
figures de la colonne prétendue antonine ( tab. y8 ) . Sous -
le n°. z s Pl. CCXC V I 3 eft deffiné un archer Dace ainfi
vêtu, La première figure des Marcomans qui Cuivra, Cert à
expliquer le texte de Dion-Cafiius ( lib. £8, cap. 9 ) , qui
dit que Décébale, Roi des Daces , envoya., peu de terris
avant fa défaite, une nouvelle ambaffade à Trajan; mais ’
que .celle-ci étoit compofée des premiers entre ceux qui
portaient des bonnets , 7nxo<pôçav 3.tandis qu'auparavant il
n'avoit envoyé que des ambaffadeurs pris entre ceux qui
ont la tête découverte ( Kofufja v ). Lucien, parlant des
Scythes ( in Scytha ) , diftingue des porte-bonnets, « la
» multitude & ceux qui compofent le peuple. »
MARCOMANS & QUADES. Ces peuples, qui habitaient
le pays connu aujourd'hui fous le nom de Bohême
,-furent vaincus & fournis par Marc-Aurèle. Cette
guerre eft repréfentée dans les bas-reliefs de la colonne
prétendue antonine, où l’on voit Jupiter-P/av/u* verfant
des torrens d'eau fur les Romains pour les défaltérer,
& lançant des foudres fur leurs ennemis ; événement que
les Hiftoriens placent dans la guerre de Marc-Aurèle
contre les Quades & les Marcomans. C'eft auffi de cette
colonne que font tirées les figures fuivantes. Celle du
n°. 3 , PI. CCXCVI ( tab. 33 repréfente un des plus
diftingués ( porte-bonnets ) des Marcomans ( peuple qui
avoit beaucoup de rapport avec les Daces ) , qui demande
la paix à Marc-Aurèle. On remarquera la forme
du bonnet, qui eft celle d'un cône tronque , & l'attitude
d ’unfuppliant défarmé,c’eft-à-dire, les mains couvertes
avec lejagum. L e n°. 4, PI. CCXCVI, ( Col. ant.-3 tab. 40),
préfente urt Marcoman armé. Sur la même planche, on
voit le cheval de ma PL L X X X I , n°. z , qui eft celui
d’un de ces Barbares. Il n'a qu'un frein & un couffin très-
légers ; mais il n'a ni la houffe ni l'ornement du poitrail
( pftàlera ) de la cavalerie romaine.
SÇYTHES. On peut dire en général que la Scythie com-
fiaençoit vers l’occident au Wolga, & au Don ou Tanaïs,
& qu'elle s'étendoit'au nord de l’A f îe , au defliis des
Palus-Méotides & de la mer Cafpienne ; de forte que les
Tatçrs ( mal nommés Tartans ) occupent aujourd’hui les
contrées habitées jadis par les Scythes. La refîèmblance
entre ces peuples, fera frappante , fi l’on confidère leur
manière de vivre. Je parlerai des Scythes dans .cet article,
parce que la colonne appelée théodofienne les repréfente
dans fes bas-reliefs; mais je ne parlerai des Scythes qu’à,
l'époque où cette colonne fut elevée , c’eft-à-dire, fous
le Bas-.Empire. ( M. Heyne ( Comment. Gotting. 1791 ,
pag. afj) croit reconnoître dans les bas-reliefs, des Goths3
non des Scyihes, & le triomphe de Théodofe , en 380, fur
les premiers* ).On voit ici , au n°. y , PL CCXCVI, un
ch ef des Scythes ( tiré d e là PL I V 3 n°. 10 ) . Ils font
couverts de manteaux faits avec des fourrures, ^omme
les dépeint Claudien ( de.Bello Getico, verf. 481 ).
Crinigeri..... patres , pellita Cetarum
Les Grecs donnoient fouvent aux Scythes en général
le nom particulier de Gètes. C e chef a la tête nue > félon
l'ufage des Scythes. Sous le manteau il porte une tunique,
le campeftrey une cuiraffe & une épée, femblables à celles
des Romains. Seulement le baudrier eft une chaîne , &
le pied eft chauffé d’une efpèce de chauffon qui femble
caraétérifer les Scythes dans les bas-reliefs, de cette colonne.
Harpocration & Suidas , d’après Alcée , parlent
de cette cnaufïure fcythique, mais ils ne la décrivent
point.
Le n°. 1 , Pl. CCXC V i l 3 préfente un Scythe qui conduit
un cheval chargé d’armes ( tiré de la Pl. 7, n°. 3 )„
On remarquera fa double tunique, fes longues chauffes,
fa chauffure , fon bonnet orne de plumes & fon épée.
On voit, fous le n°. 2 , PL CCXCVII, un bonnet d’une
autre forme ( ibid.3 PL I I ) . Sous le n°. 3, PL CCXCVll3
paroît un Scythe captif aflîs au bas d'un trophée ( ibid.t
PL X V , n°. 42 ) . On apperçoit fon manteau, fa tunique
déchirée, fes longues chauffes .& la chauffure fcy thique.
Le trophée du n°. 4 3 Pl. C CX C VII, eft formé d’armes
des Scythes3 d'un bonnet ou cafque, de boucliers ovales,
d'un bouclier rond chargé de peintures groffières, & de
lances. Les Scythes ne quittaient jamais leur cimetère.
Dans les combats, ils lançoient des cordeaux pour lier
leurs ennemis, comme les Sarmates; ils fe.fervoient de
la fagaris fcythique ( Jul. Poil. , lib. I , fegm. 138 ) , qui
étoit une hache à un feul tranchant, félon Hefychius.
J'ai donné ailleurs ( n°. y, PL L X X V I ) l’arc des Scythes,
très-courbé fur les côtés, & foiblement dans le milieu,
ils portoient des dragons pour enfeignes.
Je vais faire quelques obfervations générales fur les
Scythes confidérés dans tous les tems. Lucien ( Anach. ,
n°. 3 ) nous trace, par oppofition , leur armure.. Ana-
>3 charfîs , dit-fl, ne put reconnoître un de fes compa-
« triotes, parce qu'il étoit habillé comme les Grecs,
» qu'il était rafé, qu’il ne portoit ni ceinture ni épée. »
Les Scythes , en effet, ne quittaient jamais cettë arme
( ibid. y de Gymnaf. , n°. 34 ) , qu'ils appelaient dçinaces3
& qu'ils plaçoient dans la ceinture. Anacharfîs l'appelle
un petit poignard, to pctKçit %i<pl$iov3 & Appien ( Bell,
Mithrid. 3 n*. 225 ) tyfiiçlhov ; ce qui en donne la mefure.
Les parens des Rois Scythes couvroient feuls leur tête; le
refte de la nation portoit à découvert de longues chevelures
( ibid. y Scyth.y n°\ i ) . Tous ne coupoierit point
leur barbe. Les Roxolani portoient ( Strab. , V I I , pag.
306. 1620 ) des çafques & des cuiraffés faits de cuir de
boe uf, des boucliers d'ofier tiffu, des lances , une épée
& un arc. Leurs tentes étoient de feutre ( telles les ont
encore les Tatares ) , & placées fur des chariots. Les
Gètes, du tems de Claudien ( Pr. Conf. Stilich. , 7 , verf.
109) , étoient des archers redoutables. Le confeildela
nation étoit compofé de vieux guerriers couverts^ de
bleffures, portant pour manteaux dès peaux de bêtes
fauvagès ou de petits quadrupèdes, & s’appuyant fur de
longs épieux. Plufieurs Scythes doubloieiit leurs, manteaux
âvèc la peau de leurs ennemis morts ( Herod. , IV,
pag. 310 ) , & prenoiént celle des mains garnies des
ongles pour faire le couvercle de leurs carquois- Ils
portoient ordinairement des vafes fufpendus à leur ceinture.
GOTHS. ( VoyeX Sc y th e s . )
NUMIDES & MAURITANIENS. Sous le ptemier
nom on comprit d’abord les Mauritaniens 3 aujourd’hui
les habitans de Fez & de Maroc, & les Numides proprement
dits ( aujourd’hui les habitans du royaume d'Alger )•
C e fut le contraire fous le Bas-Empire , & le fécond
devint le nom général de prefque tous les Africains
(les Égyptiens exceptés). On trouve fur les monumens
les Mauritaniens & les Numides. Des médailles d’Hadrien
, qui ont pour légende Mauritania, ont pour type
un Maure ou Mauritanien tenant d'une mainJa bride d’un
cheval qui n'a point d’autre harnois, & de l'autre une
baguette Ou deux javelots ; il a la tête nue, une tunique
à manches très-courtes, & des chauffùres qui s’élèvent
jufqu’au gras de la jambe."Strabon ( lib. 1 7 , pag.oio-
I oioj
[ 1610) dit que les Maures ont la barbe, les cheveux frifés
| £ boucles, & des ornemens d ’or attachés à la chevelure ;
K qu'ils combattent le plus fouvent avec la lance & avec
F une forte épée, montes fur des chevaux nus, qui ont des
■ brides de cordes : ceux qui combattent à pied fe ferventy
I au lieu de bouclier, de peaux d’éléphans, &f ils fe revêtiffent
de peaux de lions, de tigres & d’ours, fur lef-
quelles ils s’étendent pour dormir. Les fantaffins ( Procop.
[ Bell. Vandal. lib. 2 , cap 11 ) fe plaçoient entre les jambes
: des chameaux, armés de boucliers, d’épées3 & dé javelots
qu’ils lançoient très-adroitement. Tite-Live avoit
f peint les Numides auxiliaires des Romains contre les Li-
S guriens ( lib. 3y , n°. 1 1 ) . « Rien de plus méprifable au
I d3 premier coup-d’oeil. Des hommes & des chevaux pe-
tits Sr maigres ; le cavalier fans ceinture & fans autre
I 33 arme ou armure que des javelots; des chevaux fans
[ 33 frein & fans grâce dans la.courfe, où ils portent Je cou
133 étendu & la tête en avant...'.. On les pouffe avec les
1 33 éperons au milieu des ennemis. »
f Maffiniffa, âgé de quatre-vingt-huit ans, montoiten-
| core fans aide un cheval nu, comme les Numides fes fu-
jets ( Appian. Bell. Punie. Tolliiy tom. I,pag. 10 7 ,6 3 ) .
[ Claudien ( Bell. Gildon. verf. 43 z ) dit aux Romains en
I parlant, des Maures : * Ceux que vous allez combattre
. 33 ne fe couvrent pas,avec des boucliers, ne portent pas
I33 des cafques brillans. Votre ennemi fe repofe, pour fa
1 33 défenfe, fur les'.traits ; il eft défarmé quand il les a
? 33 lancés. De la droite il agite fon javelot ; de la gauche
f 33 il fe couvre avec fon manteau. C e cavalier n'a pas
■ 33 d'autre vêtement : fon cheval 11'a point de frein : une
Ko baguette le conduit. 33 II dit ailleurs. ( ln prim. Conf.
mStilich. lib. 1 , z.y8 ) : « Les Maures chargent leurs épaules
i»3 de dépouilles délions & de bêtes inconnues qui peu-
■ :33 plént les fables immenfes de l'Éthiopie : des têtes de
I m ferpens aux gueules béantes leur fervent de cafque,
33 & la peau écailleufe des vipères recouvre leurs car-
[» quois. 33 On voit fur la colonne trajane (tab. 4 3 ,4 4 )
Ides cavaliers auxiliaires des Romains, que M. Lens (Le
mçofiume, PL X X X ) a cru avec raifon être des Numides
tou des Maures. Ces cavaliers ont la tête nue & les che-'
peux bouclés a une manière particulière, qui .rappellé la
. chevelure de Juba, Roi de Mauritanie, dont la médaille
Içft déffinée. ici fous le n°. 1 , Pl. CCXCVIII; ils n’ ont
d’autres vêtemens qu’ une tunique fans manches, liée
lavée une ceinture, & un manteau affez court, lié fur
fl’épaule droite avec une agraffe. On diftingue nettement
[les encolures d’ onze des chevaux qu’ils montent : deux
|feuls ont des brides très-légères ( peut-être ceux des
■ chefs ). Les autres font entièrement nus , fi l ’on excepte
lune efpèce de cordon double, qui tient lieu de poitrail.
ILes cavaliers tiennent de la gauche un bouclier ovale ,
l&ils tenoient probablement un javelot de la droite. Un
|ü ëux eft deffiné ici fous le n°. 2 , PL CCXCVIII. Les
pyumides formoient un corps de cavalerie légère dans
l ™ ee romaine, même avant le tems de Jules-.Céfar,
Ion trouve fous Trajan un commandant des Maures,
Wrejectus Maurorum. '
ÉTHIOPIENS. Montfaucon ( tom. I V , PL X V 3
T l C C X r ir^ ^a- ^?ure cîu* ici deffinée fous le n°. 3,
j ‘ XCVIH • il l’avoit tirée des voyages manuferits
|>. p °,ln.e Cofmas, qui dans le fixième fiècle parcourut
Mp, 1’ ”116' ^ un habitant de la côte occidentale de la
*n“nsIl° ^ e ' 1 no^r ^ ptefque nu ; il n'a de v.ête-
j J . y efpèce. de petit jupon qui le couvre depuis
f lîibnl jnfqu'au milieu des cuiffes, un collier peu
diftinft, & un bonnet à bords étroits & retrouffés ; il
porte une courte pique ou un'javelot armé d’un large
fer 3 & orné d'une légère & courte draperie.
SARDES. Strabon (lib. y , pag. 22y, edit. 1610 ) dit
que les Sardes portoient la pelta, bouclier léger échan-
c r e , une épée courte, & qu'ils fe fervoient pour cui-
raffes de peaux d’une efpèce de béliers, dont la laine
avoit I'âpparence des poils de chèvre. On ne trouve aucun
de ces traits dans les petites figures de bronze que
je vais décrire, & qui, ayant été trouvées en Sardaigne ,
paroiffent repréfenter des Sardes armés. D’après cela, il
eft probable que ces figures font antérieures à l’ èré vulgaire..
Barthélemy fit voir en 1758, à l’Académie des
belles-lettres, le deffin de ces figures, dont la forme &
le travail font des plus barbares.
Caylus (Rec. d’Antiq. tom. I I I , Pl. X X V I I ) publia le
deffin d'une de ces figures, vue fous deux afpeéls. On le
trouve ici aux «os, 4 & y , PL CCXCVIII. Cette figure a
de hauteur o mètre 147 ( cinq pouces cinq lignes ) ; elle
a le bras paffé dans un arc qui eft appuyé fur fon épaule ,-
& foutenu par une de fes mains. On ne peut rien dire de
précis fur les objets qu'elle porte fufpendus fur le ventre
& fur le dos ; mais on affure que les habitans les plus
pauvres de la Sardaigne ont encore aujourd’hui les jambes
entourées de cordes, comme celles de cette figure.
Winckelmann (Hift. de /'Art, liv. 3, chap. 3, pag. y 10,
Pl. X X IJ , tom. I , édit, de Janffen ) a décrit quatre figures
de bronze, d’un travail auffi groffier, qui étoient dans le
cabinet du collège de Saint-Ignace à Rome, & que l'on
avoit auffi trouvées en Sardaigne ; elles font de différentes
grandeurs, & ont de hauteur depuis o mètre 217 (huit
pouces), jufqu'à o mètre y4i (trente-deux pouces). On
en voit une ici deffinée fous deux afpe&s aux nos. 1 & i 3
Pl. CCXCIX. Elle tient de la main gauche un petit bouclier
rond & trois flèches ; de la droite, les débris d'un
arc. Sa tête eft couverte de la dépouille d'un animal,
garnie de fes cornes , fur lefquelles eft placée une efpèce
de panier; & derrière fon dos eft pané, dans deux anneaux,
le bout d'un timon, qui, s’ élevant au deffus de
la tête, porte à fon extrémité’une traverfe & deux petites
roues. On remarquera fes jambarts qui couvrent le gras
de la jambe, & laiffent l'os à découvert.
N°. II. Barbares armés y que l'on ne trouve point fur les
monumens.
Je fuivrai ic i, comme je l’ai déjà fait pour les peuples
grecs, l'ordre alphabétique, ordre le plus commode pour
es recherches. Je ferai çonnoître l’armure de divers
peuples, que les artiftes ne peindront jamais ; mais ils
pourront employer, dans leurs compoffrions , ces diverfes
armures pour jeter de la variété.
AD YMARCHIDÆy peuple de Libye, le plus voifîn
de_l'Égypte. Srlius ( Bell. Italie. I I I , 278) dit que ceux
qui fuivirent Annibal portoient l'efpèce de bouclier ap-
>elé cetra, peint de diverfes couleurs ; une épée cour-
; >ée, & un' jâmbart fur la jambe gauche.
AFRICAINS EN GÉNÉRAL. (Voye% Libyens. )
ALARODII. C e peuple, voifîn des C o lch e s, portait
les mêmes armes qu’eux dans l’ armée de Xercès
(üerodot. V I I t pag. y43 ) .