
ARIADNE. On ne peut mieux terminer la defcription
du cortège de Bacchus qu'en parlant de la belle Ânadne
Son abandon , la rencontre qu’ en fit Bacchus dans 111e
de Naxos, les noces dePacchus & à'Anadne , l apo-
théofe de cette heureufe épou.fée, & c . , tous ces lu jets
ont exercé fouvent le cifeau & le pinceau des Anciens.
Cependant je ne donnerai point ici de figures d Ariadne,
-parce qu’elles n’ ont point d’attribut particulier. A la
Vérité, on n’héfitoit pas à donner le nom d‘ Anadne a des
tètes de femmes, jeunes & couronnées de pampre ou de
lierre. Mais il faut obferver que les traits de Bacchus
jeune different peu de ceux d’une jeune fille ou d une
jeune femme. , , , , , „
M. Vifconti a reconnu Ariadne abandonnée dans deux
figures couchées , l’ une du Belvedère, qui eft dans le
muféum français, & l'autre de la villa M édia s , que 1 on
avoit appelée Cléopâtre à caufe d’un bracelet place
fur le bras gauche, & qui a là forme d’ un ferpent. Ce
bracelet étoit en ufage chez les Anciens, & u portoit
même un nom particulier, relatif à fa forme. Sur plu-
fieurs pierres gravées on voit Ariadne ainfi reprefentee
& abandonnée par le volage Théfée.
amulettes, qui étoient faites de tontes fortes de matières
PAN. Ce dieu champêtre fut repréfenté, dans les pre-
miersfiècles de la Mythologie,comme un Satyre. Sa forme
fe rapprocha par la fuite de la forme humaine. Sous les traits
des Satyres il étoit un emblème de l’ ame de l'Univers, dont
il régloit l’harmonie avec fa flûte a fept tuyaux, embleme
des fept planètes« Sur une fardoine gravée, de la galerie
de Florence ( G en. tom. I I , tpb. 88, n°. 3.), il joue de la
flûte devant un autel fur lequel eft un feu allumé : une
étoile brille au deflus de cet autel.,_ & les douze lignes
du Zodiaque entourent le dieu, oui femble les animer
par fes-fons harmonieux. Le pin lui étoit confacre, a
caufe :de la nymphe Fithys qu’il avoit amee , & qu
avoit été changée en pin ( n°. 4 , PL C C X X lll) . —
Pan étoit le dieu des bergers , & il prenoit foin des
troupeaux. Qn voit dans la galerie de Florence une ftatue
( Statut, tab. 6i) de ce dieu, qui eft terminée en game.
Pan eft couvert d’une peau de cerf ; il a la barbe epaifle,
des oreilles pointues, & il porte un chevreau fur Ton
épaule gauche. Il eft coiffé du pétafe ou bonnet p la t,
garni de larges bords , tel que le portoient les pafteurs .
les laboureurs., les marins, &c Cette ftatue n’ a qu environ
quatre pieds de hauteur ( n°. 1 , PL ÇCX_~a/.
— Les longues oreilles , la longue barbe , & la breb
que porte des deux mains fur fes épaules une petite n
gure étrufque S la font reconnoître pour Pan ^ le dieu
des bergers. Gori -( Muf. Etrufc. I , tab. 6$ , n°. 1 ) 1 a
publiée fous ce nom.
PRIAPE. Le culte rendu à Priape comme au dieu
des jardins, des vergers, des potagers , des vignes, des
abeilles, &rc., fut moins commun chez les Grecs que chez
les Romains. Je parlerai ici de ce culte feulement. Je ne
ferai point mention de celui que rendoient a P'jfpe les
débauchés, & dont tant de pierres gravées prefentent
des témoignages, fi toutefois on n’a pas trop fouvent
fuppofé un but obfcène à un culte rendu à la force génératrice
de l’Univers, exprimée par les organes de la
génération. . „ r
La fuperftition , qui ne met point te bornes a les
craintes chimériques , & qui multiplie a 1 infini les ndi-
cules préfervatifs, avoit converti en talifmans &r en amulettes
les figures de Priape & les organes de la génération.
fis fymbcles. Les Romains portèrent fut eux-ces
, même de corail : ils leur donnèrent les formes
les plus bizarres ; ils les fufpendirent demere les portes
des appartenons, afin que le bruit des Connettes dont
elles etoient ornées, éloignât les mauvais Génies quand
on ouvviroit les portes , &c. .
Le dieu des jardins étoit reprefente le plus fouvent
fous forme d’Hermès ou de Terme, avec des couronnes
de pampre . de laurier, de fleurs. Sec., quelquefois avec
desr oreilles de chèvre, prefque toujours avec 1 organe
de la génération fortement exprimé. 11 t i e n t 'quelquefois
une corne d'abondance : tel on le Voit ici au »■ .
° l CCXX1V d’après un petit bronze d Herculanum
}«7 ) . Au « • 3 . n . Ç C X X ir , .1 parc«
vêtu en villageois avec une tunique courte . liée par une
ceinture, avec un bonnet écrafé ou pilau. etendant la
main gauche fur un autel chargé de fruits. & tenant de
la-droite une longue ferpe tecourbee par le bout. Cet
inftrument a été pris par Pafferi (Luctm. WÊM1 I B ■
pour la harpe, & il a reconnu ici Saturne. Je crois plutôt
voir une figure de Priape.
On offioit au dieu des jardins, des fruits., des fleurs,
on lui immoloit des ânes, par la feule raifon Peut-etr®
que c’étoit l’ufage des habitans de Lampfaque, chez qui
*Priape étoit honoréSolennellement. WM ,
Les épigtammes 4-11 du chapitre LVI du tore I . de
l’Anthologie nous apprennent que Pnapc prehdoit a la
navigation. 11 n'eft point fait mention de cette attribution
dans les philologues.
HERCULE. Ceux qui veulent connoître le beau idéal
des Anciens y c'eft-à-dire , ces formes grandes & majeftueufes
qu’ une imagination enflammée'cteoit aptes avoir
étudié long-tems les plus belles formes qui exiftent-,
doivent examiner les figures & les têtes i Hercule. Voulant
trâcer le fymbole de la,force, ils lui donnèrent quelque
reflemblance avec -le taureau, le;plus fort des êtres-
qu’ ils connoilLoient. . : ... , . ,
L‘ Hercule-Parnrfe, ainfi défigne par ce qu il etoit a
Rome dans le palais Fatnèfe avant d’ avoir ete tranfporte
à Naples, eft ici deffiné. On le voit dans le Recueil de
Perrier {tab. 1 , & Hifl, Je l A n , 10me.Il, PI. X l l ) On
en conferve un plâtre très-ancièn dans les biles de 1 E-
cole de peinture au Louvre. Il faut obferver feulement
qu’une portion des pieds & des jambes eft moaerne. On
a retrouvé depuis, quelques annees- les pâmes antiques*
& on les a rétablies à Naples (ji°. 4 , W LCXXIX)..
Je donne ici (■ »». ƒ I TU. C C X X ir ) cet Hercule en
repos, tiré d'une cornaline du Palais-P.oyal (tome l ,
u l LXX’X r n , parce que l’ on trouve près de lui les
principaux attributs, 8.’ parce que ces attributs ne font
point l’ouvrage des reftauratpurs. On voit la dépouillé du
lion de Némée, les -cavales de Diomede, les pommes
des Hefpérides. la hure du fanglier de Calyaon, 1 arc ,
la maffne fatale aux monftres , & le fphinx, qui indique
peut-être la patrie du héros, Thèbes.
OR THUS, chien qui gardoit les troupeaux de Gé-
rion, 8c qui fut tué par Hercule. Or, l'a confondu quelquefois
avec Cerbère ; mais il eft facile de les diftinguer.
Cerbère avoir trois têtes de dlfferens animaux, 8c orihru
n’a que deux têtes de chien. C ’eft ainli cpi on le Voit lut
une cornaline de la .collection d Orléans ( tom. ,
PL L X X X V ) .
NÉMÉSIS. On yoit fur p-lufieurs médailles l’implaçable
Néméjts. Cette Divinité, que Platon (Leg. lib. 4 , pag.
4x7) appelle la MeJJdgere de la Juftice, étoit la déefie de
la juftice diftributive j elle obfersroit attentivement le
méchant & l’orgueilleux, & ne laifioit jamais les crimes
impunis. Elle eft ordinairement repréfentée avec le^ bras
droit p lié, élevant vers fes yeux fa draperie ou abaiflant
fon voile fur fonvifage, pour montrer qu’elle grave les
crimes dans fa mémoire. Ce bras plié, & repréfentant
la coudée, avec laquelle il a en grec un nom commun,
annonce que Néméjts mefure & pèfe les oeuvres des mortels.
Sur les médailles de Tianus en Paphlagonie, on lit
le nom de Néméjts. La déefle paroît fe couvrant le vifàge
avec fon vo ile, & ayant à fes pieds une roue, qui étoit,
chez les Anciens, l’emblème de la vie.
On voit ici au n°. 1 , PL CCX X V , une ftatue en
marbre de la villa Albani, que Winckelmann a publiée
( Monum. antich. n°. 2.5). Lorfquelle fut déterrée, elle
n’avoit ni tête ni bras, & elle ne préfentoit aucune trace
d’ailes. On ne put la reconnoître qu’ à fa draperie, qu’elle
tient élevée fur fon fein. Lorfqu’on voulut la réparer,
on lui donna cette tête antique, qui eft coiffée avec une
tour,-comme celle de Cybèle. On y étoit autorifé par un ,
médaillon de Macrin ( Ojferv. &c. Buonaroti, pag. 2 13 ) , ■
ftir lequel Néméjts porte le même ornement. Cette ftatue
tient un rameau de poirier lauvage, comme le tenoit
celle de Phidias P au fan. lib. i , pag. 82 ) . Les Grecs
faifoient avec ce bois dur les lances, les javelots, & cet
attribut de Néméjts défignoit probablement fon inflexibilité.
' i
Les Anciens reconnurent aufli deux Néméjts, les Déefles
de la juftice diftributive & de la juftice attributive : on
les voit fur plulîeurs monumens. C ’étoit alors Néméjts &
Adrajlie.
Quelques anciens poètes ( Hygin. Poet. Ajlron. n°. 8 )
difoient que Jupiter avoit aimé Néméjts, & qu’il s’étoit
métamorphofé en cygne pour la rendre mère d’Hélène j
ce qu’ il avoit fait à fon infu & pendant fon fommeil. On
devroit donc appeler Néméjts les femmes endormies que
Ton voit avec un cygne. L’ abfence du fommeil caraèté-
riferoit alors Léda.
FORTUNE. Je ferai fur les repréfentations de cette
déefle , les mêmes obfervations que j’ai faites fur celles
de l’Amour. Les fculpteurs anciens n’ont eu garde d’exécuter
fur le marbre & le bronze les portraits bizarres &
extraordinaires que les poètes ont tracés de la Fortune.
Les médailles 8c les marbres ne nous prefentent point la
Fortune aveugle, la Fortune chauve par-devant, comme
les poètes l’avoient dépeinte fous le nom de l ‘Occajion ;
la Fortune pofée toute entière fur la circonférence d'une
roue, &c. & c . On la voit ordinairement vêtue d'une
longue tunique & d’un manteau, coiflëe avec une bandelette
ou avec le diadème, portant une corne d’abondance
, dont la lignification n’eft pas équivoque j tenant
un gouvernail de navire pour annoncer qu’elle gouverne
l’Univers; ayant un pied pofé fur une proue de navire ou
fur une petite roue pour faire connoître fon empire fur
les mers & fur la vie des mortels, dont la roue étoit
l’emblème.
' La fuperftition & cupidité, ayant multiplié à- l’ infini
les images de la Fortune pour en faire des amulettes , on
lui donna les attributs des autres Divinités, afflmblage
l qn défignoit par le mot de figure Panifiée. On en
voip ici un exemple fous le n°. 2, PL CCXXV. C ’eft un
petit bronze d’Herculariura. La Fortune tient fes attributs
orainaires', le gouvernail & la copne d’abondance; mais
elle a fur la tête le panier, calathus, dans lequel on ramaf-
foit les grains, fymbole de là fécondité, que les Egyptiens
plaçoiènt fur la tête de leurs Divinités.
Sous le n°. 3, PL CCXX V, on voit la Fortune conf-
tan te, qui eft affife & qui tient un cheval par la bride.
C'eft ainfi qu’elle eft gravée fur une médaille d’argent
de Commode CGeJfneri , tom. I I , Impp. roman, tab. 120,
n°. 43 ) , avec la légende Fortune manenti.
OCCASION. Quelque recherchée & bizarre que foit
la figure d.e YOccafion. repréfentée debout, marchant avec
des ailes aux talons & un rafoir à la main ; enfin, chauve
fur le derrière de la tê te , avec de longs cheveux fur le
haut du front, on la trouve ainfi décrite dans une épi-
gramme. de Pofîdippe ( Antholog. Stepk. pag. 346 , vel
Brunch, I I , pag. 4 9 ) , fur une ftatiie de bronze de Ly~
fippe, dans une épigramme d'Aufone (X I I) , & dans
Pnédre ( lib. y , fab. 9 ) .
SILVAIN, ou plutôt SY LV A IN, étoit le dieu des
forêts, fylvarum , comme l’ indique fon nom latin. Il
n’étoit point d’origine grecque, & il faifoit partie de la
Mythologie des peuples du Latium, fous les noms de
Faunus, d’Hercules rufiieus, de Mars ruflicus. On ne le
ttouve que fur des monumens romains : c’eft de là aufli
ue j’ ai tiré les deux figures que l’ on voit ici. Je les
onne parce que le mot Silva no les accompagne fur
les marbres qu’ a publiés BoifTard.
Le n°. 4 , PL CCX X V, préfente Sylvain avec la barbe
& les oreilles de chèvre : il eft couronné de branches &
de cônes de pin ; il n’ a point de bras, & il eft terminé
en gaîne depuis la ceinture, comme un Hermès ou un
Terme. ( Montfaucûn, tom. I , PL C L X X V I I I , n°. 2.)*
Sous le n°. 1 , PL C C X X V l, Sylvain a les oreilles ,
les cornes, la barbe, la queue, les cuifles, les jambes 8è
les pieds du bouc ; il eft couronné de lierre, & tiens
une branche de pin, garnie de fes cônes. ( Montfaucon ,
tom. I , PL C LX X VIII, n°. r. )
BON ÉVÉNEMENT. Bonus Evenrus. Ce dieu étoit
diftingué de la Fortune, parce qu’on attribuoit à celle ci
les. bons 6c les mauvais fuccès , tandis que le Bon Evénement
n’ étoit Fauteur que des heureux fuccès. On voit
fouvent fur les médailles impériales grecques & latines,
ce dieu, qui eft toujours repréfenté de la même manière
& avec les mêmes attributs, c'eft-à-dire, jeune, nu, debout,
tenant une patère dTine main, Ôc de l’ autre des
épis avec des pavots, fymboles de la fécondité. Il paroît
aînfi fur une pierre gravée d’Orléans ( tom. I , PI.
L X X X V I I ) . Il étoit adoré en Grèce fous la fimple dénomination
de Dieu bon, to n ArA©ON^ comme on le
voit fur une médaille d’Éphèfe de Salonine, rapportée
par Vaillant. ,
Varron (R . Ruft. I , cap. 1 ) compte le Bon Evénement
au nombre des Divinités qui protegeoient les habitans
des campagnes.
BON GÉNIEAÂgathodémon des Grecs, diffère peu du
Bon Événement. On le voit ici au n°. 2, PL CCX X VI,
avec les mêmes attributs, la corne d’abondance & la,
| patère , qu’il tient perpendiculairement, comme s’il faifoit
des libations fur un autel ; mais il eft vêtu. Il porte
; la chauflure grecque , la tunique fans manches 80 un
manteau qui couvre fa tête & fes épaules, félon l’ ufage
. des perfonnes qui offroient des facrifices. 11 eft tiré du
Recueil des lampes de Pafferi (tome I I I ) .