
la chevelure treffée Sellé e , ou un bandeau ; des bracelets
aux bras & à l ’avant-bras, & c . Deux enfans ailes
jouent de la flûte à fept tuyaux & de la lyre pour charmer
fon loifir ; un troifième agite, pour le rafraîchir, un
éventail fait en forme de feuille d’arbre.
Si les marques du fexe viril n’étoient pas apparentes,
hifîteroit-on à reconnoïtre ici Vénus & les Amours?
Non. Eh bien ! l’on doit conferver cette dénomination.
Selon Macrobe ( Saturn. 3 , cap. 8 ) , Venus, en effet,
étoit dieu & déeffe. Les Cypriotes lui avoient érigé une
ftatue qui avoit de la barbe, & qui cependant étoit revêtue
d’habits de femme. Pallas elle-même étoit male &
femelle, comme on le voit dans fon hymne. (Orph.
Jîymn. ) La Lune étoit' auffi le dieu Lunus. Au refte, les
Anciens donnoient les deux fexes à tous les Dieux en les
invoquant ( Arnobius, contra G entes, lib. 3 ) , pour exprimer
la vertu générative & féconde, qui étoit l’effence
de la divinité. . _ ,
C ’eft par cette raifon, & non par un motif qbfcène,
qu’ à la villa Borghèfe un Hermaphrodite debout fait remarquer
fur lui-même ce double attribut.
A la vérité, les Hermaphrodites du palais Borghefe, de
la galerie de Florence, Sec., ne préfentent pas, comme
celui de notre camée, les attributs de Vénus ; mais
l’ignorance où nous fommes fur leur véritable dénomination
n’exeufe pas le reproche de molleffe que 1 on a
fait aux Anciens a caufe de la multiplicité de ces figures.
Elles exprimoient un dogme de leur théologie : c etoit
un motif louable pour juftifier cette multiplicité.
NEPTUNE. Les ftatues antiques de Neptune font
très-rares. Gn en voit une belle dans le muféum Pio-
Clémentin : la triple pointe du trident & l e dauphin font
modernes. Le dieu eft nu : c’ eft ainfi qu’ il paroît le plus
fouvent. T e l on le voit ici au n°. 1 , PL C CX V II, tiré
de la collection des pierres gravées de la galerie de Florence
( tom. I l , tab. 49) ; il tient fon trident & un dauphin
: tel il paroît fur un des autels trouvés à Porto
précipitée dans la mer avec Palémon, qui fut reçu par
un dauphin. C e groupe & le dauphin fervent de type à
une médaille de Corinthe, devenue colonie romaine.
Palémon, debout ou couché fur un dauphin, paroît auffi
très-fouvent fur les médailles de la même ville. Ce type
eft relatif aux jeux ifthmiques, établis à Corinthe en
l’honneur du fils d’ Ino. Les Romains croyoient qu’il pré-
fidoit à la conferVation des ports, & quelques anti-
; quaires le reconnoiffent fur la médaille de Néron, qui
repréfente le port d’Oftie dans la figure qui tient le
gouvernail, & qui s’appuie fur un dauphin. ( Voye1
l'article PORT.)
d’Anzio, & confervé au Capitole. (Montfaucon, tom. II,
PL LII. ) Sur une pierre de la colle&ion d’Orléans
( tom. I , PL X X V I ) , Neptune nu tient fon trident ; il
a un pied pofé fur une pierre élevée. Cette attitude dé-
figne , dans les autres figures, une perfonne qui écoute
ou qui obferve attentivement. Quant à Neptune, elle
défigne fa puiffance fur la T e r re , que l’on croyoit être
ébranlée par le trident de ce dieu lorfqu’elle trembloit ;
auffi étoit-il adoré en Laconie, à'Therapné, fous le nom
de Maître de la Terre. ( Paufan. Lacon. cap. 20. )
N °. 1 , PL CCXVII. Le trident & le dauphin que tient
Neptune, fur un bas-relief du muféum Pio-Clémentin,
font fes attributs ordinaires ; mais la barbe pointue , la
longue tunique & le manteau ramaffé à petits plis demandent
une explication. Peut-être tiennent-ils au cof-
rume des Orientaux. Du moins voit-on Neptune vêtu de
même fur une médaille d’Alexandre I I , roi de Syrie,
pübliée par Froelich.
S'il nous étoit parvenu quelque portrait de Neptune
peint, fes draperies feroient vraifemblablement vert de
mer ou céladon. C ’étoit ainfi que Sextus-Pompée fe vêtit
après avoir détruit la flotte d’Augufte, comme s’il eût
été un fils de Neptune.
TRITON. Dans tes peintures d’Herculanum (tom. I l ,
pag. 247) , on voit le Triton du n°. 3 , PL CCXVII. Il a
la tê te , le torfe & les jambes du Centaure. Le train de
derrière eft remplacé par le corps & la queue d un poif-
fon. A cette figure s’applique exactement l’épithète que
donne Tzetzès aux Tritons il les appelle poijfons-centaures.
PORTUNUS ou PORTUMNUS des Latins, PALÉ-
MON des.Corinthiens, jadis MELICERTE; il étoit fils
d’iNO (Leucothoé des Grecs &Matuta des Latins).
Ils devinrent des Divinités marines après qu’ ino fe fut
C& Triton a les oreilles de Faune , comme les Centaures
: des nageoires couvrent la réunion des deux natures.
L’objet qu’il tient, eft indécis. Peut-être eft-ce une
coquille. . , , . . .
N°. 4 , PL CCXVII. Une pierre gravée de la galerie
de Florence ( tom I I , tab. 47 ) préfente un Triton qui a
la tête & le torfe de l’homme, des nageoires & le refte
du corps de poiffon 5 il tient une conque marine & un
gouvernail. , . , r .
Lucien (zn Timone ) dit que Zeuxis avoit reprefenté
les Tritons avec les cheveux rejetes du front en arrière.
MARINS (Divinités, Monstres).
Divinités marines. Je n’entends point parler k i
de Neptune, d’ Amphitrite, Scc. Je défigne par ce nom,
& dans cet article feulement, les Divinités céleftes, re-
préfentëes avec les formes des Divinités marines du
fécond ordre. On voit au palais Corfini un cercueil antique,
fur lequel eft fculpté un choeur de ces étranges
Divinités ; il eft gravé à la page 33 3 du tome IV du muféum
Capitolin. Jupiter tenant le foudre & un gouvernail
, Mars portant, le cafque, le bouclier & l’épee nue,
Apollon tenant un carquois & une halte, & Mercure
tenant une baguette, nagent fur les flots dé la mer : ils
on t, au lieu de cuiffes & de jambes, des corps & des
queues de poiffon s 5 ils portent affifes fur ces corps de
poiffons les Déeffes de 1 Olympe , qui confervént entièrement
la forme humaine. t .
Priape doit être mis au nombre des Divinités marines ,
comme on le verra à fon article.
SCYLLA. Dans les peintures d’Herculanum (tom. III,
pag. 109 ) , on voit ce redoutable monftre de la mer de
Sicile, qui a été chanté par Homère (Odyjf. X I I ) &
par V irgile (JBndd. J I I ) . Une femme nue tient des deux
mains un gouvernail, dont elle femble menacer les pilotes.
Depuis le nombril fon corps eft prolongé par de
larges nageoires 5 elles couvrent les dos dè trois chiens,
qui terminent ce monftre hideux. L’un des chiens ronge
la tête d’ un jeune homme abattu fous fes pieds: On voit
encore Scylla fur des cercueils étrufques & fur des me-
■ dailles de Sextus-Pompée.
: G LÀU CU S , berger de Béotie, change en dieu ma-
1 rin. Philoftrate (Leon. Ub. 1 , cap. 15) le dépeint de cette
.manière ; «Sa barbe eft humide & blanche; fes cheveux
4> flottent fur les épaules ; fes fournis épais fe touchent ,
»> & paroiffent n’ en former qu’un feul ; fes bras font dii-
« pofés pour nager facilement ; fa poitrine eft couverte
»5 d’herbes marines; fon ventre eft étroit; le refte de fon
« corps fe termine en poiffon, & la queue fe recourbe
») jufqu’aux reins. »
Monstres marins. Les artiftes anciens ont eu fouvent
à repréfenter les mers fur les cercueils, pour rappeler
celle qui conduifoit aux îles fortunées , fejour des
âmes vertueufes ; ils animèrent & diverfifierent 1 image
monotone de l’Océan, en le faifant fillonner par les animaux
terreftres, auxquels ils donnoient alors une partie
des formes marines, c’ eft-à-dire, le corps terminé,, depuis
la ceinture, en queue de poiffon, & des nageoires
longues & étroites, fixées aux pieds de devant. On trouvera
un cheval marin dans les peintures d’Herculanum
( tom. I I I , pag. 87) , un boeuf marin ( ibidem, pag. 97 ) ,
une panthère marine ( ibidem, pag. 93), une chevre marine
fur un bas-relief du Capitole (tom. IV , tav. 6 1 ) , &c.
Je n’ ai point donné de deffin des animaux marins dont
je viens de parler, parce qu’ ils font faciles a concevoir
d’après une defeription. Il n’en eft pas de meme du
Dauphin. Celui que l’on voit fur les médailles & les
marbres diffère tellement du cétacée connu fous ce nom,
que j’ai cru néceffaire de le retracer ici au n°. 1 ,
P L CCXVIII.
Il faut obferver généralement que les Divinités & les
monftres de la mer étoient peints couleur vert de mer
ou céladon.
VÉNUS. On ne devroit être embarraflé que fur le
choix lorfqu’on voudroit indiquer une figure antique de
Vénus, fi l’on fuivoit l’opinion commune ; mais on ne
trouve qu’ un petit nombre de ftatues que l’en puiffe avec
certitude attribuer à cette déeffe. Les mains de ces ftatues
ont été reftaur.ées, &les attributs qu’elles tiennent,
ne font point antiques. A la vérité., la Vénus de Médi-
c is , qui fait aujourd’hui l’ornement du mufée français,
a les mains rapportées ; mais le Dauphin & les Amours
placés à fes cotés font antiques, & attellent l ’intention
de l’artifte. Je ne la donne pas ic i, parce qu’elle ne tient
aucun attribut. Au refte , il faut favoir que les fculpteurs
qui ont reftauré les prétendues Vénus ont donné les attributs
de cette déeffe. à des ftatues & à des torfes de femmes
qui ne préfentoient aucun motif de cette apo-
théofe. — Cette Vénus, qui tient la pomme donnée par
Paris, &qui a une main placée, comme l ’avoit à Gmde
la fameufe ftatue de Vénus, eft prife d’un beau camée
de la colleéHon du Palais-Royal (tom. 1, PL X X X I I ).
L’Amour ailé eft à fes côtés. (N° . 2. , PL CCXVIII. )'d—
Vénus viâorieufe fert de type à plufieurs médailles. On
voit celle-ci dans lé Recueil d’Oifel (tab. 48 ). Elle tient
de la main gauche la palme des vainqueurs , üc elle s’appuie
fur un bouclier ; mais elle tient ici de la main droite
une pomme, quoique fur les autres elle tienne un cafque
, & quelquefois une lance. ( N°. 5 , PI. CCX VIII. )
— C ’eft encore le dauphin qui fait reconnoïtre Vénus '
dans un précieux bronze trouvé à Herculanum (tom. V I ,
tav. 14, pag. c j ) ; .elle appuie un de fes brasiur un bâton,
autour duquel eft entortillé le cétacée. Sa coiffure
eft élégante ; fes bras font ornés de bracelets à plüfîeurs
tours, & travaillés fous la forme de ferpent. Elle a un
pied nu , & elle attache ou elle détache la chauffure.de
l’autre. — On trouve plufieurs n?onumens antiques , fur
lefquels on voit une femme nue qui tient un de fes pieds.
Il paroît qu’il faut y voir Vénus blefiee au pied par les
épines des rofes fur lefquelles elle a marché en cherchant
; Adonis. Cette explication générale trouve-t-elle ici fa
| place ?
Je ne donne point la Vénus Callipyge, parce que cette
ftatue ne préfente aucun attribut de Vénus.
La colombe, la pomme & le myrte font les attributs
ordinaires de Vénus. Elle eft ordinairement couronnée
de myrte ou de rofes ; mais les rofes ne peuvent convenir
que dans les compofitions où elle eft epoufe, parce
que les Anciens ne couronnoient jamais des vierges avec
ces fleurs.
L’AMOUR ou CUPIDON. Je ne donnerai point ici une
figure de l’ Amour , parce qu’on n’y verroit autre chofe
qu’un enfant ou un adolefcent avec des ailes, ou dépourvu
d’ ailes. D’après cela on l’a confondu fi fouvent avec des
Génies, & l’on a pris fi fouvent un Génie pour l‘Amour,
qu’il eft difficile d’ affigner entr’eux, une différence réelle.
L’arc & les flèches que les artiftes modernes placent
toujours dans fes mains , détruiroient l'incertitude fi
l'Amour le portpit ordinairement. Mais je ferai obferver
que fur plus de deux cents pierres gravées, pâtes ou
empreintes relatives à VAmour , & renfermées dans la
çolleétipn de Stofch,* on en trouve à peine fix ou fept
fur lefquelles l'Amour paroiffe avec ces attributs. Il porte
l’arc & les flèches dans une peinture d’Herculanum
(tom. I I , pag. 97) , où il pleure l’infortune d’Ariadne.
Je ferai encore ici une obfervation fur l’ufage prefque
général de repréfenter l'Amour enfant. On fent que l’ amant
& l’époux de Pfyché étoit adolefcent. Ç ’eft ainlï
qu’il par.oît fur les pierres gravées les plus anciennes, il
y porte auffi des ailes d’aigle comme les autres Divinités.
PSYCHÉ. J’ ai dit ailleurs ce qu’il faut penrer du tems
1 où fut connue la fable de Pfyché ; j’y ai dit auffi que le
mot Pfyché défîgnoit dans le grec , & l'ame & |e papillon
; què les Grecs ayant fait d’ abord de"cet infe&e le
fymbole de l’ame, choifîrent enfuite Pfyché à caufe de
la double lignification de fon nom. J’ajouterai ici que cette
fable étoit une allégorie deftinée à repréfenter les tour-
mens que le Defir (cupido) en général, & l’Amour particuliérement,
fait fouffrir à l’ame.
Cette Pfyché eft repréfentée avec l’Amour fur une pierre
gravée , de la collection du Palais-Royal ( tom. I ,
P L X X X V I I ) . Les ailes de papillon la font reconnoïtre
pour fon amante ( «°. 4 , PL CCXVIII ) . —• Eft-il rien
de plus précieux que le fameux groupe de l’Amour & dè
Pfyché qui fait l’ornement de la galerie de Florence?
( Status., tab. 43. ) Pfyché porte des ailes de papillon ,
nue jufqu’à la ceinture : de là aux pieds , elle eft couverte
d’une draperie. Le mufée français renferme aujourd’hui
un femblable'groupe qui étoit au Capitole , mais
qui ne préfente aucun des attributs de Pfyché ni de
l’Amour.
VULCAIN. Les poètes ont peint Vulcain boiteux ;
mais les artiftes ne rendoient pas ce défaut, ou du moins
ilsTexprimoient d’ une manière peu fenfible. «Nous ad-
» mirons , dit Cicéron (lib. I , de Nat. Deor.) , ce Vulcain
55 d’Athènes, fait par Alcamène ; il eft debout & vêtu ;
» il paroît boiteux, mais fans aucune difformité.» Le
n°. 1, PL CCXIX, eft tiré d’ un bas-relief du mufée Pio-
Clémentin , trouvé à Oftie. Vulcain porte le bonnet Si
les tenailles, fes attributs ordinaires.
Il paroît avec les mêmes attributs fur un martre du