
( lib. 7 9 vag. ) , qui dit q ue, dans l'armée de Xercès, I
les Phrygiens étoient armes comme les Paphlagoniens. J
Les Tro'/cns font toujours aflimilés aux Phrygiens. Ainfi |
le paflage fuivant du même écrivain ( ibidem ) eft applicable
aux uns & aux autres : « Les Paphlagoniens allant a
» la guerre, portoient des cafques faits de plufieurs pièces
» repliées; des boucliers arrondis, petits ; de courtes lan-
» ces > des javelots > des poignards, & des chaunures
*> propres à cette nation , qui s'élevoient jufqu a la moi-
dé de la jambe. » Lucien ( Alexjnd. tom. I I , pag. 240,
in-4e.) dit que la chauflure des Paphlagoniens était de
cuir, C’étoit aufli de cuir qu'étoit fait leur
cafque ( Xenoph. Ex?. Cyri , lib, y , cap. 4 , n°. y ) .
Au relie, les Romains , dans le fiècle d’Augufte , lem-
bloient n’admettre aucune différence entre 1 armure , la
ta étique des Troyens & celles des Grecs. On peut le
conclure d’un paflage de Denys d Halicarnafle. Selon
l ’hiîlorien (lib. 1 y.cap. 57 ) , Utimts, Roi des Rutules ,
voulant repoufler Enée qui étoit débarqué en Italie , « fit
» marcher une armée nombreufe contre les .Troyens ;
» mais les voyant armés comme les G recs, & fepréparer
» au combat en obfervant un ordre admirable...- il fut
» effrayé , & c . »
S E C T IO N II.
Cofiume civil des Troyens.
Quoique les écrivains anciens aient parlé fouvent dés
Troyens, de la fplendeur de leur Empire & de fa chute
effrayante , ils ne donnent cependant aucune lumière fur
leurs cofidmes. 11 faut chercher ce qu’ ils ont dit des Phrygiens,
parce qu’ils les confondent: avec les Troyens. Nu-
menus ( Æneid. IX , verf. 614) reproche aux compagnons
d’Énée leurs malheurs & le' luxé de'leur ville antique .
Vobis p& a croco , & fulgenti muricc vefiis
E t tunica manicas * & hdbent redimicula mitrx.
& Turnus { ibid. X I I , 57 ) •
................Fetdare in pulvere 'crin.es
Vibratos calido ferro, myrrkâque jnadentes.
Voilà les habits teints avec les deux efpèces de pourpre.
Le mot phrygio defignant un brodeur , annonce que
la broderie fervoit encore en Phrygie à rehaufler l’éclat
des teintures. Les tuniqués des Troyens avoient de longues
marfehes, & leurs mitres ou bonnets des joues ou
des fanons. Leur chevelure étoit longue , frifée avec le
fer & parfumée. Ils portent la barbe fur les monumens.
Apulée , décrivant un ballet-pantomime ( Metam. X ,
pag' 24c, zn ufum) , dont le fujet étoit le Jugement de
Pans y peint le jeune Troyen vêtu d’une brillante tunique
ponant un long & ample manteau orné de broderies
* la tête enveloppée dans une tiare d’or. Philof-
trate ( Heroic. i 5 ) lui donne pour manteau une peaü de
tigre, & dit qu'il avoit l’oeil peint , r i Zftpct f y typai?} *.
On fait que, dans l’Orient, les femmes fe peignent, en
bleu ou en noir, le tour des paupières pour taire paroitre
leurs yeux plus grands.
Dans le troifième tome des Peintures dnerculanum
(pag- $5 ) , on voit un Troyen debout, etendantla main
droite, tenaht de la gauche un arc détendu, avec un
carquois fous le bras gauche : il étend la droite vers une
femme affife qui paroït penfive. Ce Troyen , qui vraifem-
Hablement eft Paris, porte de longues chauffes de couleur
d’o r, qui defeendent jufqu’aux chevilles ; des chauf-
fures ouvertes; une tunique rouge , avec des bandes
bleues ; un manteau bleu plus clair, qui defeend au (h bas
que les chauffes; un bonnet phrygien de couleur d or,
avec une'appendice qui defeend jufqu’a la première ceinture
placée fous les mamelons ; une fécondé ceinture eft
placée fur les hanches, & elle eft cachée par le repli de
fa tunique qu’elle tient relevée à la hauteur du genou. Je
.donne ici cette figure de Paris au n°. 2 , PL CCXLPIII.
Ce font les feuls habillemens de Troyen , dont on puille
faire connoîtrè les couleurs. Sur un bas-relief de terre
cuite, confervé dans le muféum du Collège romain
('IVinek. Monum. untiq. n°. 1 17 ) , on voit Paris enlevant
Hélène fur un char, il eft ici deffmé fous le n°. 3 ,
PL CCXLVilL Je ne cite pas le Paris du palais Altemps
à Rome , que-l'on peut voir dans Lens ( PL X X I3 n°. 62),
parce que les reftaurations feules en ont fait un Paris, &
parce qu’ il ne repréfente , fans cela , qu’un Barbare
confidéré en général ■
Dans un bas-relief de la villa Borghèfe ( IVinek. Mon.
| ant. n°. 135 ) , Priam eft à genoux, dans la pofture de
fuppli^nt, pour obtenir d’Achille le corps d’Hector. Il
eft vetû d’une tunique qui defeend jufqu’aux pieds , telle
que la portoient les Rois & les Prêtres. Cette tunique eft
garnie de très-longues manches. On croit en dtftinguer
une fécondé , dont les manches s’arrêtent au milieu du
bras. 11'porte le bonnet phrygien, un long 8c amplë manteau
11 eft deffiné ici fous le n°. 4 , PI- CCXLVIII. Sous
le n°. 1 , Pt. C eX L IX , paroït encore Priam avec le
feeptre, tel qu’il eft repréfenté fur un autre bas-relief de
la même villa, où il reçoit lés Amazones qui viennent le
défendre contre les Grecs ( IVincketm. Monum antiq.
n°. 157). Je donne, fous le n°. t , PL CCXL1X , un des
Troyens qui portent les préfens offerts par Priam à l ’implacable
Achille ( ibid. 13 y ) . . . ’ • . .
L’habillement des Troyennes ne diffère pas ordinairement,
fur les marbres , de celui des Grecques. Homère
leur donne les mêmes ornemens, colliers, bracelets, 8cc.
Cependant je dois faire connoître 'deux figures de
lroycnn.es, qui font coiffées avec le bonnet phrygien.
Cette coiffure peut produire un effet pittorefque fous le
crayon d’un habile artifte ; e’eft pourquoi on trouvera
ici une de ces figures fous le «°. 3 , PL CCXLtX. Elle
eft tirée d’un bas-rélief du palais Mattéi (publié par
Winckelmann , Mon. ant. ra°. 130); qui reprefente Ân-
tiloque apprenant à Achille la mort cie Patroele. Derrière
Antiloque font placées deux femmes vêtues & coiffées
de la meme manière, dont l’ une eft la figure precedente.
Winckelmann les recônnoît pour deux Troyennes
qu; Achille & Patroele avoient faites prifonnières (lliad. I,
verf. 6(51.) ,
On ne peut douter que les habits des Troyens ne pre-
fentaflent des différences notables, compares a ceux des
Grecs ; car Agamé-mnon dit, dans la tragédie d Euripide,
qui porte ie nom d3Hécube ( verf. 73 2), en voyant de loin le
cadavre dePolydore, fils de cette malheureufe Reine.—.
ce Quel eft ce Troyen mort que j'apperçois dans la tente .
» Ce n’eft point' un Grec : les habillemens dont il e*
» vêtu, me font reconnoître fon pays. »
S E C T IO N I II .
Cofiume religieux des Troyens.
Les poèmes d’Homère, de V irg ile , de Qumtus àe
Smyrne, &c. n’établiff'ent aucune différence entre les
rites , l,e ecftume religieux des Troyens, & ceux des Grecs.
Les monumens troyens^ relatifs à ces objets, font les figures
de Laocoon & une peinture d’Herculanum ( 111,
pag. 2ov ). Laocoon eft nu : Virgile parle feulement des
bandelettes ( vitta* ) dont il étoit orné.' C ’eft le bandeau
facré qui ceignoit la tête des Prêtres comme celle des
Rois. Le tableau d'Herculanum repréfente l’entrée du
cheval de bois dans la ville de Troye. Lorfqu’on l’a découvert
on pouvoit efpérer d’y voir les détails des fêtes,
des pompes religieufes des Troyens , car ils traînent en
triomphe cette fatale machine devant la ftatue de Minerve
, à qui ellé étoit confacrée ; mais l’ état de dégradation
où étoit le tableau quand on l’a gravé , ne laiffe
plus diftinguer que des malles : les détails font perdus.
On entrevoit feulement que les perfonnàges qui traînent
le cheval', portent des mafques tels que ceux des Egyptiens
, c’eft-à-dire, qui irépréfentent les têtes de divers
animaux; de chîehs, par exemple.
SECTION IV.
Cofiume des Amazones,
■ Je n’ ai point à écrire ici l’hiftoire des Amazones ; maïs
ayant à peindre leur coftùmé, je dois parler de cette
fable d’où on dérivoit leur nom g re c , ou plutôt qui fut
compofée d’après leur nom flans mamelle). Plaute
( Car eut. aâ. I I I3 Je. i ) y Diodore (lib. 2 , caput 4y ) ,
Strabon (lib; 1 1 , pag. y04-i62ô), &c. difent que les
Amazones brûloient leur mamelle droite afin de tirer
l'arc avec plus de facilité. Cette fable eft détruite par
tous les monumens : les deux mamelles des Amazones y
font fortement exprimées. De plus, les mamelons font
très-prononcés, parce que ces héroïnes étoient mères
£'our la plupart. Cependant elles portent ordinairement
eurs cheveux relevés & noués, comme les vierges.
; Strabon, cité plus haut, dit que les Amazones combat-
toientà cheval; qu’elles étoient armées: d’arcs, de haches
, de pelta , & que leurs vêtemens & leurs ceintures
étoient faits de peaux de bêtes fauvages. On reconnoîtle
pelage moucheté du cerf à l’Amazone dont le bufte,
delfiné ici au n°. 4 , PL CCXLIXS eft pris des vafes grecs
d’Hamilton ( 2e. Colle&ion , 1800, I l , P l .X ) . La tête
préfente ce caractère que Winckelmann ( Hift. de ÜArt,
iiv . 4 , chap. 2 , §. 85) dit avoir remarqué fur toutes les
figures d’Am ozones, une phyfîonomie grave, mêlée d’af-
fliétion & de douleur. Quant à l’autre obfervation que
fait le même écrivain ( ibidem, chap. y , §. 17 ) , elle eft
trop générale, & même elle eft contredite par les deux
figures entières à’Amazones que l’ on voit ici. Winckelmann
difoit que ces héroïnes font les feules femmes qui
: n’aient pas la ceinture placée immédiatement au défions
i du fein, mais qu’elles la portentcomme les hommes,
. fur les reins, fans doute pour défigner leur génie belli-
| queux.
Voici le cofiume ordinaire des Amazones : une feule tunique
courte, fans manches, liée avec une ou deux
ceintures; des chaüflures qui montent jufqu’au milieu
des jambes ; des boucliers faits en croiflant & deux fois
échancrés (une des fortes de pelta), ou des boucliers
coupés comme les écus des armoiries ( autre forte de
pelta ) y ou des boucliers ovales fans échancrure ; des
haches à deux tranchans ; diverfes fortes de mafliies, &c.
Elles ont ordinairement la tête nue, mais elles portent
uelquefois des cafques garnis de joues, dont la forme
u panache rappelle le bonnet phrygien ; quelquefois elles
portent ce bonnet même : on le voit au bufte du n°. 1 &
a la figure du n°. 9 , PL CCL, qui eft prife d’ une pierre
gravée de la galerie de Florènce ( Gem. tom. I I ) . — Les
manches longues ou phrygiennes du n°. 1 font analogues
au bonnet. — Le n° i t Pi. CCL3 eft pris d’un bas-
relief publié par Winckelmann (Monum. ant. n°. 138).
Le cothurne ou la chauflure élevée & la pelta étoient
tellement affeétés aux Amazones, qu’après la viftoire de
Pompée ( Pluiarq. pag. 400, tom. I I 1 , Briani) furies
Albani du Caucafe, les Romains dépouillant les morts,
qui en portoient de femblables , furent très-furpris de
ne pas trouver de corps de femme.
Dans les peintures a Herculanum ( tom. V 3 pag. 314) ,
on voit deux Amazones aflifes. Elles portent une feule
tunique violâtre, avec des taches rouges, qui rappellent
le pelage moucheté des bêtes fauves ; des cothurnes
verts ; un bonnet phrygien rouge ; une pelta blanche
avec une bordure rouge. — Dans une peinture des ruines
du palais de Titus, deux Amazones ont les cheveux
blonds, les bras nus, une lance, une pelta rouge avec
une bordure jaune. Elles portent une tunique qui finie
au genou, & par-deflus une fécondé tunique qui finit
au deffous du nombril. Les deux tuniques de l’une font
violettes, l’intérieure de l’autre eft^ouge, & l’ extérieure
verte.