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C H A P I T R E V I .
M U S I Q U E , É C R I T U R E E T N A V I G A T I O N .
D ANS les deux frefques de la Collection d’Hercula-
num (pag. 5 15 , 321 ) , qui repréfentent des facrifïces à
Ifis , on voit la flûte ou la trompette droite du n° 1 ,
PL C C C L X X I X, & la flûte ou la trompette courbe du
n°. l y PL C C C L X X I y .
Sis t r e . Cet inftrument de métal, compofé de baguettes
mobiles dans les trous d’une efpèce de fer à cheval
, étoit employé par les Prêtres & par les Initiés aux
myftères égyptiens, principalement à ceux d’ Ifis. Pour le
faire réfonner on l’agi toit en cadence. Celui du n°. 3,
PL CCCLXXIX, ell orné de la tête de la Déefle , que
l’ on reconnoît aux oreilles de vache. Il eft fculpté dans
le temple de Tentyra ( Denon3 PL CXXIII, n°. 6 ) . Celui
du n°. 4 , PL CCCLXXIX, eft tiré des Recueils de Fa-
bretti ( Antiq. expi. I I , PL C X X II). Il eft auffi dédié à
Ifis, comme on peut le conjecturer d’après les chates
qui fervent d’ornement, cet animal lui étant confacré.
L e filtre du n°. y, PI. CCCLXXIX, préfente une forme
différente de celle de tous les filtres connus précédemment
; il eft tiré des frefques d’Herculanum, citées plus
haut (pag. 31 y ) .
Instrumens a co rd e s . Avant le voyage de Bruce,
fait dans le milieu du dix-huitième fîècle , on ne connoif-
foit d’inftrument à cordes égyptien, que celui du n°. 6.
PL CCCLXXIX, tiré d’ un marbre de la villa Médicis,
defliné très-incorreCtement dans un ouvrage de Kircher,
& reproduit dans Y Antiquité expliquée ( I I 3 PL CX V I). Le
voyageur anglais parla des inftrumens à cordes de forme
circulaire, -qu’ il avoit vus dans les tombeaux des Rois à
Thèbes; mais on trouvoit Bruce peu véridique fur d’autres
objets, & l’ on douta de fa decouverte.
M. Denon a confirmé le récit du voyageur anglais,
& a defliné plufieurs inftrumens à cordes des anciens
Egyptiens : on en verra ici les principaux. I e plus fimple,
celui qui n’a que quatre cordes, n°. 7 , PL CCCLXXIV,
eft fculpté dans iatroifième chambre du petit appartement
qui eft fur le comble de la nef du temple de Tentyra
(P L C X X X X ,n ° .^ i) . Celui du «°. 8, PL CCCLXXI X , '
eft fculpté fur la frife du portique du temple de Tentyra ;
( PL CXXXXyn0. 30) : il a un nombre de cordes, double
de celles du précédent. Sa hauteur eft moindre d’ un
tiers que celle de la femme qui en joue, & la tête qui
lui fert d’ornement annonce’ fa conféCration à quelque
Divinité. Les inftrumens des.-«08. 9, PL CCCLXXIX, &
1 , PL CCCLXXX, ont .leurs dimenfîons doubles de :
celles du numéro précédent, & le nombre des cordes eft |
plus que quadruple. Le premier eft tiré des peintures des ■
tombeaux des Rois à Thèbes ( PL CX X X V 3 n°. 16 ) ; le !
fécond, des tombeaux creufés dans la montagne à l’ oueft
de Thèbes. C ’eft auffi dans ces derniers tombeaux
(P L CXXXX, n°. 27) qu’eft peint l’inftrument du
71°. 2, PL CCCLXXV, qui reflemble à un violon dont le
manche auroit trois fois la longueur de la caiffe. On
pince les cordes de tous ces inftrumens, & 'l’ on ne voit
point d’archet.
Écriture. Les Egyptiens employoient pour écrire,
de toute antiquité, les rofeaux taillés & fendus (pi
I II Sat. , verf. 13) comme nos plumes. Ce futm/I
pour eux l'objet important d’un commerce très-confiâ
rable, puifqu’ils en fourniffoient toute l’Europe méridj
nale jufqu’ au huitième fîècle de notre ère, où l'ufj!
des plumes d’oie & de cygne devint général en Occident
Les Orientaux emploient encore les rofeaux,mais ils 1«
tirent des bords cfu golfe Perfique.
, Un autre objet de commerce auffi important pour ta
Egyptiens fut le papyrus , fur lequel toute l’Europe écrivit
dès le teins d’Hérodote, jufqu’au douzième fiède,
; Cette efpèce de papier étoit fait avec les enveloppes oj
tuniques intérieures d’une efpèce de rofeau ou de jonf
; très-abondant dans les marais d’Égypte, que l’on ci
’ loit les unes fur les autres en Cens contraire de lents
: fibres : tels font entr’autresles célèbres manuferits d’Herculanum,
fur lefquels on a tracé les caraélères avec des
pinceaux , avec de l ’encre épaiffe & trës-chargée h
ter.
Les manuferits égyptiens que Caylus a fait graver dans
fes Recueils d‘Antiquités , quelques-uns de ceux que
M. Denon a fait graver dans fon Xoyage, & qui avoient
été trouvés dans les enveloppes des momies, font dé
toiles de coton. Leur fouplelfe me feroit penfer que les
rouleaux ou volumina que tiennent développés di!«
rentes figures égyptiennes, étoient de la même matière:
tel eft celui du n°. 3, PL CCCLXXX (Caylus} l,
PL X I ) ; tel eft celui du n°. 4 , PL CCCLXXX. M.De-
non l’a defliné dans le bas-relief de la pompe triomphale
d’un Roi d’Egypte (P L j CXXXIX, n°. 10), qui et
fculptée fur le mur intérieur d’ une des galeries d’une
cour du temple ou du palais de la partie fud-oueftde
Thèbes, près le bourg de Médinet-a-Bou. Il y a delftné
auffi la figure du n°. 5 , PL CCCLXXX (ibid. n°. Jo),
qui écrit. Le n°. 6 3 Planche CCCLXXX, tiré du mène
Voyage (P l. CXLI, i y ) , préfente une figure tenant une
plumé ou un pinceau, & un rouleau écrit. Cette figure,
tirée des peintures d’ un manuferit de papyrus trouver
Thèbes, a la tête entière &r le cou cachés dans un unique
qui repréfente la tête, le corps & la queue d’une
Ibis. « Elle prouve , dit M . Denon, que ces coiffures
étranges étoient des lignes extérieurs qui indiquoieni
la dignité attachée aux degrés d’initiation, & dontles
Initiés étoient revêtus dans les cérémonies. ”
Na v ig a t io n . Les Égyptiens avoient en général {*
mer en horreur; auffi n’ai-je à parler ici que de la navigation
intérieure fur le Nil. Les monumens' égyptiensf
préfentent que des barques à peine indiquées. Dans le*
peintures d’Herculanum (X , pag. 298 ) on voit les deux
nacelles des nos. 1 & 2 , PL CCCLXX X I, montées |«f
des pigmées : l’une eft chargée de vafes de terre cuite-
Le n°. 3, PL CÇCLXXX, tiré d’une mofaïque de la vill*
Albani ( Winck. Mon. ant. pag. xiij) , qui repréfente “
l’eau, des crocodiles & cette efpèce de gondole. O'16,
ci rappelle lés barques ornées de feui liages, deft)i'ee('l
fur les bras & les canaux du N il, aux orgies & auxr
ties de débauches, célèbres dans l’antiquité.
L I V R E II.
C O S T UME D E S I S R A É L I T E S .
T ! s i0is religieufes des Ifraélites leur défendoient de
pélidre ou de fculpter des hommes ni des animaux :
c’eft pourquoi, fi l’on en excepte les médailles des Rois
deluaée /nous n’avons aucun monument forti de leurs
mains, qui puiffe nous faire connoître leurs coftumes.
Oi/trouve feulement fur l’arc de Titus , qui fut «levé
pour célébrer la prife de Jérufalem & le triomphe de
cet Empereur, le chandelier à fept branches du n°. 1 ,
P a CGCL JCXVII ; la table facrée, avec les deux trompettes
droites du n°. 2, PL C C C L X X V I I (arcus veteres
Jugp.)) fur les médailles du roi Hérode, les deux caf-
quès des»0S. 3 & 4 , PL C C C LX X X I I (Gejfn. 1 , Reg. min.
fitrifium, ta b . 2, n°-, y & 7 ) , & fur les médailles du roi
Agrippa, le pavillon ou parafol du n°. 5 , PL CCCLXXXII
(ib/j. n0. 20.) : ce font les feuls monumens qui repré-
■ féraent quelqu’obiet relatif aux Ifraélites. Je ne fais point
ulige des médailles de Vefpafien St de Titus, fur lefquelles
onfvoit la Judée ou un Juif captif auprès d’un trophée,
palpe que les artiftes romains avoient adopté un coftume
glgéral pour tous les Barbares.
Au défaut des marbres & des peintures, il faut recou-
rirpux livres facrés des Ifraélites ; mais je crois devoir
auparavant faire fur cet objet une obfervation très-importante
, à caufe de l’ufage où font les Catholiques
d’frner leurs temples de peintures tirées de l’ancien &
dulftouveau Teftament. Les Ifraélites ont vécu jufqu’à
M&ïfe comme des peuples nomades , comme les Arabes-
BJdouins, qui errent encore aujourd’hui fur les frontières
de l’Egypte & de la Judée. On peut donc leur
d'fpner à cette époque le coftume des Arabes, avec la
chevelure que confervoient, avant J’illamifme, tous les
Afiatiques connus. Depuis Moïfe jufqu’à la captivité de
Bapylone, les Ifraélites confervèrent probablement une
paftie des ufages des Égyptiens, chez qui ils avoient
habite, & ils adoptèrent une partie de ceux des Phéni-
L*fls ^: ^es Syriens, avec lefquels ils eurent des liaifons
n?Dituelles fous les fuccefîeurs du roi David. Pendant la
captivité de Babylone ils purent adopter quelques ufages
es Aflynens. Depuis leur retour de Babylone jufqu’aux
conquêtes des Romains, ils eurent fréquemment des
a r.res a foutenir contre les fuccefleurs d'Alexandre
n | Jls ?'n & ils en devinrent fujets ; ce qui fit éta-
« î® , 1^^ee, & l’üfage habituel de la langue des Grecs,
, I f elclues-uns de leurs ufages civils & militaires. Soumis
n aux Romains, vaincus nar Vpfnafipn I®. miains, vaincus par Vefpafien & ffor»nn ffiillse, lIe/u=>rnsrc
>oeurs reçurent encore de nouvelles modifications,
dénpc °Uj 3 Peintre le -plus, inftruit des fiècles mo-
avec oli*1 donnf avec raifon à Éliezer, dans.fon entrevue
M o ï f è t i^ '1 c°HUme des Arabes-Bédouins. Depuis
C‘eft din ^|U a con<îuête de la Judée par les Romains,
A f i a t i a S numens des Égyptiens & dans'ceux des
coflum'es ^ ^ Chercher deS
§. Ier. Coftume civil des Ifraélites. '
Calmet ( Comment. X I , pag. 6 1 ) fait obferver que le
mot bonnet ni fon équivalent ne fe lifent point dans les
livres des Hébreux, à moins que l’on ne parle des Prêtres
} il en conclut , avec allez de vraifemblance , qu’ils
n’avoient pas habituellement la tête couverte. Nous
voyons, en effet, qu’ ils ramenoient leur manteau fur la
tête lorfqu’ils vouloient la couvrir dans quelque circonf-
tance extraordinaire.
Leur chevelure n’avoit qu’une longueur moyenne ; car
on diftinguoit les Nazaréens à leur chevelure, qu’ils ne
coupoient jamais.
Ils portoient ordinairement la barbe de moyenne longueur.
On peut conjeélurer que les Ifraélites né faifoient point
ufage de caleçons ; car il eft ordonné expreflement aux
Prêtres qui deflervoient le temple, d’en porter ( Exod.
1 8 .4 1 ) . ^ - W; , : ■
Les Ifraélites portoient-ils plufieurs tuniqués, & fur-
tout cette tunique intérieure que nous appelons cken^ife ?
Rien ne nous l’apprend. On voit feulement que les Docteurs
de la loi (Marc. 12, 38) affeétoient de porter des
tuniques très-longues. Les autres en avoient d’ affez courte
s , qui cependant defeendoient jufqu’au deflous des
genoux ; car on les relevoit pour travailler & pour marcher.
La tunique donnée à Jofeph par Jacob (Genef.
3 7 , 3) étoit polymite, c’ eft-à-dire, d’une étoffe tifliie
avec plufieurs trames, ou nuancée de diverfes couleurs.
Quant aux deux bandes de pourpre brochées fur le devant
de la tunique des personnages de l'ancien Teftament
& des Apôtres, fur les monumens des quatre premiers
fiècles du chriftianifme, ce font des imitations
arbitraires du laticlave, que portoient à cette époque les
premiers citoyens de l’Empire romain. Les manches des
tuniques étoient longues, comme celles de la plupart
des peuples de l’Orient.
C ’étoit à l’aide de la ceinture, que les Ifraélites rac-
courcilfoient la tunique pour agir plus librement.
Il eft fouvent parlé du manteau dans les livres des
Ifraélites. Moife leur ordonna (Deut. z i 3 12) de coudre
des franges & des efpèces de houpes de couleur hyacinthe
ou bleu de ciel (Hieron. in E^ech. 16, 10) aux
quatre angles de ce manteau : d’où l’.on peut conclure
qu’il étoit carré ou carré-long 5 ce qui le faifoit reflem-
bler aü pallium des Grecs.
Les Ifraélites marchoient-ils habituellèment pieds nus ?
Cela n’eft dit nulle part, & l’on peut conclure le contraire
de ce qu’ils en agiffoient ainfi dans le deuil. On
eft,certain qu’ils portoient en voyage des chaufl’ures.
L’Évangile fait mention de la courroie qui fervoit à les
lier. L'ufage où l’ on étoit de laver les pieds aux voyageurs
à leur arrivée, fuppofe que leur chauffure laiffoit