
(idem, I I I , pag. 164) ou fur des nattes de jonc ( Polyb. ;
X I , cap. 2 ) . !
Les députés romains, envoyés aux Gaulois pour les
engager à refufer le paflâge à Annibal, furent très-étonnés
de les voir arriver au confeil avec leurs armes ; ce qui
é to it, dit Tite-Live ( X X I , 20) l'ufage de la nation.
Pour demander quartier ou la paix , les femmes & les
enfàns étendoient les mains vers le vainqueur ( C&f Bell,
gall. 11 y cap. 13 ).
Dans les camps les Gaulois demeuroient aflîs, & ne fe
promenoient pas ( H i f i . Bell. gall. F l l l , cap. 15 ).
Diodore de Sicile ( F , cap. 30 ) a peint les Gaulois de
fon tems, c’eft-à-dire, à l’époque où Céfar les fournit
aux Romains. « Ils portent, dit-il, de longs boucliers qui
» ont de longueur toute la hauteur d’un homme, & qui
» font chargés de leurs fymboles particuliers. Quelques-
33 uns y attachent pour ornement & pour leur défenfe
33 des figures d’animaux de bronze. Leurs cafques de
33 bronze font aufli chargés de diverfes pièces qu’ils
93 portent avec complaifance , des cornes, des têtes
» d’ oifeaux ou de quadrupèdes. Ils fe fervent des trom-
» pettes des Barbares , qui rendent des fons horribles &
» effrayans. Ils portent des cuiralfes de mailles de fer.
93 Quelques-uns ne veulent d’autres armes défenfives
93 que celles de la nature , & combattent nus. Leurs épées
33 font extraordinairement longues, fufpendues avec des
33 chaînes de fer ou de bronze ; elles defeendent obli-
93 quement fur la cuiffe droite. Quelques-uns ceignent
93 leurs tuniques avec des ceinturons dorés ou argentés.
93 Leurs lances ont une pointe de fer avec des parties
93 ajoutées, d’une coudee de long (o mètre 4107) &
33 d’ un double palme ( o mètre 0072) de large. Leurs
33 épées font aufli longues que les javelots appelés fa uni a :
93 le fer de ceux-ci, plus pointu que les épées , eft en
93 partie droit & en partie flamboyant. 33
GERMAINS. La Germanie fut connue des Romains
plus tard que la Gaule 3 aufli n’ en trouve-t-on point de
defeription exaCte avant Ptolémée. Pline fait, à la vérité,
l ’énumération des peuples qui l’habit oient ; mais il ne
nous apprend point quelle partie de la Germanie chacun
d’eux nabitoit. L’Océan germanique la bornoit au nord ,
la Viftule à l’ orient, le Danube au midi, & le Rhin à
l ’occident. Les Cimbres , les Teutons, les Cherufques,
les Cattes, les Quades, les Camavi, les Marcomans ,
les Suèves..... font ceux des peuples de la Germanie,
dont il eft fait mention le plus fouyent par les hiftoriens
romains.
Si l’on vouloit décrire le coftume militaire des Germains
d’après les médailles impériales qui attellent leurs
défaites, on ne pourroit énoncer rien de précis. Les feuls
traits qui m’ont paru conftans font la barbe & la chevelure
touffues i celle-ci plus longue que chez les Romains,
mais cependant plus courte que. la longueur ordinaire des
cheveux 5 la tête nue 5 le bouclier héxagonal, à quatre
grands pans latéraux, inclinés, & deux petits parallèles,
tel que celui de la PI. L X I I , n°. 6 ; des javelots ou des
lances courtes, excédant la longueur du bouclier de deux
fois la longueur du fer dont elles.font armées ; des trompettes
droites 5 des trompettes légèrement courbées, &
terminées par des têtes d’animaux dont les bouches
béantes fervent de pavillon 5 des étendards pareils à ceux
des cavaliers romains, & des enfeignes fous la forme de
dragons. On trouve rarement, furies médailles, des boucliers
ronds appartenans aux Germains 5 aufli le bouclier
héxagonal paroît-il être l’arme cara&ériftique de ces peuples.
On en peut dire autant de l’épée courbée ou du
cimetère , quoique l’on y trouve quelquefois une épée
droite. Le bouclier héxagonal peut aonc faire reconnoitre
pour un Germain la figure du n°. 4 , PI. CCXCIV, tirée
des bas-reliefs de la colonne prétendue antonine (tab. \ 7),
Ce Barbare eft pref^ue nu ; il n’a que les longues chauffes
& la chauffure fermée. Il tient une épée de même forme
& de même longueur que celle des Romains, contre lesquels
il fe défend, & il porte le bouclier germain à fix
pans. Tous ceux qui ont écrit fur les bas-reliefs que je
viens de citer, s’ accordent à reconnoître aufli pour des
Germains auxiliaires de Marc-Aurèle les archers qui combattent
à la tête de l’armée romaine , & qui portent des
bonnets recourbés en avant, des Jfjkgtim, des tuniques à
longues manches, des chauffes longues & des chauf-
fures fermées. On en voit un ici fous le n°. y , PI.
CCXCIF. 11 eft tiré de la PI. X I F des mêmes bas-
reliefs.
D’après ces monumens je vais expliquer les paffages
des hiftoriens, relatifs au coftume militaire des Germains.
Tacite dit (Mor. Germ. cap. 6) des Germains en général......
« Quelques.-uns, en petit nombre, fe fervent
33 d'épées ou de longues lances. Ils portent des piques
33 qu’ ils appellent frame a, armées d’ un fer étroit &
33 court, mais fi aigu & fi bien proportionné, qu’on peut
33 combattre avec cette arme de loin & de près, félon
33 les circonftances. Les cavaliers fe contentent du bou-
» clier long & de la fràmea. Les fantaflins / nus ou cou-
*3 verts d’un fagitm léger, lancent chacun plufieurs traits
33 & à une très-grande diftance. Ils ne prennent pas le foin
»3 de fe parer 5 feulement ils couvrent de couleurs choi-
33 fies leurs boucliers pour les faire reconnoître. Très-peu
>3 ont des cuiraffes : à peine un ou deux ont-ils dés caf-
33 ques de métal ou de cuir. La forme & la viteffe de
33 leurs chevaux n’ ont rien de remarquable. »3 Ailleurs
(cap. 4) il fait remarquer qu’ils ont tous les mêmes traits,
quoiqu’ ils foient en grand nombre : des yeux blèuS, le
regard farouche , la chevelure blonde , de hautes ftâtures
& de la vigueur feulement pour l'attaque.
Tacite dit aufli (Hifi. I l , 22) que les Germains mar-
choient au combat fans ordre, avec des chants barbares,
le corps nu (nudis corporibus) , félon la coutume de leur
pays, & agitant les boucliers fur leurs épaules. Germa-
nicus , conduifant fes foldâts au combat contre lés Ger*
mains , leur fait obferver (Tarit. Annal. I I , 14 ) que ces
Barbares n’ont ni cuiraffe ni cafque > que leurs longs boucliers
ne font que des tiffus d’ofîer ou de légères planches
colorées , fans lien de f e r , ni même de nerfs ; que
l’avant-garde feule eft armée de lances, & que les autres
combattans ne portent que des traits fort courts ou feulement
durcis au feu.
On lit dans Dion-Caflius (X X X F I I I , 49 ) que l’épée
des Germains étoit la même que celle des Gaulois.
CIMBRES. Ils habitoient la'Cherfonnèfe Cimbrique &
les contrées les plus feptentrionales de la Germanie, lis
furent prefqu’entiérement détruits par Marias fur les
bords du Rhône. Plutarque en fait cette peinture (Marius
Briani, I I , pag. 514)....'. cc'lls paroifloient encore plus
33 grands qu’ ils n’étoient, parce qu’ ils portoient des
33 cafques travaillés fous formes de mufeaux de bêtes
93 féroces, & furmontés de plumes j ils avoient des cui-
33 rafles de fer , des boucliers blancs, longs & étroits,
33 chacun un javelot garni de’ deux ailes. Lorfqu’ils en
33 venoient aux mains, ils fe fervoient de longues &
33 lourdes épées. » Des Prêtreffes fuivoient les Femmes
des Cimbres à la guerre ( Strab. , V I I , pag. 294. 1620).
C’étoient des femmes âgées, ayant les cheveux blancs ,
des tuniques de même couleur, des manteaux de lin liés
avec des agraffes, des ceintures d’airain, & les pieds
nus. Elles égorgeoient les prifonniers pour connoître
l’avenir par l’infpeétion de leur fang & de leurs entrailles.
Pendant le combat elles frappoient à coups redoublés
fur les cuirs dont étoient couverts les chariots, & elles
faifoient un bruit effrayant. ^
Les Cattes, voifins des Chérufques, ne permettoient
pas à leurs jeunes gens ( Tarit. Mor. Germ., cap. 31 )
de couper leur barbe, ni de relever leurs cheveux fur le
front, ni de brifer l’anneau de fer qu’ ils portoient, juf-
qu’à ce qu’ils euffent vaincu quelqu’ ennemi. — Les
Ariens portoient des boucliers noirs & fe teignoient la
peau. — Les Rugii & les Lemovii portoient des boucliers
ronds & des épées courtes. — Les Suiones habitoient
les bords de l’Océan , avoient des flottes nombreufes I
des navires dépourvus de voiles , garnis de deux proues
pour faciliter l’abordage, avec des rameurs placés indif-
tinélement fur toutes les parties du bordage.
SARMATES. La Sarmatie européenne s’étendoit,
| comme la Pologne, depuis la Viftule jufqu’ au Wolga &
■ au Don. Entre ces fleuves, & par-delà le premier, étoit
[ fituée la Sarmatie afiatique, confondue avec la Scythie,
L & pour laquelle l’article des Scythes pourra fuffire.
, Les Sarmates portoient des habits longs comme les
I Parthes, ainfi que le dit Tacite ( de Mor. Germ. , cap. 17 ) ;
I Fejie.....f l u i d â , f i c u t S a rm a tA & P a r th i . Sous le règne
f d’Othon , les Rkoxolani, peuple Sarmate , firent une ir-
f ruption dans la M oefie , en traverfant les fleuves gelés.
[ Tacite nous apprend (Hifior.,lib. 1, cap. 77 ) que..... « le
; »9 dégel étant furvenu, ils ne purent faire ufage de leurs
f »3 longues lances ( conti ) ni ae leurs longues épées qu’ils
» tiennent avec les deux mains, parce que les chevaux
[• » s’abattoient fous le poids des eataphraCtes. Les princes
9» & les plus nobles d’entr’ eux font couverts de lames de
I'*» fer ou d’un cuir très-dur qui les rendent invulnéra-
[ ” blés..... Le foldat romain attaquoit de près & perçoit
j* 93 avec fon épée légère le Sarmate ainff abattu & fans
? »> défenfe j car ce peuple ne fait point ufage de bou-
“ clier. 33 Paufanias ( Attic., lib. 1 , cap. 21,) dit qu’à
Athènes, dans le temple d’Efculape , fîtué dans la rue
•qui conduit du théâtre à la citadelle, « on avoir, confa-
t 33 cré une cuiraffe de Sarmate fi bien travaillée, qu’ on ne
n pouvoit s’empêcher, en la voyant, de penfer que les
. » Barbares n’ avoient pas moins de difpofitions que les
1 »* Grecs .pour exercer les arts. Les Sarmates n’ont au-
r w cupe mine de fe r , & on ne leur apporte point ce
[ ” métal} ca r, de tous les Barbares qui habitent les
■ ** memes contrées , ils Ont le moins de communication
: ” avec les autres peuples. L’ abfence du fer leur a fait
os r p 81?er <^armer leurs lances de pointes de faule.
v Paulamas parle fans doute de tems antérieurs à l ’ère
r ** vulgaire. ) Leurs ares & leurs flèches font de cor-
” npmfier, & le faule leur fournit aufli la pointe des
” “ eches. Lorfqu’ils font à portée de l ’ennemi ils lui
F M jettent un lacs, & ils le renverfent en faifant courir
teuts chevaux en arrière. Voici le travail de leurs cui-
, 95 es...... Us taillent & polifl ènt la corne de leurs
*9 chevaux Tous la forme a ’écailles de dragon, qu’ils
M i ent avec des nerfs de cheval ou de boeuf, & ils s’en
J ^ ont ^es cuiraffes qui égalent celles des Grecs en élé- .
** gance&en folidité, car elles réfiftent aux coups portés
. e Pres ou de loin. On fait en effet que les cuiraffes
>9 de lin n’ont pas le même avantage pour les combats ,
»» parce qu’elles peuvent être percées par un fer lancé
»9 avec force ; mais comme elles réfiftent aux dents des
” lions & des tigres, les chaffeurs s’en fervent utile-
»3 ment. >3
Si Tacite a comparé les Sarmates aux Parthes à caufe
de la longueur de leur habillement, le géographe Mêla
( 3 3 cap. 3 ) les compare aufli pour l’efpèce & la
forme des armes * Gens habitu, arrnijque ParthicA proxima.
Les uns & les autres avoient des cataphra&es, fe fervoient
de cuiraffes à écailles , d’ arcs de cornouiller, de
lacs pour enlacer l’ennemi ; enfin, de très-longues lances.
C ’eft même par leur habileté à manier cette longue lance
que Claudien les caraétérife ( in Prim. Conf. Stilich. ,
lib. 1 , 109) :
Non areu pepulêre G tue, non Sarmata conto.
, Les Sarmates avoient un rapport particulier avec les
Egyptiens ( Sext. Emp. lib. 3, c. 24 ) : les uns & les autres
imprimoient des marques fur le corps de leurs enfans.
D’après ce qu’on vient de lire fur les Sarmates, on
peut les reconnoître parmi les auxiliaires de Traian dans
les bas-Treliefs de fa colonne ( tab. 7 5 , 83 & 88 ) , defli-
nés ici fous les nos. 1 , 1 , 3 & 4 , PI. CCXCF. On trouvera
les Sarmates cataphraéles dans l’article de la cava~
lerie romaine.
DACES ou GÈTES. Les Daces habitoient les contrées
que l’ on appelle aujourd’hui la Tranfilvanie, le bannat de
Temefwar & la partie orientale de la Hongrie. Peyf-
fonnel donne à la Dacie pour limites le Pruth, le Danuoe,
le Tibifcus & les monts Carpates. On ne parlera ici que
i de cette Dacie , parce que la colonne trajane ne repré-
I fente que les Daces placés au nord du Danube. Étienne
de Byzance & Dion-Caflius difentque les G'etes des Grecs
étoient les Daces des Romains; aufli parloient-ils la même
langue. Ils ont été défignés fous le nom de Scythes par
Hérodote. Sur les médailles impériales, on voit la Dacie
tenant une épée recourbée ou un cimetère, quelquefois
des étendards de légion. Mais, fur celle de Trajan-
Dàce & de quelques autres Empereurs, elle tient une
pique fur laquelle eft fichée une tête d’ âne. J’ai donné ,
dans’les Figures mythologiques, les conjectures que l’on a
formées fur cet emblème fingulier. J’ajouterai ici que
! Rubens a cru y voir une trompette femblable à celle que
j’ ai décrite dans l’article des Gaulois. Quant à la forme
du bonnet & des vêtemens que porte la Dacie fur les
médailles, la figure eft trop petite pour en tirer quelqu’in-
duCtion , furtout ayant fous nos yeux les bas-reliefs de la
colonne traiane.
C ’eft de là ( tab. 108 ) qu’eft tirée la figure du n°. 1 „
Pl. CCXCFI. Elle repréfente un Dû« abattu, tenant un
cimetère. Son bouclier, qui eft près de lui, reffemble à
ceux des Romains. On voit diftinélément que les' Daces
portoient un bonnet légèrement recourbé en avant ; de
longues chauffes liées avec une chauffure fermée ; une
tunique à manches courtes , fendue fur les côtés , liée
avec une ceinture étroite, & un fagum garni le plus fou-
vent de franges, agraffé fur l’épaule droite. Quelquefois
les Daces, dans ces bas-reliers, tiennent des maffues
( tab. 21 6? 28 ) & des épées droites, courtes, très-
pointues. Quelques-uns portent des manches longues &
un manteau formé de deux pièces carrées qui fe lient
feulement fur les deux épaules avec des boutons ou des
agraffes , comme le vêtement extérieur de quelques
figures de Romains. On le voit diftinélement à deux