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qui s'éloigne par coiiséqueiil de toutes les espèces coiinues du genre; car on sait que
toutes celles décrites jusqu'à présent, savoir: les Zens faber, pungió, capensis et japoiiicus,
sont absolument modelées sur le même type et ne se distinguent guère entre
elles que par le nombre de leurs boucliers ou la forme des épines qui les garnissent.
En comparant au contraire aux espèces que nous venons d'énumérer celle que nous
avons désignée sous l'épithète de nebulosus, on voit qu'elle en dilfére d'une manière
tranchante par son corps beaucoup plus élevé, par une forme très-diverse du profil,
par une bouche plus étroite, par l'absence totale d'écaillés, par des boucliers striés,
pourvus d'une seule épine et qui s'étendent sur le dos jusque près du commencement
de la dorsale, par une épine de moins la dorsale et à l'anale, par quelques rayons
mous de plus à ces nageoires, par les couleurs et par plusieurs autres caractères de
moindre importance dont nous ferons mention dans lu description que nous donnerons
incessament de cette Dorée.
Nous possédons de cette espèce une sixaine d'individus de différente taille, le plus
grand portant seize pouces, les plus petits quatre pouces en longueur totale. Dans
les adultes, la hauteur du corps est presque deux fois dans la longueur totale du
poisson; dans les jeunes, elle n'y est qu'une fois et demie. La ligne du dos forme une
courbure qui se prolonge assez régulièrement jusqu'à l'oeil; elle est assez douce dans
les adultes, mais beaucoup plus prononcée dans les jeunes. La ligne de la téte est
presque horizontale dans les adultes, et forme avec celle du dos un angle, très-obtus
à la vérité, mais qui ne laisse pas de donner à cette espèce une physionomie très-particulière.
La ligne du ventre forme une courbure beaucoup plus prononcée que celle
du dos, et elle se prolonge assez régulièrement depuis l'extrémité du museau jusqu'à
la fin de l'anale. La téte occupe le tiers de la longueur totale du poisson. Les yeux
sont plus volumineux que d'ordinaire et l'entre-deux des yeux est beaucoup plus large
que dans les autres espèces, ce qui est d'autant plus remarquable que le corps de
cette Dorée est excessivement comprimé. Les narines se trouvent, comme d'habitude,
tout-à-fait rapprochées du bord antérieur de l'orbite. Le museau est un peu plus
long que dans la Dorée commune, mais la bouche, très protractile comme d'ordinaire,
est beaucoup moins fendue, de sorte que le maxillaire ne s'étend pas même jusque
sous le bord antérieur de l'oeil. Les dents ressemblent à celles des autres espèces,
mais elles sont plus longues et plus vigoureuses, notamment celles de la mâchoire
inférieure. Les pièces operculaires n'offrent rien de particulier; j e trouve seulement que
le préopercule forme un angle plus saillant et que l'interopercule est plus large que
dans la Dorée commune. Les épines dont la tête et les os des extrémités antérieures
sont armés, présentent aussi quelques différences. Il n'y a des crochets ni sur l'occiput
ni sur le surscapulaire ; l'épine qui sort de l'angle postérieur de l'articulaire
de la mâchoire inférieure, est peu développée, mais celles qui se voient à l'angulaire
de cette mâchoire et à l'humérus, sont aussi fortes que dans l'espèce commune. Le
bord supérieur de l'orbite est garni de quatre à cinq épines, moins sensibles et plus
obtuses dans les adultes que dans les jeunes, où l'on aperçoit quelquefois même une
petite épine de chaque côté de l'occiput. La peau se présente à l'oeil nu, comme sous
la loupe; absolument nue, elle est lisse et luisante La ligne latérale est plus fortement
courbée en S. que dans les autres espèces; aussi est-elle, par devant plus rapprochée
du dos, et elle devient droite sous le tiers antérieur de la seconde dorsale
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Les nageoires prises en général, quoiqu'elles offrent à peu près la même disposition
que dans les autres espèces, présentent néanmoins des modifications plus ou moins
sensibles. Quant à la dorsale épineuse, elle est un peu plus haute que dans les autres
espèces, ses rayons sont un peu plus faibles et seulement au nombre de neuf, le
premier est presque aussi long que le deuxième, et aucune de ses épines est armée à
la base de crochets comme cela a lieu dans les autres espèces. Les filaments que
l'on voit au sommet des membranes de ces rayons ne sont guère plus longs dans les
adultes que les rayons mêmes, dans les jeunes au contraire elles sont presque du
double plus longs. Le dernier rayon de la dorsale épineuse étant, proportions gardées,
beaucoup plus long que dans l'espèce commune, il arrive qu'il n'existe pas
d'échancrure entre cette nageoire et la seconde dorsale. Cette seconde dorsale, un
peu moins développée que dans la dorée commune, n'offre du reste rien de particulier,
sinon qu'on lui compte quelques rayons de plus. Il en est de même de l'anale
molle. L'anale épineuse au contraire est remarquable parcequ'elle ne présente que
trois rayons, plus courts, plus faibles que dans les autres espèces, et dépourvus de
crochets à la base. La caudale est à l'extrémité moins arrondie que d'ordinaire.
Les pectorales sont sept fois dans la longueur du corps, et un peu arrondies à leur
bord postérieur. L'épine des ventrales est longue mais très-faible; ces nageoires,
beaucoup plus longues dans les jeunes que dans les adultes, n'atteignent chez ceux-ci,
lorsqu'elles sont couchées en arrière, pas même l'anus, tandis qu'elles s'étendent
chez ceux là jusqu'au delà de la dernière épine de l'anale, anomalie qui parait se
présenter également chez plusieurs autres poissons, entre autres chez les Priacanthes,
comme nous l'avons démontré en traitant de ce genre dans le cours de notre ouvrage.
Les boucliers dont le pourtour du corps de la dorée nébuleuse est garni, présentent
des différences assez sensibles avec ceux des autres espèces. Ces boucliers sont en
général peu développés et pourvus à leur surface de stries divergeantes d'un centre
commun, qui est formé par l'épine ou le crochet dont ces boucliers sont armés et
dont il n'existe qu'un seul sur chaque bouclier. Les boucliers du dos sont disposés
sur une rangée continue qui occupe la base de la dorsale dans toute son étendue,
mais vers le devant, ces boucliers deviennent successivement plus petits, de sorte que
le premier qui se trouve à la base de la première épine est simplement converti en
une saillie longitudinale dépourvue de crochet; il y a en tout à la base de la dorsale,
quatorze boucliers, dont six répondent ordinairement à la partie molle, et huit à la
partie épineuse de cette nageoire. Les boucliers qui garnissent la base de l'anale
sont ordinairement au nombre de sept; le premier se trouve à la base de la troisième
épine de cette nageoire. On voit sur la ligne du ventre huit à neuf boucliers;
ils s'étendent depuis la base des ventrales jusqu'à l'anale; le premier n'est pourvu,
comme d'ordinaire, que d'un seul crochet, les autres en portent deux, mais ces
crochets sont moins vigoureux et plus courts que dans les autres espèces. Il
n'existe sur la ligne de la poitrine que six boucliers, dont les antérieurs sont peu
développés et dont le premier ne porte qu'une seule épine. On voit par cette description
que les boucliers de cette espèce offrent des modifications nombreuses, soit
par leur forme, soit par leur nombre que l'on peut exprimer par la formule suivante:
D. 8 + 6 ou 7 + 7, A. 1 -f- 6 ou I + 7 ; V. 8 ou 9; P. 6. Ce poisson est à l'état
frais d'un gris bleuâtre passant sur les parties inférieures au blanchâtre. L'iris de
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