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In iignie de Tilcsius aux nôtres. La teinte du fond est ordinairement un brun rougcàtrc
pâle, plus foncé sur le dos^ plus clair sur les flancs. Les parties inférieures
du poisson sont d'un blanc grisâtre qui s'étend quelquefois jusque sur le flancs. La
teinte du fond des nageoires inférieures est ordinairement un blanc griscâtre, et les
pectorales tirent le plus souvent, vers leur partie postérieure, au brun rougeâtre vif.
Les teintes sont nuancées de taches d'un brun noirâtre, dont la disposition et l'étendue
présentent des variations nombreuses: dans les uns ces taches sont très larges mais
nuageuses et peu distinctes sur le corps; dans d'autres elles forment des bandes
transversales mal déterminées, dont le nombre varie de sept î\ huit. On voit quelquefois
quatre à cinq larges taches sur les dorsales; d'autres en ofirent aussi sur
l'anale, oii elles forment quelquefois des bandes obliques. Ces taches sont dans les
uns petites sur la dorsale antérieure, irrégulières et en nombre assez considérable;
dans d'autres il y en a de semblables à l'anale, où elles forment alors deux bandes
longitudinales. Les rayons de la nageoire caudale sont quelquefois ornés de quatre
à cinq bandes d'un brun noirâtre, et on en voit de semblables mais plus claires sur
les pectorales. Indépendamment des larges taches foncées, le corps de ce poisson est
encore orné de traits d'un brun rougeâtre, un peu plus foncés que la teinte du fond;
leur forme est très variée selon les individus, elles sont quelquefois en S, mais dans
la plupart des individus elle se confondent pour former des cercles ou anneaux plus ou
moins réguliers. Les côtés du tronc sont souvent ornés de taches orbiculaires d'un
blanc grisâtre. L'iris de l'oeil est d'un brun plus ou moins clair, tirant souvent
au rougeâtre.
Cette espèce est très rare dans les parties méridionales du Japon. On la prend de
tems à tems sur les fonds marécageux à l'entrée de la baie de Nagasaki. Elle est
très recherchée et on la paie à des prix très élevés, sa chair offrant un met déliceux
et favori des Japonais. Ce poisson porte au Japon le nom d'Abramee.
2. Labrax agrammus. L'espèce nouvelle que nous faisons connaître sons ce nom
n'étant pourvue que d'une ligne latérale unique, se distingue par ce caractère, de
toutes les antres espèces du genre : ce manque absolu et constant de ces séries de
pores ou lignes latérales accessoires, que l'on observe ordinairement, dans les Labrax,
sur le ventre et sur les côtés du dos rend ce poisson très remarquable ; toutefois il ressemble
sous tous les autres points de son organisation, aux autres espèces du genre,
et ce serait très mal vu de l'en distraire en raison d'un caractère que l'on a cru
de la plus haute importance mais qui n'est à la vérité que tout à fait secondaire,
puisque son défaut ou son existence n'entrainent pas la moindre modification dans
l'organisation des ces poissons. C'est au Labrax hexagrammus que l'espèce nouvelle
dont nous parlons se rapproche le plus. Elle est même tellement voisine de
l'hexagramme que l'on ne parvient à saisir l'ensemble de ses traits distinctifs qu'à
l'aide d'un examen soigneux d'un bon nombre d'individus, et que sans le caractère
apparent du défaut des lignes latérales accessoires, on pourrait facilement confondre
ces deux espèces que les Japonais eux-mêmes ne paraissent pas distinguer entre
elles. Le Labrax agramme offre absolument la même organisation que l'hexagramme;
ses formes, tant celles du corps que celle de la tète et des nageoires sont tout-à-fait
semblables à celles de cette dernière espèce; le système do dentition ne présente pas
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la moindre disparité; les rayons des nageoires, à l'exception do ceux de la caudale,
sont, comme dans l'hexagramme, tous simples, c'est à dire indivisés h leur extrémité;
il a comme les autres espèces du genre une aigrette aux sourcils, et c'est même jusqu'au
système de coloration qu'il offre de l'analogie avec le Labrax hexagramme,
particulièrement avec la variété de cette espèce figurée par Tilesius. Nonobstant
cette conformité dans l'organisation générale et par les formes, le Labrax agramme
présente plusieurs caractères par lesquels il se distingue constamment do l'espèce avec
laquelle nous venons de le comparer. Il suffira d'énumérer ces caractères pour se
former une idée complète de ce poisson curieux.
Nous en possédons quatorze individus, dont la taille varie depuis quatre pouces et
demi jusqu'à huit pouces et demi; la taille de nos dix individus du Labrax hexagrammus
variant au contraire depuis cinq pouces à demi à quatorze pouces et demi, nous
nous croyons autorisés à admettre que le Labrax agramme ne parvient pas à une
taille aussi forte que l'hexagramme. Les écailles sont constamment un peu plus
grandes que dans cette dernière espèce. La nageoire caudale est toujours un peu
arrondie à l'extrémité, tandis qu'elle est tant soit peu échancrée dans l'hexagramme.
Le nombre des rayons de la nageoire dorsale et de l'anale présente quelques modifications,
légères à la vérité, mais constantes; j'en ai constamment trouvé dans l'agramme
deux à trois de moins à la première partie de la dorsale, et un ou deux de moins à
la seconde partie de cette nageoire ainsi qu'à l'anale. A ces traits moins apparens
vient se joindre celui tiré de l'absence complète des séries de pores accessoires, ce
poisson n'oifrant que la ligne latérale ordinaire, dont la directiim est absolument
comme dans le Labrax hexagramme. Quant aux couleurs de l'espèce nouvelle dont
nous parlons, il paraît qu'elles sont non moins sujettes à varier que celles du Labrax
hexagramme. A l'état sec, ce poisson est d'un brun plus ou moins clair varié de traits
ou de taches noirâtres qui forment, sur l'anale, quatre à cinq bandes obliques. Dans
d'autres individus la teinte du fond est un brun jaunâtre assez vif, relevé sur toutes
les parties du poisson de taches brunâtres, qui se réunissent pour la plupart, pour former
des bandes transversales. On voit sept ou huit de ces bandes irrégulières, souvent
incomplètes mais assez larges, descendre du dos vers les parties inférieures du
poisson; d'autres plus étroites ornent la tête, et elles sont distribuées de manière à
diverger d'un centre commun, c'est à dire de l'oeil. Les bandes des nageoires
pectorales et de l'anale sont étroites et assez irrégulières; celles de la dorsale
sont larges et au nombre de six; celles de l'anale enfin sont plus foncées que les
autres; il existe également deux bandes foncées sur les rayons des ventrales. On
voit en outre une large tache foncée de forme ovale sur les côtés du corps, près de
la fente des ouies , un peu au dessus de la pectorale.
Nous regrettons de ne pas être à portée d'ajouter à ces détails descriptifs faits sur
des individus en grande partie empaillés, des notices sur les couleurs naturelles de ce
poisson et sur sa manière de vivre. Les nageoires de cette espèce présentent les
nombres suivans: D. 17 à 18 + 20à 21; A. 18à 20; V. 1 + 5; P. 18; C. 16 et un grand
nombre de rayons accessoires latéraux.