
„ fupporter toutes fortes de choc. Les bancs fonr fixes
„ avec des clous de fer, fur des poutres d’un pied de
» largeur & d’un pouce d’ épailieur. Les ancres font
»> attachées à des chaînes de fer, au Heu de cordages.
»1 Les voiles ne font pas de lin, mais de cuir travaille &
„ très-mince, foit que les Gaulois manquent de lin ou
» qu’ils ne fâchent pas le préparer * foit que, ce qui eft
« plus vraifemblable, les voiles de lin ne puiflent pas
» réfifter aux tempêtes de l’Océan, a la violence des
» vents qui l’agitent j foit enfin que^ le fervice de ces
« voiles foit trop difficile pour des navires auffi pefans. »
Je ne puis donner le deffin d’aucun navire gaulois;
mais je tirerai des Mémoires de VAcadémie de Dijon
( / , pag. txxiv), celui d’un petit navire de bronze,
chargé de deux rameurs, déterré en 1763 près des four-
ces de la Seine, au hameau du Bleffey, a une lieue au
fud de Chanceaux : c’eft le feul monument de ce genre.
Quoiqu’ on ne puiffe prouver qu’ il foit plutôt gaulois que
romain, je le place ici comme une appendice. Ce navire a
‘0 mètre 65 ( 2 pieds) de longueur, o mèt. 217 (8 pouces
) de largeur. On en. voit l’élévation au n . 9.
PI. CCCLI1. Le plan fupprieur au n®. 10, P h CCCLII,
& l ’un des rameurs, eft vu par le d osaun °,n ,P/. ÇCCUI.
Les lettres E , D de l’élévation défîgnentla proue
chénifque, foudés en E & en B fur le corps du iuvij|
G , ouverture par laquelle on peut paffer le doigt fousjJ
plaque H , qui fert de tillac, & qu’ on peut détacher; K,],
font les deux rameurs : celui qui eft deffiné fous la ]ettrJ
K a la tête rafée ; ils ont tous deux des ftigmates ej
forme de X , appliqués fur chaque épaule : A , corps du
navire : M , appendice de forme plate, divifée en trois
parties d’inégale longueur, repréfentant le gouvernail;
L , L , L , trous percés dans le pont, qmrecevoientles
rameurs ; N , trous percés dans les deux cotés du navire,
au travers defquels paffoit probablement la barre qui |6
fixoit à un mur. Le n®. lo aies mêmes lettres. Le nu. il(
p l, CCCLIJ, préfente le rameur I , celui qui n’a pasla
tête rafée : Q , Q,-deux tenons qui fixoient ce rameur
fur le tillac au point J. Les deux rameurs n’avoient point
de jambes. Les ftigmates qu’ils portent fur chaque épaule
pourraient faire croire qu’ils font Gaulois ou Francs;
car les lois romaines ne parlent, jufqu a Conftantin,qugI
de ftigmates imprimés fur le front. On a penfe que ca
navire de bronze étoit un ex-voto place dans un petit
temple élevé en l’honneur de la Seine, près de fi
fourçe.
livre I#'
L I V R E I X ,
É CRI TURE .
§. Ier. O b s e r v a t i o n s générales fur U Écriture.
M artorelli a publié en 1 7 56 un ouvrage devenu fort
tire intitulé De regiâ thecâ calam'ariâ ( 2 vol. in-40. ) ,
dais lequel il a prouvé, contre l’opinion généralement
reiçue, i°. que les Hébreux ont écrit avec de l’encre, fur
dispeaux ou fur l’écorce légère d’arbres divers; qu’ ils
ont gravé fur la pierre & fur les métaux , mais qu’ il n’eft
jajjmis fait mention dans leurs livres, de tablettes écrites
nlde tablettes enduites de cire. 20. Que l’on ne trouve
dans aucun écrivain grec antérieur à Augufte, aucun paf-
fage relatif à la cire, aux tablettes de bois & aux ftyîes ;
cej- qui prouve qu’ils écrivoient avec de l’encre, fur le
L jipyrus ou fur le parchemin. Hérodote dit même expref-
Bpnent (Polymn. y o ) : « Les Ioniens appellent peaux
’ lesjSwoAo), c’eft-à-dire, les papyrus, parce qu’ autrefois
! » |ls fe fervoient de peaux de chèvre & de mouton , à
» caufe de la cherté au papyrus. Aujourd’hui encore la
» plupart des Barbares écrivent fur ces peaux.« 30. Que,
; cfiez les Latins, on n’ a point écrit fur l’écorce ( codex ) j
qûe l’on fe fervoit de tablettes enduites de cire & de ftÿle
P dur apprendre à écrire aux enfans ; que l’on gravoit les
fénatus-confultes, les décrets & les a êtes publics fur le
[ "%>nz.e, la pierre , le bois, ou qu’on les écrivoit fur des
murailles blanchies ( in albo ) ; que les -tablettes propre-
Mfent dites ( pugillarià,) ne fervoient qu’aux particuliers,
pour foulager la mémoire, pour des objets paffagers &
pçur des lettres adreffses à des perfonnes voifînes ; mais
qôepourles lettres envoyées en.des lieux éloignés, pour
lës écrits ordinaires , hiftoires, poèmes, &c. les Romains
employoient les rofeaux ( calami) , l’encre, le papyrus 3
^parchemin ; enfin que les. teftamens & le s contrats, &c.
Renvoient de même, quoiqu’ on life dans les Jurifcon-
llytes les mots tabella, tabula, prima cera, rumpere te fia-
& d autres de même efpèce, qu’ ils ont employés
par figures. • • . ; . . . r '
•On convient allez généralement que les Grecs, dans les
premiers tems, écrivirent, comme les Orientaux, de droite i
a gauche, toutes les lignes dans le même fens; qu’ ils
Jnvirent enfuite de gauche à droite la première ligne,
îM roite a gauche la fécondé , de gauche à droite la.tr oi-
" P ain“ fueceffivement. Ce dernier mode d’écriture,
JP , bof r°phedon parce , qu’il rappelle le boeuf tra-
ri&irc6' 1 0nSj annonce îes tems immédiatement pofté-.
téms a a ^Uerre Tr°ye 3 011 une imitation de ces
§. II. Des livres & des rouleaux.
PardiPmi mot,^ ?ULEAu je défigne les papyrus &
K lm e s 5 T 101’? K ?eu la^ es que d’on rouloit
tels fnnt-1. ?: <?ue 1 on a appelés généralement codit
É f e f e Fpuleaux d’Herculanum.
tels nnp i°le 1a1 e mot Liv r e pour déligner des li\
feuillets ra n?tres » c’eft-à-dire, un certain nombre
| très, ou carrés-longs, liés enfemble par
feul côté, couvërts le .plus fouvent de feuillets plus épais,
un peu plus larges , & même de planches légères, appelées
volumina & libri.
Martorelli, déjà cité , a prouvé que les mots volumen
& volyere ont le plus fouvent été employés pour défigner
des livres proprement dits, & l’ aélion de les ouvrir, de
les feuilleter. Il a fait voir que les Hébreux fe font fervis
delivres, ainfi que de rouleaux. Quant aux Grecs, il paroît
qu’ils fe fervoient feulement delivres, tOZxos9 fi
mots auxquelles copiftes ont fubftitué fi fouvent ceux-ci :
fiûÇ?.os, fiuZxioy, charta, papyrus. Winckelmann a publié
dans fes Monument}, antichi ( n°. 170) une pâte antique,
fur laquelle un philofophe affis tient le livre du n°. i ,
Pl.CCCLIII: à fes pieds eft une tête de mort, fur laquelle
eft pofé un papillon, fymbole de l’ame. Le n°. 2* Pl.
CCCLIII, préiente un homme affis> tenant un livre j il eft
tiré des JLarva fcenica de Ficoroni ( tab. 7 j ).
Les Latins fe font fervis habituellement de livres, quoi-
qu’ on life le contraire dans la plupart des philologues ,
notamment dans les Commentateurs du droit romain. Martorelli
a prouvé ce fait par un grand nombre de textes,
de. marbres, de peintures & de monumens confervés
dans le cabinet d’Herculanum. On voit un livre carré-
long dans les mains d’une Mufe qui eft deffinée ici fous
le n°. 3, Pl. CCCL1I I , & qui tient un tofeau, calamus,
poiir écrire fur ce livre : c’eft un bas-relief de terre cuite
qui étoit incrufté dans les murs d ’une chambre, furie
Coeliolus à Rome, où il fut trouvé en 1732 par Ficorini :
cet auteur le publia dans fon Traité de tarais f i enicis
( tab. 5-4). On trouva quelques années après , fur le mont
Coelius, préside Sainte-Marie, le bas-relief du n°. 1,
Pl. CCCLIV, publié d’abord parBoldetti, enfuite par
Mamachi (Antiq. ckr. I I I , pag. 333 ) , qui repréfente un
pédagogue inftruifant deux enfans. Le pédagogue tient
un rouleau , ainfi que l’enfant debout : il en a un autre à
terre, près de lui, mais fes pieds font pofés fur un livre
femblable aux nôtrës, & dont le dos laifle voir fix nervures.
L’enfant affis écrit fur des tablettes avec un poinçon;
Martorelli a prouvé, non-feulement que les Romains ne
fe-font fervis ordinairement que de livres, mais encore
que les ornemens défîgnésparles mots umbilicus, corri.ua ,
frontes, toga ou findon, index ou titulus, lorà, une}, color
croceus, &c. n’ont point rapport aux rouleaux, & qu’ils
appartiennent aux livres. Umbilicus, analogue à l'umbo des
boucliers, étoit un ornement rond, relevé en boffe ,
placé au milieu de la couverture des livres , orné de peintures,
d’or ou d’argent. On voit diftinélement les deux
umbilicus du n°. i , Pl. CCCLIV, qui repréfente un livre
tiré des peintures d’Herculanum ( pag. 375). Cornua
étaient les quatre angles du livre,. de meme que les angles
d’un autel étoient appelés cornua ahuris. Par le mot
frontes on défignoit le dos & la tranche. L’ étoffe dans la