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l i E S POISSOIVS A P E C TORAL E S PEDICUI.EES.
LES BAUDROIES. (LOPHIUS.)
L o p h i u s setigerus, PI. LXXX. La Baudroie qui habite l'Océan oriental a été
décrite et figurée par Wahl '') et Bloch mais personne n'en ayant vu depuis des
individus, Mr. de Valenciennes, en traitant dans son grand ouvrage, XII, p. 383, de
ce poisson, a été réduit à rédiger sa description d'après les articles de Wahl et de
Bloch, que nous venons de citer; néanmoins il a réussi à assigner à cette espèce les
véritables caractères qui la distinguent de celle des mers d'Europe et des races voisines
originaires de l'Amérique septentrionale et du Cap de Bonne Espérance.
Ce poisson étant absolument modelé sur le même type que les autres espèces, il
suffira, pour s'en faire ime idée précise, d'en indiquer les traits distinctifs. On remarque
d'abord que les lambeaux cutanés dont le pourtour du corps se trouve garni,
sont plus développés et plus nombreux, qu'on en voit également sur le dessus des
pectorales, et qu'il en existe même de très-serrés et en guise de villosités, le long des
deux mâchoires et sur le rebord de la peau qui entoure vers le dedans la bande de
dents de la mâchoire inférieure. Les dents elles-mêmes sont beaucoup plus fines que
dans les autres espèces ; les palatins et le vomer sont armés de dents semblables à
celles de l'espèce commune. Les épines du dessus du crâne varient par leur forme
et leur nombre; elles sont cependant le plus souvent un peu plus développées que
dans l'espèce commune, aussi y en a-t-il ordinairement quelques-unes de plus, notamment
sur les côtés du dessus du museau, où l'on en voit de chaque côté une rangée
composée d'un nombre plus ou moins considérable d'épines coniques, plus ou moins
saillantes, mais ordinairement peu grandes. Les trois filaments du dessus de la tête
sont un peu plus courts que dans l'espèce commune, mais le premier est surmonté
comme d'ordinaire d'un lambeau cutané divisé en deux pointes. Des trois rayons de
la dorsale antérieure, le premier est comme k l'ordinaire un peu isolé, tandis que
le troisième est le plus souvent court et caché en grande partie sous la peau qui enveloppe
la base de ce rayon et du précédent. La deuxième dorsale porte neuf rayons
mous et indivisés; l'anale n'en offre que sept, dont les trois derniers sont plus ou
moins sensiblement branchus. Les ventrales et la caudale n'olTrent rien de particulier;
la paire externe des rayons de cette dernière nageoire est, comme dans les autres
espèces, simple et cachée sous les téguments. Les couleurs de cette espèce offrent
encore cela de remarquable (¡ue le fond de la bouche au devant des pharyngiens est
d'un rouge pourpre tirant au noir et parsemé de taches irrégiilières et transversales
d'un blanc pur. Voici le nombre des rayons, tel que nous l'avons trouvé dans quatre
individus. D. 3 et 9; A, 7; V. 1+5; P. 13; C. 8.
(1) Mémoires de la Société d'histoire nalurelle de Copenliague, Vol. IV, p. 214. Pl. 3 , fig. Sel 6: Lopliiiis .setigenis.
(2) Sj.stema, p. '.•42, l'I. 32: Lophius viviparus.
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Mr Bürger nous mande que ce poisson est commun dans toutes les mers du Japon,
et qu'il parvient à une taille de six pieds et même davantage. C'est particulièrement
en hiver qu'on en apporte journellement au marché de Nagasaki, oii il est très-recherché
sa chair étant réputée d'un goût extrêmement fin. Les .laponais désignent ce
poisson, ainsi que l'avait déjà constaté M. Abel Rémusat, (voir Cuvier et Valencien-
L s XII, p. 383), sous le nom d'Ankoo. J'ai retiré de l'estomac d'un jeune individu
Ion»' de cinq pouces, un Denté sétigère dont la longueur était de quatre pouces
et demi.
L E S CHIRONECTES. (CHIKONECTES.)
1 Chironectcs marmoratus. Pl. LXXXI, fig. 1. Les voyageurs hollandais ont
observé au Japon deux espèces de Chironectcs, l'une h peau granulée et h ventrales
assez développées, l'autre à peau hérissée d'aspérités et à ventrales très-petites. La
première a été figurée par Tilesius, Mémoires des naturalistes de Moscou, Vol. XI,
PI 16, sous le nom de Lophius raninus ; mais ce poisson a été rapporté par M. de
Valenciennes, 1 c., XII, p. 402, à son Chironectcs marmoratus, figuré par Lesson et
Garnot dans la Relation du voyage de la Coquille, Poissons, Pl. 16, fig. 2. Ce Chironecte
du Japon parait, en effet, ne pas différer d'une manière essentielle du marmoratus
observé sur les côtes de Guinée et dans la rade de Bombay. Nous n'en avons
reçu qu'un seul individu de taille un peu plus forte de celui dont Mr. Bürger a fait
faire la figure contenue sur notre Planche 81; ces deux individus se ressemblent du
reste en tout point, à l'exception du premier rayon libre de la tête, qui est comme
avorté dans le plus grand de nos individus, anomalie observée fréquemment dans cette
espèce. Quant anx teintes de ce poisson, on remarque qu'elles sont moins vives et
les marbrures moins larges dans l'individu figuré que dans celui représenté par
M.M. Lesson et Garnot; mais il parait exister sous ce rapport des différences plus
ou moins sensibles d'un individu à l'autre; car ces marbrures sont, dans notre individu
conservé dans la liqueur forte, beaucoup plus larges et un peu difléremment
disposées que dans celui dont nous avons donné la figure.
Comme il serait inutile de donner une nouvelle description de ce poisson, nous nous
bornons à observer, que son nom japonais est Hanaoogose; qu'on le prend de temps
à autre, notamment lors des fortes chaleurs de l'été et lors de la marée haute, à l'embouchure
des rivières ou dans les rivières qui se jetent dans la baie de Nagasaki; qu'il
se trouve habituellement en société des petites espèces de la famille des Gobioïdes,
et qu'on ue le mange jamais, sa chair étant réputée venimeuse.
2. Chironectcs tridens. Pl. LXXXI, fig. 2 -5. Ce deuxième Chironecte des
mers du Japon appartient à la division de ceux qui ont la peau rude et les ventrales
très-petites. N'ayant pu rapporter ce poisson aucun de ceux décrits jusqu'à présent,
et ayant trouvé constamment dans tous nos individus la forme du premier rayon
libre qui est divisée en trois pointes, nous avons donné à celte espèce l'épithète de
trident. Les nombreuses variétés que présente la distribution des teintes de cette
espèce, et les modifications qu'éprouvent les formes des deuxième et troisième rayons
(le la tête, soit par l'âge, soit suivant les individus, nous fout supposer que de
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