
Les Grecques en général paroiffoient en public avec
les cheveux arrangés de différentes manières. Les vieilles:
feules mettoient une coiffure fur leurs, cheveux. La chevelure
des Grecques étoit fouvent liée avec une Simple
bandelette : telles font .celles que l’on voit de Aîné es ici,
n ° \ c & 6 , PL CX X X I I I , tirees du Recueil d'antiquités
de Caylus ( tom .l); nQ. i , PI. C X X X IF , tirée des
bronzes d’ Herculanum ( II,pag. 17) )• Cette bandelette
fe croifoit (Muf. For. G. 7, 2 6 ,6 ) quelquefois en divers
fens , n°. i , Pl. CX X X IF . Des fleurs, des pierres pré-
cieufès, divers ornemens étoient joints à la bandelette,
72°. 3 g pi. C X X X IF , tirée ( I I , Pl. X V I I ) des pierres
gravées du Palais-Royal ; n°. 4 , Pl. C X X X IF , tirees des
vafes grecs d’Hamilton ( 2?. .collection : 1800,7, Pl. 16 ).
Un tyran de Cumes en Italie, voulant éteindre le courage
des jeunes Cuméens, les contraignit, dit Denys
d’Halicarnafle ( lib. 7 , cap. 9 ) , « à foigner leur cheve-
« .ju re , comme le faifoient les'vierges j à peindre leurs
» cheveux; à les boucler & à les renfermer dans des fias
lets. »a Le filet dont parle l'hiftorien eft la rete des
Italiens, le réfil des Efpagnols, le xtx.çu<petx»s des Grecs,
& c . Le mot grec veut dire proprement le fac ou le fond
du filet , qui étoit une partie de la coiffure, & qui ren-
fermoit les chëveux de derrière comme dans une bourfe.
Les vafes grecs ( dit' écrufques ) d’Hamilton ( I F , 71 .•
7, Pl. C X X F I I : I F , 24 ) m'ont fourni les nos. 5, 6 , 7 ,
TL CXXXIF.
Plutarque ( Quoeft. Rom. tom. 113 pag. 167 ) dit que les
Grecques coupoient leurs cheveux dans les^ tems de calamité
, tandis que les hommes laifloient croître les leurs,
& que le contraire avoit lieu chez les Romains. C'étoit
l'ufage des veuves grecques, & quelquefois elles cônfer-
voient long-tems cette marque d'affliétion* On ne voyoit
point de cheveux à une figure d'Ethra, mère deThéfée,
ni à une femme âgée dans les peinturés de Polygnote ,
confervées à Delphes (Paufim., lib. 10 ). On lit dans un
fragment deJamblique, confërvé parPhotius (pag. 144 ),
qu’une jeune veuve avoit les cheveux coupés « â caufe
aa des regrets que lui caufoit la mort récente de. fon
»a mari. » Peut-être Ethra avoit-elle, dans les peintures
de Polygnote, les cheveux coupés , pour marquer feulement
qu'elle étoit efelaye d'Helène.
Les cheveux teints, dont j'ai parlé plus haut, l’étoient
probablement en blond ; car en Grèce & en Italie on re-
cherchoît cette couleur de cheveux, qui y étoit fort rare.
Une Diane & une Vénus d'Herculanum ont les cheveux
colorés en rouge. Ceux de la Vénus de Médicis & d’une
tête d’Apollon confervée au Capitole, étoient dorés.
On jetoit-fur fes cheveux de la poudre d’ or.
Les Grecques portoient quelquefois des perruques ou
de faux cheveux.
§. V . Coiffure- des Romaines;
Il faut appliquer aux vierges & aux femmes romaines
ce que j'ai dit des Grecques. Seulement Plutarque (Qus.fi.
Rofi.., tom. IIy. pag. 267) dit que dans les tems de deuil
ou de calamité, les Romaines laifloient flotter leurs cheveux
fans les peigner & fans én prendre aucun foin.
Les têtes des Impératrices & des filles d'Empereurs ,
qui font gravées dans la première partie de ce Recueil,
préfentent. une grande variété de coiffures, que l 'on peut
employer en fupprimant le diadème, marque de dignité.
— Livie & Julie, filles d’Augufte, Pl, X X I I I , 5 , 6.
— Julie fille de Titus , Pl. X X V I , 4. — Plotine & Sabine,
T l.X & F I l j 2 ,5 .— Fa.uftines , mère & fille, Pl. X X F I I lj
2 ,4 . — Hélène, mère de Conftantin, Pl. XXXll n i
— Irène, femme de Léon IV, Pl. X X X I F , 2.
J’ ai dit : le diadème, marque de dignité, parce que J
Grecques & les Romaines portoient quelquefois m,®
nement qui avoit une forme à peu près femblable. I
Les noS. 8 & 9 , PL CX X X IF 3 tirés de Caylus(/
Pl. LX X F I11 ) préfentent des têtes de femmes, à e a u ®
de la divifîon des cheveux fur le front.
Le n°. 1, Pl. CX X X F , eft tiré des pierres gravées®
la galerie de Florence ( 77, X 7) , &le/x°. 1 ,P l. CXXXpj
des pierres gravées du Palais-Royal ( 7J , PL X F I ), 9
Le n°. 3, PL C X X X F , tiré'des antiquités de B o ilJ
( tom. F I y pag. 20) , étoit fculpté fur un tombeau, dais
le palais Maximi de Rome. Cette énorme chevelure b<®
clée eft évidemment une perruque. Au commenceraeÿ
de la feélion première de ce chapitre, j’ai parlé des p®
ruques ou des faux cheveux. J’ ajouterai ici quel®
en portoit, foit pour remplacer lès cheveux que l’on a v ®
perdus , foit pour étaler une chevelure d'une autre co®
leur que la fienne, furtout une chevelure blonde, |||
avec les chevèux des Germains'captifs ( Ovid. Amor. i l
14 , 4 j ) 5 foit enfin pour fe déguifer & pour n'être«
reconnu, comme le faifoient fouvent Caligula (Sa«oJ
cap. 1 1 , n°. 1 ) Meflaline ( Juvénal F I , 120). On von
des chevelures poftiches, même à des têtes de RomaineJ
La ftatue deLucille, femme de Lucius-Vérus, confervâl
au Capitole, a une chevelure de^ marbre noir, q u i é !
travaillée de manière qu'on peut l'enlever & la c h a n J
à volonté.
§ . V I . Coiffure des femmes barbares.
O n doit rapporter ici ce que j’ai dit ( §. III ) , de l®
manière dont les artiftes grecs & romains t r a v a i l l o i e i l
les cheveux des Barbares. Quant aux femmes b a r b a r e s , !
je propofe pour modèle , n°. 4 , PL C X X X F , la têt!
d'une ftatue placée autrefois à la villa Médicis, & c o n !
fervée aujourd'hui dans la galerie de Florence. One!
voit une imitation (non pas une copie) faite par L e g r o s !
dans le jardin des Tuileries , où eue eft connue f o u s b
fauffe dénomination du Silence. Ç ’eft la figure d ' u n e p r o !
vince conquife, qui faifoit partie de quelque a r c è l
triomphe. Lorfque j’émettois cette opinion d a n s l’Infl
titut ( Mémoires de Littérature & Beaux-Arts, tome r !
page 16 6 ) , je ne connoifîbis pas le trophée du n°.f,|
PL C X X X F } qui eft'tiré d’un bas-relief de la g a l e r i e M j ,
tînianî (tom. I l , PL LXXI1) . Il p r é f e n t e deux c a p t i f s 3»!
pied d’un trophée. Les dépouilles dont le trophée eft o r n e !
annoncent que le captif & fa- compagne font d e s Bar-|
bares, peut-être même les contrées & les n a t i o n s f o u !
mi fes. La coiffure de la femme & fon habillement o n t u n e !
grande reflemblanee -avec ceux du prétendu Silence; ijd
confirment mon opinion.-On en trouvera d'autres d a n s !
troifième partie de ce Recueil, où fe trouveront d e s fri
gures de Barbares. Le n°. 1 , PL C X X X F 1, p r é f e n t e II ■
tête d'une Aflyrienne ( Muf. Flor. Gem. 1 , 27, 2 ); « • 2>l
PL CXXXVly celle d'une Égyptienne-Grecque t o u t e s l
deux tirées des pierres gravées de la galerie ( ibtd- «
2(j,T o ). de Florence. La- dèrnièré eft remarquable !
caufe de la branche de corail qui lui fert d’ornement. 1
§., V I L Coiffàre- des enfant
Les enfàns des deux fexes, chez les Grecs & fes
mains, portoient les cheveux longs : les garçons les cou*B
paient en-partie à l’adolefeence. D e même que les viergeI
fi, en nouoient une portion fur h tête en corymbe. Des
médailles de Tarente otéfentent un petit Tara, portant
les cheveux ainft noués ; de forte qu il feroit douter de
f nfexe 11 le graveur ne l’avoit indique diftmtlement.
Tes cheveux noués fur le front étoient appelés corymbt
uour les vierges . ( Hefyckius)i pour les rhommes,
,s ( Schol. in Thucyd. 1 , 6 ) pour les enfans.
fen donne ici des exemples tirés des bronzes d’Hercu-
l i ü i . 8 ; . PL CX X X F 1 , -
4 , PL CXXXFI.
Warron ( Fit. Pop. rom. lib. i , apud Nonium : A per-
tüm) dit que les enfans des Romains avoient la tête,
nue, les cheveux frifés & liés.
Coiffure des Rois j des Empereurs x des Reines, &c.
€)n cherchera dans la feftion II, au paragraphe analogue
, le peu que l’ on fait fur la chevelure*des Rois.
S E C T I O N I I .
Coiffures ou habillemens de tête.
Obfèrvations générales.
Ifiprès avoir employé, dans, la première feétion de ce
crcmitre, le mot coiffure (au fingulier) pour défigner les
cHesreux ou la chevelure, j’ emploîrai le mot coiffures
|auroluriel ) dans la fécondé pour défigner l’habillement
de la tête-.-' ë j
San s le livre II de la fécondé partie de ce Recueil,
au n°. i des Obfèrvations générales, j’ ai donné, fur le
feutre des Anciens, des notions claires, ainfi que fur les
bomiets ou chapeaux qu’ ils fabriquoient avec cette ef-
pèceFd’étoffe non tifltie , mais foulée. J’ ai ajouté que le
mo.Ê grec w/aos , que fes dérivés, que le latin pile us, dé-
figiibier.t fouvent des bonnets de feutre, quelquefois
plufièurs tiffus coufus l’un fur l’ autre j qu’ ainfi il ne fal-
loit^pas les reffreindre|au feutre feul. A la vérité, les mots
je ferre, je foulé; m A w , condenfation ;
laine foulée ; fon fynonyme, & e ., font- relatifs au
feufte : de là vient que %lxos déligna non-feulement les
coiffures faites de feutre , mais encore des chauffons de
feu&e, &c.
Je 'donnerai le nom de bonnet aux coiffures qui n’ont
poifitïde hprds, & à celles dont les* bords, appliqués
contre le bonnet,. ne font point faillans. J'appellerai chapeaux
les coiffures qui ont des bords faillans, quelle qu’en
foitfla forme.
§• Ier. Coiffures des Grecs.
Eu|ache ( ƒ , Odyff.) dit que les Romains prirent des
frecSj U2?8e d'avoir la tête nue. J'ajouterai que cet
| f f des Grecs n’avoit lieu que dans les villes, & qu'il
ç °i>n0It: m®me quelques exceptions. Philoftrate (F it.
Jf- n° ‘ 3 ) dit d'Hérode Atticùs : «= Il arriva
« "P P 7 enes avec un chapeau arcadien quiombrageoitfa
» etf ï- °mme en Portentles Athéniens pendant l'été)-,
t pu ?nt ^outrer par-là qu’il revenoit d'un voyage. »
6 ^Qachatus dit à-Solon (Liician. de Gymnaf.
, c, JP pa%' j tom. I I , f«-4°. ) ; cc Je ne fupporte pas
» M - enC f l^leü brûlant qù-i frappe fur ma tête nue ,.
M 1 31 Cru devoir laifler à la maifon; mon bonnet pour
SolnnsLo;Par°}tre feul étranger parmi vous. » Enfin,
veau fou i8o).feignaut.d-êti;e dey
| tend fur le marché, la tête couverte d’ u n ,
« bonnet. •» On voit dans ces divers paflages, qu’ordi-
nairement les Grecs ne portoient point de coiffures dans
les villes.
Lorfque^ 1 ardeur du foleil ou les intempéries de l’air
forçoienr à fe couvrir, lorfqu’on vouloit fe recueillir &
méditer, on ramenoit le manteau fur le haut de la tête :
tels on voit, dans ce Recueil, Saturne, Pl. ƒ, n°. 3 4*
& Tiréfîas, partie II, chapitre II, fettion Ilf, §.*2/Je
donne fous 1 e n0, s , PL CXXXFI, une tête ainfi
voilée, ayant de plus la draperie légère qui fervoit de
manteau , jetée fur le bas du vifage. Cette tête tirée
des pierres gravées du Palais-Royal ( tom. 77 , PL X I I )
a 'été attribuée long-tems, mais fans fondement, au Roi
d’Egypte, Ptolémée-Aulète.
Dans les jeux & les fpeétacles auxquels on affiftoit en
Çlein air, les Grecs portoient des coiffures. Les Éginètea
étouffèrent fous le poids de .leurs chapeaux l’ancien Ié-
giflateur d’Athènes, Dracon, au moment où, placé fur
le théâtre , il üfoit à haute voix les lois qu’il leur defti-
noit.
Les artifans portoient auffi, dans les villes, des coiffures.
Hors des villes> à la campagne, les voyageurs, les
chaffeurs, les marins, &c. portoient des coiffures. Je
vais en décrire les diverfes fortes, enfuite je désignerai
ceux qui les portoient ordinairement.
Les coiffures en ufage dans la Grèce &les pays voifins
avec lefquels elle eut des liaifons nombreufes & conf-
tantes, font le bonnet, le pétafe, la caufia & le pétafe
arcadien. nl\os, terme générique , a été dit de toutes’-
même de la tiare & de la cidaris ( Suidas , voce nl\oç ).
J’appelle bonnet une coiffure ronde, fans bords, ou
dont les bords ne faillent point. C’étoit le bonnet des
marins. A ce titre il eft porté par. Ulyffe depuis fon départ
de Troye (dans ce Recueil, Pl. X I3nos. z , 3)5
par les Cabires, qui avoient conftruit les premiers navires,
ici n°. 6 3 PL CXXXFI, tiré des bronzes d’Her-
culanum ( 77 , 89 ) ; par les Diofcûres, qui préfidoient à
la navigation : c’étoit le bonnet des artifans 5 c’eft pourquoi
Vulcain le porte (ici PL lF yn°. 3 ) , ainfi que Dédale,
fur un bas-relief du palais Spada CMonum. antic.
Winch. n°. 9 4 ) , ici n°. 7 ,.PL CXXXFI,• & fur un bas-
relief du palais de la villa Borghèfe ( ibidem, n°. 93 ) ,
ici n°. 8 , PL CXXXFIy un homme du peuple dans le
deflin d’un marbre qui repréfente les funérailles de Mé-
léagre ( ibidem, n°. 88 >, & ici n°. 91 PL CXXXFI.
Sur quelques monumens & dans les peintures des anciens
manuferits, les médecins portent une efpèce de '
bonnet ou une petite draperie qui couvre leur tête.
Héfiode ( Opéra, verf. 542) parle du bonnet (
des laboureurs. Je n’en puis citer aucun pour la Grèce j
mais en voici un , n°;iG, Pl. CXXXFI, pris d’un monument
étrufque (Muf. etrufe. I l y tav. 200 f.
C’eft au bonnet que l’on doit rapporter la coiffure dis
n°- ifi , PL CXXXFI, tirée des peintures d'Herculanum
( Bron?i 11 3 pag. 21). j la; coiffure du n°. 12
PL CXXXFI, tirée des pierres gravées du.Palais-Royall
( 11 y PL L1II). On remarquera l’es liens de la première,
& la légère faillie de la fécondé, qjie porte un athlète;
conduifant fon cheval à Olÿmpie.
Les efelayes portoient le bonnet : on en voit un ici’
”°* m Poo CXXXfril> t2r® des Mon. ant. de Winckel-
mann ( 188 ) ; mais les Ilotes avoient la tête nue. C’étoit
pour fe diftmguer de ces efclaves„ que les. Lacédémoniens
portoient le bonnet.
La caufia. des Macédoniens doit être placée- parmi