diftinguées par la largeur & la fichefle de leurs ceintures,
qui étoient ornées d’Or, de perles, de pierres précieufes
& de franges, ainfi que leurs colliers & leurs bracelets.
Elles fe peignoient les joues & les yeux.
Sous les Rois parthes ou Arfacides, les Perfes con-
fervèrent leur coftume. Les Parthes eux-mêmes, qui dans
leur pays ne portoient que des habillemens courts &
grofiiers, adoptèrent le coftume entier des Perfes 5 chevelure
& barbe longues & frifées , tiare, chauffes longues
, & c . , pourpre, foie , broderie en o r, bottines
rouges ornées de perles. Sur les monumens romains, les
Parthes ne portent, de tout le coftume qui les diftinguoit
des Barbares confidérés en général , que la tiare recourbée
fur le devant. Enfin Ammien-Marcellin ( X X LH ,
cap. 6 ) nous apprend que l’habillement des Parthes etoit
fendu furies côtés, tel que les Perfans le portent encore.
Rien ne prouve que les Perfes aient changé de coftume
fous les Rois falfanides ; c’eft pourquoi je n’ ai rien à
ajouter à ce que je viens de dire.
. Le coftume des Rois de Perfe varia à l’époque de
chaque dynaftie. Gyrus , faifant fon entrée triomphale à
Babylone, portoit la tiare droite ( Xenoph. , Cyri. Infiit.
P H I , cap. 3 ) 3 entourée' du diadème ; une tunique
pourpre avec une bande blanche, Une candys de pourpre
fans aucun mélange, & des chauffes rouges. Darius,
conduifant fon armée contre Alexandre, portoit la tiare
ornée d’Un diadème pourpre & d’ un bandeau blanc ; fes
tuniques aufïi étoient ornées de blanc; fur fon manteau
étoit brodé en or un combat d’oifeaux de proie ; a une
ceinture dorée , femblable à celle des femmes, étoit
fufpendu le poignard, qui étoit renfermé dans un fourreau
fait d’ une feule pierre précieufe. Alexandre, ayant
des Rois arfacides, à qui le premier des Salfanides arrache !
la couronne. Ces figures font fculptées fur un rocher à I
un myriamètre ( deux petites lieues ) de Tché-el-Minar, I
l’ancienne Perfépolis. Leurs coiffures les font recon- I
noître , comme on le verra en examinant celle des Rois I
de Perfe , qui font deflinées ici dans les cofiâmes, à la I
feétion des coiffures. Sur les bas-reliefs romains, tels que I
ceux de Trajan, qui font encaftrés dans l’arc de Conf- I
tantin ; ceux qui l’étoient dans l are dit de Portugal, fur I
‘ les bas-reliefs de l’arc de Sévère, & c ., les Parthes, c’eft- |
à-dire les Arfacides, font repréfentés avec le coftume |
adopté par les Romains pour peindre les Barbares confi- I
déres en général : les longues chauffes, la chauffure fer- I
mée & réunie aux chauffes , la tunique de moyenne Ion- I
gueur garnie de longues manches, la chlamyde groffière I
garnie de poils ou de franges, la chevelure médiocre- I
ment longue & la barbe frifées ; quelquefois enfin un I
bonnet fans fanons, fans joues mais avec la pointe I
recourbée fur le devant. Je n’en donne point ici de mo- I
dèle , parce q u il n’apprendroit rien de particulier fur I
les Parthes.
vaincu Darius, n’ ofa pas adopter le coftume entier des
Rois de Perfe, de crainte d’offenferles Macédoniens. 11
prit le diadème & la tunique rouges , la ceinture & le
refte de l’habillement, la candys & les chauffes exceptees.
Il conferva la chauffure des Grecs, la crépis la chlamyde
& la caujîa macédonienne, fur laquelle il ceignit le diadème
perfique. La ftole ou longue tunique perfique
defcendoit jufqu’aux pieds, difpofée en plis dans fa'partie
inférieure. La tiare du Roi étoit droite,ornée de perles,
de pierres précieufes, d’aigrettes de plumes, & parfumée.
■ Les Rois de Perfe s’affeyoient en public fur un fiége d’ or
maffif : on portoit un vafte parafol fur leur tête , & devant
eux un çhaffe-mouche.
Les Saffanides, qui fuccédèrent aux Arfacides ou
Parthes , adoptèrent un coftume différent de celui de
leurs prédéceffeurs. Ils reprirent la tiare des Achémé-
nides 5 mais ils la portèrent crénelée, furmontée d’ un
globe ou d’une fph£re placée fur un croiffant, ornée de
deux cornes ( fymboles de la force & de la puiffance dans
l’Orient ) & de deux diadèmes. Je donne ici le defïin d’un
Roi faflanide, qui eft gravé fur une plaque de criftal
venue dtf tréfor de Saint-Denis, & confervée dans la
collection des Antiques impériales , r.°. 4 , PL. CCCIV.
Il eft gravé dans le Recueil de l’ înftitut, cité plus haut.
On remarquera fa coiffure', les manches flottantes de
fon habit extérieur , fa tunique d’urle étoffe à fleurs, fes
longues & larges chauffes d’une étoffe rayée, & les longues
& amples courroies qui lient fa chauffure.
L’habillement des femmes de Perfe reffemblant beaucoup
à celui des hommes, on peut croire que les Reines
de cette contrée étoient vêtues comme leurs maris, à la
tiare près. Il eft probable aufïi qu’elles portoient le diadème.
Sous les nos. 5 & 6 3 PI. CCCIFyOn voit ici le dernier
La figure du n°. 7 , Pl. CCCIV, tirée des bas-reliefs I
de Perfépolis, repréfente un Perfe fous les Rois àché- I
ménides^ à l’ un defquels on les attribue. Il porte la tiare I
courbée en arrière. Le refte de l’habillement eft fi maltraite I
que je n’en dirai rien. La figure du n°. 8 , PL. CCCIV,
tirée des mêmes bas-reliefs, eft remarquable par la fiolt I
perfique, qui préfente les plis formés depuis la ceinture I
jufqu’en b a s , & les manches très-amples pliffées de
même. Sa tiare eft totalement renverfée en atrièrè.
Phéniciens & Syriens. On ne peut féparer ces deux articles;
Dans le Térence manuferit du Vatican , on voit
un marchand phénicien qui porte une tunique rayée. Dans
les Héroïques de Philoftrate ( in proemio ) , un vigneron
demande a un Phénicien s’ il eft Ionien, parce qu’il le
voit vêtu d’ une longue tunique garnie de longues manches.
La figure deffinée ici fous le-n°. 9 , PL. CCCIV, &
tirée des bas-reliefs de Trajan, encaftrés dans l’arc de
Conftantin , préferite le coftume phénicien ■ & fyrien. Elle
eft vêtue d’une tunique qui fe termine à la cheville du
pied, dont les manches defeendent jufqu’ aux poignets;
d’une ceinture, & d’ un manteau court & léger, agrafle
autour du col.
Chez les Anciens , les Prêtres, dans les cérémonies
•religieufes, portoient ( à quelques exceptions près ) des
habits plus précieux que les autres habitans, mais a une
'même forme. On peut donc fe peindre le coftume des
Phéniciens, d’après celui que portoit Élagabale lorfqu’il
s’habilloit en Prêtre fyrien. « Il portoit, dit Héroaien
» ( lib. 5 , cap., y ) , des tuniques brodées en* o r ^ornées
» de pourpre, garnies de longues manches , defeendant
» jufqu’aux talons ; les jambes & les cuiffes, depuis les
» ongles jufqu’ à la ceinture, enveloppées dans un ha-
» billement orné d’ or & de pourpre , ceint d’une cou-
» ronnë de pierres préciéufes...... On le- comparent 1
» Bacchus. » Dans le chapitre XI du même livre, l’h«‘
torien ajoute des détails intéreffans pour cet article...
ce Élagabale, exerçant dans l’intérieur du palais le facefl
« doce de la divinité de fa patrie......danfoit avec beau-
» coup de recherches , vêtu d’ habits extrêmement pr*
» deux , de toiles ( probablement de coton ) brochées
>» d’or & de pourpre.; paré de colliers, de bracelets;
» portant une coiffure d’ or & de pierres précieufes,flj®
» en forme de tiare. Enfin, fon coftume tenoit de l’habii'
» lemént facré des Phéniciens &r du coftume rechercn
» des Perfes. » Ailleurs ( lib. 5 , cap. 13 ) , parlant de
Liêmes cérémonies ,.Hérodien- dit : ......« Les entrailles
L des viftimes & le s parfums placés; fur des vafes d’or
n’étoient pas portés fur la tête -, comme à l’ ordinaire,
. „ par des ferviteurs ni par des hommes de baffe extrac-
U, tion, mais par des généraux d’armées, & par les pre-
*> miers dignitaires de l’Empire, v êtus, comme les
„ Phéniciens, de tuniques defeendant jufqu’aux talons,
. „ garnies de longues manches, & d’une bande de pourpre
I » dans le milieu ; ceints très-haut ; portant des chauffuies
| » de lin, comme les prophètes de la Phénicie. » •
| On prendra une idée jufte de ces bandes de pourpre
[dont les Anciens chamarroient leurs habits en voyant
[ici, foüs le n°. 1 , PL. CCCV, la figure de Rome peinte,
[confervée dans le palais Barberini. Aux manches près ,
| qu’elle ne porte point, fon coftume eft oriental.
I Phrygiens. Cet article eft commun aux Troyens,, & )
pour le rendre complet on lira les. deux articles. La
figure des peintures d’Herculanum (tom. 1113p.
[deffinée dans la feétion du coftume civil des Troyens, re-
, préfente un Phrygien. Sa longue tunique rouge, rayée de
ibleu, eft relevée par deux ceintures, & a des manches
qui touchent les poignets : fes longues chauffes de coupeur
d’or touchent la chauffure qui eft ouverte & liée avec,
[deux paires de courroies ; fa chlamyde bleue , allez
.ample, eft liée fur l’épaule droite ; enfin, fa chevelure
Ifrifée & bouclée eft recouverte en partie avec un bonnet
H pointe très-obtufe, légèrement recourbée fur le devant.
Voilà cette tunique à manches queNumanus ( Æneid. IX s
I w f 614) reprochoit aux Troyens, dont le pays faifoit
'partie de la Phrygie. Voilà cette mitra ( mot qui défî-
pnoit tantôt la bandelette des cheveux, tantôt la coiffure,
Itantôt enfin la ceinture ) différente, par les fanons , du
fijonnet phrygien, decebon.net qui devint, fous lecifeau
Kes artiftes.anciens, 1 attribut particulier des Barbares.
Kette mitra eft prolongée par-derrière & fur les côtés ,
'feus la forme d’une appendice qui eft fendue & qui def-
;;cend jufqu’aux mamelons.
K On attribuoit aux Phrygiens l’ invention du fer à frifer
[que.l’on faifoit chauffer pour former les boucles de cher
veux, comas (Æneid. X I I , verf. 100),.
Vibratos calido ferfà , myrrhâqite madentes.
phrygiones, qui apprenoit que le luxe des broderies étoit
«commun chez les .Phrygiens.
■ $ardes. Ce peuplé étoit encore barbare lorfqu’il fut
^ p >um,s aux Romains, fous le confulat de Sempronius
iGracchus : on ne fera donc point étonné de la groffiéreté
^dii travail de cette petite figure de bronze trouvée en
Ipardaigne, n°*. 1 & 3 , PL. CCCV. Caylus l’a publiée
« v e c une féconde de même nature, dans fes Recueils
3 F 'h X X V I I ) . J’en ai donné deux fem-
J a dans la feétion des Barbares armés. Ce font là tous
es monumens fardes qui nous font parvenus. La ftatue
wvrefe11 V01t 3 Porte ^es ^aP*ns dans une efpèce de
^es tardes portoient des vêtemens particuliers, appelés
aj ruu, faits de peaux de bêtes , garnies de poils. Les
mains, en les foümettant à leur domination, exigèrent
» Çç X^POUr contribution, ces fourrures groffières.
esJ ^ a* dit dans la feétion des Barbares armés, à
e de .ces peuples , qu’ils habitoient les contrées
ï o L ^ nT les de ^ fî^ celles où l’on voit errer au-
*Tatar W ^ PeuP^es nomades, compris fous le nom de
j>itudp^ iÆU1 Gon‘fefvent les moeurs , les coutumes , l’ha-
K d etre toujours: à cheval, l’habit. afiez long,
j lhifage des fourrures, &c. des Scythes. Les Romains ne
cherchèrent jamais a foumettre les Scythes ; c’eft pourquoi
les hiftoriens latins ne nous ont rien laiffé de précis
fur leur coftume. On lit feulement dans Juftin ( I I , c. 2),
“ lIs ne faifoient point ufage de laine (tiffue) ni
” d habits ( tiffus ) , & que, malgré les froids continuels
” quhls éprouvoient, ils fe couvroient feulement de
” peaux de bêtes fauvages ou d’une efpèce de rat. »
\ inféré dans ce texte les explications néceffaires pour
• fon intelligence. <■ r
La tunique longue, appelée la fiole feythique ( Herodot.
IV , pag. 3 ijjX tken . X I I I , y , &c.), devint l’ attribut dié
tinélif des Scythes. Sa reffemblance avec celle des Parthes
eft énoncée dans l’ article Tusçts de Suidas. On y
lit...... « Séfoftris établit dans l’Aflyrie cinq cents my-
» riades de Scythes, qui furent appelés Parthes, fyno-
» nyme de Scythes en langue perfique ; ils portent én-
» cote aujourd’hui la ftole; ils parlent la langue & ils
” confervent les lois des Scythes. » Efchine le focra-
tique ( Dialog. 1 1 , n°. 2if) dit que cette ftole étoit de
peaux garnies de poils. Les premiers des Scythes portoient
des bonnets ( ■ anXotptçmav, dit Lucien in Toxari) de feutre
; le refte de la nation avoit la tête nue : aufïi por-
toient-ils de longs cheveux. Dion-Chryfoftôme décrit
ainfi le coftume d’un chef des Scythes, qui habitoient les
bords du-Boryfthène ( Boryft. Orat. 36 , pag. 439) :
“ Il donna fon cheval à Ton écuyer; il s’avança avec
” modeftie, tenant fa main cachée fous fon manteau; il
» étoit ceint de la grande épée des cavaliers ; il portoit
” de longues chauffes, la ftole fcvthique, & fur les épau-
** fies un manteau noir , petit & léger, tel qu’en portent
” lesBoryfthénifes.. »^ On remarquera que ce Scythe étoit
ceint d’une épée quoiqu’ il fut en coftume civil, parce
que les peuples du Nord ne quittoient jamais cette arme.
Les Scythes portoient une efpèce de chauffure,
dont parlent Suidas, Héfychius, mais fans la décrire.
C ’etoit probablement des bottines de cuir cru, telles
qu’ on en voit aux Tatars.
Claudien ( in Eutrop. I I , v e r f 180) dit que Bellone
prit la forme de la femme de Targibilus, chef des
Scythes..... « Elle fe préfenta à lui fous les traits de fon
» époufe ; elle avoit la démarche & l’air féroce d’ une
» Barbare ; elle portoit de longs habits dé toile : une
| » agraffe lioit fur fon fein le manteau qui flottoit fur les
” épaules ; un léger bandeau retenoit fes blonds che-
» veux relevés autour de la tête, v
Je donne ici plufieurs deffins de figures de Scythes, afin
que l’onpuiffe, en les employant, jeter de la variété dans
les compofitions où l’on fait entrer des Barbares. Sur un
bas-relief de la villa Borghèfe, publié par Winckelmann
( Monum. ant. n°; 42 ) , & qui repréfente le fupplice de
Marfyas, on voit trois Scythes occupés à exécuter les
ordres d’Apollon. Ils font vêtus comme les Barbares
confidérés en général. L’un, defliné ici fous le n°. 4 ,
PL. CCCV, tient tendue la corde qui lie Marfyas; il
porte le bonnet phrygien, les longues chauffes, la chauffure
fermée, la tunique garnie de longues manches &
la chlamyde. Le fécond , deffiné ici fous le n°. 1 p/.
CCC VI, à caufe de fa reffemblance avec le Rémouleur^
a le manteau de moins que le premier, fans doute pour
pouvoir agir avec plus de facilité. Le troifîème réffemble
entièrement au fécond. Hygin^ (Fab. 16y ) , Martial (X ,
6 1 ) , &c. s accordent a dire que le mîniftre de cette
cruelle exécution fut un Scythe. C ’eft pourquoi on lè voit
encore ici fous le h°. 2 , PL. CCCVI: il eft tiré des peintures
d Herculanùm ( lonw I I , pag. 125). Malgré là