
L I V R E I V .
ME U B L E S , OUT I L S , INS TRUMENS .
L es Anciens méprifoient ceux qui exerçoient les arts
mécaniques, : c’étoient des étrangers , desefclaves, &
non des citoyens. Philoftrate £ Vl:._ SopRifi. 17 ^ n°. 4)
dit expreffément que l’on n'eût point confacré à Olym-
pie une ftatue à Ifocrate, s'il eût fabriqué des flûtes,
comme les comiques le lui reprochoient. Denys d’Hali-
carnaffe ( IX , cap. 2y) , parlant d'un dénombrement des
citoyens romains fait l'an 475 ayant l'ère vulgaire, dit
qu'il ne leur étoit pas permis d'être cabaretiers ni d'exercer
aucun art mécanique.
S E C T IO N PREMIÈRE.
Meubles.
On cherchera dans le Dictionnaire d’Architecture la
forme des appartemens & des chambres des Anciens. Je
ne parlerai ici que de leur ameublement. D'après leurs
écrivains & les découvertes faites à Herculanum, à
Pompeii & à Stabies, on peut affurer qu'il étoit peu
nombreux : des lits , des fiéges, des marche-pieds-, des
tables ou trépieds, des brafiers ou trépieds, des candélabres
qui portoient les lampes , des armoires, des tapis
de pied, des tapifferies ou rideaux de porte, des tapif-
feries attachées aux murs, des mofaïques, & ç . Sur les
monumens, une draperie fixée perpendiculairement & à
fes deux bouts annonce que la fcène eft dans un appartement
5 étendue horizontalement, elle rappelle l'idée
de tente.
T a p is . Pline ( V I I I , cap. 48) dit que les plus anciens
tapis „ ceux du tems même d'Homère , étoient de laine
& velus. Les tapis de Perfe furent célèbres 5 ils repré-
fericoient des grifons (Athett. X I , cap. 7 ) & d'autres
animaux. Les tapis de Babylonie devinrent aufli célèbres j
ils étoient brodés à l'aiguille ^ infai ) , & ils repréfen-
toient ordinairement des chafles & des combats ( Am-
mian. Marcellin, lib. 2 4 , pag. 2 7 8 ). Le fond fut par la
fuite tiffu avec des liffes de différentes couleurs, uroxé^a..
Les tapis d’Alexandrie d’Égypte furent plus recherchés
à Rome que les précédens ( Martial. X I V , 15,0 ),
Bline ( V I I I 3 cap. 4 8 ,7 4 ) dit que les Alexandrins d é fèrent
les premiers avec des liffes de différentes couleurs
: leurs tapis n'étoient pas travaillés à l’aiguille 5
ils repréfentoient des animaux ( ALexandrina belluata,
Piaux. Pfeud. 1 , 2 , 12 ). Pline dit encore que Néron
en avoit payé un quatre millions de fefterces ( environ
800,000 francs ). Plaute ( ibid. ) parle de tapis de Campanie
, teints de diverfes couleurs. Les Gaulois, félon
Pline (ibid. ) , fabriquoient avec la laine des tapis velus,
teints ou tiffus en compartimens de diverfes couleurs :
J'cutùlis dividere.
Les Mosaïques couvroient les pavés des plus riches
appartemens ; cependant elles femblent avoir été employées
particuliérement pour les falies de bains *. da
moins .c'efl. là qu'on les découvre le plus fouvent. 11 y en
$yoif de deux fortes, les unes compoféesde petits cubes
de marbre ou de verre coloré : c'étoient les teflel/n^Æ
vimenta, notre mofaïque proprement dite. Les tablesj
compofés de petits cubes étoient fouvent entourés*
compartimens de marbre de diverfes couleurs & d e l
verfes formes ,feclilia pavimenta ; c’eft le comejfo d! J
jourd’h u i, dont il y a des fabriques à Florence. Suétôgl
dit que Céfar ( cap. 4 6 ) , dans fes expéditions, fdjf9
porter avec iui ces deux fortes de moLïques, prcbab’I
ment pour orner fa tente.
Gr il les. 11 eft fait rarement mention de grilles J
les_auteurs anciens j cependant ils en employoient d
leurs édifices. A l’entrée de l’antre de Trophonius (?<•■
fa n . Boeotic. 39, pag. 79 1 , Kuhnti) il y avoit unegi*
compofée de broches d'airain. Dans le palais des Rfl
macédoniens à Alexandrie on voyoit des portes à clair®
voie, à travers lefquelles les partifans d’Agathocleéteil
dirent leurs mains lùppliantes ( Polyb. 1 j , 28 ).
Po r tes . De même que les portes de l’article préçfl
dent, celles du Panthéon font furmontées d’une gifl
qui tient lieu,d’ impolie, & qui donnoit du jour dans lin
térieur. Chez les Grecs & les'Romains les portes s’oifl
vroient en dehors : ç’ elt pourquoi ceux qui vouloientfoijB
donnoient un coup à la porte pour avertir les paflansOE
■ viter d’être heurtés par la porte que l'on alloit o ih
On en voit plufieurs de cette forte fur les monumt*
entr’ autres celles du n°. i , PL C C C IX , qui elhiÉI
du Recueil des lampes de Pafferi ( I I I ) . On trouvée*
pendant fur un bas-relief de la villa Negroni une poia
qui s’ouvre en dedans (Boijfard, part. 3, tav. 12.6)..■
refte , ces portes, au lieu d’être portées par des gond*
étoient fixées par des pivots dans des crapaudines,*
elles pouvoient quelquefois s’ ouvrir à volonté de rai'
& de l’autre manière. Les portes de bronze du Pantlie®
de Rome font ornées de-tetes de clous de bronze do*
très-élégantes. On en voit i c i , fous les n°L 2,;>*
PI. C C C IX . trois tirés des Recueils de Caylus ( tom.Ijm
P L L X X X ) . — Un fimple anneau fért de marteau à*
porte du n°. 1 ; mais on en a trouvé de plus élegins«
Herculanum. T el eft celui du n°. 5, P L CCCIX, tiré*
la même collection : une tête dè lion tient l'anneau
fa bouche. Il eft deffiné de la grandeur de l’origu®
(Bron%i,I, 2 7). J"
C lefs & serrures . Dans les Thefmophories d’A j
tophane ( verf 428), une femme fe plaint de ne pouvoj
plus rien prendre dans le garde-manger, parce que®
hommes fe fervoient, pour le fermer, de clefs laconiei’4
à trois dents, & parce qu’ils y appliquoient encore®
cachet. Un interlocuteur dit, dans Théodore Prouron®
(lib. 1, pag. 1 7 ) : « J’ouvris les portes en ramenant®
m pêne de bois. ■» On aura l'intelligence de ces pa»arf
fi l'on examine la ferrure de bois & la clef de même «®
tière, deflïnée fous les n°\ 6 , 7 , 8 , 9 , 10 , PI- y J
Elles font employées pour fermer les barrières de ■
ture dans les campagnes du département de la
dans les marais Pontinsy en Grèce, en E g y p t e ^ |
La pièce du «°. 8 , qui recouvre la ferrure, a été en y®
•dans les nos.-6 6* 7, afin que l'on pût en voir le mecaiil,X,
• i si <, & 10 préfentent la c lef & le bout de la barrière
qui entre dans la ferrure. La ferrure eft fermée dans
V M U m È cinq clavettes, t , « H 4. | font defeen-
\ & engagées dans les entailles de la bartiere. La
ferturé eft ouverte dans le n°. 7, & les cinq clavettes-,
foidevées parlés cinq dents de la c le f, font dégagées des
entÿilles de la barrière. Ces figures feront auifi, com-
Prlidre l'ufage des clefs antiques des^ n°K i , a ,: 5,
pli CCCX ( Montf. , I I I , j 5)., & du cadenas ou lerrure
ml)ile du n°. 4 , PL CCCX, tirée d’une pierre gravée de
ia iîe rie de Florence (Gemm.s I I , ta b. 21).
Po r t i e r . L’ efelave chargé, à Rome, de garder la porte
étoit enchaîné à fa loge : oftiarius, veteri more, in catenâ
( me ton. de clans Rhetor. 9 cap. 3 );, & Ovide ( A m o r I ,
6®)* On y enchaînoit aufli un chien, avec ces mots
écrits fur fa niche : Cave cànem.
j|iTS pour le fommeil, lecli cubiculares. Les lits des Anciens,
repréfentés furies marbres, ont ordinairement un
douier dans toute la longueur , & qui retourne fur les
deux petits côtés. On en voit un de cette forte fous le
n°fv, ,Pl. CCCX (Admir. Roman. Antiq. , tab. 72 ). Le
mifèlas, l'oreiller & Je marche-pied fe font remarquer.
Il n'a ni ciel ni rideaux. Dans les pays où l’ on étoit tourmenté
par les mouches & par les coufins ( xavaxts & cu-
licil), on entouroit les lits d’une étoffe tranfparente, appelée
conopeum. Ceux qui habitoient les bords du Nil
'étôient obligés de s'en fervir (Horat. Epod., IX , v. 16 ).
LesSaulois ( P lin., VIII, Cap. 48, feci. 73 ) avoient les
premiers employé, pour remplir les matelas , la bourre
draine que produifoit la tonte des draps. On les rem-
pliffoit auffi de tiges de graminées , & de plumes que l'on
droit d’Egypte à grands frais. Je donne ici deux autres
defljns délits , nos'. 6 , 7 , P L CCCX , tirés, l'un des Recueils
de Caylus (tom. 2 , PL L X X I V ) , l'autre des
Montant, de Winckelmann ( «°. 28 ).
Sièges. Dans les lieux publics des villes grecques &
roi^a|ies, furtout près des portes, Comme à Pompeii, on
voyoit des hémicycles...: c'étoient des fiéges de marbre
aye| marche-pied, deftinés à recevoir plufieurs perfon-
neçiou même une feule. Quelques-uns étoient ornés de
basreliefs. L'hémicycle du n°. 8, PL CCCX, fert de fiége
2 philofophes dans un bas-relief ( Monum. ant.
Winck. , n°. 185). Celui du n°. 1 , PI. C Ç C X I , deftiné à
Un?fe,ule Peff°nne, & garni d'un doflier, eft un marbre grec
publié par Stuart ( Athén. ). Les n°>. 2 ,3 , P L C C C X I ,
ayolent la même ( Monum. ant. , 104, 92 ) deftination,
maïs us étoient dépourvus de doflier. Enfin, le»beau fiége
carré, de pierre, très-maffif, du n°. 4 , P L CC C X I, eft
ürf ~ utl bas-relief égyptien (Mon. ant., n°. 56 ).
tyeges avec doflier, n°*. 1, z 3 3yP L CCCXII, tirés des
▼ aiesgrecs, improprement ditsétrufques (II3 PL X X V i
M m 11 > 71 ) j «os- 4 , y, P L C C C X I I , tirés des pein-
z n ) d'Herculanum ; /x°*. 1, 2, P l. CCCXIII,
5?J4) PierreS gravées du Palais-Royal ( I , i f j
jM & s fans doflier , n°. 3, P L C C C X III ( Muf capitol.,
Non t r f n C C C X III( Herculan., Voy. de Saint-
4 £ Æ i PLCCCXIU> desi“-
n u ^ ^ CHE FiED',^— - n °'“ l3l'erve 'il iy c généralement,gpu ciAiCiiic iiL, ii.fur 11 ica les — mur
fonita^ ’ ?• ï es ,dleux ■> les béros , en un mot, les M B
; S.“®les dieux , les héros, en un mot, les per-
ont til _s dll“ diltuigues ngues des deux fexes, lorfqu’ils font aflis,
aieùhlÀ pn marche.-rar<jbe-n P1ed fur r.,- lequel 1___1 leurs . pieds • j ? font r____pofés.m 1 ^Ce
’
T Æ êt« un attribut courfant de dignité.
fer-ettes.Suidas dit que les marche-pieds des
femmes étoient percés de plufieurs trous, a travers lef-
quels la chaleur des chaufferettes échauffoit leurs pieds.
Tables, T répieds, Brasiers pour échauffer. Nou»
donnons le nom de trépieds à des tables qui n’ ont que
trois pieds. Il auroit été mieux de le réferver pour les
véritables trépieds, qui fervoient debrafierspour échauffer
les appartemens dépourvus de cheminées, ou de
foyers pour les facrifices, les libations & les parfums. On
a trouvé des charbons & des cendres dans quelques-uns
des trépieds, à Herculanum ; ainfi l’on ne peut en mé-
| connoître l’ufage ; mais on n’a aucun moyen de diftinguer
I les trépieds facrés des Amples brafiers : c’eft pourquoi je
| ne les ai pas placés dans le livre de la Religion. La gran-
: deurdes trépieds varie depuisomètre973 (trois pieds),
jufqu’ à o métré 32y ( un p ied).
j Tables à un pied , nos. 6 , 7 , P l. C C C X I I I , tirées
d’Herculanum ( P itt., IV , 8 y, & Voy. de Saint-Non, I I ,
49 ) ; à trois pieds , n°. 8 , P l. C C C X III, & n°. 1 ,
P l. C C C X IV , tirées d'Herculanum ( P itt., 1, 79 , & Voy.
de Saint-Non, I I , 45); n°. 2 , P l. C C C X IV , tirée des
Monum. ant. de Winckelmann ( n0. 7 ) ; à quatre pieds,
, 3 j Pl- C C C X IV , tirée du même ouvrage ( n9. 192).
Trépieds. Je place en première ligne les trépieds des
n°s- 4 j ƒ. Pl- C C C X IV, parce qu’on voit la flamme du
brafier. Le premier , tiré des Monumenti antichi de W inckelmann
(«°. 186), eft chargé de parfums allumés j le
fécond, tiré d’une pierre gravée delà galerie de Florence
( I , 6 f, j ) , a fon brafier garni d'un couvercle percé de
trous j à travers defquels s'échappe la fumée des parfums.
Le trépied du«0. 6 , P l. C C C X IV , tiré des vafes grecs,
dits étrufques ( I I , 37 ) , eft d’une fimplicité remarquable.
Celui du n°. 7 , P l. C C C X IV , eft tiré du bas-relief de l’expiation
d’Hercule, confervé au palais Farnèfe ( Mùrdtori
Infcript. , I , pag. LX ). Les fphinx dont il eft orné, feroiént
croire qu’ il étoit confacré à Apollon. On peut dire la
même cnofe du «°. 1, P L C CC X V. Les jeunes filles qui
font gravées fur fa bafe, rappellent les théories de Délos.
Il eft tiré des Mon. ant. de Winckelmann («®. 44). Celui
du n°. 2 , P l. C C C X V , eft grec ( Athen. o f Stuart. ) ! es
n°3. 3 & 4 , P l. C C C X V , tirés des Recueils de Spon
( Antiq. expliq., tom. I I , P l. L I I I ) , font remarquables ,
le premier par fon élégante fimplicité , le fécond parce
qu'il montre les crochets intérieurs fur lefquels pofoit le
brafier, & la manière dont il fe replioit fur lui-même
quand il ne fervoit pas'.
Les fouilles d’Herculanum, de Stable & de Pompeii
ont fait trouver un grand nombre de trépieds, dont je ne
donne ici que les plus élégans , fous les n°*. 5 , 6 , 7 , 8 ,
P l. C C C X V ( Voy. de Saint-Non , I I , 45, 48 ). Le premier
fe replie, comme le précédent, mais il montre le
jeu des tringles dans de grandes anfes fixées au bas des
pieds. Le fécond & le troifième font richement ornés.
Le quatrième enfin eft célèbre par les.récits de tous les
voyageurs , & par l’obfcénité des fatyres qui le compo-
fent.
Les trépieds des n°. 9 , P l. C CC X V, & n°. 1, PT.
C C C X V I , font de marbre, & ont de hauteur prefque
celle d’un homme. Le premier fe voit aujourd’hui dans
le Mufée Napoléon> il étoit au Capitole (Muf. capitol. ,
pag. 412). Le fécond eft tiré des Recueils d’antiquités
de Caylus ( tom. 2 , P l. L IV ) .
Je,place à la fuite des trépieds, fous le n°. 2 , P l,
C C C X VI, un beau meuble tiré d’Herculanum ( Voy. de
Saint-Non, II, 45 )■ La femelle d’ un fatyre forme, avec
des femmes, une danfe très-agréable qui orne fon fou-
baflement.
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