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la dorsale, mais parvenue à la base du quatrième rayon de cette nageoire, elle descend
vers l'angle supérieur de la fente des ouïes. La dorsale naît vis à vis de cet
angle; sa hauteur, qui est presque partout la même, égale à peu près le tiers de la
hauteur du tronc, elle se réunit complètement avec l'anale. Cette dernière nageoire
correspond par sa forme, son élévation et sa position, à la dorsale; elle est également
continue avec la caudale; mais elle est un peu plus courte que la dorsale,
l'anus s'ouvrant sous l'aplomb du septième ou huitième rayon de cette nageoire. La
caudale est assez allongée, étroite et très-pointue; sa longueur fait environ le sixième
de la longueur totale du poisson. Les pectorales ne sont que du double plus longues
que le diamètre de l'oeil, et tant soit peu pointues. Les ventrales sont un peu plus
petites que les pectorales, et leur premier rayon est un peu prolongé en fil. D. 82;
A. 76; C. 13; P. 19; V. 1 + 5.
Ce poisson est Î\ l'état frais d'un rouge de brique, très-pâle sur le corps, passant
au blanchâtre sur les parties inférieures, et tirant un peu au rouge de sang sur
la tête, sur la dorsale, sur l'anale et la caudale. On voit, le long de chaque côté du
dos, une rangée de taches orbiculaires jaunâtres, disposées de manière qu'elles se
trouvent rapprochées deux à deux. Les individus conservés dans la liqueur forte sont
d'un brun jaunâtre à reflets argentés; les nageoires sont jaunâtres, et on observe
dans quelques uns, à l'anale et à la dorsale, les traces d'un limbe foncé.
L'espèce parvient à la longueur d'un pied et demi. Elle est commune dans la baie
de Nagasaki et dans les baies voisines. On en prend particulièrement dans les mois
d'été. Sa chair étant d'un goût exquis, ce poisson est très-recherché des Japonais,
qui le désignent sous le nom de Sakenoïwo,
LES LOPHOTES. (LOPHOTES).
L o p h o t e s Capellei, Pl. LXXl, fig. 2. La seule espèce de ce genre, connue
jusqu'il présent, savoir le Lophote Cépédien de la Méditerranée, y est tellement rare
que l'on n'en a encore observé que quatre individus. Il parait être de même de
celle que Mr. Bürger a découvert dans les mers du Japon, vu qu'il n'en a pu s'en
procurer qu'un seul exemplaire, et qu'aucun des autres voyageurs qui ont exploré cet
empire, ne l'y a depuis rencontrée. Cet individu ayant été détruit, nous nous voyons
oblio-és de tirer les détails que nous donnerons de cette espèce, de la figure que Mr.
Bürger en a fait faire sur le vivant et des notes descriptives qu'il nous a envoyées.
En comparant notre figure du Lophotes Capellei à celle que MM. Cuvier et Valenciennes,
1. c., Pl. 301, ont donné du Lophotes Cepedianus, on remarque que l'espèce
des mers du Japon se distingue au premier coup d'oeil de celle de la Mediterranée,
par la saillie de son front formant un angle moins aigu, par la première partie de
sa dorsale plus élevée et presque comptétement détachée du reste de cette nageoire,
par sa dorsale contigue à l'anale, par sa bouche beaucoup moins verticale, par ses
teintes et par plusieurs autres caractères moins saillants.
L'individu qui a servi de modèle à notre figure, portait en longueur totale deux
pieds et quatre pouces. La longeur de la tête égale à peu près la hauteur du corps,
et elle entre environ sept fois dans cette longueur totale. Vers le derrière, le corps
s'abaisse successivement, et comme il se rétrécit un peu derrière l'anale, sa hauteur
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y éoale tout au plus la moitié du diamètre de l'oeil. Les yeux étant assez volumineux
leur diamètre longitudinal est trois fois et demie dans la hauteur du corps,
cet orga"® P^"® rapproché de la ligne de la gorge que de celle du dos. La ligne
du profil, un peu en S, étant dirigée un peu obliquement en avant et vers le haut, et
la li°^ne du dos se prolongeant en direction droite jusqu'à sa rencontre avec la ligne
du profil, il arrive que ces deux lignes qui encadrent le front, forment un angle un
peu aigu! La partie du museau en avant de l'oeil est un peu moins longue que le
diamètre vertical de cet organe. La bouche est presque fendue jusque sous l'aplomb
du' bord antérieur de l'oeil. Les dents ne paraissent pas différer de celles de l'espèce
de l'Europe. Le bord du préopercule forme un angle fortement arrondi, mais un peu
aigu. L'opercule est également arrondi, mais son bord supérieur est un peu échancré.
Toutes les pièces operculaires ont leur surface finement striée. Le corps est absolument
dénué d'écaillés. La ligne latérale est droite, mais elle monte doucement
vers le devant pour se diriger vers la base du premier rayon de la dorsale. L'anus
s'ouvre vers le commencement du dernier huitième de la longueur totale du corps.
L'anale placée derrière cet orifice, est arrondie en bas et deux fois plus longue que
haute; sa hauteur ne fait que la moitié du diamètre vertical de l'oeil. La caudale
égale le tiers de la hauteur du corps, elle est étroite et arrondie. La dorsale est
contiguë à la caudale, et elle occupe toute la ligne supérieure du poisson; sa hauteur
au milieu égale le quart de la hauteur du corps, mais elle s'abaisse considérablement
vers le devant et vers le derrière; arrivés vis à vis des yeux, ses rayons sortent
à peine de la peau, mais les sept rayons suivants augmentent, vers le devant,
de rechef en longueur, pour former en quelque sorte une petite nageoire à part,
dont le rayon antérieur, c'est à dire, le huitième, en comptant d'arrière en avant, est
presque quatre fois plus long que celui qui le suit, de sorte que sa longueur égale
à peu près la hauteur du corps; ce rayon est épineux et plus large que les autres,
mais beaucoup moins large que dans le Lophote Cépédien et très-pointu, au lieu
d'être tronqué comme dans cette espèce. Les pectorales sont assez rapprochées de
la ligne du ventre, et placées un peu en arrière de l'opercule; leur bord postérieur
est presque droit, et leur longueur égale la moitié de la hauteur du corps. Les ventrales
sont, comme dans l'espèce européenne, excessivement petites et placées sous
l'aplomb du bord postérieur des pectorales. Mr. Bürger qui a examiné ce poisson
à l'état frais, lui donne les nombres suivants: D. 1 + 8 et 212; A. 3 + 18; C. 17;
P. 16; V. 5. La teinte du corps est un bleu pâle, tirant au blanc sur les parties
inférieures et passant au bleu noirâtre sur la tête. Les nageoires sont d'un rouge de
sang très-pâle. L'iris de l'oeil est d'un blanc argenté tirant sur le bleuâtre.
L'épithète de ce poisson rappellera un nom illustre sous tant de rapports et à
jamais cher aux sciences.