
anneaux d’or fervïrent à reconnoître les tribuns tués dans
une bataille, que Scipion prioit Afdrubal de faire enterrer
( App. Punie, p. 104 , tom. /, Tollti) . Le fagum des tribuns
difteroit de celui des foldats} car le tribun Décius * environné
des Samnites , prit celui d’un foldat pour fe dégui-
fer en allant faire une reconnoiffance 3fagulo gregali amic-
tus ( Liv. lib. 7 , cap. 34). Lorfqu’ ils demandoient le mot
d'ordre aux Empereurs , ils ne portoient pas le para^o-
nium, mais l’épée des cavaliers , %ï<pos iirrixà* , ainh que
Jofèphe le dit du tribun qui tua Caligula (Antiq. jud.
Ub. 1 9 , cap. 1 ). On verra, auprès de l’Empereur, des
officiers que l’on croit être des tribuns. _
Le centurion commandoit une des centuries dont la
cohorte étoit compofée , & le centurion de la première
centurie commandoit toute la cohorte. Le primipile ou
premier centurion de la première cohorte etoit chargé de
la garde de l’aigle légionnaire. Un cep de vigne, vais, étoit
la marque de dignité du centurion, & il s’ en fervoitpour
châtier les foldats. On voit ce bâton dans les mains des
centurions qui font fculptés fur des tombeaux deffines
dans les Recueils de Boiffard & de Muratori. J en ai fait
deffiner ici un fous le n°. 1 , PI- C C LX X lî, maigre la
groffiéreté du travail, à caufe des récompenfes militaires
dont il ell comme accablé. Autour du bras droit qui tient
la vitis3 on remarque im bracelet (armilla ) très-prononce.
Sa tête ell ceinte d’une couronne dont on ne peut diitin-
guer Fefpèce : fur fa poitrine & fur fes épaulés brillent
des portraits. d’Empereurs , qui font fufpendus à un collier
torques ou coitare ) enorme. La tete de Medufe qui
eft au milieu, fait partie de la cuiraffe. Du tems de V e-
gèce {lib. 2 , cap. 1 6 ) , au quatrième fîècle de l’ère
vulgaire, les centurions portoient des cuiraffes, des boucliers
longs, des cafques de fer avec des aigrettes arpentées
, placées en travers pour les faire reconnoître.
de celle des fimples foldats, foit qu’ il porte fon vexille
à cheval, foit qu’ il le porte à pied. On en voit un ici
fous le n°. 2 , P/. CCLXXIU , tiré des bas-reliefs de la
colonne prétendue antonine ( tab. 51).
Je ne donnerai point de figures de trompettes, parce
que leur coftume étoit le même que celui des porte-en-
feignes : comme eux ils portoient les dépouilles de betesf
féroces. On les verra deflinés en bufte dans les Planches
( Foyer la page 23 de la fécondé partie de cet ouvrage. )
Apres avoir reçu le mot d’ordre du general, le tribun
l ’écrivoit fur une tejflert ou planchette qui etoit portée aux
commandans des manipules par le tcjferarius : c étoit un
foldat en grade. On en voit un fculpté fur un tombeau,
avec fon épitaphe recueillie par Muratori (T h c f ln f
eript. ). Il elt ici deffiné fous le n°. 2 , P L CCLXXlî. I l ,
faut obferver la tefïere , l’épée qui fort du côté droit, &
l ’ample fagum qui eft orné de franges , de même que la
chauflure. (Obfervezque le graveur a inconfiderement
letoumé le deffin. )
On apprend parles inferiptions, que les porte-enfeignes
tenoient un rang diftingue dans les armées romaines.
Polybe {lib. 6 ) dit qu’ils étoient choifis entre les foldats
les plus vigoureux , à caufe de la pefanteur des en-
feignes. Ils dévoient être auffi les plus intrépides : on ne
leur pardonnok pas une làchete, parce qu ils entrai-
noient avec eux le refte de la troupe. Ils étoient dépofi-
tairesde l’argent des foldats. Sur les colonnes trajane &
prétendue antonine , les porte-enfeignes ne font diftin-
gués des fimples foldats que par la dépouillé de lion ou
.d’ours dont ils avoient le calque, le dos couverts, &
dont les pattes s’attachoient lur la poitrine. Tel on voit
ici fous le n°. 3 , PL C C LX X lî, un porte-enfeigne
(fî§niftry marchant en tems de paix, & tiré de la co lonne
trajane (tab. 9c ). Le n*. 1 , PL C CLXXlîl , :pre-
fente un aquilifer3 celui des porte-enfeignes que le cen-
tt:rion primipile chargeoit du foin de porter l’aigle légionnaire.
de leurs inftrumens. _
Le n9. 3 bis, Pl. CCLXXIII, préfente un licteur a
l’armée, vêtu du fagum. Cejagum etoit rouge, probablement
A en juger par les deux colonnes citées, le j
yexlWfery celui qui portoit le vexiîle , l’étendard de la J
cavalerie, n’avoit point de dépouille d’animaux. On J
voit fon calque en entier , & fon armure ne diffère point \
d’une autre nuance que le paludamentum du général.
Peut-être auffi .étoît-il moins ample , car Silius Ita-
licus^ { lib. 9 , verf. 420) l'appelle fagulum :
Ifque ut yarronem procul ipter pralia vidit,
Et juxta fagulo circumvolitare rubenti
Liélorem.....
N°. I I I . Empereurs dans les camps.
S’il nous étoit parvenu des peintures des Romains,
nous ferions connoître avec facilité le coftume des Empereurs
, furtout leur coftume militaire , parce qu’il dif-
féroit parla couleur feule ( la couleur pourpre) de celui
des officiers fupérieurs. Mais les bas-reliefs Scies ftatues
font les feuls monumens que nous puiffions citer, & ils
ne nous préfentent que des formes privées de^ couleur.
Les ftatues mêmes ne doivent être copiées qu’avec discernement.
En effet, celle de Marc-Aurèle que l’on voit
au Capitole, celle de Septime-Sévère , qui, de la villa
Albani, a été tranfportée dans le muféum français, ont
des cuiraffes beaucoup plus richement ornées que les
figures de ces deux Empereurs ; celle de Marc-Aurèle
dans les bas-reliefs de la colonne prétendue antonine;
celle de Sévère dans les bas-reliefs de fon arc de triomphe.
Au rèfte , on pourroit dire que les ftatues qui re-
préfentent les Empereurs vêtus d’une armure fi riche, les
repréfentent dans le coftume des triomphateurs; car on
fait que l'o r, l’argent & lès broderies brill oient fur les
vêtemens de ceux-ci. C ’eft pourquoi je donne fous le
n°. 1 , PL C C L X X I V , la ftatue d’Augufte, qui eft au
Capitole. Quoique fa cuiraffe ( Périer, tab. 10 ) foit
ornée , elle eft une des plus finroles. La ftatue-pedeitre
de Marc-Aurèle, du même muféum , a pour>armure la
cuiraffe brillante de la Planche L IV , n°. 4. La tête eft
nue; la chauflure eft moderne. Le n°. unique de la Pl.
CCLXXV préfente la ftatue équeftre du même Empereur,
qui eft placée à l’entrée du Capitole (Périer3 \
tab. 1 1 ) . A fa ftatue jpédeftre on oppofera la figure du
même Empereur, tiree de fa colonne ( t*b. 53 ) , 8c def-
■ finée ici fous le n°. 2 , PL CCLXXIV. Sa euirafle ne
préfente aucune broderie : c’étoit probablement celle
que les Empereurs portoient lorfqu’ ils maçchoient en
ordre de bataille, foit à pied, foit a cheval. Etoient-ijs
dans le camp & défarmés, ou en marche ordinaire, ils
ne portoient que la tunique & le paludamentum»comme
on le voit à la ftatue équeftre de Marc-Aurèle, déjà citee,
& dans les bas-reliefs de la colonne trajane ( tab $ ;
Lorfque les Empereurs haranguoient les foldats, us
portoient la cuiraffe, le paludamentum ; ils tenoient alors
’ de la main gauche , quelquefois la lance, comme le Marc-
Aurèle du dernier numéro, & Trajan ( Col. t>aj. tab. 20 ) I
| quelquefois le rouleau, volumen, ou les placets .•
I traj. tav. 36) , quelquefois enfin l’épée, qui caracteri-
1 foit les généraux. Cette denaièxe attitude étant la pto*'
ordinaire, on verra ici Trajan ainfi pofé, mais fous deux
' «fpeéls différens : n ° . j , PL CCLXXIV üré de la colonne
trajane (tab. 38) , & n . i , P / . ClLX X l , tiré
de la même colonne (tab. 8 7 ). C ’eft auffi fur le même
monument que l’on voit Trajan marchant à la tete de fa
■ cavalerie, tel qu’il eft ici fous le n". 2 , PL CCLXXVI.
K Sur la place publique de Barletta dans la Pouille , on
| voit une ftatue de bronze coloffale, qui repréfente Conf-
cantin revêtu de la cuiraffe. J’en donne ic i , fous le_«°. î ,
p/. CCLXXVIt un deffin tiré de la nouvelle édition de
f Winckelmann, par Janffen ( tom. I I , PL IX,pag. 514).
■ XI faut obferver que la croix eft moderne ; que la main
droite tenoit probablement autrefois une lance, & que
la tunique a de longues manches. La dernière figure
d’Empereur qui eft ici fous le «°. 1 , PL C C LX X V ll, eft
tirée delà colonne appelée théodofienne (PL I X , n°. 24
ybis). Laricheffe des vêtemens de cet Empereur, & du
•harnois de Ton cheval, rappelle la molleffe de Caracalla
( Dio Caftas, lib. 78 , cap. 3 ) . « Il ne pouvoit plus fup-
»> porter la chaleur ni le poids d’une armure ; auffi por-
- f» toit-il des tuniques garnies de manches , travaillées en
«a forme de cuiraffe, afin d’ avoir le mérité apparent de
» porter une armure fans avoir à en redouter la pe-
» fanteur, & afin d’être à l’ abri des attaques fecrètes. Il
*> les portoit fouvent hors des combats. Sa chJamyde
» (le paludamentum) étoit tantôt faite de pourpre, tan-
•» tôt mêlée de blanc & de pourpre , tantôt de couleur
*a rouge. » Élagabale imita cet exemple, & c’eft de lu i,
lion de Dioclétien, qu’Eutrope auroit du dire ( Breviar.
lib. .0, cap. 26) : « Le premier ii fubftitua dans l’Empire,
» à la liberté romaine , les formes de la royauté. Il vou-
» lut être honoré par la profternation , tandis qu’on fa-
*• lu oit fes prédéceffeurs. Il orna de pierres précieufes
» fes vêtemens & fa chauflure, tandis que la marque dif-
" tinélive de l’Empereur étoit Amplement un manteau
»» de pourpre, le refte de fon vêtement n’ayant rien
» d'extraordinaire. » Mais on peut obferver quela plupart
des fuçceffeurs d’Élagable renoncèrent à ce luxe
asiatique. Ce n’eft que depuis le commencement du Bas-
-Empire ( placé ordinairement fous Valérien) que les Empereurs
l’adoptèrent conftamment. « Gallien, dit Tre-
**’ bellius Pollion ( cap. 16 ) , couvrit fes cheveux de pou-
» dre .d o r , parut fouvent en public avec une couronne
■ » rayonnée. On le vit avec un manteau de pourpre Use
” des-agraffes d’o r, ornées de pierres précieufes, dans
“ jxette' Rome où fes prédéceffeurs avoient toujours
19 E°r j6' a to®e' ^ revêtit auffi une tunique d’homme,
» brodee en or , & garnie de longues manches. 11 orna
| de Pierres précieufes fon baudrier & fa chauflure mi-
“ ta,re- »-La figure d’ un cônful du Bas-Empire, deffinée
ans le numéro précédent, donnera l’intelligence des
vers de Claudien ( in pnConf,\ Stilick. lib. i 3verf 87),
jant les largeffes de Stilichon, conful fous les fils
j »eodofe, il décrit, au diadème près , le vêtement
s ’A , mPèreurs..4.. «V ous diftribuez avec juftice les
; fma®ydes de pourpre, les-baudriers couverts de per-
üi rofr 6S t?^e's ornees de pierres précieufes, les cui-
1.. es .enrichies d’émëraudes , les cafques chargés
'i yacinthes, les épées àpoignées brillantes, & c. »
N . IV. Obfervations générales für la milice romaine,
s es £°Mats romains. Ils portoient des efpèces
r “ à-dire, dit faint Jérôme ( Fabiol.
Æ n J iUu 'acf riot- ) * des tuniques de lin , qu’ils ap-
, p camifti. ,• elles s’appliquent au corps & aux divers ]
» membres avec tant de précîfion, que les foldats n’en
» font pas moins agiles à la courfe, au combat, à lancer
» les traits , à porter le bouclier & à manier l’épée .
» & c . » On plaçoit fur cette tunique, la euirafle quand
on étpit armé; & fous le Bas-Empire la chlamyde
lorfqu’on étoit en coftume civil. Le même écrivain dit
dans l’eloge de Nepotianus......Referret alius , quod in palatii
militia fub chlamyde & candenti lino corpus ejus cilicio
leftum fit.
Dans le chapitre des cafques , j’ ai parlé de l’efpèce de
calotte ou de bonnet que l’on mettoit fous le cafque
pour prévenir les écorchures. J’v ai dit auffi que l’on em-
ployoit les éponges au même objet.
Sur la colonne trajane on voit le plus grand nombre
des Romains porter le campefire, efpèce de culottes qui
defeendent jusqu’aux gras de jambe. On ne peut pas cependant
affurer qu’ ils en portaffent tous ou toujours ;
car Trebcllius Pollion ( pag. 3 14 , tom. I I ) dit que le
tyran Saturnin ordonna que les foldats porteroient dans
le repas le fagum, ne inferiora denudarentur, afin de couvrir
la partie inférieure de leur corps. Il s’agit ici de repas
d’apparat, dans lefqùels les convives mangeoient coucnés
fur des lits.
Tant d’auteurs modernes ont écrit que le fagum avoit
des manches , qu’ on ne peut trop répéter le contraire.
C ’étoit une pièce d’étoffe coupée fous forme de carré-
long. On le conclut évidemment du paffage de Capitolin
( Commod. , cap. 6 ) , où il dit que Commode fe faifoit
amener dans les falles de fon palais fon cheval Prafinus ,
couvert de tapis dé pourpre..... S a gis fuco tinftis coope
tum.
A Rome & dans l’Italie, les foldats romains ne mar*
choient pas en corps d’armée lorfqu’ils étoient conduits
par lès Empereurs, qui refpectoient les.conftitutions de
l’Empire. Marc-Aurèle , revenant de l’Orient & de la
Grèce......ce arrivé à Blindes , dit Capitolin ( pag. 394 ) ,
» fe revêtit & fit revêtir fes foldats de la toge 5 il ne
» leur permit point déporter le fagum. »
Il paroît que les foldats, hors du camp , rie portoient
pas le fagum ; du moins en étoit-il akifî quand ils alloient
à la enaflè. Bélifaire lés conduifoit contre les Perfes, Ô6
ils étoient allés à la chaffe près de leur camp fans armure.
Procope ( Bel.perfic.3 Lib.i3 cap. z 1 ) d it :..... « Ils
» n’avoient ni Una ni aucune autre efpèce de manteau,
» >sTt<L\\i}i t7eoifiiIa met. Ils ne portoient que des tuniques
» de lin, de longues chauflès & le ceinturon. »
1 e fuba.rm.ale, ûnrafr'is3 étoit l’oppofe de Yépomis■ C ’e-
toit la tunique que l’on portoit foui, la euirafle. Sévère ,
voulant punir les prétoriens qui avoient affaffiné Pertinax ,
les fit venir devant lui , en tunique & fans armes : Frsto-
rianos cum fubarmalibus inermes fibi jujjit occurrere ( Spart.
Sever. 6 ).
On a dit, dans l’article des ckaujfures militaires, qu’elles
étoient garnies de clous en deffous. Jofcphe confirme
cette aflèrtion ( Bèl.judaic. VU , cap. 7 ). Lorfque l’ armée
de Titus àffiégeoit le temple de Jérufalem , le cen-
tarion Julianus pôurfuivant les Juifs....»« i l avoit fa chauf-
" fore armée de clous aigus & ferrés , comme les autres
« foldats ; de forte que y courant fur un-pavé fait de
» grandes ' pierres , il tomba. Au bruit que firent fes
» armes dans cette chute , les affiégés fe retoumè-
» rent, &c. »
Le luxe s’ introduifit dans la milice romaine avec les
habillemens des Barbares , fous les fuccefîèurs des An-
tonins. Alexandre - Sevère ( Lamprid. 40 ) donna aux
foldats des jambarts, de longues chauffes & des chaui-
'R i