
. FIDÉLITÉ , ATTACHEMENT. Fides eft le mot
latin qui exprime les deux mots français. Le fymbole de
la Fidélité étoit deux mains jointes ou une figure debout
tenant la corne d'abondance, ou une femme debout
tenant des épis & un panier de fruits, comme on le voit
fur une médaille de Piotine ( Gejfn. I I , tab. 83 , n°. 10),
avec la légende fides auc-usti. s. c. Lorfque le type
eft relatif à la Fidélité des armées ou de quelque corps
militaire, on voit des enfeignes dans le champ, & la Fidélité
debout ou aflife, qui les touche. Sur une médaille
d’Élagabale (Gejfn. I l , tab. 158, n°. 18) , la Fidélité
touche une enfeigne d’une main ,•& fur l’autre elle porte
un oifeau que l’on croit être une tourterelle, adoptée
pour le fymbole de l’Amitié. La légende eft fides
EXERCITUS.
SAGESSE. On voit fa tête fur les médailles confu-
laires de P. Sempronius Sopus ou Sophus : c’eft une al-
Lifîon au nom grec de la Sagejfe, Sopkia. On peut dire
en général que Pallas étoit repréfentée ordinairement
pour l’emblème de la Sageffe. Aufli fur des médailles de
Licinius & de Conftantin (Banduri I l 3 p- 192. & 247),
où on lit pour légende s a p ie n i ia p r in c ip is , on voit
la chouette pofée fur un cippe, autour duquel font placés
une lance, un bouclier & un carquois.
SALUT. Le mot falus a deux lignifications fur les mo-
numens. Dans la première, il eft fynonyme du nom
d’ Hygie, fille d’ Efculape, déeffe de la Santé, & c’eft la
déeue o u ïe ferpent fon fymbole qui fert de type aux
médailles relatives à des convalefcences.
La féconde acception du mot falus eft plus étendue., &
alors on peut le rendre parle mot français, falut. Ainfi on
lit fouvent fur les médailles impériales : salus generis
humani , salus ORBis , le falut de l’ Univers > alors on
voit le Prince qui relève une figure agenouillée, deux
Empereurs-collègues fe donnant la main, &c. &c.
beaucoup plus long que ceux des autres. On croit qu’elle
repréfente la monnaie d’ or.
Au refte, on ne fera pas étonné que les Romains ren-
diffent un culte à la divinité qu’ils croyoient les préferver
des fauffes monnaies, quand on faura que la contrefa&ion
étoit'très-facile, foit parce qu’ils ne faifoient point une
tranche régulière, foit parce que le nombre des monétaires
LIBÉRALITÉ ou LARGESSE du Prince, ou CON-
GIARWM y du conge, mefure dé capacité qui fervoit à
mefurer le b lé , le vin, l’huile que les Empereurs diftri-
buoient aux Romains. Sur les médailles de Pertinax, on
voit la figure de la Libéralité ( Gejfn. II3 tab. 129, n°. 7 ) ,
que je donne ici au n°. 2 , PI. CÇXXX. C ’eft une femme
qui tient la corne d’ abondance & une teflère, tablette fur
laquelle étoit infcritle nombre de mefures que chacun de-
voit recevoir. Le plus fouvent l’Empereur eft repréfenté
fur une eftrade, ayant à fes côtés la Libéralité, fe préfet
du prétoire, & diftribuant des largejfes à des militaires
ou à d’ autres citoyens.
MONNAIES. Si hmon-Moneta préfidoft à Rome aux
monnaies , ce n’étoit probablement que par une acception
détournée de fon furnomj car mon et a vouloir dire
celle qui avertit. Quoi qu’il en foit, on voit s fur les mé~ .
dailles de la famille PUtoria , une tête de femme, autour j
de laquelle on lit moneta , & l’on ne peut douter que '
ce nom ne foit relatif à la monnaie, parce qu’on voit au i
revers l’enclume , les tenailles, le marteau des mené- :
taires. Sur plufieurs médailles d’Empereur, & même fur
celles de Domna (Gejfieri I I 3 tab. 1 3 7 , 5 3 ) , on
voit les monnaies d’ o r , d’ argent & de cuivre repréfen-
tées fous les figures de crois femmes qui tiennent des
balances & des cornes d’abondance. A leurs pieds font
des mafles de métal amoncelées. La figure du milieu
tient fa balance par un bras de fufpenfion, qui eft de
étoit fi grand, qu’ils fe révoltèrent fous Aurélien ,
& qu’ ils furent difficiles à réduire.
PANTHÉE. Ce mot adje&if eft compofé des deux
mots grecs, tout & Dieu , & il .déligne une figure , un
objet qui eft chargé des attributs de toutes les Divinités
ou du moins de plufieurs Divinités. On en voit quel-
ues - unes fur les médailles d’ Antonin, de Fauftine ,
’Hadrien. Les petites ftatues de bronze qui repréfen-
tent des Fortunes font fouvent des figures Panthées,
I parce que ces ftatues étant portatives, la fuperftition les
chargea des attributs des autres Dieux, que l’on prenoit
aufli pour des protecteurs fpéciaux. Une lampe antique
du mufeum deKircher, publiée par Bonani, & depuis par
Montfaucon (tom. F'3 PI. C LX l^ lll) ,prefente la figure
Panthée la plus chargée d’attributs dé toutes celles qui
nous font parvenues. Une femme affife , vêtue d’une
longue tunique, coiffée avec un cafque, ayant une tête
de Médufe fur la poitrine , tient un gouvernail, une
corne d’abondance, & fait, avec une patère, des libations
fur un autel rond chargé de fruits. Un paon eft
pofé fur le doflier de fon fiége, & le ferpent bon génie'
fur l’autel. Un dauphin s’élance de fon fiége. Dans le
champ & autour de la figure Panthée font placés le'
fphinx, une lyre, un caducée, un foudre , deux fruits
de pavots & une colombe. ^
Une des plus curieufes figures Panthées eft la déefle’
fyrienne, que l’on trouvera avec les Divinités des Barbares.
• En 1746 on trouva dans les fouilles de Réiïna une main
Panthée de bronze, fixée fur un piédeftal, elle fait partie
de la colleétion d’Herculanum ( ßron-fi I , pag.^ xxxvij ).
La Angularité, de ces’ monumens de la fuperftition, dont
on connoiflbit déjà fix autres ( Thefaur. Antiq. grec. tom. ■
...Vllypag. -5.105 ibidem, tom. X 3 pag. 6 6 l ex mufeô Bar-
berini ,* Mufto Romano Caujai, tom. I l , tab. 1 1 ex mujîto
Bellori j Muß Kirch. Bonnani} tab. 25 } Gori., Infcript.
antiq. tom. 111 ; Cayliis , Antiq. tom. V tao. 63 , nn. I ,
2 ) , l’authenticité de celui-ci, enfin la réunion des attributs
les plus remarquables dont font ornées les fix autres
mains , & que préfente ce monument précieux ,
m’ont engagé à le faire defliner de la grandeur de l’original,
fous les nos. 3 , Pi. C C X X X , & 1 , PL CCXXXI.
Qn crut d abord que les objets dont font chargées les
mains Panikées n’étoient relatifs qu’ à C y bêle & à fes
myftères, mais on en voit- quelques - uns qui n’ont
point de rapport ' à ces myftères, ou du moins dont
nous ignorons abfolument les rapports 5 de forte qu’il eft
plus prudent de regarder les mains Panthées comme fa
réunion des attributs de plufieurs Divinités. Voici ceux
que préfente la main trouvée à Réfina.
Le pouce & les deux doigts qui le fuivent, font étendus
; mais les deux autres font abaifles. C ’étoit le gelte
ordinaire des orateurs, des philofophes, de^ ceux qui
parloient en publie, & probablement des Hiérophantes
lorfqu’ ils inftruifoiept les initiés. Sur le fécond & le troisième
doigt èft placé un foudre, & l’ on y voit les ferres
dé l’aigle qui y étoit pofé. A la naiflànce de ces memes
doigts, & dans la paume de la main, eft affis un vieillard
avec la barbe épaifle, le bonnet phrygien, une tunique
liée avec une ceinture & à manches courtes î il
élève les index de fes mains , dont tous les autres doigts
font bailles. Sur la main publiée par Ca ylus, on ne voit
que la tête de ce vieillard, qui eft pris pour Midas par
ceux qui rapportent ces attributs aux myftères de^Cerès,
dans lefquels le roi de Phrygie iouoit un grand rôle. Ses
pieds font pofés fur une tête de bélier, fymbole ordinaire
de Mercure. Au defïbus, un objet de forme conique,
mais peu diftinét, eft placé fur une^efpëce de table
ou de confole. Plus bas, & fous une voûte ou dans une
caverne, eft couchée une femme qui tient un petit enfant.
Un long vafé, dont le couvercle imite la pomme
de pin, fymbole placé aufli fur l’extrémité du pouce, &
un arbrifleau, font pofés fur le piédeftal. Enfin, une
tortue s’élève au deflus de l’arbrifleau.
Le revers de la main préfente plufieurs attributs divers.
Une fleur fous des balances ; un long ferpent, dont1
la tête eft brifée ; le tympanum ou le tambour ae bafque ;
un fîftre ou une ly r e , ou même des tenailles j des cymbales,
deux flûtes, un fouet, une grenouille, un lézard
ou un petit crocodile > enfin, un cadueéé.
EUROPE. Efchyle ÇPerf&3 verf. 179) & Mofchus
( Idyll. I I , verf. 8 ) âvoient perfonnifié, dans leurs vers,
l‘Europe & l’Aiie 5 mais on fi’avoir aucun monument fur
lequel on les vît perfonnifiées. En 1780, dans des fouilles
faites par le prince Sigifmond Chigi ( dans la ferme de
Porcigliano , à fix lieues de Rome, fur la voie Lauren-
tine, près de la mer) , on découvrit un petit bas-relief
de marbre de Numidie (jaune antique ) , fur lequel ces
deux parties du Monde offrent un facrifice à Alexandre.
M. Vifconti a fait graver & a expliqué ce monument
dans la nouvelle édition iti-40. de la Dijfertation fur les
hifioriens d'Alexandre, de M. de Sainte-Croix. On ne peut
mécpnnoître les deux figures, parce qu’on lit derrière
chacune d’elles, e y p s î i ih , asia. JJ Europe , deffinée ici
fous le n9. 2 , PL C CX X X I, eft coiflee avec des tours »
elle porte une longue tunique defeendant jufqu’à fes
pieds, qui font nus, fans chaufliire , & par-deflus une
leconde tunique courte , terminée par-devant au milieu
des çuiffes, & par-derrière defeendant jufqu’aux talons j
liée avec une ceinture, garnie de manches qui defeen-
dent jufqu’au deflous du coude. Elle tient un rouleau
( volumen) pour défigner les lettres.
ASIE. Sur une médaille d’Hadrien on lit Asia & Asia
avg. Le type eft une femme debout, vêtue d’ une tunique
& d’un manteau : elle appuie le pied droit fur la
proue d’ un navire 5 elle tient un ferpent de la main
droite, & de la gauche un gouvernail de navire renverfé
( Geffneri 11 3 tab. 84 , n°. 19^. Il faut obferver que ce
type eft relatif à YAJie, mais à VAJîe mineure feulement,
celle où les Romains ne pouvoient arriver que par mer.
La figure dont il eft parle dans l’article précédent, def-
fînée ici fous le n°. 3, PL C CX X X I, défigne toute 1 'A-
fie j elle eft coiffée avec des tours j elle porte une tunique
fans manches, defeendant jufqu’aux pieds, qui font chauffes
avec des fandales , & par-deflus une fécondé tunique,
defeendant par-devant jufqu’au milieu des cuifles, & par-
derrière j.ufqu aux talons , garnie de manches qui fe terminent
vers le milieu' du bras. L ’avant-bras eft orné de
bracelets. Elle tient une patère ou foucoupe pour défi-
gner les parfums.
1 ' A™ Q U E .S u r les médailles d’Hadrien, qui ont pour
legende le mot Africa, on Voit une femme affife fur la
terre ; elle eft coiffée avec la dépouille d’un éléphant, &
elle tient unfeorpion & la corne d'abondance, ou elle
s’appuie fur un lion couché. A fes côtés eft un boifleau
rempli d’épis & de fruits ( ibidem, tab. 87, n°. 20).
MONTAGNE. J’ai déjà dit plufieurs fois, & je dois
répéter ici que les bas-reliefs étoient une efpèce d’ écriture
fymbolique. Au lieu de repréfenter avec leurs proportions
certains objets qui, dans un champ aufli refferré
en hauteur, auroient fait paroître les autres beaucoup
trop petits, on étoit convenu de donner des formes
afiez diftinftes pour les faire reconnoître, mais trop
courtes fi on les compare au prototype. A in fid an s un
bas-relief de la villa Borghèfe ( Sculpture, &c. tome 1 ,
pag. 2 9 , tav. 1 7 ) , confervé dans la première falie, &
qui repréfente la fable de Prométhée, les figures occupent
les deux tiers de la hauteur du champ. Il auroit été
impoflible d’y placer le mont Caucafe fi l’on eût voulif
le mettre en proportion avec les figures 5 aufli l’ artifte
n’ a-t-il cherché qu’ à l’indiquer par quelques rochers 5
mais il l'a défigné formellement par la figure du Caucafe
perfonnifié, quel’on voit ici fous le n°. 1 , PI. CCXXXII.
C ’ eft un homme qui a une longue barbe, dont le corps,
nu iufqu’ à la ceinture, eft enveloppé de là jufqu’aux
pieds dans une draperie. Il eft affis à terre, le dos & le
bras appuyés fur des rochers 5 il tient une branche d’arbre.
Dans les tableaux de Philoftrate (lib. 1 , cap. 1 4 ) ,
on voit le Ckhéron, montagne de Béotie, repréfenté
fous la figure d’un homme couronné de lierre.
IS T H M E . Voici le tableau qu’a tracé Philoftrate
( Iconum, lib. 2 , cap. 16 ) de l‘IJlhme de Corinthe. Cet
ÏJihme eft formé par un monticule qui unit le Péloponnèfe
à l’Attique , & au pied/ duquel étoient placés le port de
; Cenchree fur la mer Egé e, & celui du Léchéum fur la
mer Adriatique. JJlJihme eft repréfenté fous la figure
» d’ un dieu 5 il eft à demi couché fur la terre. La nature
» Fa placé entre l’Egée & I’Adria. A fa droite, un jeune
» homme repréfente le Léchéum, & probablement une
» jeune fille, placée à fa gauche, eft le Cenchrée. Les
» deux mers, belles & allez tran q u ille s fo n t affiles
» contre la terre qui forme Y IJlhme. »
ISLE. Philoftrate (Iconum, lib. 1 , cap. 2) a tracé le
portrait de F lie de Scyros...... « Cette héroïne , déefle
» fubalterne j couronnée de rofeaux, placée au pied
« d’une montagne, d’une forte ftature & vêtue de cou-
» leur vert de mer , eft Scyros , que Sophocle appelle
» Ylfle venteufe. Elle tient un rameau d’olivier & une
» branche de vigne. »
PORT de mer. Les jetées ou les promontoires qui
forment l'es ports font défîgnés en grec par le mot qui
défigne aufli les pinces des crabes. C’eft pourquoi ces
pinces font placées fur la tête de l ’Océan & dsAmphi-
trite. A l’article de 1’ Isthme nous avons vu les deux
ports de Corinthe, repréfentés par deux perfonnages
dont le fexe eft analogue au genre du nom grec de chaque
port.
Sür une médaille de grand bronze de Néron (Gejfieri 3
I I , tab. 4 6 , n°. 2 ) , qui a pour légende Po r t . o s r .
a v g v s t i . s. c. , on voit le port d’Oftie formé par une
enceinte de magafins & de voûtes, fous lefquelles on
retirait les navires pendant l’hiver. Plufieurs navires pa-
roiflent dans ce port avec leurs voiles pliées, & fur le
mât de celui du milieu eft élevée la ftatue de Claude ou
M 2