
ai8 RECUEIL D’ANTIQUITÉS.
-»j la royauté ; il voulut être adoré , tandis qu’on faluoit,
» fes prédécefleurs. » Enfin Procope ( Hift. arcans,
cap. 30 ) y parlant des innovations faites par Juftinien
Théodora , dit : « Lorfqu’ autrefois les Sénateurs abor-
» doient l’Empereur, celui qui étoit Patricien s inclinoit
S3 vers la mammelle droite ail Prince, qui le baifoit a la
&> tête quand il fe retiroit ; les autres fe retiroient en fle-
chiffant le genou droit. Mais en abordant Juftinien &
»3 fon époufe, les Patriciens & les autres fe profternoient
la face contre terre, baifoient les deux pieds de 1 Em-
» pereur & de l’Impératrice, qui les leur tendoient j ils fe
« retiroient enfuite. Théodora ne refufa point ces hon-
»3 neurs, & elle les reçut même de la part des Ambaffa-
*>' deurs perfes (ce que l’on n’a jamais vu depuis), comme
33. fi la puiffance romaine eut réfidé en elle.^ Autrefois
»3 ceux qui partaient à l’Empereur l’ appeloient de ce
» nom, & ils appeloient fon époufe, Impératrice. Ils
*3 défignoient les Grands de l’Empire par le nom de leurs
*>•- dignités refpeétives. Mais celui q ui, parlant à Juftinien
■93. ou à Théodora, n’appeloit pas l’ Empereur, l’Impera-
03: trice, feigneur & maitreffe & les
03 Grands , efclaves ( Â ak ) , étoit regardé comme un
03 groffier , un infolent , ou- comme coupable d’une
«3 faute grave. On le chaffoit ignominieufement, comme
03- un homme indigne de paroître à la cour. »» Corippus
dit aulli du fucceffeur de Juftinien (Hb. 1 , cap. 15 ) :
-, , - , ............................Et poplité flexo
Plurima divinis fupplex dakat ofcula plantis.
. Un attribut particulier de la dignité impériale fous les
premiers Auguftes fut « une Fortune d’o r , qui étoit tou-
93 jours placée dans la chambre à coucher ( in cubiculo)
os- des Empereurs. »3 Capitolin la décrit ainfi (in Antonino .
Vio , pag. 2.82.) en racontant qu’Antonin, près de mour
ir , la fit porter chez Marc-Aurèle, qu’ il défignoit par-là
pour fön fucceffeur.
- La matière & les ornemens du char impérial en faisaient
un attribut de la dignité-impériale. Jufqu à Cara-
ealla & Elagabale ( Lamprid. He/iog. cap. 29) il avoit été *
de bronze , orné d’argent & d’ivoire j mais ces deuxEm-'
pereurs le chargèrent d’or & de pierres précieufes ( Herd
di an. V , 22 );.
• L es fréteurs & les faifceaux étoient à Rome l’attribut ■
de certaines dignités. Romulus , difoit-on, fe faifoit précéder
par douze fréteurs; mais Tarquin-l’Ancien adopta-
certainement cet attribut des Rois d’Etrurie. Les Confuls
en avoient chacun douze, le Diélateur vingt-quatre,
lés Proconfuls , les Généraux , les Maîtres de la cavale-
rie ,'les Préteurs , les Pro-Préteurs, fix; le Prêteur de la
ville , deux ; chaque Veftale paroiffant en public, un5 le
C ü r a to r viarum , dans fes fonétions, deux ; les Sénateurs
députés vers l’Empereur, deux î les Sénateurs voyage J
fans fondions, mais avec le titre honorifique de
avoient auffi des fréteurs ( Cicer. Epift. 12 , 21), fl
Les Empereurs , ayant pris le titre de Dictateurs p J
pétuels, fe firent précéder par vingt-quatre M eursjJ
tant des faifceaux ornés de lauriers, comme les a n d J
Magiftrats avoient fait orner les leurs-après des viétoir«;j ;
c’ étoit ainfi qu’ ils faifoient toujours orner les portes
leur palais avec des branches de laurier. Les lifieifl
impériaux étoient jeunes & fort grands, comme on:|| ' '
verra dans Hérodien cité plus bas.
Les faifceaux ornés de laurier étoient un attribut defl
dignité impériale, auffi caraétériftique que le feu; canfl
voit les foldats de Gordien ( üèrodian. V I I , 13 ), quif
proclamèrent Empereur , faire « porter devant lui lefoi
»3 & marcher de très-grands, jeunes hommes portant«
33 baguettes ornées de laurier, attribut qui fait diftingufj
»» l’Empereur des particuliers. » Les branches de laurifl
des faifceaux des Empereurs n’y étoient point attaché;
fous forme de couronne, mais elles étoient fichées «j.
haut des baguettes : c’ eft ainfi qu’ on les voit fur l’arc f l
Titus, & ici fous le «°. 6, PI. CLV. (Admir.Rom.tabÆ
Les faifceaux ordinaires étoient compofés de brandfl
d’orme , au milieu defquelles étoit placée une hache,fl
tout lié avec ,des courroies. On ne fait d’ou vient Îufîfl
des Modernes, de mettre la hache au haut des faifceaufl
fur les monumens elle eft toujours au milieu de la h f l
teur. On le voit dans ceux qui font ici deffinés fous f l
nos. 7 , 8 , 9 , PL CL K, tirés, l’un des pierres graifl
delà galerie de Florence ( I I 3 19 , 1 ) , l’ autre du Recufl
de lampes fait par Pafferi (tom. I I I ) , & le troifiemefl
bas-renefs de Trajan, encaftrés dans l’arc de Confiai»
Les officiers de la cour des Empereurs fe faifoient f l
connoître par les marques de leurs dignités : elles fu fl
très-fimples & en très-petit nombre dans les commerfl
mens 5 mais à Conftantinople, & les dignités & f l
marques de ces dignités fe multiplièrent à l’ infini. Qnfl
aux fimples officiers qui ne faifoiént que le ferviceinfl
rieur ou qui formoient au dehors le cortège du Prinfl
ils ne fe firent remarquer d’abord que par l’ extrême bjfl
cheur de leurs vêtemens & de la-toge en particulfl
Suétone dit (Domitr 12) que Domitien, voyant le genfl
dè fon frère avoir une fuite revêtue d’habits auffi b lfl
que ceux de là- fienne , albatos & ipfum miniftros harnM
s’écria ". U empire de plusieurs eft dangereux ( c eft un v|
d’Homère). Dès le commencement du Bàs-Empirfl
toge ceffa d’ être habituellement en ufage ; alors le‘“fl
des officiérs du palais fe fit remarquer fur leur tunwfl
Ils la chargèrent de bandes de pourpre , de bandes |
toffes brochées en or & en argent ( Parpgaude) :
même un tems ou les Empereurs défendirent, aux
citoyens l’ufage de-ces riches ornemens,.
L I V R E I I I .
R E L IG ION.
D ans ce livre je ne parlerai point des miniftres de la
i i o n , ni de leurs coftumes ni des perfonnes qui af-
filroient aux cérémonies religieufes, parce qu’ils font décrits
dans les ferions des figures religieufes de chaque
»Éàple ( Troifième partie , livre II, Figuras hiftoriques ) ;
îe-Je décrirai que les objets matériels relatifs aux cultes,
atffels, inftrumens des facrifices, &c. Les temples ap-
pâftiennent pofitivement à rarchiteéiure , & pour cette
raton je n’ en ferai point mention.
§. Ier. Autels-
Pans les fiècles qui précédèrent la civilifation on offrit
leffacrifices, les prémices des récoltes fur des tertres
rèlêtus de gazon, & dans des folfes lorfqu’ on voulut
biliorer les Divinités infernales. Quand on rendit un
c#e aux héros, on choifît des terrains peu élevés, aux-
qülls on ne donna que le nom modefte de foyers, i<r%àf us ;
mis quand la fculpture & l’architeéture furent connues, I
oh fit des autels de pierre , de bois, de métal, &c. La
foire ne fut point déterminée : oh voit des autels ronds,
calés, de forme oblongue, pyramidaux, &c. Leur hauteur
fut auffi variable : ordinairement ils n’étoient que de
piètre6jo à omètre 975 (de deux à trois pieds). Mais à
Élidé celui de Jupiter-Ülympien avoit de hauteur vingt-
defxpieds grecs (é ,7 f mètres), environ vingt-un pieds.
M)n ne fauroit établir de différence entre les autels des
Grecs & ceux des Romains. Je renvoie à l’article fup-
piànentaire des Égyptiens la forme particulière de
leüp autels. En cohfidérant l ’efpèce des facrifices on
polrroit diftinguer deux fortes d’ autels : les premiers,
iufflefquels on ne bruloit point de viélimés , tel qu’un de
ceixde Délos, autel que Pythagore (Laert. Vit. Pythag.')
fal|aavecrefpeél, conformément à fes principes, parce
qu|on n’y offroit que des fruits, des grains de plantes c é -1
repes &r des gâteaux : on en voit un ici fous le 1 ,
LL VI ( Pajferii Lucerne, tom. I l , paß. I I ) . Les nos. 2,
m m CLVI, préfentent la fécondé forte d’autels, ceux
fii|lefquels on bruloit des victimes : le premier eft tiré des
Luge™* Pajferii (tom. / / ) , & le fécond des Monumenti
T ir ^inckelmann ( n°- 38 ). Dàns les bas-reliefs de
,®iat}3encaftrés dans l’arc de Conftantin, on voit l’autel
«ffime du n°. 4 , Pi. C L V I , placé contre la bafe d’ une
lt^|ue de Sylvain : il peut fervir de modèle pour les mo-
* fg ns cette. nature.
Lorfqifon vouloit honorer quelque Divinité on en-
0^o;t fon autel des rameaux de l’ arbufte qui lui étoit
cp|Iacre ; on en formoit des guirlandes que l’on attachoit
a.®utel, comme on le voit à plufieurs autels des numé-
|®|Precedens j on entrelaçoit les guirlandes de bande-
r 6. a*ne ( laneus orbis : Propert. I V , 6 ,6 ) teintes en
l'\,r , s couleurs. Quelquefois l’autel étoit entouré de
feules : tel oelui du n°. c , PL C L V I , qui
H,r une bafe très-élégante ( Vafes étrufques
anIn • °n’ t0m‘ L V ) . Montfaucon & d’autres
eftfnUai^es /0nt Pr^s pour des bandelettes & le trou qui
«pratique fur le côté des autels de .quelques vafes
étrufques, pour l’écoulement des libations & le fluide
qui fort de cette ouverture. Winckélmann ( Monum
ant. n°. 181 )•, pour corriger cëtte erreur , a fait deffiner
un des vafes du Vatican , avec l’ autel que l’on voit ici
fous le n°. 6 , P L'CLVI. La table de l’auttl étoit ordinairement
creufe, avec des bords élevés aux quatre angles,
que dans le langage figuré en appeloit cornes dé
l ’autel; elles font très-apparentes au n°. 1 , PL C L V I I
& C L V lI I , qui préfente un autel de Pompeia, couvert
encore de cendres à l’ époque des fouilles ( Lens,
PL A V I ') 3 n°. 36. Il eft de briques, recouvert de ftuc,
comme les murs & les colonnes du temple auquel il appar-
tenoit,fort grand & très-bien difpofé pour la combustion
des viélimés.
N ° . 2 , PL C L V I I s autel rond confervé dans la villa
Médicis ( Lens , PL A V I ) . N °. 3 , PL C L V I I , autel
rond, très-élégant, confacré à Bacchus ( Rec. d’Antiq.
Caylus , I I I , PL C A V I I ) , dont il préfente les végétaux
chéris. N°. 4 , PI. C L V I I , autel rond, orné de
guirlandes & de bucranes (têtes de boeufs décharnées ) ,
tiré du Voyage de là Grèce de M. Ckoifeuil- Goujfter
(tom. I , pag. 37). Le n°. y , PL C L V I I , tiré des Monumenti
antichi de Winckélmann , pag.- 14 , préfènte un
autel carré, orné de guirlandes & de têtes de bélier.
C’ eft dans le même Recueil ( n°. 1 y ) que l’on voit
l’autel triangulaire du n?. 6 , PL CLVII. Montfaucon
(P L L y tom. I I ) a publié l ’autel triangulaire du n°. 7 ,
P L C L V I I , fur les faces duquel font fculptés trois petits
génies portant les armes de Mars, à qui l’autel étoit confacré..
Sous le n°. 8 , P L C L V I I , on trouve le bel autel
( Thef. Infcript. Muratori ) qui eft fculpté dans le bas-
relief de l’Expiation d’Hercule du palais Farnèfe. Enfin
les bas-reliefs dePerfépolis préfentent l’autel des Perfes ,
qui eft deffiné ici fous le n°. 9, P L C L V I I : c’eft le feul
; autel de Barbares, que j’aie trouvé (Lens,PL A A I A ) .
\ ‘ On remarquera qu’ il n’y a ici aucun trépied, quoiqu’ il
foit certain qu’ils ont fervi quelquefois d’autels ; mais ne
trouvant point de caractère pour diftinguer les trépieds-
autels des trépieds-tables, ou des trépieds qui étoient
les foyers ordinaires , je les ai tous placés dans le livre
des. M e u b l e s .
Je ferai obferver encore que l ’on a fouvent pris pour
autel triangulaire des bafes de candélabres réparées du
fut, & pour autel, foit des bafes de ftatue , foit des mo-
i numens fépulcraux , fur lefquels le mot ara donnoit lieu
| à quelques équivoques.
Le peuple n’èntroit point dans les temples : c’eft
pourquoi lés autels' étoient ordinairement placés devant
les temples , fous les portiqaes & devant les ftatues des
Divinités qui en occupoient le centre. Au moment du
facrifice on ouvroitTes portes, afin que le peuple put
voir l’autel & la viélime. I.es prêtres -feuls , & quelques
perfonnes privilégiées , entroient dans la cella
c ’eft-à-dire, dans l’intérieur des temples.
Il y avoit dans les temples de la Grèce plufieurs
autels faits. avec les cornes des victimes entrelacées j
mais les monumens n’en préfentent aucun. .On peut s'en
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