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mais que celle-ci se distingue tout de suite par une raie d'un brun jaunât re qui s'étend le
long de chaque coté du corps. N'ayant reçu du Japon qu'un seul individu desséché
de la Sphyrène à mâchoire obtuse, le même qui a servi de modèle à notre figure,
nous n'avons à ajouter à la description de Cuvier que quelques détails sur les couleurs
naturelles. Elles sont, à la vérité, peu variées; toutes les parties supérieures étant
d'un gris olivâtre, les inférieures blanches avec une légère teinte argentée. Les nageoires
sont d'un jaune olivâtre pâle, à l'exception des ventrales et de la première
dorsale qui sont gris-bleu; l'iris oifre la même couleur, et on voit des reflets de cette
teinte sur les côtés de la téte et sur les opercules. Cette espèce se pêche en abondance
dans la baie de Nagasaki, principalement au printems. Elle est recherchée et
regardée comme met délicieux par les japonais, qui l'appellent Akatarokamasu.
3. Sphyraena nigripinnis. Pl. XIII, fig. 1. La troisième et dernière Sphyrène
observée dans les mers du Japon, nous parait former une espèce nouvelle, très différente
de toutes celles connues. C'est de la Sphyraena agam de Rüppell, N. W.
Pl. 25. fig. 2, qu'elle se rapproche le plus, mais ses formes plus alongées, le manque
de pointes couleur de rose des nageoires postérieures, et surtout la grande distance
comprise entre les deux dorsales ou entre les ventrales et l'anale, suffissent pour l'en
distinguer. Ce dernier caractère ajouté à celui tiré de la couleur noire de toutes les
nageoires peut également servir pour distinguer cette nouvelle espèce de toutes les
autres. Elle parait être très rare, puisque nous n'en avons reçu aucun seul échantillon,
et que notre figure, quoique faite sur le vivant et sous les yeux de Mr. Bürger,
n'était pas accompagnée de détails descriptifs. La téte rentre quatre fois et demi
dans la longueur totale du poisson. La mâchoire inférieure dépasse la supérieure, et
finit en pointe émousée ; la supérieure s'étend jusque sous l'oeil, qui est moins grand
que d'ordinaire. La distance de cet organe au bord du préopercule est très considérable
: ce bord est arqué ; celui de l'opercule s'élargit vers le milieu en un angle peu
proéminent. Les opercules sont revêtus d'écailles. Les ventrales sont situées en dedans
de la pointe des pectorales ; mais la première dorsale est placée un peu plus en arrière de
cette pointe. La distance entre les deux dorsales est égale au quart de la longueur totale
du poisson, tandis qu'elle égale dans les autres espèces au cinquième ou même, comme
dans l'espèce précédente, au sixième de la longueur totale du poisson. La deuxième dorsale
et l'anale ont leur bout postérieur un peu prolongé en pointe. Le bord interne
de la caudale offre, outre l'échancrure du milieu, deux échancrures latérales, à^peu-près
comme dans la Sph. agam, quoique les lobes produits par ces échancrures soient
moins prononcés et arrondis, mais non pas en anguleux comme dans l'agam. La ligne
latérale monte vers les parties antérieures du corps et forme, au dessus de la pectorale
, un arc légèrement courbé. La couleur principale de cette espèce est xin bleu
grisâtre, foncé sur le dos, plus clair sur les flancs et passant au blanc sur le dessous.
Les nageoires sont toutes d'un noir foncé tirant au gris-bleuâtre; la pectorale seule
est plus claire vers son extrémité. L'iris est jaune. Ü. 5 et 1-4-9; A. 1+9.
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1,ES JOUES CUIRASSEES.
LES TRIGLES.
1. T r igl aBûrge r i . Pl. XIV, fig. 1 et 2. Cette nouvelle espèce est très diff'érente de toutes
celles connues, quoiqu'elle se rapproche un peu du Trigla aspera par ses grandes écailles
ainsi que par les formes de la tête, et du Trigla lyra par son museau divisé en deux
lobes. Ces lobes cependant ont une forme et une direction très diverses et offrent
un trait assez caractéristique dans cette espèce. Elle atteint une taille de six à neuf
pouces; on la prend en quantité, au printems, à l'entrée de la baie de Nagasaki.
Son nom japonais est Makanagasira. Elle a les formes générales du corps ramassées
Comme le Trigla aspera, mais la téte est un peu moins haute, et la chute de son
profil est un peu moins rapide. L'oeil est de moyenne grandeur. L'orbite touche
presque au bord supérieur de la tête, son diamètre est de six lignes dans notre indiv
i d u qui est long de neuf pouces. Le bord supérieur de l'orbite est renflé, de sorte que
l'entredeux des yeux, large presque de neuf lignes, est concave au centre. Le dessus
d u m u s e a u est un peu concave en avant des yeux, puis convexe; cette partie est séparée
des côtés de la tête par une rainure qui passe par les narines au bord antérieur de
l'oeil. Les lobes du museau se présentent sous forme d'une large épine, déprimée,
indivisée, à bords finement crénelés, et fortement dirigée vers les côtés. L'échancrure
entre ces deux épines est par conséquent assez large et plus ou moins en croissant, mais
sa forme varie d'un individu à l'autre, par suite de la forme des épines, qui sont tantôt
pointues et triangulaires, tantôt un peu écbancrées à la base interne et à pointe
émoussée. La tête est partout recouverte de petits grains âpres, qui se trouvent
disposés en lignes serrées sur les parties latérales. On voit une carène transversale
très faiblement marquée sur le préopercule. L'opercule se divise vers le haut en trois
pointes, séparées par des échancrures semilunaires. Les surcapulaires sont en forme de
lobe, assez échancré vers la partie inférieure de sa base; il est pourvu au centre d'une carène
prononcée, et offre des bords finement crenelés. L'huméral très développé est absolument
semblable, par sa force comme par sa forme, à celui du Trigle lyre: il est large
à sa base, et armé d'une carène qui se prolonge en une épine longe, comprimée et assez
forte. Les écailles qui forment la gaine pour recevoir les nageoires dorsales sont au
nombre de vingt-quatre paires; elles accompagnent ces nageoires dans toute leur longueur,
et se prolongent en une pointe forte et aiguë. Les écailles du corps sont plus
grandes que dans la plupart des espèces, et rudes au toucher; leur bord est finement
cilié; celles de la ligne latérale sont un peu plus larges et pourvues de trois à cinq
carènes disposées en rayon. Les nageoires pectorales n'occupent que le quart ou le
cinquième de la longueur totale du poisson. Le deuxième rayon de la dorsale épineuse
est plus long que les autres et pourvu, à sa face antérieure ainsi que le premier,
de dentelures fines. Les autres nageoires n'offrent rien de particulier. Les dents des