
les pieds découverts, 8c qu’elle étoit une efpèce de
fandale.
Les Prophètes s’habilloient d’une manière remarquable.
Élie fe couvroit de peaux, lfaïe & faint Jean por-
toient un cilice, c’eft-à-dire , un tiffu de poils de cha meaux
: tous les trois avoient une ceinture de cuir. Les
Prophètes ne coupoient ordinairement ni leurs cheveux
ni leur barbe.
Les Pharifiens ( fe fte qui prit naiffance dans le fiècle
des Machabées , le fécond avant l’ère vulgaire ) expli-
quoient littéralement des palfages du Deutéronome (6 ,
ô ) relatifs à Pobfervation des préceptes de la loi : c’eft
pourquoi ils portoient autour de leurs têtes comme des
diadèmes 5 & autour de leurs poignets comme des bracelets,
des bandes de parchemin, fur lefquelles étoient
écrits quelques-uns de ces préceptes. Les Babyloniens,
chez lefquels les Ifraélites furent long-tems captifs,
lioient leurs cheveux avec une efpèce de ruban. Les
franges & les houpes des manteaux des Pharifiens
avoient auffi une longueur & une groffeur affeélées.
Le deuil, l’ afflidtion & l’ état de pénitence confiftôient
à fe couper la barbe & les cheveux, à fe vêtir d’ une
tunique rude & groffière, faite de poils de chameau ,
appelée ciliée; à jeter des cendrés fur fa tête , & à marcher
nus pieds.
Les livres des Ifraélites parlent des tuniques, de la
ceinture, du manteau & de la chaulfure des femmes de
cette nation ; mais ils ne nous apprennent rien fur la
forme de ces vêtemens. Le mot findànès, par lequel
ils défignent quelquefois leurs tuniques, fait connoitre
qu’elles en portoient de coton ou de lin, fans doute fous
la tunique extérieure, qui étoit fouvent ornée de broderies
& de bordures de différentes couleurs. Les reproches
que faifoient aux femmes de leur pays, fur leur luxe
excefïif, les prophètes lfaïe ( 3, 18) 8c Ézéchiel ( 16 ,
10 ) femblent préfenter de nombreux détails fur leur
parure, mais l’ incertitude fur la véritable interprétation
de ces textes force à les entendre dans un fens très-
vague. Du moins voit-on que les femmes des Ifraélites
riches portoient alors des chauffures très-précieufes,l
de riches anneaux aux jambes, des bracelets, des anneaux,
des colliers, des boucles d’oreille, une efpèce
de couronne, des pierres précieufes qui pendoient fur
le front, des ceintures & des rubans de tête ornés d’or
8c d’ argent, des aiguilles, des parfums de toutes forte
s , & c . &c. Leurs chauffures lailfoient le pied découvert
( Cantic. 7 , 1 : Judith, 10, 3 ). Au fîècle d’Abraham
elles ne portoient pas ordinairement de voile fur leur
yifage (Genef. 20, 16 ).
On ne pourroit affiner que les Rois d’Ifrael portaffent
des habiHemens particuliers- : feulement les Paralipo-
mènes ( / , 2y , 27 ) parlent de leur tunique courte & de
leur manteau de pourpre. Il eft probable que leur dia7
dême étoit blanc,-comme celui de la plupart desR.ois
d ’Orient..
§. II. Coftume militaire des Ifraélites.
Jofèphe ( Hifi.jud. 77, 7 ) dit qu’âprès le paffage de
la Mer-Rouge (Lan 1491), les Ifraélites s’armèrent avec
les dépouilles des Égyptiens, que les vagues avoient portées
fur le bord de la mer. En faudroit-il conclure qu’ils
n’avoient eu jufqu'alors d’autres armes que celles des
Sauvages, les pierres & les bâtons ? On lit dans le cantique
de Déborà ( femme , juge du peuple hébreu en
1^8 y avant l’ère vulgaire), qu’il n’y a voit ni bouclier ni
lance dans l’armée d’ Ifraël, compofée de quarantem'ti
combattans ; ce qui feroit réfouare la queftion pour H
finnative. Cependant, en 13 15, Aod avoit uneén ■
Deux fiècles après (en 1043 ) , Goliath, chef de 1*3
des Philiftins, portoit ( Reg. 7, 1 7 , $■ ) un cafque ^
rain, une cuirane à écailles, des jambières d’airain8tai
bouclier du même métal. Il y a grande apparence que£
Ifraélites, ayant eu plufieurs guerres à foutenir cont!
les Philiftins, habitans d’une contrée limitrophe, avoi^
adopté une armure -femblable à la leur ; auffi yoiw
David, vainqueur de Goliath ( îbid. 1, 17 , $8 ^ pott{(
un cafque d’ airain & une cuiraffe. Joab, Con général
portoit à la guerre un habillement étroit, qui ferroitlj
corps, & il perça Abfalon de trois dards ou javelots,L
Ifraélites armés fe fervoient d’un manteau de même g
pèce que la chlamyde. Alexandre (Machab. 7,10,89),
en effet, envoya à Jonathas une agraffe d’or, ornemeit
néceffaire pour attacher cette forte de manteau ; auffil«
Septante, traduifant le texte du livre des Juges (3,^)
où il eft dit qu’Aod ceignit fon épée fous fon manteau’
ont rendu ce mot par mandua., manteau à agraffe oa
chlamyde. Sous les Machabées, les Ifraélites portoient
les mêmes armes que les SyrorMacédoniens leurs ennemis.
Enfin, dans la guerre des Romains commandés oat
Vefpafien & par fon fils Titus, les Ifraélites .avoient let
mêmes armes, les mêmes machines & la même tadiqoe
que l’armée de Vefpafien.
Moïfe fit fabriquer deux trompettes d’argent (Na,
JO » 2.) : on en voit la forme dans les bas-reliefs de l'ait
de T itus , & au commencement de ce livre.
Il paroît que les Ifraélites avoient les mêmes infini-
mens de mufique que les Egyptiens ,, chez lefquels I
avoient habité fi long-tems » les inftrumens à cordes,
nablia ou pfalterion; les inftrumens à vent, flûtes, trompettes
, & , félon Calmet, les orgues à eau ou hydnulej
les inftrumens de percuffion, tambour, cymbales î(
fiftre.
Jofias, Roi de Juda, combattant en 610 contre Né-
chao, Roi d’Égypte, & ayant été bleffé à mort, lit
tranfporté du char où il fe trouvoit, fur celui qui le fui-
v o it, félon la coutume des Rois (Paralip. 77,3 y,24)-
Il y avoit donc chez les Ifraélites, comme chez les Grecs
& les Troyens, des chars de guerre proprement dits-
§. I I I . Coftumes religieux des Ifraélites.
Les interprètes des livres de l’ancien Teftament ik
font pas d’ accord fur le fens des paffages relatifs au coftume
des Prêtres. Je ne rapporterai ici que les pow®
les moins conteftés. Les Prêtres portoient les cheveus
„très-courts, & une tiare ou cidaris de lin très-blanc-w
trouvera ce bonnet fur la tête des Rois pârthes, d’Ulyjkfl
des Diofcures, &c. C ’étoit auffi de lin très-fin qu’étoient
faits leurs caleçons, leur tunique & leur .ceinture, fi®
étoient blancs. Le nom saxii, par lequel eft défîgnée cette,
tunique dans les Paralipomènes ( 7, 2 $■ , 27 ), fait croH
qu’elle étoit longue & garnie de manches. La ceinture
plaçoit fur la poitrine. Après avoir fait deux fois Ie t0.
du corps, elle étoit nouée par-devant, & elle defcen <* J
jufqu’aux pieds. Des fleurs de couleur pourpre «nf
cinthe en faifoient l’ornement. Les Prêtres portoient I
la tunique un ephod fimple ( Calmet, Exode, i f , rfm y
Samuel, quoiqu’enfant, en étoit revêtu, ainfi qt*e .j
quatre-vingts Prêtres mis à mort par Doëg,
même pendant la tranflation de; l’arche. ^
B 11 évites ne forent point diftingüés. des autres Ifraé-
■ p. l'an 62 de l'ère vulgaire , ou il leur fut per-
^ ï ï o r t ê r la ceinture- des Prêtres. .
” ‘r rrand-Prêtre, revêtu de la tunique, de la ceinture
m f vônlmd portoit feul fut ces habiHemens la tunique
f r i h e le rational, & la lame d'or fur la cidaris ! il
Ico it fous l'éphod la tunique couleur d'hyacinthe (bleu
P »?• L vi0let) , qui etoit ornee dans le haut d un tiliu
^'fcieux & par le bas de grenades de même couleur &
■ clochettes d’or entre-mêlées. L’éphod placé fur cette
«Lue étoit une efpèce de tunique extrêmement courte
fc ferrée- Celui du Grand-Pretre etoit tiffu d o r , d hya-
jithe de pourpre, d’écarlate teinte deux fois,.de lin
très-fin retors, & fixé fur les épaules avec deux onyx
eiïchafles dans de.l’o r , fur lefquels étoient gravés les
noms des douze tribus. On lifoit auffi ces douze noms
fui un pareil nombre de pierres précieufes, qui étoient
enchâflees trois par trois dans une plaque d'or, appelée
ItlRjùonal. Le Grand-Prêtre l’attachoitfur fa poitrine &
fur l’éphod avec des anneaux & des chaînes d’or. Enfin ,
à l ’époque de l etabliffement du facerdoce, une lame
dir ornoit par-devant la cidaris. du Grand-Prêtre , qui
relieurs reffembloit à celle des autres Prêtres. Sur cette
lame on lifoit : f e Seigneur efi le feul faint., 8c deux rubans
,de.couleur hyacinthe la lioient à la cidaris.
B p ) ’après la defcription que donne de l’habillement du
l’Kiftnripn Infènhe . nui émir Prêtre 1
Quelque changement, au moins vers le commencement
e l’ère vulgaire, tems où il écrivoit ; car la tiare ou
cidaris du Grand-Prêtre ( Hifi. jud. 111, 8) é to it , félon
lui, entourée de trois couronnes d’or, & ornée de petits
calices ou grelots de même métal. Jofèphe dit encore
que le Grand-Prêtre ne portoit ces habiHemens fomp-
tueux qu’une fois dans l’année , au jour de l'expiation
folennelle » & les commentateurs, fondés fur le chapitre
XVI du Lévitique, affurent qu’ il en étoit revêtu
toutes les fois qu’il entroit dans le temple. Au refte, 8c
lui fie les autres Prêtres n’y marchoient jamais avec des-
chauffures.
Les monumens ne préfentent aucun deffin de ce temple
ni des vafes religieux, excepté le chandelier à fept
branches, la table des pains de propofition, & les deux
trompettes faerées avec lefquelles les Lévites annon-
çoient les fêtes : c’eft pourquoi on n’en trouvera point
d’ autres dans ce Recueil!*
Je terminerai le livre des Israélites en difant qu’ils
enterroient & ne brûloient pas les morts. On pourroit
même croire que s’ ils ne les. embaumoient pas , commq
les Égyptiens , que du moins ils les entouroient de bandelettes
comme eux. C ’ eft ce que prouvent le récit de la
réfurreétion de Lazare & le s plus anciens monumens du
chriftianifme, verres antiques, peintures des catacomb
es , fur lefquels on voit Raçhel, Jacob, Lazare, &c.
morts & entourés de bandelettes, comme le font le$-
mpmies d’Égypte. ,
SUPPLÉMENT A TOUT L’OUVRAGE.
. ibrutus-l’Ancien. A la page n de ce Recueil j’ ai
cité comme douteux là tête & le bufte du palais des Con-
f i l v a t e u r s au Capitole , attribués à Brutus-1’Ancien, &
<|&près cette opinion que partageoient en 1804 plufieurs
a n t i q u a i r e s , je ne l’avois point fait graver; mais l'arrivée
dé ce bufte à Paris & fon expofition au Mu fée Napoléon
en ont rendu l’examen plus facile, & M. Vifconti
ajeconnu la tête pour antique. La forme de la toge , qui
a p p a r t i e n t au tems de Septime-Sévère, annonce feulement
que la tête a été placée fur ce bufte depuis cette
ejoque. On les voit ici au «°. 1 , PI. C C C LX X V I I I .
GRANDS DIEUX : DU majorurfi gentium. M. Vif-
' utnt' a Pukhé l’autel de marbre des [ nos. 2 , 2 6* 4 ,
rl. CCCLXXVIII; il fait l’ ornement de la villa Borghèfe.
L|s reftes des crampons de bronze, que l’on trouve encore
dans la concavité du milieu, fervoient à porter le
Pfulus (gril), & prouvent que c’étoit un autel. Le pre-
6r n^°îr1:0 ^ Préfen5e en entier 5 Ie fécond le préfente
v| en deflus ,-& le troifième préfente le développement
| a partie extérieure. On voit fur l’autel les bulles
®°mpagnes d attributs de Jupiter, de Minerve, de
1? ’ 1 CeüèSj de Neptune , de Pluton, de Mercure,
of 1a u s J d Apollon , de Diane , de Mars, de Vénus
ju e Arn°ur. Autour de l’autel font gravés les lignes
DiâfX correfp°ndans aux divers mois, qui étoient
caufe m m m b h h H ^ b b Djvinit-Âc 1 », rnenfum, avec les attributs de ces
la toi-1-110 À ® °u » la colombe, le trépied d’Apollon,
& de Pr c . l'euirej la corbeille des myftères de Cérès
S 0erpme, la borne facrée, entourée d’un ferpent,
confacrée à Bacchus; la louve de Mars ( Aufo-
nius) , le chien de Diane , le puits facré ( Plutonium) ou
entrée des Enfers , le. paon ae Junon & les dauphins de
Neptune.
Le n°. f , PI. CCCLXXVIII, préfente un hermès de
femme de la villa Albani, cite par Winckelmann dans
{‘Hifioire de l ’Art ( liv. 1 , ckap. I , § . 10). Le fexe n’eft
indiqué que par un fillon qui fe prolongeroit le long des
cailles fi elles étoient exprimées. Cette figure, fans di-
vilion de jambes, rappelle l’enfance de la fculpture, 8c
paroît avoir été imitée des premiers tems de l’ art. Elle
appartient à fon hiftoire.
— On voit fous le n°. 1, PI. CCCLXXIX} une médaille
de bronze très-bizarre; elle appartient à Nîmes (Ne-
maufus) , où on en a trouvé, une grande quantité, fans
que l’on en ait découvert hors de fon territoire. La cuiffe
& la jambe de biche qui ont été fondus avec la médaille
annoncent alfez, comme l’ a dit Caylus (.Recueil d’Ant.
77, PL XCV11I , n°. 2 ) , que ces pièces n’avoient point
cours comme monnaies, mais que c’étoit des efpèces
A’ex-voto eonfacrés à-Diane, que l’on portoit comme des
amulettes, ou que l’on jetoit dans la fontaine qui étoit
jointe au temple célèbre de cette Déeffe.
— Caylus a publié le petit bronze du n°. 1 , Planche
CCCLXXIX, trouvé près d’Alger ( Recueil d’Ant. V ,
PL X C V I I ). Il eft précieux pour un Recueil de coftumes
antiques, parce qu’il eft fort rare de trouver fur
les monumens les inftruméns de mufique des Barbares.
On peut reconnoître ici la défenfe d’un jeune éléphant*
qui fert de trompette à un Africain.