
*> avec la coudée. » On fait que les Parques avoient des
fondions analogues à celles de cette déelfe.
FURIES ou EUMÉNIDES. Je dirai des Furies ce que
j’ai déjà dit des Parques : c'eft qu'aucun monument ne
les préfente fous des traits hideux. Ce font au contraire de
belles vierges au regard févère. Paufanias ( Attic. cap. 28)
raconte qu’auprès des Propylées on voyoit à Athènes un
temple des Euménides ; que leurs images ne préfentoient
rien de hideux, & qu'Éfchyle le premier avoit placé des
ferpens dans leurs cheveux. — On avoit aufli varié fur
le nombre des Furies, car Plutarque (D e Sera Num.
Vind. pag. 564). n'en comptoit qu'une feule.
Diogène Laërce ( Mened. pag. 364) dit que Méné-
demus portoit le eoftume des Furies : une tunique noire
qui defcendoit jufqu'aux talons, liée avec une ceinture
rouge j le bonnet arçadien, fur lequel étoient peints les
douze lignes du Zodiaque ( ce bonnet étoit relatif au
rôle de devin qu'il jouoit) > des cothurnes tragiques, &c.
Les Furies portent cette longue tunique fur une lampe
du Recueil de Palferi (tome I I ) , où elles tourmentent
Orefte ; fur un vafe grec d'Hamilton, où l'une d'elles,
coiffée avec des ferpens, tient un flambeau de chaque
main. Mais fur un vafe grec ( 1795 ) , une Furie porte
une tunique cou rte, liée avec une large ceinture, des
chauffures fermées qui s'élèvent à mi-jambe ; elle eft
coiffée élégamment lans ferpens, mais elle en tient un
de chaque main.
N°. 1 , P/. CCXÏV. Sur un marbre étrufque ( Muf.
Etrufc. 1 , tab. 83 , n°. 2 ) , on voit cette Furie qui porte
une tunique courte, à longues manches, liée avec une
ceinture , des chauffures fermées, de longués chauffes :
elle n'a point de ferpens dans fa coiffure-, elle porte
l ’épée à crochet, appelée harpê; enfin, elle a de longues
ailes d’aigle. — Sur un vafe grec dit étrufque, d'Hamilton
, une Furie vue à mi-corps, ayant des ferpens entortillés
autour de fa tête & de fes bras, porte des ailes
larges & d'une forme bizarre. Elle tourmente Orefte.
N° . 2 , PL CCXIV. Sur le bas-relief de la villa Bor-
ghèfe (tom. I , tav. 1 2 , pag y8 ) , qui repréfente la mort
de Méléagre, & qui eft cité dans l’article précédent, on.
voit cette Furie qui excite la mère du mourant à brûler le
fatal tifon, elle porte de petites ailes fur la tête, & elle
tient un flambeau renverfé.
N °. 3 , PI. CCXIV. Sur un bas-relief du palais Acco-
rambonï, publié par Winckelmann (Mon. ant. n°. 145) ) ,
une Furie tourmente Orefte 5 elle tient un fouet d’une
main, & de l'autre une torche, autour de laquelle un
ferpent eft entortillé.
Sur des médailles d'Antioche & de Laodicée, toutes
les deux en Carie 5 de Tralles, & e . , on voit les trois Furies
adoffées, debout, coiffées avec l’efpèce de turban
appelé tupulus, & tenant leurs attributs divers. .
MORT. La Mort ne fut point hideufe fous le cifeau
des Grecs. Un Génie renverfant le flambeau de la vie 5
un Génie brûlant les ailes du papillon, fymbole de l ame j
des rofes à demi effeuillées & répandues fur le tombeau
d'une jeune fille : tels furent, chez les Grecs & les Romains
, les emblèmes de la Mort. On ne voit point dans
leurs bas-reliefs, dés fquelettes, des têtes ou des os
décharnés & féparés du tronc, à moins qu'ils ne tiennent
la place d'une forte d’hiéroglyphe : ce cas fe réduit peut-
être à un ou deux exemples, mais jamais ils ne firent
partie d’une allégorie.
GÉNIE DE LA MORT. Sur une lampe du Recueil
de Pafferi ( tome II I ) , on voit deux aaolefcens, les
jambes croifées & s’appuyant fur de longs flambeaux
renverfésî ils. font places aux côtés d’une urne cinéraire.
Ces Génies de la mort font deffinés ici au n°. 4, Pl. CCXl V .
Sur une lampe de la même colle&ion ( tome I I I ) font
gravés deux Génies, vêtus de tuniques courtes, qui
attachent des guirlandes à une urne de même forme, que
les lettres D. M. font reconnoître pour un monument
funèbre.
Ces Génies n’ont point d’ailes. Les deux premiers ont
les jambes croifées, attitude du repos. C'étoit avec les
jambes torfes ( & non croifées, comme l’a cru Winckelmann)
qu'étoient fculptés à É lis , fur le coffre de
Cypfelus, deux enfans repofant dans les bras de la Nuit,
& repréfentant le Sommeil & la Mort. L'un étoit blanc,
& dormoit 5 l’autre étoit noir, & paroiffoit dormir. —
Dans les Recueils de farcophages antiques de Boiffard,
de Gruter, on trouve plus de dix exemples de Génies
tenant des flambeaux renverfés, & ayant les jambes
croifées.
Dans le mufée français on voit un jeune homme de
grandeur naturelle, debout, les jambes croifées, les bras
élevés fur la tête, & le dos appuyé contre un pin. « Ce
» Génie funèbre exprime par fon attitude, dit M. Vif-
» conti, le repos éternel dont on jouit apres la mort. »
Une cornaline de la collection du Palais-Royal préfente
le n°. 1 , Pl. CCXV3 qu’ on ne peut méconnoïtre.
Debout, s'appuyant fur un flambeau renverfé, portant
des ailes, cet adolefcent eft le fymbole ou le Génie de
la mort.
CH ARON. Un vieillard robufte paffoit dans une frêle
barque les Ombres qui entroient dans le royaume de
Pluton. Mercure .les lui amenoit, & elles payoient au
fombre nauton'nier une obole pour leur paffage. Tout cela
eft repréfenté fur une lampe antique, recueillie par Bel-
lori (Montfaucon, tome V , Pl. C C lV ) , & qui eft deflinée
ici au n°. 2 d,e la PL CCXV. Charon paroît dans la même
attitude fur un bas-relief du palais Barberini, qui repréfente
l’entrevue de Protéfîlas & de Laodamie fon époufe
(comme l'a expliqué Winckelmann, Mon. ant. n°. 123),
& fur plufieurs autres monumens.
OMBRES ou AMES conduites aux Enfers, &c. On
en voit fur plufieurs bas-reliefs, mais furtout fur le marbre
du palais Barberini cité plus haut, & expliqué par W inckelmann.
Uombre de Protéfîlas y eft repréfentée deux
fois fous la forme du n°. 3 , PL CCXlr. Lorfque les Anciens
introduifoient les morts fur la fcène , ils les repré-
fentoient enveloppés en entier dans une vafte draperie
(frsîTAQf) qu’Euripide dit être l’habillement qui convient
aux morts. ( Hcrcul. Fur. vcrf. y48. ) ’
CERBERE. On voyoit dans’ le cabinet de Sainte-Geneviève,
aujourd'hui dans la collection d’antiques natio nales,
un petit bronze qui repréfente le redoutable chien
des Enfers, tel que Macrobe ( lib. 1 , cap. 20 ) l'a déc
r it, avec trois tête? , l’ une de chien, l'autre de loup,
fépar.ées par une tête de lion, qui eft d'une proportion
plus forte j elles font placées fur un corps de chien, qui
eft enveloppécomme les têtes, dans les replis de deux
ferpens. On en trouve le deffrn dans Montfaucon (tome V ,
PL CLVII) , & ici au n°. 4 , PL CCXV.
Il jie faut pas confondre Cerbère avec Orthus, le gardien
des troupeaux de Géryon, tué par Hercule. Ce monftre
avoit le corps & deux têtes de chien.
MERCURE. On reconnoît aujourd’hui Mercure dans
le prétendu Antinous du Belvédère, & c’ëft a M. Vif-
conti que l’on doit cette reftitution. Les attributs ordinaires
de Mercure font le pétafe & la chlamyde (bonnet
& manteau de voyageur ) , . les ailes a la tete & aux
pieds , & le caducée ; ils rappellent fon emploi de mef-
fager des Dieux. Une baguette fimple qu il porte quelquefois,
défigne fes fonctions de condudeur des âmes.
La bourfe étoit l'attribut du dieu des marchands. Le
bélier fait connoître le dieu des bergers, & le c o q , le
dieu qui veille toujours. La tortue rappelle 1 invention
d’une efpèce de lyre qu’il avoit fabriquée avec le teft de
cet animal. — La figure du n°. 1» PL C C X V l, tiree
d'une pierre gravée d’Orléans (tom. / , PL X X I ) , porte
une partie de ces attributs. .
N°. 2 , PL CCXVl. Cette figure de Mercure, tirée
d’un camée de la galerie de Florence ( tom. 1 , tab. 69 ,
n9. 4 ) , & gravée de la grandeur de l'original, eft coiffée
avec le pétafe ailé, & porte de la droite la baguette qui
ouvroitles Enfers. La beauté du travail & le volume rendent
ce camée très-précieux ; mais il l’eft encore davan- :
tage par la rareté du fymbole que Mercure tient de la
main gauche : c'eft un rouleau d’écriture ( volumen) , q u i .
défigne le dieu de 1 éloquence.
Dans une peinture d'HercuIanum (tom. III", pag. 6 7 ),
Mercure porte une chlamyde cramqifie & des cothurnes'
gris-bruns. Dans une autre (tom. V , pag. 8ƒ ) , fa chlamyde
eft rouge. Sa chauffure étoit d’or. (Nonn. Dionyf.
lib. 8 , verf. 22y. )
On célébroit la beauté des mains de Mercure, & cette
partie de la poitrine qui forme l’entre-deux des. mamelles.
Anacréon ( Ode.29) demandent au peintre de fon cher
Bathÿlle, de lui donner ces caractères de beauté.— J'ai
dit ailleurs que les ftatuaires grecs donnoient aux Mer-
cures les.traits d'Alcibiade.
Dans la pantomime du Jugement de Paris, décrite par
Apulée (lib. 10, pag. 34y in ufum) , on vit paroître un
jeune homme nu, ayant feulement l'épaule gauche couverte
de la chlamyde dés adolefcens. Ses cheveux étoient
blonds, & l'on voyoit dans fa chevelure de petites ailes
dorées. La baguette & le caducée faifoient reconnoître
Mercure. — Lorfque l’infenfé Commode vouloit paroitre
au théâtre.fous le eoftume de Mercure, il portoit (Dio.
Cajf. lib. y2, cap. 17 ) une tunique de pourpre, chargée de
broderies d’or-, une chlamyde grecque de même étoffé,
une couronne de pierres précieufes de l ’In de , & un
caducée d’or.
HERMES. Ce nom ne devroit défigner que les buftes
de Mercüre, terminés en gaînè, placés dans les carrefours,
avec les noms des chemins gravés furies côtés de
la gaîne, qui leur faifoient face. 11 eft cependant d’ufage
d’appeler Hermès tous les buftes terminés en gaîne,. On
voit ici au nQ. 3, PL C C K V l, un Hermès tiré des antiquités
d’Her.culanum. (PittureliL, pag. 18 1 .) La tête.n’ eft
point celle de Mercure telle a de la barbe 5 elle eft couronnée
de fleurs & de bandelettes, & elle rappelle ces
Hermès attribués jadis à Platon, & que l’on a reconnus
pour le dieu Terme. ( Voye% fon article.) . ,s . - ; ' •
On plaça fur des gaînes d'autres Divinités que Mercure,
des portraits d’hommes célèbres & même des
têtes doubles , comme on le verra dans les articles fui-
YâilS.
! HERMATHENE. Cicéron ( Ad Atticum , Epîft. 4 ,
lib. 1 ) avoit fait venir de Grèce un Hermathène, & le
vouloit placer dans fon académie. Le nom compofé fait
croire que ces Hermès avoient les formes de Mercure
& celles de Minerve ; cependant YHermathène, indiqué
comme tel par Triftan (tom. I , pag. 4 7 ) , d’après une
médaille des triumvirs, préfente Minerve coiffée d’un
cafque, tenant la lance, le bouclier, & terminée en
gaîne depuis la ceinture. On en voit un femblable fur
une lampe de la colleétion de Pafferi (tom. I l ) ; mais on
n'apperçoit d?autre attribut de Mercure que la gaîne.
Cela fuffit-il pour faire reconnoître un Hermathène 'i
HERMÉRACLE. Il faut appliquer ici ce que j’ai dit
des Hermathènes. Si des ftatties d'Hercule, terminées
en gaîne depuis la ceinture, doivent être prifes pour des
Herméracles, on en verra un dans la collection des lampes
dé Pafferi ( tom. I l ) , & un autre fur une pierre gravée
de la galerie de Florence (tom. 1 , tab. 40) j mais
il me paroît plus raifonnable de ne prendre pour Hernié-
racles que l’Hercuie du Recueil de Caylus (tom. 1 3
pag. 2x7) y qui eft terminé en gaîne, & qui tient un
caducée. Voilà un attribut de Mercure uni à ceux d’Her-
cule. C'étoient là probablement ces Herméracles que l’on
plaçoit dans les académies, les gymnafes, & que aeman-
doit Cicéron (lib. 1, Epijl. 10) à fon ami Atticus. Mais
un As de là famille. Rubria ( Gejfaeri, tom. I I , tab. 16 ,
n°. i r ) préfente un Herméracle encore mieux prononcé,
qui eft deflxné ici au n°. 4 , PL CCXVl. Deux têtes,
adoffées, comme celles de Janus, font coiffées, l’une
d'un pétafe ailé, l'autre de la dépouille d'un lion , & la
maffue & le caducée font gravés auprès de ces têtes, il
eft vraifemblable q u e , placées fur une gaîne , ces deux
têtes formeroient un véritable Herméracle.
HERMES, avec portraits d’hommes célèbres. Philofi-
trate (de Vitis Sophifi. lib. 1 , cap. 2 1 , n°. 7 ) dit que le
père cd'Hérode-Atticus ayant reçu dans fa maifon le
fophifte Scopélien, «fit abattre à coups de pierres tous
« les Hermès des anciens rhéteurs qui étoient dans, les
» galeries de fa maifon, parce qu'ils avoient gâté l ’efpric
» de fon fils. » On a déterré plufieurs Hermès, de philo-
fophes dans la villa d'Hadrien, & ce font eux qui ont
fourni le plus grand nombre des portraits d’hommes célèbres
de la Grèce , qui nous font parvenus.
Hermès à double tête. Lucien, parlant, dans fon Jupiter
Tragoedus ( n°. 43 , tom. I l , pag. 691 , i/z-40. ) 3 de
la réponfe de l'oracle interrogé par C réfus, dit « qu’elle
« étoit parfaitement ambiguë & à deux faces : tels on
« voit certains Hermès doubles, mais fembl’ables des deux
»3 côtés, de quelque point qu’on les regarde. « On trouve
dans les colleétions d’antiques, des têtes doubles adoffées.,
de tout fexe & de tout â g e , qui préfentent les
mêmes traits. Ces Hermès étoient peut-être placés fur
une ligne dans le milieu de quelque galerie ou de quelque
portique 5 ils fembloient les divifer en deux parties
diftinétés-,.fans les féparer réellement*
On voit au Capitole les têtes adoüées d'Ëpicure, &
de Métrodore fon difciple chéri.
HERMAPHRODITE. L’ art ne femble avoir jamais
produit un camée auffi précieux que celui du Palais-
Royal ( tome 1 , Pl. X X V ) 3 qui eft.deffiné ici au n°. y ,
PL CCX V l. On y voit un bel Hermaphrodite, à demi
couché fur la peau d'un lion, ayant, comme les femmes,
K