
Sur les médailles qui ne préfentent que la tête de la
Liberté 3 elle eft tantôt couronnée d’olivier ou de laurier
; tantôt un voile eft place fur la couronne ; quelquefois
elle porte un diadème.
Le bonnet, placé entre deux poignards , fert de type
à des médailles que Brutus fit frapper après la mort de
Céfar.
PUDEUR PUDICITÉ. Lès Romains rendirent un
culte a cette vertu ; mais ils furent obligés de lui confe-
crer deux temples feparés , l’un pour la Pudicité patricienne
l'autfë pour la plébéienne. Cette, detfle paroît
fouvent fur les médailles des Impératrices , quelle
qu’ ait été leur conduite ; elle y eft ordinairement repré--
fentée fous la figuré d une femme debout ou aüifë , qui
tient un fceptre de qui cherche couviir fon vifage avec
la partie du manteau qui eft placée fur fa tete comme un
voile. On la v.oit ainfi fur une médaille de Mae fa (GcJJn.
tom. I l , tab. 161 ," n°. 4 ) , & ici fous le n°. z 3 Fi.
c CXXIX.
FÉCONDITÉ. La fécondité des Impératrices eft repré-'
fentée fur leurs méda lles fous la figure d une femme
afiife ou debout, qui tient une corne d'abondance & qui
tend une main à un petit enfant Son plus bel emblème
eft celui qui fert de type à des médailles de Faufune
jeune (Gejfr eri, tom. I I , tab. 1 14 , n°.,27 ) , & que 1 on
voit ici fous le *°. 3, P/. CCXXIX. Elle porte deux en-
fans 3 & en a deux autres à fés côtés.
PIÉTÉ ou R ELIGION, AMOUR MATERNEL ,
AMOUR F IL IA L , &c. Cicéron .ditjque le mot Piété
exprime à la fois, & le culte qu’ on rend aux Dieux, & la
vénération pour fes aïeux & pour fes parens.
Piété , Religion. Cette vertu eft repréfentée fur les
médailles par les fymboles de la religion, les vafes facer-
dotaux, la patère, les autels & les temples, ou fous la
figure d’ une femme qui a la tête couverte avec fon manteau,
qui tient une patère ou le coffre à l’ encens ( I V
laves de l’Etna leur père & leur mère, feul tréfor dont
la confervation les occupe dans cet incendie général.
Piété , Am o u r du Sénat pour l'Empereur. Sur de.s
médailles d’ Antonin-Pieux & de Commode on voit
l’Empereur & un fénateur vêtu de la tog e , avec la légende
cerra ) , & qui jette ce parfum fur un autel. C’eft ainfi
qu’elle paroît fur une médaille de Lucille .( Gtjfneri , !
7om. I I , tab. i l 9 , 72°. 52) , & ici fous le f . 4 , PL
CCXXIX. Quelquefois la Piété élèye les mains vers le
ciel, — La Piété ou la Religion des Empereurs eft fouvent
exprimée fur les médailles, depuis Trajan D e c e , par la
figure de Mercure, qui. tient la bourfe & le caducee.
Piété, Amour maternel. Sur les médailles de
Domitille, époufe de Vefpafien ( Gejfn. tom. I l , tab. 59,
n°. 19 ) , & ici au n9. y , PL C CX X IX , on voit cette
Princeffe ou la Piété aflife fur un trône, coiffée avec le
diadème,.& fon manteau ramené fur la tête ; elle tient
de la main gauche un long fceptre, & elle étend la
droite fur fon fils, le jeune Titus. Quelquefois cette même
affe&ioh eft défignee fous l’emblème d’ une femme qui
porte un enfant dans fes bras.
Piété, Amour filial. Sur des médailles de la famille
Cæcüîa on voit là tête .de la Piété' voilée : au-de-
yant, une cicogne. Les Anciens croyoient quë cet oifeau
emporte fur fon dos fes père & mère vieux ou infirmes.
Sur des médailles de 'Cefar, Enée porte fon père An-
chife. Sur celles de Catàne en Sicile , les deux frères
pieux , Amphinomûs & Anapius, enlèvent du milieu des
PlETATI SENATVS, ' '
Réciproquement, fur des médailles de Galba, un fénateur
place une couronne fur la tête de l’Empereur,
avec la légende Sen a t v s p ie t a t i a u g v s t i .
Piété , Am o ur mutuel des empereurs Balbin & Pu-
pien, exprimé par le fymbole de deux mains jointes, &
par la légende Pie t a s m v t v a a v g g .
Piété , Amour de l’Empereur pour quelque province
ou pour quelque ville.' Il eft repréfenté fur les médaillés
du Bas-Empire par la figure de l ’Empereur en habit militaire,
qui relève une figure de femme agenouillée, coiffée
de tours, avec la légende Pie t a s a v g .
Piété , Amour des armées pour l’Empereur. Sur dep
médaille^ d’Alexandre Sévère, une femme debout s’appuie
de la droite fur une enfeigne militaire. A fa gauche
eft plantée une fécondé enfeigne, & .o n lit Pie t a s
m il itu m .
PRUDENCE. Sur des médailles de Caraufius & d’Au-
reolus on lit PRu dent ia a v g . ; mais on croit que c’ eft
une faute des monétaires, parce que les types de cés médailles
appartiennent à la Providence. Sur les unes on
voit une femme débout, qui tient une couronne & une
baguette ; & fur les autres , une femme debout tient une
j baguette , s’appuie fur un cippe : un globe eft a fes pieds.
Voici le portrait que fait de la Prudence ( rppovvn; ) Euftathe
dans le Roman d’Ifmène & d’Ifménias ( lib’. z ,
pag. 3 y ) : « Elle porte une couronne de perles'& de
» pierres précieules , un collier d’argent avec des pla-
» ques d’or & une agraffe d’hyacinthe. Sa chevelure eft
» blonde. Elle élève fa main droite vers fon front, &
» fejnble toucher le rubis qui en fait l ’ornement. Dans la
» gauche elle tient un globe élégant. Ses pieds font nus ;
» P un eft caché fous fes vêtemens. Sa tunique Ample
»■ reflemble à celle que portent les habitans des campa-
» gnes 5 car- le peintre a employé tout fon art a la tete
» de cette v ierge, '& il a peint avec négligence lerefte
de la figure. » '
JUSTICE, ÉQUITÉ. Les Grecs.donnpient à la divinité
qui préfidoit à la Juftiçe, les noms de Dicé J à’ Aftrée
& de Vhémis. « Les Romains repréfentoient .la Juftice,
« dit Aulu-Gelle ( lib. 14, cap. 4 ) , fous la figure d’ une
» vierge au regard perçant & redoutable, avec des traits
» remplis dé dignité, quoique févères & trilles: j mais ils
■ » ne préfentoient rien de bas ni de farouche. « Sur les
médailles impériales’, la Juftice ou YÉquitc tient un fceptre
& une balance de biveau..C’eft ainfi qu elle paroît fur
une pierre gravée de la galerie de Florence (tom. 1,
tab. 9 9 , /zG. 4 ) , & ici fous le n°. 1 , PL CCXXX. Sur
les médaillés de Sévère, elle porte la balance & une
corne d ’abondance. Quelquefois elle tient une patere &
une hafte- . .
Euftathe (de Ifmtnis., -&c. pag. 41 ) trace ce portrait
ds Thémis ou de la Jàftiu. « Une vierge a l'air celefte ,
» le port majeftueux, le vifage éclatant de beaute. Sa
I » tunique eft de couleur rouge, & la blancheur de fon
- v *. . 33 corps
* corps brille au travers de cet habit ; ce que le peintre
» n’ a indiqué que légèrement. Sa chevelure, liée fur le
„ dos, flotte mollement. Elle fixe les deux. Sa tunique
„ defeend jufqu’ au milieu de fes jambes- Elle tient une
», balance de la main droite, & un flambeau de la
39 gauche. »
FO R C E , CO URAGE, VIRTUS-, trois mots fyno-
nymes, mais auxquels le mot français Vertu n a pas un
rapport direct. La Force, , étoit, difoit-on, fille de
Tnemis & foeur de la Tempérance. Voici le portrait
qu’en fait Euftathe (de IfmenU, &c. lib. z , pag. 36 ) : ■
„ Une figure toute militaire, fi l’on excepte le vifage^,
„ dont le regard eft même plus affuré qu'il ne^ paroît
„ convenir à une vierge. Un cafquè brille fur fa tête ; un
» bouclier couvre fa poitrine, & une tunique chargée
„ d’écailles fon dos 5 une ceinture entoure fes reins j
3, fes mains & le refte de fon corps font armés. Quoique
„ fes mains paroiffent endurcies, cependant fes doigts
„ préfentent la douce molleflfe des doigts d’ une vierge j
» de forte que vous croyez voir un foldat 11 vous regar-
» dez les parties du corps qui font couvertes par les
,3 armes j mais -celles qui font découvertes , annoncent
3, une belle vierge. Enfin,, cette vierge o u , fi vous l ’ai-
m mez mieux, cette figure armée tient de la gauche un
33 bouclier , & de la droite la longue & redoutable lance
33 du dieu Mars. »
G c ’-voit une femblable figure de la Force fur les médailles
de Galba, qui ont pour légende honos et v ir -
tus. Elles ont pour type deux figures, celles de l’Honneur
& de la Force : celle-ci, vêtue en Amazone, porte
le cafque, la tunique relevée avec une ceinture, des
chaulfures qui s’élèvent à mi-jambe ; tient le para^onium
ou épée des généraux & la lance. Elle appuie fon pied
droit fur un cafque. L ’Honneur eft repréfenté fous la figure
d’une femme couverte d’une draperie de la ceinture
en bas, tenant une hafte & une corne d’abondance. Sur
des médailles de la famille Fufia, où on lit le nom de
Kalenus3 on voit deux têtes accolées; l’une, celle de
l ’Honneur, a les cheveux frifés en longues boucles, une
couronne de laurier, & ces lettres à côté : h o . L’autre
tête eft coiffée avec un cafque, & on lit auprès d’elle
ces lettres, v j r t ., initiales du mot latin qui exprimoit la
Force & le Courage.
La réunion de ces deux perfonnages allégoriques ne
doit point furprendfÇ. Ils avoient à Rome deux temples
réunis, & T o n ne parvenoit à celui de l’Honneur quen
pallant par celui de la Force. ( Voye[ Varticle fuivant. )
HONNEUR. Dans l’article précédent, j’ai parlé de
l’Honneur uni à la Force ou au Courage. Je ne m’ occuperai
ici que de l’Honneur, repréfenté feul fous la figure
d’un perfonnage vêtu de la-toge , tenant une hafte & la
corne d’abondance, ou une branche de laurier, avec les
légendes honos , honori a u g . honos a u g , & c.
C ëft ainfi qu’il paroît fur les médailles d’Antonin , de
Marc-Aurèle. Sur celles de Titus, le type eft un homme
enveloppé, depuis la ceinture jufqu’aux pieds , dans une
draperie, s'appuyant fur une hafte, tenant la corne d’ abondance.,
& le pied gauche pofé fur un globe.
CONSTANCE. Elle eft repréfentée fur les médailles
d’ Antonia, femme de Drufus, fous la figure d’ une femme
qui tient une longue torche & la corne d’abondance, &
d une femme affile qui élèye la main droite. Sur une médaille
de Claude.( Gejfn. I I , tab. 4z 3 n°. 1 1 ) , une femme
en habit militaire élève la main & l’ index droits, comme
les fentinelles.
MODÉRATION. Sur une médaille de Tibère ( Gejf-
neri 1 1 , Impp. tab. 34, n°. 19) , on voit un bouclier orné
de divers deflins, d’une couronne & d’une tête peu dif-
tinéle, On croit qu’elle repréfente la Modération, parce
qu’on lit autour du bouclier la légende moderationi.
s. c. Le Sénat fit frapper cette médaille en l'honneur de
Tibè re, parce qu’ il s’étoit contenté de trois triomphes,
au lieu de feptqu’il avoit mérités.
CLÉMENCE. On diftingue, fur les médailles impériales,
deux acceptions du mot clementia : clementia Au-
gufti & clementia temporum. Toutes deux expriment la fa—
cilité à pardonner ; mais il femble que la première eft relative
aux'étrangers, & la fécondé aux Romains. Sur une .
médaille de Céfar, on voit une tête coiffée du diadème
& un rameau d’olivier : la légende eft clementia , &
elle rappelle la clémence dont Céfar ufa après fes victoires.
Souvent cette Clémence eft repréfentée fous la figure
d’une femme aflife, qui tient une hafte & un rameau
d’ olivier ou une patère, ou qui étend le bras droit. Quelquefois
l’Empereur tend la main ou le rameau d'olivier
à un homme ou à une Province agenouillée. La tête, peu
diftincte de là Clémence, occupe le milieu d’un bouclier
vo tif, avec la légende clementiæ, fur une médaille
de Tibère. Probus & la Clémence tiennent un globe fur
lequel eft pofée la Viétoire , &c.
. La Clémence des tems, Clementia temporum. Le type qui
eft joint à cette légende fur des médailles de Tacite, préfente
l’Empereur & un militaire romain fe donnant la
main. Quelquefois cette Clémence eft repréfentée fous la
figure d’une femme qui tient une h afte, & qui s’appuie
fur une colonne.
TEMPÉRANCE, <raxpfotùvii des Grecs, fynonyme de
la modération en toutes chofes. Voici le portrait qu’en
fait Euftathe {de Ifmenu, &c. lib. 2, pag. 39) : « Une
33 figure de femme qui avoit l’ air d’une vierge, mais chez-
* qui tout préfentoit un caractère de févérité, le regard ,
33 le port, la tunique & la chauflure. Sa couronne n’étoit
33 pas ornée de pierres précieufes & de perles ; mais elle
33 étoit tiflue de feuilles & de fleurs : on n’y remarquojt
33 point de rofes , foit que le peintre les eût oubliées,
33 foit que leur éclat fût furpafle par les couleurs des autres
33 fleurs* Le noeud de la couronne lioitaufli la chevelure;
33 un voile blanc couvroit.une partie du front ; la tunique
33 étoit légère , ample , blanche , & flottante jufqu’aux
33 pieds ; la paume de la main droite couvroit le fein
33 droit, & le s doigts cachoient de même le fein gauche ,
33 de manière que la vierge fembloit en être dépourvue.
33 De la main gauche elle foutenoit fon vêtement à la
33 hauteur de la cuifle. Borée paroifloit fouffler fur le
33 front .de cette vierge, & il avoit abattu une grande
s?, partie de la tunique fur fes pieds. On admiroit l’art
33 avec lequel le peintre avoit fu exprimer le fouffle au-
33 dacieux de Borée, l’ air féyère & la finefle des vête-
33 mens de la vierge. Mais le dieu qui amène les frimats
33 n’avoit pu atteindre fon corps délicat. Le pied droit
33 placé devant le gauche , les jambes & les cuiffes dans
33 la même pofitïon, empêchoient que la finefle de la tu-
39 nique n’en laiflat appercevoir les contours. Enfin, le
3> peintre lui avoit donné des chaufliires noires, qui
33 feyoient mal à une vierge , quoiqu’elles fuffent pré-
33 çieufes. »
M