
Celui des Confuls, au contraire, fut très-large, très-long
& très-richement orné.
Subarmale. ( Voyc^ ci-deffu$ lorum ). §. IV. M a n t e a u d e s B a r b a r e s .
On trouve dans la troifième partie, celle des Figures
ki/loriques, à l’article de chaque peuple barbare, ce que
1 on fait de foncoftume particulier. Je ne retracerai dans ce
Paragraphe, que des details communs au plus grand nombre
des Barbares. Leurs manteaux différoient plus par la
groffiéreté des tiflus, lorfqu’ ils n’étoientpas faits depeaux,
que par la forme.
On a trop généralife une obfervation de Winckelmann,
qui dit que les franges ( proprement dites & différentes
des bordures folides) cara&érifent les nations barbares.
A la vérité , les manteaux des Rois captifs du Capitole ,
des liîs de travail grec de la même colle&ion, des Barbares
fculptés furies colonnes trajane & antonine, &c.
font bordés de franges. Mais on voit quelquefois fur les
mêmes colonnes l’Empereur, les principaux officiers &
les foldats en porter de femblables. Quelques ftatues de
femmes, telle qu'une Cérès du Mufeum français, font
revêtues de manteaux garnis de franges. D’ ailleurs , on
vit, dans le fiècle des Antonins, les habitans de Rome
-adopter les manteaux garnis de longs poils, foit d’un côté
feulement, vefies dirait, cinés, foit des deux côtés, bicir-
tes. Enfin, les laccrnc furent auffi garnies de franges ,
comme on l a dit plus haut. -
C’ eft encore des Barbares que les Romains du même
£ècle prirent l’ufage des manteaux garnis de capuchons,
bsrdocuculli. On les fabriquoit dans les Gaules, chez les
Sàiuones & chez les Lingon.es. La figure de bronze inédite
du a°. i , Pt. CX X II, eft, dans ce genre , un monument
unique. Elle a de hauteur environ (8 pouces ) o met. 217.
On Va trouvée , vers le milieu du dix-huitième fiècle,
dans la Somme, près d’Amiens , & j’en dois la connoif-
fance à la complaifance de mon confrère Louis Petit-
P.adel. Sur une tunique qui fe termine au haut des cuiffes
eiî placé un furtout étroit, beaucoup plus court, fendu
par-devant, garni d’un capuchon pointu , & retenu par
une large courroie ornée de franges aux deux bouts, fiée
fur la poitrine. C ’eft évidemment le bardocucullus. Si Jës
femelles des fandales étoient de bois , ce feroient les
gallïce.. Le corps de cette figure, qui fe détache, fert
d’étui à un priape porté par les cuiffes &les jambes. Des
figures gauloifes des deux fexes , trouvées à Metz ( Mon-
faucon ytom. I I I , Pt. X L V 11I ) , portent lapenula; comme
on ne les voit que par-devant, on ne peut dire fi c ’eft un ;
bardocucullus.
§ . V . Manteau des femmes.
11 eft prefqu’impoffible d’ affigner des différences qui
earaétérifent le manteau des Troyermes, celui des Grecques
, celui des Romaines & celui des Barbares5 c ’eft
pourquoi je les réunis dans un feul article.
J’ ai commencé l’article de la tunique des femmes par la
àefcription de la c a s tu l a , de cette efpèce de jupe
qu’on lioit au deffus des hanches , & qui defcendoit jusqu’aux
pieds. Les Égyptiennes & le s Syriennes portoient
quelquefois ce vêtement feul, & les hommes de ces
contrées le portoient auffi. Jfidore ( Origin. lib. 19 ,
cap. 23 ) , qui nous l'apprend, l’ appelle lumbare & rénale.
Lorfqu’il étoit court, c’-étoit peut-être le femicinc-
tium; c’étoit le limus lorfqu’il étoit bordé de pourpre.
Avec cette efpèce de jupe les femmes ne portoient pas
ordinairement la palla ou le grand manteau. Elles fe couvroientles
épaules, le dos & la poitrine avec un vêtenj
léger, compofé de deux pièces carrées, ou du moio,l
rectangulaires. Ces pièces, liées fur les épaules pardj
agraffes ou des boutons, laiffoient ordinairement décoJ
verts le bras & l’avant-bras ; quelquefois elles retoj
boient fur le haut du bras; elles flottoient libremenl
fur les côtés, où elles étoient réunies fous les brisl
elles finiftoient toutes les deux devant & derrière, à H
hauteur des hanches. L’épigramme de Martial, citéeplgJ
bas, nous apprend que ce vêtement étoit de lin : on f
voit ici fous les «°*. 1 & 2., Pi. C X X l ll , a une figu«
tirée des Recueils d’antiquités de Caylus (rom. IF ) . Enfin
la pièce de derrière defcendoit quelquefois beaucoi»|
plus bas que celle de devant, & alors on pouvoit]!
ramener fur la tête : telle eft une prétendue Veftale«
palais Jujliniani (Perricr, n°. 72), qui eft ici deffinée foj
le n°-, 3 , PI. C X X lll. r
Pafferi ( PiStur. Etru fc.I, p. 63) a donné plufiemi
deffins de ce vêtement, tirés des vafes grecs , ditsétmfl
ques. On verra ici ceux qui font les mieux exprimés foui
les nos. 4 , j 6? 6 de la PI. C X X lll.
Il m’a été plus facile de faire connoître la forme«
cette efpèce de manteau court, qu il ne le fera de trou-:
ver fon nom. Étoit-ce Yiiraft'n, l’ iwnpihw des Grecs, J.
Pollux (lib. 7 , cap. i 3 , fegm. 4 9 ) définit fimplemesl
un habillement de femme ? Je croirois plutôt que c étoig
d’Arifténète ( l i b . j , epifi. 4, \cj)3 que Suid»
définit un demi-manteau, yuuro 'ifM'jts. Les deux pie«
dont il étoit compofé , pourroient auffi 1 avoir fait appsfl
1er i iw x e f h " ( Pollux V I I , cap. 13 y fegm. 4 9 )• 0 j |
voit fur le bas-relief des Panathénées du Parthenon d'il
thènes, qui eft confervé dans le Muféum français. Etoitl
ce l’ «v<*o«A «<5ioy? Il paroît du moins certain que c’etoj
Yamiculum, Yamictorium des .Romains , dont Martial t
(lib. 14, epigr. 149) :
Mammofas metuo : tenerx me trade puelLe,
Ut poffint niveo pc&ore lïna frui.
Ce feroit ..auffi le capïtium3 parce qu’ il couvroit*
poitrine, félon ce texte de Varron (de L. L. libM
§. X X X ) : Capitium , ab eo quod capit pelius , id efm
| Antiqui dicebant, indutu comprekendit. Quant a 1 excès«
la longueur obfervée quelquefois ^fur la piece de dw
rière de YamicuLum, on la voit tramer meme fur laten|
dans la Ciftellaria de Plaute (ali. I ,fcen. 1). GymnaMf
dit à la courtifane Silenium, dont l ’habillement eltnil
gligé :
.... Gt. Cura te , amabo. Sicine immunda, objecro ,
Ibis ? S il. Immundas fortunas aquum éft fqualorcm fequt. ■
G t . Amiculum hoc fuflolle faltem. S u . Sine trahi, eut* ■
egomet trahor.
Elle fait allufîon à fon amour pour Alcefimarchus. I
iJÉwAôf, peplus , péplum. Ce mot eu t, chez les Gri2f|:;
deux lignifications diftinétes j l’une générale , pièce *
drap ou de toile carrée ou re&angulaire, tapis, couv«|
turej l’autre particulière, vêtement de femme. J««
parlerai ici que de la fécondé. Suidas & Luftatheji
a Iliad.pag. 1347) difent « que le peplus étoit un w |
« ment de femme, lié avec une agraffe..... 5 que ce< |
» un manteau......une pièce d’étoffe fans couture, y
fécond ajoute (pug. 538) que peplus reffembloiq
tiffu, à une toile de lin. 11 paroît que le peplus etoitiepi
fouvent fait avec de la toile. Ordinairement il pouvoi ■
velopper tout le corps, comme le pallium des nom ■
il traînoit même par terre , iA*uwrc?rAo/. Peut-ett ■
rttecoues, étant couchées, n’avoient pas d’autrevête-
Üenc. Pindare (Nem. î , verf. 74 ) dit que peu de tems
" | rès la naiffance d’Hercule, cet enfant étouffa deux
fêrpens qui affailloient fon berceau. 11 ajoute qu Alcmène,
effi'ayée par les cris de fes femmes, s’élança de fon lit
fins peplus, *W aos-, c’ eft-à-dire, nue, &c.
] Polyen (Strat. V I I I , cap. 33 ) raconte que les femmes
dlArgos, ayant défendu leur ville contre les Iacédémo-
Sens, lés Argiens, pour en conferver la mémoire, cé-
lébroient tous les mois une fête , vêtus en femmes, &
purs femmes vêtues en hommes. L’écrivain oppofe ici
formellement trtirxots •yvyatKtiois, le peplus des femmes ,
afix g.oert uvl'çttots y manteaux des hommes,
j Je donne deux deffins du peplus, qui font voir fa ref-
Émblance avec la Una. Le premier, n°. 7 , PI C X X l l l ,
rêpréfente Clytpmneftre. Il eft tiré d’un bas-relief de la
galerie de Florence, qui étoit jadis à la villa Médiçis, où
fflfut publié par Winckelmann (Mon. ant. n°. 147). Le
fécond, n9. 1 , /-Y. CXXIV3 eft pris des peintures du
'lérence de la Bibliothèque impériale de France. Les
’froyennes portoient lé peplus & tout le coftume des
grecques.
^■ Pallium des Grecques. Il ne différoit point de celui
dis hommes, & ne s’agraffoit pas.
Toge. Dans l’article dû manteau des hommes , j’ai
;f|it voir que la toge n’avoit de commun avec le pallium
oes Grecs, que de n’être point fixée avec une agraffe.
larron, cité dans l’ article de la Toge , dit que ce man-
tfau avoit d’abord été commun aux deux fexes, & qu’ils
i l portoient la nuit & le jour.
|HPalla. La palla des Romaines paroît n’avoir pas différé
du pallium des Grecs, qui étoit commun aux deux
Mxes. Sénèque le tragique ( Hercul. (Eteuf. a£t. 111,
■ verf. 716) défigne par le nom de palla le manteau du centaure
N.effus : Palla..... tabe Nejfeâ illiiâ. Cependant, au
pftns d’Alexandre-Sévère, un homme n’auroit pas porté
h palla fans s’expofer à être blâmé ( Ulpian. lib. 23,
ff. d’ auro & argente). Ce manteau fe plaçoit ordinaire-
tnent fur la tunique longue , appelée fiola, & , comme
çplle-ci, defcendoit jtifqu’aux pièds. Horace dit d’une
■ Romaine du premier rang f Sermon. I , fatyr. 2 , v. 99 ) :
Ad talos ftola demijfa, & cireumdata palla.
|®)vide dit auffi ( Amor. l l l , 13 ) :
E t teget auratos palla fuperba pedes.
, ; Ou en voit ici un deffin tiré des bronzes d'Herculanum
»-0™. //, pag. 3 1 7 ) , n°. i , PI. CXXV. Un fécond
-leffin, n°. f , Pl, CXX IV , tiré des mêmes bronzes
Wa& 3i 9) » frit voir que la palla pouvoit couvrir la
,lpte, & qu’elle difléroit peu de la toge.
■ Il en eft du mot palla comme des mots peplus, pal-
ftum3 palliolum ; il défigna quelquefois des pièces de
H P ou d’étoffe, qui n’étoient pas exclufivement defti-
e^-a ^erv^1 de vêtement, comme celle du centaure
.^effus. Dans ce fens général il a pu être pris pour dëfi-
grifr la tunique des joueurs de lyre, des citharèdes de
théâtre, tunique très-longue & très-ample. Cicéron',
|;écnva®t leur coftume (ad Herenn. IV 3 4 7 ) , dit : Fallu
Wfau' :ltf 'ndutus , cum chlamide purpureâ , coloribus variis
ce qui ne peut s’entendre que d’une-tunique &
P u.neAch!lamyde, car on ne portoit pas deux manteaux
meme tems. Les adfceurs tragiques avoient une palla
quj traînoit fur le théâtre} de forte que le mot palla de-
■ nj lynonyme de tragédie.
Palla, expreffion qui défigne la manière de
ceindre avec la palla, Lorfqu’une femme avoit befoin
d’agir avec viteffe & avec force, à l'aide d’une fécondé
ceinture elle relevoit fa tunique jufqu’aux genoux, &
elle faifoit, autour de fes reins, plufieurs tours avec la
palla pliée en guife de ceinture. Cette manière de fe
ceindre, chez les femmes, étoit analogue au cinctus ga-
binus des hommes. On la retrouve fur les ftatues de
Diane chaffereflè.
S t o l a , îoaj? fut quelquefois, chez les Grecs, fyno-
nyme de ïva'ug.a, & défigna toutes fortes de vêtement
extérieur : il en fut de même chez les Romains, dont la
langue primitive étoit le grec. Stola défigna, dans les
premiers fiècles, toutes fortes de vêtement extérieur ou
de manteau. Nonius ( 14 , 6) cite Ennius, qui, dans le
Télèphe, difoit : Cedo & caveo convefiitus fqùalida ftpius
fiola , & Regnum reliqui ftp tus mendici fiola.
Penula , ptnula, ipapoxi'. Quand on ne liroit pas dans
le Digefte ( lib. 34, tit. 2 , n°. 23 ) , que les femmes fe
fervoient de la penula comme les hommes, on l’appren-
droit par l’infpeétion de la Flore du Capitole (Muf.
Capitol, tom. 111, tab. 4 j ) , qui eft deffinée ici fous le
«°. 2 , Pl. CXXV3 & de la ftatue de la villa Borghèfe,
appelée fi ridiculement la Zingarella ou la Bohémienne-,
qui eft deffinée ici d’après Periier (tab. - 6 7 ) , fous le
n°. 3 , Pl. CX X V ; elles portent, fur une tunique traînante,
un habillement fermé, qui les .couvre depuis le
cou jufqu’ au milieu desjambes, qui a trois ouvertures,
une pour paffer la tête, & deux ferles côtés pour paffer
les bras. La fecondè figure, dont la tête & lès mains
.modernes font de bronze, a , de plus que la première,
une bandelette ou ceinture qui defeend de l’épaule droite
fur la gauche. Cette ceinture étoit peut-être deftinée à
ferrer contre le corps la penula 3 afin de faciliter les mou-
vemens } car la fimpiieité de ce vêtement paroît défigner
une femme de la claffe moyenne ou même une femme
attachée au fervice des femmes de la première claffe.
’'EyjcaxAov. Suidas dit : « 11 paroît que c’eft un manteau
*> de femme, & que la croco.te eft un vêtement inté-
» rieur. " J ’ ai d it, dans les obfervations diverfes fur les
tuniques, que la crocote en étoit une, & qu’elle étoit
caractérifée par fa couleur de fafran : airsu T ty&oxXot
étoit le manteau qui fe plaçoit fur la crocote. C’étoit
peut-être une penula.
C y c l a s . On fait de la cyclas, que c’étoit un manteau
dans lequel les femmes s’enveloppoient tout entières j
qu’il tramoit à terre (Propert. 4 , 7 , 56), & que le tiffu
en étoit délié & léger ( Juven. 6 fat. $62 ) .
Sous le règne de Çonftantin & de fes fecceffeurs, les
femmes portèrent la palla, fur laquelle ce les de la première
claffe placèrent le lorum. On le voit dans les bas-
reliefs de l’arc de Çonftantin, qui ont été fculptés de fon
tems ( Mont faucon , 111, Pl. X I I I ) , & ici fous le n°. 3 ,
Pl.. CXXIV.
Les femmes barbares portoient en général des manteaux
auxquels on ne.peut affigner de forme Darticulière.
On peut dire feulement qu’ils étoient le plus fouvent
ornés de franges. ,
Il n’en eft pas de même des Egyptiennes, dont on
verra le coftume particulier dans la partie des Figures
kifioriques.
. §. V I . Manteau des enfin s.
Les enfans des Grecs de la première & de la moyenne
claflè portoient le pallium fur la tunique, comme on le
voit fur les bas-reliefs de leurs tombeaux. Les enfans des
Étrufques, dont les moeurs avoient tant d’analogie avec
les Grecs, portoient des efpèces de frocs garnis de capu-
A a i