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:4 <- RECUEIL D’ANTIQUITÉS,
par l’ ufage du phorbeion. Ce nom, d’origine grecque ,
défigne un bandage de cuir ( appelé cap/ftrum par^ les
Romains) dont les joueurs de fllte s’ entouroient la tête 5
il étoit placé devant la bouche, vis-à-vis de laquelle étoit
une fente où pafloit l'ouverture de chaque flûte. La figure
du n°. 8 , Pl. CCCXXXPU, tirée de la Colledion des
vafes dits étmfques ( / , 124) d’Hamilton, fera connoître
parfaitement ce bandage, qui aidoit le muficien a gouverner
fon haleine, & qui empêchoit fes lèvres & fes .
joues de fouffrir de l’ennure.
Le choeur chantant étoit compofé de fept perfonnages,
portant des manteaux ( Hy jn . 173) dans les jeux py-
thiens, & depuis fur tous les théâtres; mais le joueur
de flûte qui les accompagnoit (ckvrau/es), ne portoit
point de manteau : on le voit dans les peintures d’Heircu-
lanum ( /K , 163, 201). » - .
Parodies & caricatures. On trouve des monumens qui
prouvent que les Anciens fe pl ûfoknt quelquefois à parodier
.& à traveftir les chofes les plus férieufes, & même
les objets de leur culte. Sur un vafe grec dit rtrfque,
publié par Winckelmann ( Mon■ ont. ) , on voit Alcmène
écoutant par une fenêtre Jupiter, qui eft travéfli & qui
porte une échelle pour entrer par la fenêtre chez fon
amante. La tête du dieu eft paffée entre les barreaux de
l’échelle; il porte fur la tête, comme.Sérapis, un mo-
dius, qui eft d’une feule pièce; avec fon mafque blanc,
duquel pend une longue barbe. De l’autre côté eft Mercure
avec un gros ventre, afiez refîemblant au Sofie d e
Plaute. De la main gauche il tient un caducée , qu’ il bailfe
pour n’être pas reconnu 5 de l ’autre main il porte une
lam p e q u ’ il élève vers la fenêtre pour éclairer Jupiter.
Sa ceinture eft armée d'un grand phallus. On a trouvé à
Herculanum une parodie d’Énée portant Anchife fur fes
épaules, & tenant le petit Afcagne par là'main : ces trois
figures font des linges. Le comte de Caylus ( Rec. I I I ,
P l. L X X V 1) a publié une caricature de bronze , qui
repréfente un âne vêtu dé la tog e, comme un confulaire.
Dans la Colle dion des vafes dits étrufques d’Hamilton ,
on trouve ( 222, 88) la figure du «“ .p , P l■ CCCXXXVII,
qui repréfente un vieux finge (peut-être la parodie d’An-
chife ) , coiffé du bonnet phrygien, vêtu de longues
chauffes, d’une tunique à longues manches, aflfis fur une
efpèce de chaife, & tenant un fceptre. On y trouve auffi
( 227, 88) le n°. 1, Pl. CCCXXXVIII3 qui repréfente
le même animal fans bonnet, portantfur fon épaule deux
paniers dans lefquels font renfermés 'deux petits linges,
& tenant une malfue, parodie d’ un héros qui.emporte fes
gnfans. Le n°. 2 , Pl. C C C X X X V ilI , tiré de la fécondé
.Colledion des vafes d’Hamilton ( 1800, ZI, 5 7 ) , préfente
la parodie d’ un foldat fanfaron. Un nain porte un
cafque dont l’aigrette eft aufli haute que lu i, & un bouclier
encore plus large.
Enfin on a cru reconnoître, dans les caractères de
quelques aéteurs des Romains, quelques-uns des perfoo-
jjages de la comédie italienne moderne, Arlequin entre
autres. Ficoroni a publié dans fes Mafchere fcenice ( tav. 9)
la figure de bronze du n°. 3, Pl. CCCXXXVIII, qui préfente
la tête du Polichinelle, & une femblable qui eft
gravée fur une cornaline.
Odéon, Odeum. C ’étoit une efpèce de théâtre bâti
par Périclès à Athènes, brûlé foixante-huit ans avant l’ère
vulgaire , pendant que Sylla afliégeoit cette ville, rebâti
trente ans après par Ariôbarzane II, Roi de Cappadoce,
embelli fous les Antonins par Hérode- Atticus, &r dont on
croit voir encore les veftiges. L’odéon de Périclès étoit
orné de colonnes. Son toit, fait avec les mâts & les an
tenues des navires pris fur les Perfes, avoir là forme d’n»
cône ou de la tente du Roi de Perfe. Suidas dit qu’il avJJ
été' conftruit pour les muficiens qui difputoient les prix!
que l’Archonte y rendoit la juftice, & que l’on y mey
roit la farine. Ses débris font voir que la partie demi-
culaire qui renfermoit les gradins étoit bâtie avec JR
normes quartiers de roche, & que le théâtre étoit taillé
dans le roc vifil
y eut à Rome quatre odeum ; ils fervoient à inftru'J
les cnanteurs & les joueurs d’ inftrumens, ainfi que ceux
qui dévoient jouer quelque rôle dans les comédies $
les tragédies, avant de les produire au théâtre devantle
peuple.
§. IV . Des Mafques.
Dans les théâtres des Anciens, où la diftancedel’J
vant-fcène au fond de la falle étoit plus grande de près
du double que celle du théâtre de Saint-Charles à Naples
( la plus vafte des fa liés modernes ) , on ne pouvoit dif-l
tinguer (ne connoiffant point les lunettes ) les traits des
aéteurs ni les attributs des perfonnages. « Ils s’annoncent,
» dit Barthélémy, par une efpèce de cafque dont leur
» -tête eft entièrement couverte, & qui, fubftituant une
» phyfionomie étrangère à celle de l’aéteur, opère, pen-i
» dant la durée de la pièce, des illüfions fucceffives.Jd
» parle de ces mafques qui fë diversifient de plufienrs
» manières , foit dans la tragédie , foit dans la comédie
» & la fatyre. » Les mafques des Modernes ne couvrent
que le vifage : tels font ceux que l’ on trouve fur le
vifage de quelques momies, & qui probablement pré-
fentent les traits du mort; tel eft encore celui.du«0. J
Pl. CCCXXXVIII 3 qui eft gravé de la grandeur de l'original,
fait d’une feuille de bronze, trouvé dans un tombeau
étrufque, & publié dans la fécondé Collection desl
vafes antiquës d'Hamilton en 1800 ( PL / , tom. II). Hors
ces exceptions peu nombreufes ,.-on peut dire queles
mafques des Anciens enveloppoient toute la tête, etoiena
garnis de cheveux & de barbes (quand le perfon n ageen
devoit avoir) de différentes longueurs & de diverfes couleurs.
Le-n°. 1 , Pl. CCCXXXIX 3 tiré d’ un bas-relief du
palais Matthei ( Mon. Matth. I I I , ta b, .47, «°- 0 > *es H
mieux connoître que la meilleure defeription. Dans una
bacchanale qui fait partie d’une vendange , un Génie
enfant en effraie tin autre en entrant la moitié luperieure
de fon corps dans un mafque qu’il lui préfente, &cii
paflant au travers de la bouche du mafque fon bras droit.,
qui tient un ferpent. Le n°. 2 , Pl. CCCXXXIX, reprej
Tentant un petit Génie de marbre du Capitole
Mafch. tab. 73 ), qui s’affuble d’un mafque de vieillard:
defliné de face à cô té , fait connoître la forme entier«
des mafques antiques. On la voit encore mieux au « -J
P l . C C CX X X IX 3 qui repréfenre un efclave d e corne#:
( ibid. tab. 19) defliné par-devant & par-derrière, W
bonnet eft d’une feule piece avec le mafque , &
teau, plié foùs le pliis petit volume , eft jeté fur l’epa®
pour ne pas embarraffer dans la marche précipitée; action
défignée pâr cette phrafe, conjicere pallium in collumi
commune dans les auteurs comiques. !
C’eft de mafques femblables a celui du dernier no|
méro que Barthélemy a dit : « Il en eft qui ouvrent u
» bouche énorme, & revêtue intérieurement de h’"
» d’airain ou de tout autre corps fonore, afin que lav I
» y prenne allez de force & d’ éclat pour parcouru
« vafte enceinte des gradins où font aflïs les fpeétateuf^
Ficorbni {pag. 42, edit. 17 54 ) , Dubos ( Réjl. crit-c- !
pag. 19 9 ) , & c . , ont dit la même chofe. J’ai com
SUITE DE LA SECONDE PARTIE
de l ’Institut, troifieme clajfe, tome V,
s 4 7
irs (Mémoires iln p tu t ,trorjieme cLajje,y ,
l ' rV?) cette opinion, qui n’ a pour fondement que;
l r „tes peu expreflifs & mal interprétés. Il fembleroit
f i o r d que ces lames d’ airain n’ auroient été .placées
1 ° la bouche des'mafques que pour la tragédie feule-
■ g . car c 'eft les aéteurs tragiques feuls que 1 on de-
Çint ’avec une voix retentiflante , comparée aux mugif-
‘:Ee j es taureaux, boatus. Cependant nous voyons
t a l é s peintures des deux manuferits de Térence,' que
iVbouche des mafques comiques avoir une ouverture aufli
grande que celle des mafques tragiques. D’ ailleurs , j’ai
prouvé que la voix de nos aéteurs modernes , fans aucune
fide fe faifoit entendre dans toute l’enceinte des
théâtres antiques de Sagonte, de Taormino, &c. Bien
%\üs fi dans le dernier on déchire fur la fcène un mor-
ïeau'depapier, ce léger bruit-eft entendu diftinétement
haut des gradins les plus éloignés j comme l’a observé
M. Dufourny, profefleur d’ architeéture , membre
l e î'In&tut. Les mafques d’aujourd’hui ont la bouche
■ e^érement fendue ; aufli la voix eft-elle très-affoiblie &
■ enaturée , une partie du fon ne fortant pas par la fente
& fe difperfant entre le mafque & les joues ;mais le mafque
H'arlequin eft coupé en deux parties qui laiffertt la bouche
Entièrement dégagée , & on l’entend diftinétement. De
Riême, dans les mafques tragiques & comiques des *An-
■ ciens, on apperçoit, lorfqu’ ils font placés fur-la tête des
Rerfonnages, la bouche des aéteurs : ceux-ci étoient
donc dans la même pofîtion que notre arlequin. L’évafe-
Bentdes lèvres du mafque facilitoit cependant l’ audition,
%n empêchant la difpernon d’une partie du fon entre le
tnafque & les joues.; il produifoit enfin le même effet que
«pus voulons obtenir en plaçant devant notre bouche la
toain arrondie en forme de cornet. Cet évafement a donc
[été mal-à-propos comparé, quant à fon effet, au porte-voix,
»ont il në repréfente que le pavillon, car il lui manque
le tube, qui eft la principale partie de l’inftrument.
■ ' Lucien dit ( deSaltatione, rom. 2, pag. 797, edit. 1687 )
'fies mafques portés par les pantomimes : « Ces mafques
|3 font très-agréables , & difpofés pour la fable que l’on
H joué ; ils n’ont pas la bouche béante comme ceux des
f3 autres aéteurs, mais leurs lèvres font très-rapprochées,
f3 parce que plufieurs aéteurs parlent pour les panto-
^ mimes. » •
B D’après les diftinétions que je viens d’établir on pourra
piaffer avec allez de vraifemblance la quantité prodigieufe
*le mafques que l’ on voit fur les marbres, les pierres gra-
|yées, les médailles, dans les peintures 6c les bronzes,
■ f'Mafques tragiquesIls font ordinairement remarquables
:Par les cheveuxelevés en pyramide fur ie front, oyx.05, &
par la forme férieufe ou tri (te* e tous les traits. Les pein-
|ures d'Herculanum ( IVy 7 3 , 187, 30) m’ ont préfenté
| e s^ s. 4 & y 3 pi, c CCXXXIX; «°. 1 , Pl. CCCXL.
Helui de femme, du n°. 2 , P l. CCCXL, eft tiré d’un bas-
relief publié par Winckelmann ( Monum. antic. 19 2) .
ficoroni ( Majch. tav. 39) donne pour un mafque, de
f ; ve fervant de robinet à une fontaine, le mafque tra-
» q u e du /i0.. P l;. CCCXL.
ûonne ic i, fous le «°. 4 , P l. CCCXL, le deflin d'un
‘•Jna^que coloflal , d’un travail admirable & d’ un grand
Intérêt pour la mythologie , que l’on a trouvé en 1809
|jres °e Lyon, & qu'a expliqué M. Artaud, antiquaire
cette ville. Il repréfente un Cyclope, peut-être Poly-
®i£me/i ^ ePtU;fie ; car il préfente les traits de Ju-
B o rW l ^ffèr# des deux têtes de Cyclopes, delfinées
j 3 ei?.c1e que les yeux ordinaires font ferméstandis
■ 'f e tr°ifième , placé peu au deflus des deux, & fous
je continuation de leurs fourclls, c-ft r-ond, peut-être
pour rappeler la hleftiire que fit Ulyfle avec un bâton rond
& aiguifé.
, Mafques comiques. Des mafques de vieillards des nos. y
& 6 , Pl. CCCXL ; nos. 1 & 2 , P l. CCCXLI, je premier
eft.tiré des Monumenti antichi (19 2 ) de Winckelmann,
6c porte le galerus ; les autres font pris, fur les
pierres gravées du Palais-Royal ( / , 61 , 62, 64).: c’eft
a- ce Recueil ( 1,, 65) qu’appartient aulTi le mafque de
vieille du n°. 3 , P l. CCCXLI. Le jeune1 Barbare , coiffé
avec le pileus , & qui porte des boucles d’oreille, du
n°. 4 , P l. CCCXLI3 eft pris des peintures d'Herculanum
( IV , 19 ). Le Recueil ( n°. 192; de Winckelmann, cité
plus haüt ; a préfenté le mafque de jeune homme du
n°. f , P L CCCXLI. On pourra confulrer le Térénce du
Vatican, dans lequel, ail commencement de chaque comédie,
font gravés les mafques des perfonnages qui doivent
y figurer.
Mafques fatyriques, e’ eft-à-dire, employés dans les pièces
de théâtre appelées fatyres, parce que les principaux perfonnages
étoient les Divinités champêtres : ces mafques
étoient fouvent de véritables portraits. Celui du n°. 6 ,
P L CCCXLI, repréfente un fatyre ; il eft tiré des pierres
gravées de la galerie de ( I I , 9 > 3 ) ITorence. Celles du
Palais-Royal ont préfenté les mafques. ( 1 , 5-3 , 5-4,
56 , 60) de Faunes & de Silène des «os. 7 , 8 , 9 , i g ,
P l. CCCXLI. Le mafque de Faune du n°. 1 , Planche
CCCXLI13 eft tiré des pierres ( / / , 9 , 2 ) gravées de la
galerie de Florence. N°. 2 ,Pl.C CCX iJ I} mafque de fatyre,
inédit, tiré du cabinet de M. Magnan à Aix (Bouches-du-
Rhône), defliné de la grandeur de l’ original. C ’eft aufli
une cornaline qui a préfenté le mafque bizarre du n°. ; ,
P l. CCCXL1I, reconnu par ficoroni {Mafch. fc. tav. 48)
pour celui d’une Divinité marine. Le malque du n°. 4 ,
PL CCCXL1I , tiré des pierres gravées du Palais-Royal
( / , C7 ) , eft celui d’une Bacchante. Enfin on voit fous le
n°. y , P L CCCXLU, un mafque de caricature peint fur
un vafe de la première Collection d’Hamilton { I I I ,
P l. CVUI.) _ ; . ,
Mafques de pantomimes, qui n’ont pas la bouche béante»
Les peintures d’ Herculanum { IV , 181, 187) ont fourni
les mafques des «os. 6 , Planche CCtX L II , 1 , 4 , y ,
P l. CCCXL1I I ; les pierres gravées ( 1 , P l. L U ) dut
Palais-Royal, le n°. '2, P L CCCXLIIl, & les Mon. ant.
( n°. 4y ) de Winckelmann ;; le n°. 3 , P L CCCXLIIl
ils appartiennent ,à la pantomime tragique ; ils repré-
fentent un Roi barbare, une Divinité marine, deux Médis
fes & deux Reines. La pantomime comique &r la pantomime
fatyrique revendiquent les mafques des nos. 6, 7,.
8 & 9*, PL CCCXLUl. Les deux premiers, tirés des peintures
d’Herculanum { IV , 33 ) , repréfentent des femmes
barbares ; le troifieme, pris des pierres gravées du Palais-
Royal, ( 1 , PL LV I I I ) , repréfente une Bacchante ; le
quatrième , pris de celles de la galerie de Florence ( I ,
88 , 2 ) , repréfente un vieillard.
Les deflinateurs & les décorateurs ne troüveront pas
extraordinaire que j’ aie fait graver un fi grand nombre de
mafques : ce font lesornemens les plus agréables de l’ar-
chitedure, des tapilferies & des décorations.
§. V . Couronnes & tejferes d’ entrée,
Couronnes. Dans le livre de la Guerre j’ ai décrit les-
couronnes militaires : dans celui-ci je n’ ai à parler que
des couronnes déftinées aux athlètes, & diftribuées dans
les jeux. La couronne de pin, n°. 10 , Pl. CCCXLIIl,
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