
quelle on enveloppoit un livre , 8c»qui tenoit lieu d’ un
étui j étoit appelée par métaphore, toga 8c findon (Mur-
val 3 X 3 93, & X I , i ). Index ou ticulus annonçoitle nom
de l ’auteur, 8c il étoit écrit fur le dos. Le» courroies.,
fara , & les crochets, unci, tenoient les livres fermés ,
comme on le voit aux livres les premiers imprimés. Les
feuillets étoient peints à l’extérieur en jaune, color cro-
teus3 8conles enauifoit d’huile d’arbres réfineux, tels que
le cèdre , pour éloigner les infeètes.
Les rouleaux, codices(8cnon volumina, félon l’opinion
.de Martorelli), font bien connus aujourd'hui depuis la
découverte de ceux d’Herculanum, 8c furtout depuis
l’impreflïon de l ’un d’eux , Philodemus, fur la mufîque.
-Ces rouleaux reffemblent à ceux dësn0S. 3 , 4 , y, 6 >
2?/. CCCLIV, qui font tirés des. peintures d’Herculanum
1 I I . j'y V3 '3 75 j 17, yÿ ) , excepté la figure, lifant, qui
eft peinte fur un vafe grec d’Hamilton ( i f , Pl. C I ll) ,
improprement dit étrufque. Ils font longs, de plulieurs
pieds , quelques-uns de trente, larges d’un, ou de deux j
ils font compofés d’écorces de papyrus ( efpèce de j.onc
•qui croît dans les eaux en Égypte ) , collées les unes fur
les autres, en croifant les fibres des diverfes écorces.
L ’écriture n’eft pas continue, mais elle eft coupée en
petites colonnes, placées deux à deux dans le fens de
la longueur- Cette manière d’écrire, que l’on obfervé
dans le Philodemus dHerculanum, n’eft pas exclufive; car
fur deux des rouleaux ici defiînés, lès lignes font parallèles
à la longueur. De. l’un de ces rouleaux pend une
étiquette carrée avec ces. caractères pa x x an , placés
fur trois lignes 5 elle fert à faire reconnoïtre de fembla-
bles étiquettes qui fortent des rouleaux dépofés dans une
bolte}fcrinium. On voit de ces boftes aux pieds desftatues.
de Confulaires & d’ autres Magistrats , & l’on croit
qu’elles renferment les requêtes qu’on leur avoit présentées.
§ . I I I . Papyrus y charta, diphtera, pergamenum.
Après avoir parlé de la forme des livres & de celle des
Touleaux , je vais faire connoitre leur matière. Un.palfage
d’Hérodote, très-remarquable, cité au commencement
de ce livre , nous apprend que d’abord on fe. fervit, pour
écrire, de peaux de chèvre & de brebis, dipktera; que
de fon tems, le cinquièmefiècle avant.l’ëre vulgaire,les
Barbares n’employoïent encore que les peaux. Les hif-
tpriens grecs l'aflurent exprelTément^des anciens Perfes.
La jaloufie des Rois d’Egypte contre lès Rois de Per-
•game, qui formèrent, dans le premier fiècle avant notre
ère , une bibliothèque aulïi riche que celle d’Alexandrie,
Jeur fit.interdire la fortie du papyrus,• les derniers renouvelèrent
alors l’ufage des peaux, mais préparées delà
même manière que notre parchemin , 8c appelées, à caul’e
-d’eux, pergamenum.
On prouvé par des paffages d’Homère 8c d’Héfîode .
contre l’opinion deVarron, que l’ufage d’écrire.fur des
charta3 c’ eft-à-dire, fur les écorces.du jonc d’Egypte appelé
papyrus, étoit général chez les peuples polices ae-
Grèce & d’Afie, avant le fiècle d’Alexan dre-le-u rand. Les
rouleaux d’Herculanum en font faits. On cefifa au treizième
fiècle de fe fervir du papyrus, parce qu’à cette ;
époque commença l’ufage du papier de chiffons.
C ’efl: des livres dont veut parler Dion-Chryfoftome lorf- j
qu’il dit ( Orat.iiypag. 172) : « Les libraires, voyant que ;
■=» l’on recherche les livres anciens ( t* ccç^«V« rûi fiiîxlm)3 i
35 comme mieux écrits, 8c écrits fur de meilleures ma- :
■ *>. tières, enfouiffent dans des tas de blé les plus vils des j
» livres a é tu ë ls , pour qu’ ils co n tra ie n t la couleur «h
» anciens , & ils les vendent pour tels. »
§. IV . Encre , écritoire, roféaux, plumes.
L ’encre des Anciens différoit ordinairement de t
nôtre, principalement par l’abfence du fulfate de
. (vitriol). Qn fait que ce fulfate métallique, jointn
noix de galle & à la gomme, forme l’encre d'écriture
la feule dont il peut être ici queftion. 11 paroît cependa^
que l'on en. émployoit une de même nature , du mojj
pour écrire fur des peaux 3 car dans le plus ancien Vf
gile du Vatican & dans lë Térenee de la même bjl4
I rhèque, les lettres font enfoncées dans le parchemii
j quelquesrunes même l’ont percé, & elles font devenue
j.aun.es-
En examinant les rouleaux d’Herculanum on voit ,|j
1 leur encre, non-feulement ne contenoit pas de fulfatedi
j fer, mais encore qu'elle étoit moins fluide que la nôtre
j Les lettres font, encore plus noires, que les feuillets^
\ papy rus 3 quoique ceuxrd foient préfque convertis 3
: charbon : leur couleur & leur épaiffeur en facilitent h.i
i reufement la leCture. Toutes ces lettres paroiffent entr
j lief fur le. papier, par cohféquent l’ encre reffemble à çel
| de la Chine , 8c eft une efpèce de couleui épaiffe. Po«
Icompofer cette encre on émployoit'la fuie des réline
! ( le.noir de fumée) , à laquelle on fubftituoit quelquefoj
; le tartre, (la lie de vin brûlée), l’ivoire brûlée, les cb
îbons pilés. Quelles que fuifent les matières qui à
it.raffent dans fa compolition , on la broyoit comment;
j couleur, on l’expofoit au foleii, mais probablement«
i ne la mettoit point fur le feu : telle fut l’encre du tens
; de DioXcoride , de Pline, & même encore au feptièoe
■ fiècle., comme le prouvent les Origines dlfidore de
' ville. Depuis le cinquième ou lë fixième fiècle‘les Es-
.pereurs a ’Oriènt ne fignèrent qu’avec de l’encre rouge,
faite d’abord avec la pourpre, enfuite avec le cinnabre.
i La liqueur noirè de la lèche, bien connue desAt
iciens, étoit-elle la bafe de leur encre, comme elleM
! aujourd’hui dans plufîeurs contrées d’ Italie ? Wmckel
imann l’a nié , parce qu’aucun paffage ne prouve quels
• Anciens aient fait ufage de cette liqueur.
Avant les découvertes d’Herculanum on ne connoilf»
‘pas la forme des écritoires des Anciens : on n’en avon
jpas même cherché le nom ni chez les Hébreux quia
parlent, ni chez les Grecs qui lui.donnèrent entr’aiijtô
(noms celui de ni chez les Latins, qui 1'?
pelèrent theca calamarià. Martbrélli, cité fi fouverit «
ce livre, fit toutes ces recherches à l’ occafion d’uneectf
toire deflinée ici de la grandeur de l’original, fous le» -ii
Pl. CCCLV. Martorelli l’a décrite. Elle fut déterrées
1745 près de T erlizzo, non loin de Bitonto, dans h®*
1 de Bari. On la voit aujourd'hui dans le cabinet d’Hé
culanum. Elle eft’de bronze, ornée de figures & de rire
1 çeaux en argent. Le n°. 2 , Pl. CCCLV3. préfente
deflus & .le petit couvercle qui ferme l’encrier- Le" ■>>
PL CCCLV, préfente le développement de cette
mi de oCtogo.ne tronquée, avec les figures dont elle
ornée, Saturne, l’Aurore , la Lune, Mars, Mercury
Jupiter 8c Vénus Divinités qui préfidoient aux J01,
de la femaine, fi l’on excepte l’Aurore, remplaÇ311^
le Soleil. Un paffage précieux de Dion-Caflius
pitg. 124, edit. Reimari) nous apprend la caufe de cetoi ;
qui eft différent de celui des orbes planétaires : il dit (|\-
.affeftant chaque heure du jour & de la nuit ^ c"3 J
.des planètes , félon l’ordre afligné par les aftron
B k Otemièie à Saturne, la fécondé à Jupiter,
B p0S 1s ’ ) % a rs la quatrième au Soleil, la cm-
lal r01f i^ é n u f , la fixième à Mercure , la feptième à la
Xr la huitième à Saturne , en recommençant ainfi
hmr ’,p Dour les vingt-quatre heures, la première heure
f S ont ap/arJendra au Soleil. Si l’on opère
S même fur les heures du fécond jour, la première
teure du troifième jour appartiendra à la Lune , &c. &c
S s les Anciens, quoiqu'ils euffent mis les jours de a
femaine fous la proteaion de ces Divinités, & quils la
ümencaffentpar le jour de Saturne, ne donnèrent point
lesnoms desDivinités à ces jours. Les Chvénens enuferent
ainfi les premiers, comme on le voit dans le Code théo-.
S e n & ailleurs , en commençant auffi la femaine par le
fibatum, jour de Saturne , comme on le prouve par
fait Jérôme (Epbfi. ad Hebidiam) , 8e par faiht Chryfoftfae
(tom. T , T“g. I f f lnM H BH BH , ,
n°. 4 , Pl. CCC L f, eft une écritoire antique, de la
grandeur de l ’original, trouvée vers le milieu du dix-
jltième fiècle ( Martorel. / , p. 17 ) dans les aqueducs
fcLerrains de Naples, & qui appartient aux Vaflalli de
labême ville j elle eft de marbre, oêbgone comme la
Ipcédente, ornée auffi jadis de fept figures en médaillons,
dent on voit encore les places fur fept faces } la hui-
1 nlme de même eftliffe. L e « 0. 5 , Pl. CCCLV, eft une
I Jritoire tirée des peintures d’Herculanum {V ypag. 375)3
elle eft de même o&ogone, mais prifmatique : on voit-
fié cette écritoire un jonc ( calamus ) pour écrire , taillé
qgmme nos plumes, qui eft de couleur jaune. C ’eft des
nimes peintures ( / / , 5 y ) qu’eft tirée l’écritoire cy lindrique
, double, du n°. 6 , Pl. CCC LV, contre laquelle
eft appuyé un jonc taillé comme nos plumes, & dont
leS noeuds font vifibles 3 enfin on voit dans la Paléographe
de Montfaucon (p. 24 ) la figure de Denys d’Halicar-
ijaffe qui écrit, tirée d’un manufcrit en parchemin, de
cet hiftorien, confervé dans le palais Chiggi, écrit dans le
dixième fiècle. Entre les inftrumens qui fervent à écrire
eft une écritoire entièrement femblable à celle des
Maflalli. Martorelli affure qu’ elle eft trop bien deflinée
ppur être du fiècle du manufcrit , & qü’elle a été copiée
fur un manufcrit beaucoup plus ancien.
■ On trouve en effet deux écritoires du dixième fiècle,
tKS-différentes, fur des peintures de ce fiècle, publiées
pàr Gori dans ion, Tkefaùrus diptycorum (pag. 3 ) : dans
I’iine, un homme aflis a devant lui un pupitre 8c une
table. Sur fes genoux il tient un livré; fur le pupitre eft
•placé un rouleau chargé d’ écriture. Delà droite il trempe
rofeau ou un pinceau dans une écritoire ronde placée
ftr la table : le- «ù. 1 3 Pl. CCCLVI, prëfente- cette
%ure. La fécondé figure tient aufii un livre , mais elle
jïrit fur un autre livre placé fur le pupitre.L’écritoire 8c
l!;inftriiment avec lequel elle- écrit, font les mêmes que
<¥ux du numéro précédent.
jj -*e parlerai ici des plumes , feulement pour dire que
tes Anciens ne les ont probablement point employe_es
pour écrire i que le plus ancien texte qui en fafl’e mention
T .|.u, Cinquiemefiècle-. C ’eft un paflage de Y Anonyme,
l û •\e Par Valois 5 qui nous apprend" que Théodoric',
É?1 oe® Oftrogoths , dont il paroît avoir’été coiitèmpô-
am” , fervbit d’une plume pour ligner les quatre pre-
(Ô r f ettfesi e *"on n®m- Dans le feptième fiècle ( c e lé
' uore de oéville ) on fë fervôit encore du calabms
écr;S.0Il e^.P^0y'6H aùflj la pliime:. Enfin on -voit dans les
fe ftS • ‘5'^ri'e~Ie-Vénérable, qu’au dixième fiècle on:né
■ WLe^01/ • llS en ^ra^ce‘ qù® de la plume.
■ caiarnus -3 KuXufàis 3 juncus y arundo, étoit une efpèce
de jonc quê l ’on tailloit pour écrire, & que l’ on
rendoit comme nos plumes. On en voit deux jointes aux
écritoires deflinées ici. La fente n’eft pas vifible; mais
dans une épigramme de Y Anthologie on lit : k «a »ntt
ptiro<r%ià'tisiy rofeaux fendus dans le milieu. Ces joncs ve-
noient d’Egypte , niloticùs calamus ( Apul. Metam. lih. 1 1
initio). On trouve encore en abondance, près de Damiette,
le rofeau dont les Orientaux fe fervoient 8c fe
fervent encore pour écrire. Les Romains 8c les Grecs
tiroient d’Égypte les calamus ; mais les Grecs du Bas-
Empire les titètent de Perfe. Aujourd’hui encore le»
Orientaux, Grecs, Turcs, Perfans, 8cc-, fe fervent de
rofeaux que l’ on recueille fur les bords du golfe Per-
fique, près d’Aurac, & que Ton enfouit pendant fix
mois dans le fumier pour les durcir, pour leur faire
prendre un vernis noir & jaune très-recherché.
§. V . Tablettes, cire & fiyle.
Par le mot tablettes je défigne des planchettes de bois
ou d’ autre, matière , i°- tantôt légèrement creufées pour
recevoir la cire, le plâtre, & c ., fur lefquels on traçoit
l’écriture avec un ftyle 3 i°- tantôt nues, 8c fur Iëfqu'elles
on écrivoit avec un calamus : telles étoient les tablettes de
tilleul fur lefquelles Commode avoit écrit les noms de ceux
qu’ il vouloit faire mourir, tm ixtpikvças.....^
yçatpet ( Herodian. / , cap. j i ) . On a trouvé à Herculanum
des débris de la fécondé efpèce , & l’on' y diftin-
guoit quelques traits d’écriture. Les nos. 2 , 3 , 4 , y s
Pl. CCCLVI y font des tablettes de la première efpèce,
8ç ëlles font tirées des peintures d’Herculanum ( V3
pag. 27 y ; I l , 7 ; 277, 2 3 7 3 77, y y ). La première eft formée
d’un feul feuillet : on y lit C CC CX X X X H : S 8c
d’ autres caractères prefqu'effacës, c’eft-à-dire, quatre
cent quarante fefterces 3 elle eft peinte fufpendüè par fon
cordon à un clou. La fécondé elt de même garnie d’unè
efpèce de poignée ; elle en a près d’elle une autre brifée
dans le milieu & chargée de traits prefqu’effacés. Latroi-
fième préfente deux feuillets liés par le dos'comme ceux
d’un livre : c’eft un dyptique. On y voit des traces d’écriture
8c des trous dans la ciré : un ftyle eft auprès, La
quatrième enfin eft un polyptyque ou tablette à plufîeurs
feuillets, qui font auffi liés par le dos; elle reffemble entièrement
a la précédente. • •
On renfermoit les tablettes, comme les livres, dans un
étui. Gori ( Thefaur. diptych. 7) a publié celui du n° 6 ,
Pl. CCCLVI, qu’il croit être du cinquième fièclé. C’eft
du même Recueil que font tirées les tablettes renfermées
dans un étui du«°. 1 , PL CCCLVII; les ftyles du h°. 2,
PL CCCLVII, dont l’ un eft renfermé dans un étui qui eft
joint à celui des tablettes, & la main tenant un ftylé du
n°. 3 , Pl. CCCLVII.
Le n°. 4 , Pl. CCCLVII, tiré des peintures d’Hercu-
Ianum ( 777, 2 37), préfente un auteur qui médité & qui
compofe. D’une main il tient des tablettes polyptyques
(de plufîeurs feuillets ) , 8c de l’autre le ftylé, dont il
porte la pointe à fa bouche. Le n°. y, Pl. Cl CL V il 3 eft
Um bas-rélief antique très-curieux , publié par Martorelli
!(-ƒ, pdg. 128) , & qui l’aVo:it 'd é jié té par Franc. P tôle-
jm&us Senenfis ( Vetuftctiia , pag. 293.. Roma , 1670)1. Le
dernier croyoît y voir un malade' 8c un officier public qui
: écrivoit Ton teftament fur dès tablettes avec un ftyle 3 ';
;mais Martorelli penfe que' c’ëft un'médecin qui écrit
Ton ordonnance fur des tablettes, 8c il prouve, par c i-
1 vers témoignages , que les médecins' anciens en^
-ainfi , parce qu ils n’ëxerçoieiiï. pus eüx^ême: