
fut adoptée par les Grecs & par les Romains , car ( Htr- i
fythSas) c’étoit le nom de l'habit extérieur des militaires
chez les Perfes.
Bir rh u s . J’ai parlé de ce manteau dans l’article de la
L a c e r n a .
A bo lla , forte de manteau que Varron & Nonius
( 14 , 9 ) difent avoir été à l’ufage des militaires ; mais il
paroît que fon ampleur pouvoit le faire refiembler au p a l l
iu m des Grecs en général, car on donna ce nom au t r i - j
b o n ium des philofophes auftères ( M a r t ia l I V , j z ) , !
&r ün ancien commentateur de Juvenal rend m a jo r a b o lla
par mayas p a l l iu m . Les fénateurs portoient l'a b o l la hors
de Rome { J u v é n a l 3I V ) .
C a r a c a l l a . C ’étoit un manteau groflîer des Gaulois
( Aurel. Victor. epit. c. z i , n°. I ) , reflêmblant, par la
forme, à la mandua (Xiphil ex Dione, lib. 78 ), t» ùvs
Tçoîrav, par conféquent à la lacerna, mais de diverfes cou-
léurs. Antonin, fils de Septime-Sévère, l’adopta, le fit
adopter aux Romains dans les camps & même dans la capitale,
en lui donnant une longueur telle qu’ il touchât
les talons, talares caracallas. De ce goût bizarre vint le
furnom de Caracalla ,'fous lequel cet Empereur eft plus
connu. Dans le Bas-Empire les femmes portèrent aufli les
caracalla, comme on le voit dans Palladius ( Laufiaca ,
cap. 17 ). Un paflage de la lettre de faint Jérôme à Fabiola
nous apprend que de fon tems la caracalla avoit un capuchon
; il dit de Yépkod du grand- prêtre des Juifs, qu’il
refiembloit aux caracalla , au capuchon près : in modum
caracallarum , fed abfque cucullis.
Penula, p&nula, çunix>is3 Qexônj. Ce vêtement romain
ne me paroît pas avoir été bien décrit jufqu’ à ce jour ,
peut-être parce qu’ on ne l’ a cherché que fur des figures
de Romains. J’ ai cru le reconnoître dans le manteau qui
couvre toujours le petit Thélefphore. Il eft fermé comme
un fac j il defcend au deffous des genoux fans ouverture
pour les bras ; il en a une pour biffer paffer la tête : le
plus fouvent un capuchon y eft attaché. On voit ici le
beau Thélefphore de marbre blanc du cabinet impérial,
qui avoit appartenu à M. Foucault ( Antiq. expliq. t o m . I ,
F l. 191 ) , «°- 1 3 PI- CXX. Il a de hauteur près du cinquième
de la hauteur d’un homme de petite taille. La
forme du manteau eft très-diftin&e. A la defcription que
j’ en ai faite plus haut, il faut ajouter qu’ on remarque
deux bandes raillantes, placées très-près l’une de l’autre,
& perpendiculairement fur le devant de ce vêtement.
La p&nula était donc un vêtement fermé, peu ample,
ayant fouvent un capuchon. Cicéron , voulant prouver
que le meurtre de Clodius n’étoit point un affaffinat prémédité,
dit {MiIon. cap. zo ) que MilonportoitX2.ps.nula,
& il ajoute : « Y a-t-il rien de moins préparé à un com-
» bat, qu’un homme enveloppé dans la p&nula comme
» dans un filet? » Quid minus promptum adpugnam , quam
p&nula irretibus ? L ’auteur du dialogue de Caufis corrupte
cloquentU ( cap. 39, n°. 2 ) donne pour une des caufes du
déclin de l’éloquence au barreau l’ abandon de la toge &
l ’emploi de la p&nula , « dans laquelle on eft renèrré
•» & comme renfermé , » quâ adftricti & velut inclufi cum
ptdicibus fabula mur. Ces exprefïions ne peuvent s’appliquer
qu’à un vêtement fermé, & non à ceux qui auroient
eu la forme ouverte de la chlamyde. On attachoit tellement
au mot p&nula l’idée de couverture entière, d’ enveloppe
complète, que Varron ( Nonius V I 3 3 ) appelle
de ce nom la partie du calceus ( chauffure fermée ) , dans
laquelle le pied étoit contenu.
On portoit la p&nula dans l’hiver pour fe munir contre
fe froid ( Horat.Iib. 1 , epifi. i l , verf. 17 ) j c’eftpourquoi
les convalefcens en faifoient ufage, & c’eft p0lir,
quoi l’ on en revêtit le dieu de la convalefcence, Thélef.l
phore. Aufli Ac ron, commentant le paffage d’Horace I
cité plus haut, dit-il que la p&nula étoit d’un tiffu fot|
ferré & épais, fpijfa & crafla. On la portoit encore p0Ull
fe préferver de la pluie ; & comme les voitures des
Romains (les litières exceptées) n’étoient pas couvertes 1
elle devint l’habit de voyage ; c’eft pourquoi Milon en
étoit affublé lorfqu’il rencontra Clodius. Néron, abandonné
de tout le monde, mit une p&nula de couleur obf.
cure fur fa tunique, & , ainfi vêtu, monta à cheval pom
s’enfuir ( Sué ton. 47 ) . ,
Un vêtement que les prêtres de l’Eglife grecque o n t
confervé, nous donne une jufte idée de la p&nula ; c ’ e ft
la chafuble, l’antique cafula du Bas-Empire. On v o i t i c i ,
fous le n°. 2 3 Fl. CXX 3 celle de faint Vincent, tirée de
la Roma fotieranea de Bofio j elle refïemble p a r f a i t e - j
ment au manteau de Thélefphore ; & lorfque le piêttel
qui la porte, veut élever les mains pour prier ou p o u r
agir, fes affxftans relèvent fur les bras les côtés de tel
vêtement fermé. Dans l’Églife romaine on l’ a fenduel
entièrement fur les côtés pour la rendre moins i n c o m mode.
La forme de la cafula étoit directement oppoféeàl
celle du fagum, manteau ouvert ou efpèce de c h l a m y d e . |
Frefbyteri vel diaconi { Synodus Liptinenfis , can. 7 ) ;iojj
fagis laicorum more, fed cafulis utantur ritu fervorum Du
( monachorum ) . Procope {Bell, vandalic. lib. l , cap. l é ) !
dit que de fon tems, fous le règne de Juftinien, l a «■
fula {»ctndxet) étoit l’habit des efclaves & des hommes!
privés : on fait qu’alors les grands de l ’Empire & ceiul
qui occupoient les premières charges portoient la chla-|
myde : cette cafula etoit donc l’ancienne p&nula.
La p&nula étoit à l’ufage des deux fexes ( Digefi. lib. 34 J
tit. I l 3 n°. 23 ). Comme dans l’origine on ne mit cevê-l
tement que dans les mauvais tems, il fut fait de peau,!
p&nula fcortea : les muletiers le portoient ainfi, mulioniaI
p&nula { Cicero, pro Sexe. 38). Mais lorfque l’ufage en|
devint général, même dans Rome , c ’eft-a-dire , depuis
Alexandre-Sévère ou dans le troifième fiècle, alors oal
fit la p&nula avec, de la laine, & on l’orna de tranges oui
de laine à brins plus longs que ceux de la lacerna : délai
vient la définition qu’en donne l’ancien feholiafte de
Perfe , Pallium cum fimbriis longis , tandis qu’il a p p e ll e l
fimplement la lacerna pallium fimbriatum.
La p&nula entièrement fermée, c’eft-à-dire, fans ouvertures
pour les bras , fut probablement trouvée trop!
incommode lorfque l’ufage en fut devenu habituel. On
fit alors deux ouvertures : les ftatues de femmes en pre-|
fentent plufieurs modèles ; mais on en trouve peu fur les!
monumens qui représentent des hommes. Lens a cité une!
figure tirée d’ un bas-relief de la galerie de Florence!
( Injcript. antiq. Etruna^ I l , tab. 21 ) , qui repréfente uni
magafin d’habits, & non, comme on l’a crulohg-tenis,|
la leéture du teftament de Céfar. On la voit ici au n°. j j
PI. CXX. Lens {P I .X X X V ) yreconnoîtla p&nula. O"!
la reconnoît mieux fur unie figure du forum des peintures!
d‘Herculanum { Pitt. I I I , z z i ) , quoique ces figureS!
foient prefque détruites. Elle eft ici fous le « • 4j
Fl. CXX. Ferrari ( AnaleHa de re vefiiariâ in Thijfnm
Antiq. rom. V I 9 pag. i.oy8 ) a publié une figuré antiq11®-.
de Mercure, qui porte la p&nula des voyageurs. Onia voi |
ici fous les 0 . y & 6 , PI. ÇXX. ....
Pline ( lib. 24, cap- 15, Jm. 88) dit que les foi“ I
du centunculus{ le gnâphàlium des Modernes ) ontla t°r J
du capuchon des p&nula : foliis ad fimilitudihetn ccp1 I
p&nularum* (J
La couleur ordinaire de la p&nula étoit le roux ou le
chîtain- Pline (lib. 8 ) dit qu’on la faifoit avec la aine
j j f Canufium, ville d’Apuliej & ailleurs, que cette laine
étoit touffe, Canufium ( velleris ) rufi. Nicéphore, patriarche
deConftantinople, écrit au Pontife romain, qu’il
lutlenvoie une tunique blanche & une p&nàla, tpdivbxioy,
dé rouleur châtain & fans couture. .
JêIa s u l a . Voyez l’article précédent.
'I y n t h e s i s . Ce mot grec , adopté par les Romains ,
eimchez eux deux lignifications : la primitive, compofi-
tion affemblage, fe trouve dans la loi Titia, §. Sempro-
ni& où la fynthefis eft un certain nombre de vêtemens
prifenfemble ; & dans le livre du Pafteur ( Antiq. expliq.
Ivdj 1, ch. 4) : la nouvelle, qui fut propre aux Romains,
défigna un vêtement particulier, celui que l ’on portoit
dais les repas ordinaires, dans l'intérie'ur des maifons :
&;§le- là vient que l’on croit reconnoître la fynthefis ou
la'!Wntkefina dans l’expreffion vefiis cenatoria. Elle étoit
blMche ( Atti degli Arvali del'fig. Marini , pag. 278 ) ,
quelquefois .verte ( Martial X , 2.9 ). Elle étoit de lin ,'
félin l’opinion commuhe, ainfi que les ferviettes & les
aimes étoffes dont on fe fervoit à table; On peut le conduite^
d’une épigramme de Martial, dans laquelle il dit
qiMne feule fynthefis ne garantiffoit pas du froid : frigus
etimi magnum fynthefis urid facit: Probablement on en por-
toiîcplufieurs dans l’hiver.
Quanta fa forme, on eft partagé d’ opinion. Les uns
crwent que e’étoit une tunique j les autres un manteau.
Leÿpremiers s’appuient fur le texte de Xiphilin (/ü.63 ,
enp^t^), qui dit que Néron donnoit audience aux féna-
teuls, vêtu d’une tunique à fleurs, n hfo£o*.à;
Scportant un morceau de toile autour du cou. Mais
Sulfone {cap. ) dit aufli que Néron ne rougiffoit pas
deparoitreen public, revêtu de h fyntkefis3 avec un fu-\
durlum^ autour au cou , fans ceinture & fans calceus. Si ces
deqxécrivains parlent de la même circonftance, il faut
cnl j e l 11® iï-fytiiïefis étoit une tunique. On pourroit ce-
pejmnt faire cette réponfe : on trouve dans une épi-
gi,||îïne de Lucilius ( Anthologia , lib. 3 , cap. y 2 , n°. 2 )
kj|?°t , employé pour défigner le vêtement
Poaf 1Cu ie5 ^es philofophes auftères, qui étoit leur man-
teri| >.7?l0®l"6v? & non une tunique : on fait qu’ ils n’en
P®l0Ient pas. Pourquoi le mot ^7»»u», qui eft de même
n aiuoit-iI pas été employé , par extenfion, dans
À1E-! m r Pour déligner un manteau ? C ’étoit probablè-
™ va, ,une. tl,nique & un manteau, & leur réunion .étoit
appelée fynthefis. '
/ÆNA* Ge mot ne défigne pas, dans cet article, le
manteau qui porte ce nom , mais l’ornement particulier
ÿ ' | ;pieien:te un bufte antique de Septime-Sévère, con-
( £ r W -ViMa BorShèfe , & publié par M. Vilconti
1 pa8' 94 > tav- 57 ) , ayec les autres mo-
a Gahies- On le voit ici fous le n°. r,
favant membre de l’Jnftitut de France dit
»> ^a^et 1 !<n >n ) : " E*en n’eft aufli digne de remarque,
» i l S ce , e précieux & des mieux confervés, que la
„ j? * 3mpheerégulièrement, & defeendantavecfymmé-
»> HL* ef» / l!x ®PaU:les où elle eft placée, fur la toge
„ » ,me ^ .etole fies prêtres modernes..... Je ferai obfer-
„ ] » 0 Uj a, , na a été mal-à-propos prife pour le lad-
„ i | v“ de.s «n«eurS, & queparla fuite elle devint une
„ r..i ^ lTles , s plus remauq(Tables du coftume des Con-
noJ m meme antiquaire dit ailleurs, lettre à M. De-
. T u Ur’ A rMial K ! - " « Dans' le “ Hume * Rome, les perfonnes en dignité & les prêtres
” portoient dans les cérémonies une efpèce d’étole qu’ on
” appeloit l&na, ornement qui dégénéra dans le lorum
»> des fiècles fuivans. Aucune fculpture, avant l’âge dé
33 Septime-Sévère, âge où fe manifeftela décadence des
” arts , ne nous a confervé cette pièce de l’ancien coC-
» tume romain. Les Confiais repréfentés, d’ un travail bar-
» bare, fur l’ivoire des dyptiques, y paroiflènt avec le
» lorum 3 & avec toute la pompe & l’éclat de leur cof-
» tume confulaire. » M. Vifconti trouve une preuve de
fon opinion dans le paflage de Cicéron ( De clar. Orator.
c. 14 ) , où il eft dit que le fu-rnom de l&nas fut donné à
Marcus-Popilius, parce qu’ offrant un facrifice public en
fa qualité deFlamine de Carmente, & apprenant que les
Plébéiens s’étoient révoltés contre le Sénat, il accourut,
revêtu de la l&na qu’ il portoit alors, ut erat l&nâ a miel us, &
harangua le peuple avec tant d’ éloquence, qu’il appaifa.
la fédition.
Ce texte eft le feul où il foit dit que les Flamines portoient
la l&na dans leurs fonctions. Le mot amiclas défigne
ordinairement un vêtement extérieur , celui qui fe
plaçoit fur tous les autres, iin manteau. Pris adjectivement
, il confervoit fa corrélation. M. Vifconti développera
un jour fon opinion fur cet objet, & nous fera con-
noître les preuves fur lefquelles il fe fo n d e p o u r ne pas
voir un manteau dans la l&na du flamine Marcus-Popilius,
& pour y reconnoître un ornement analogue, au lorum.
Au refte, Appien ( Bell, civilI,pag 646, tom. I lT o llii)
dit d’ Afelius , afîafliné pendant qu’ il offroit un facrifice :
“ Préteur & facrifiant, &■ portant l’habit facré, orné d’or,
” comme il eft d’ufage dans les facrifices. »
Lorum. Je ne devrois pas décrirè ici le lorum { \5ço< )y
qui n’étoit qu’un ornement placé deflus les vêtemens, s’il
n’eut repréfenté la toge. Une des plus anciennes figures
: qm porte cet ornement, devenu d’un ùfagehabituel fous
! Conftantin & fes fuccefleurs, eft fculptée fur un farco-
phàge du palais Barberini ( Admirar.da Anùquit. Roman.
tab, 78). Le bufte du Romain qui porte le lorum eft renfermé
avec celui de fa femme, dans une efpèce de bouclier
votif ( clypeus ) , auquel le zodiaque fert de bordure. A
côté font représentés les génies des quatre faifons. On
voit ici.ee bufte fous le n°. z , PL CXXI. Les bas-reliefs
de l’arc de Conftantin, qui font du tems de cet Empe-
: reur , le repréfentent, ainfi que plufieurs autres figures,
: portant le lorum. J’en ai fait defliner deux fous les nos. 3
& PI. CXXI, afin que l’on voie toutes les parties de
cet ornement. On trouvera l’origine du lorum dans la
bande de pourpre qui bordoit la prétexte, toge qui étoit
l’attribut des Magîftrats Ér, des Pontifes. L’effet de cette
bande ifolée eft repréfenté ici fous le n°. y , Pl. C X X I ,
comme fila toge , à laquelle elle appartenoit, envelôp-
poit, de la manière/ordinaire, un citoyen romain. On ne
peut y méconnoître le lorum : & l ’on voit qu’il devint un
abrégé, un extrait de la toge , s’il eft permis de s’exprimer
ainfi. D ’après ce de/fin, il fera facile d’ea fuivre
les contours fur les figures des Confiais, qui font gravées
fur les dyptiques, & qui paroiflènt dans la troifième partie
, celle des figures hiftoriques.
Le lorum étoit donc une bande d’étoffe, large comme
la main, ornée quelquefois de pierres précieufes & de
broderies, pofée par-derrière fur le cou, revenant fur
les épaules, fe cro liant quelquefois fur la poitrine & defeendant
jufqu’aux genoux. Le pallium des archevêques
quoique plus étroit, côriferve la forme du lorum ; aufli
les Grées l’appelèrent-ils , les Latins fuperhumerale
{ mot fynonyme ) , Scfubarmale, parce qu’ il paflqit
fous les bras ( Ùucan£\ Numi. Confiantinopol. 3 cap. 6 ) .
A a