barbares dans la
partie des Figures hifioriques.
On peut aire en général que les Orientaux portoient
la barbe.
Les Afîyriens portoient la barbe ; car les hiftoriens
font obferver comme un ligne de molleffe, que Sarda-
napale II fe faifoit rafer tous les jours.
Les Rois de Perfe, félon faint Chryfoftôme, entortil-
loient de fils d'or leur longue barbe.
D’après les médailles de Juba, on -peut dire que |J
Africains portoient la barbe.
Le portrait de Magas, Roi de la Cyrénaïque I
PI. X X X V 3 n°. 2 , prouve que les Cyrénéens fetaîl
foient comme les Égyptiens, avec lefquels ils avoiem|
tant d’ filages communs.
Les Etrufques paroilfent avoir fuivi, relativement à],I
barbe, les ufages des Grecs.
Les Gaulois fe faifoient remarquer par leur chevelure!
blonde & par une barbe courte. La liberté de fe couper!
la barbe pour la première fois é to it, chez les Gaulois I
une récompenfe accordée au courage : il falloit, p0l|| I
l’obtenir, avoir tué un ennemi. Ceux d’entr’eux qu’on I
appeloit les braves, faifoient fouvent voeu de laiffer croître I
toute leur barbe tant qu’ ils n’auroient pas défait tel ou tel
ennemi. Cet ufage fubfiftoit encore en France au feptième
fiècle. Dans la Province romaine, les Gaulois fe rafoient
comme les Romains } mais dans le refte des Gaiiles, &
furtout dans la Belgique, ils gardèrent les ufages delà
Germanie, dont ils étoient originaires.
Les Francs, qui les conquirent, juroient par leur barbe,
& tenoient à déshonneur-de fe lavoir couper.
Les habitans de la Germanie & les peuples qui en,
étoient fortis, portoient la barbe, mais coupée de Mi-
rentes manières. Les uns ne confervoient que de longues
& larges mouftaches $ les autres fe rafoiènt les joues,
mais non le menton. Plufieurs portoient une barbe courte,
qu’ ils coupoient de teips à autre.
CHAPITRE IV.
O R N E M E N S D I V E R S .
Ob s e r v a t ions générales.
S o u s le nom A'ornemens je défigne ici feulement les
ornemens qui faifoient partie du cpfiume, tels que les
boucles d’ oreille, les bracelets, &e. que l’on plaçoit
immédiatement fur la peau} & la ceinture, les mouchoirs
, Sec. que l’on nè plaçoit pas de même.
Les ornemens impériaux ici décrits font ceux qui for-
moient les attributs exclufifs de la fouveraineté.
J’ai parlé, dans le' commencement de ce liv re , des
bordures, des bords, des franges, des pièces d’applique
, des broderies, des plis, de la doublure des vête-
mens.
J’ ajouterai à ce que j’ai dit des broderies, qu’ on y joi-
gnoit les couleurs couchées i plat pour former des ef-
pèces de tableaux, &.que l’onbrodoit, fur les vêtemens,
des lettres, des noms, des*infcriptions, & même des
vers. Philippe Rubens, frère du peintre célèbre, en pré-
fente des exemples curieux ( Eleftorum lib. 2 , cap. i ) ,
qui fe rapportent au Bas-Empire. Spartien ( in Carino )
parle d’un manteau de pourpre , fur lequel on Iifoit les
noms de Mejfalla & de fon époufe. Aufone dit d’une
femme appelée Sabine, qu’elle faifoit des vers & qu’elle
les tiffoit fur fes vêtemens. Gratien annonce à Aufone
qu’il lui envoie une tunique, fur laquelle eft tiflii le portrait
de fon père Confiance. Afterius, évêque d’Amafée
dans le quatrième fiècle, dit, dans une de fes Homélies,.
« que l’on avoit inventé une manière de tilfer telle, que,,
« par les cpmbinaifons variées de la. trame & de la
»» chaîne, on produifoit des tableaux..... Par ce moyen
» (appelé aujourd’hui /’art de brocher) on peignoit, lui
» les tuniques & les manteaux, des hommes, des fera-
» mes & des enfans , toutes les efpèces d’animaux &de
» fleurs, des lions, des panthères, des ours, des tau-
as reaux, des chiens, des forêts, des rochers, des chaf-
33 feurs, & c ..... Les paflans s’arrêtoient pour les exa-
33 miner-, comme ils auroient fait pour des murailles
33 peintes......Les plus religieux tiroient de l’Évangile les
33 fujets de ces tableaux : le Chrift avec les difciples ; les
33 principaux miracles } les Noces de Cana avec les crû-
33 ches} le Paralytique portant fon lit fur fes épaules.;
33 l’Aveugle guéri avec de la boue} l’Hémorroïffe tou-
33 chant le bord de la tunique ; la Péeherefle aux pie®
>» de Jéfus ; Lazare Portant au fépulcre, &c. »
On avoit vu quelquefois le même luxe chez les Grecs.
Zeuxisfe montroit aux jeux olympiques, revêtu d’un
teau de pourpre, fur lequel fon nom étoit écrit en lettres
d’or. Sur le manteau dè Démétrius-Poliocerte brilloient
les planètes & les çonftellations. ,
Enfin, fur les toiles de coton de l’ Inde & de l’ÈgyPte>
on voyoit peints des fleurs bizarres, des animaux P'
Mftiques, Scç. . ■ -is..
ifrebellnis Pollion H Quieto),.i-ptH avoir dit que,
, . farnnie des Macriens, les hommes & les femmes
d|n? ‘t le portrait d’Alexandre-le-Grand tiffu fur leurs
fiiciues & fur leurs manteaux, parle d’ un autre genre
dfluxe celui des pierres gravées; il ajoute qu’ils pla-
client la tête du conquérant de la Perfe, les hommes
f j leurs'anneaux & fur leur vaiffelie, les femmes dans
leùrs réfeaux, leurs bracelets, leurs anneaux, & fur
tdlites fortes d’ornemens. Les chauffures mêmes étoient'
oîriées de pierres gravées. Après cela on ne doit pas être
éî>nné de l’immenfe quantité quinous en eft parvenue.
®e ne parle point du diamant■. Les Anciens ne favoient
nifle tailler ni le polir, quoiqu’ils l’employaffent, réduit
en poudre, au travail des autres gemmes & des pierres
pègeieufes. Le diamant qui a roulé dans les rivières, y
f˰jc quelquefois le poliment par le frottement contre
dfutres diamans: c’eu alors un brut ingénu ou un e pointe
nàve. Les Anciens en ont eu de cette forte ; mais ils étoient
filares, qu’on les regardoit comme deftinés uniquement
aux Rois, & même aux plus puiffans (Plia. X X X V i l 3
4 I Louis de Berquen inventa en 1476, à Paris, l’art de
tailler & de polir le diamant. Cent ans après, Clément
d| Birague, Milanais, grava le premier fur cette pierre
Amure.
IjLes perles devinrent un objet de luxe très-recherché
fous lés Empereurs. Charès de Mitylène, un des hifto-
riens d’Alexandre, cité par Athénée (lib. 3, cap. 1.3), dit
que «dans la mer des Indes on pêchoit une efpèce
« d’huître, de laquelle on tiroit des os blancs, appelés
merles; qu’on en faifoit des colliers, des bracelets pour
#Jes mains & les pieds} que les Perfes, les Mèdes &
»fies autres Afiatiques recherchoient ces colliers avec
» iempreflement, & les préféroient à ceux, que l’ on fai-
»Sfoit avec l’or. 33 Sous le, Bas-Empire, les Empereurs ,
Ifs Confuls & les gens riches ornèrent de perles tous
leurs vêtemens, depuis la tête jufqu’aux pieds.
§. Ier, Des hommes.
«Les Perfes portoient des boucles d'oreille. Diodore
(/#. 5 , cap. 4J ) dit de certains infulaires, « qu’ ils or-
HfëfeyÉ ^eurs ore^ es avec des anneaux , comme les
»y Perles. » On dépofa dans le tombeau de Cyrus ( Ar-
^ ) fes vêtemens & fes ornemens royaux, fes
colliers, fes boucles d’oreille, r* Lei]i<c. On les voit aux
tétes des Perfes & des Par thés , qui font deffinées dans
le paragraphe des coiffures des Barbares.
Xénophon (de CyriExped. lib. 3^ cap. 1, n°. 21) raconte
quan reconnut pour étranger un certain Apollonide, qui
|diioit Béotien, ce ]I n’eft, difoit Agafias, ni Béotien ni
I l , c ; car il a , comme les Lydiens, les oreilles per-
* cees. 33 I 1 3 r
A1 e x tu ? E m p ir ic u s ( lib. 3 s cap. 24 ) dit qu’il eft hon-
oiïjX|f0lr Un ^ree porter des boucles d’oreille, mais
H e es iont un ligne de noblelfe chez certains Barbares,
l a n . 1
j f , ^ * Pline dit (X I3 yj\ de tout l’Orient, que les
»11 p eX'6Sy Hortoient des boucles d’oreille,
blndîf m^me des Africains : auffi Cicéron rêne
me R mec, m-raePt à un certain O&avius, qui difoit
M «on entenc“e réciter un de fes plaidoyers : « Je m’en
•>R>errI'e ,/C»ï vous avez toujours eu les oreilles bien
canif Li-8 ^ilacrob- Satura. VJIS cap. 3 ). » Il lui repro-
ilwftiv1 Ire . u^fut fa nailfance. Ô&avius la difoit très-
tains t.n^U'^u 1 Put originaire de la Lybie. Les Afri-
aT P rt01ent encore des boucles d’oreille du tems
de faint Auguftin, qui leur reprochoit ce luxe : inaures
virorum. -
On a vu qu e , chez les Grecs & chez les Romains,
les hommes lages auroient rougi de porter des boucles'
d'oreille : cependant Achille , peint fur un vafe grec
du Vatican, porte cet ornement; & chez les Gress, les
enfans de condition libre le portoient comme un figue
d'ingénuité.
Les Anciens, excepté ceux qui habitoient les contrées
froides du feptentvion, avoient toujours le cou nu, comme
l’ont encore aujourd’hui les Levantins & les Africains.
Plutarque (apud Phoùum, pag. 1 193 ) raconte que Dé-
mofthène ayant reçu, pendant une nuit, des préfens
1 d’Harpalus , & ne voulant pas foutenir une opinion con-
’ traire à celle qu'il avoit établie la veille, parut dans l’ al-
I femblée du peuple le cou enveloppé dans des bandelettes
de laine, & qu’ayant été invité à parler, il- refufa,
prétextant, une extin&ion de voix.
11 en étoit de même à Rome : auffi Quintilien ( X I 9
cap. 3 ) dit-il que la mauvaife fanté peut feulé faire ex-
eufer en public l'ufage des habillemens qui entouroienc
le cou, desfocalia. Dion (lib. 6 3, cap. 13 ) rapporte de
Néron, comme un excès de molleffe, qu’il recevoit les
Sénateurs vêtu d’une tunique légère, ornée de fleurs
peintes, & ayant autour du cou un linge, nvàbno>.
Les Grecs & les Romains né portoient point de colliers
dans le coftume civil : c’ëtoit un des ornemens de
leurs femmes. Dans le coftume militaire ils portoient les
colliers, qui étoient une des récompenfes de la bravoure..
Les Gaulois portoient des colliers d’or. Les Bretons
(Herodian. I I I , 14) fe paroient avec des colliers de fe r ,
avec des colliers d'ivoire félon Strabon ( IV } pag. 138)
ou plutôt, comme le dit Solin (cap. 2 2 ) , des colliers
faits, ainfi que leurs gardes d’épé e, avec des dents de*
cétacées, qu’ils favoient rendre auffi blanches que l’ivoire.
Ammien-Marcellin ( lib. 24) dit qu après la défaite de.
Créfus & la conquête de l’ Inde, les Perfes fe parèrenc
avec des bracelets, des colliers d’ o r , des pierres prér:
cieufes & des perles;
Je parle ici des colliers du prétendu Gladiateur mourant
& du prétendu Gladiateur Bâton de la villa Pamfili,
parce qu’ on ne fait précifément à quels peuples ils ap-j
partiennent. On voit le collier du fécond fous le n°. 1 9
PI. CXLVIl. Le collier du premier eft deffine dans la
§. 3 du chapitre III de ce livre. On l a pris long-tems
pour une corde, avec laquelle le prétendu Gladiateuf
auroitété étrangle}.mais aujourd'hui que cette ftatue fait
partie de la colleétion du Mufée Napoléon, j’ai obfervé
qu’ il y avoit une interruption abfolue entre les deux
prétendus noeuds. C’eft donc un collier fait encorde,
qui devoit avoir du reffort, & dont les bouts’ fe rapprochaient
fans fe recouvrir. Je puis citer trois colliers 8c
un bracelet travaillés fous cette forme. Au moment oü
j’écrivois cet article , j’ai reçu d’Athènes une lettre dè
M. Fauvel, correfpondant de l’Inftitut, qui m’annonce
que, dans les ruines d'un temple de Cérès, fitué dans
le port de Phalère, il a trouvé, avec beaucoup d'autres
antiques, un collier en bronze, femblable a celui du Gladiateur
mourant. Je donne encore celui du «°. 2, PL CXL V I I .
qui eft tiré des Monumenti antichi de Winckelmann
On diftinguoit chez les Anciens deux fortes de bracelets;
les uns que l'on plaçoit au milieu de l’avant-bras ou
du bras, les autres que l’on plaçoit près du poignet. On
les voit toutes deux fur un bras tiré des peintures d’Her-
iculanum, & deffiné ici fous lé n°. 3 , PL CXLVIl.
D d