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On voit, à l'extrémitd de chaque côté de la mâchoire supérieure deux canines peu
développées, et il en existe trois, moins fortes encore, à la mâchoire inférieure.
Les molaires sont en général petites et en partie coniques, particulièrement celles
de la rangée extérieure. Il n'en existe, à proprement parler, dans chaque mâchoire, que
deux rangées; mais la rangée intérieure est ordinairement accompagnée d'une rangée
de dents excessivement petites. Les molaires de la rangée intérieure vont en diminuant
en grosseur vers le devant, pour faire place à des dents plus petites et plus nombreuses
qui s'étendent, derrière les canines, en forme de bande peu large. La
nageoire dorsale est remarquable parceque sa troisième épine, trois fois plus longue
que les deux premières, forme le point le plus haut de la nageoire; cette troisième
épine, ainsi que la quatrième qui est presque d'égale longueur, est assez élevée vers
sa pointe. Depuis la cinqième les épines cessent d'être prolongées et ne diminuent
qu'insensiblement vers les parties postérieures de la nageoire. Les pectorales sont
prolongées en pointe tant en haut qu'en bas, leur quatrième ainsi que le treizième
rayon étant plus longs que les autres. La caudale est peu échancrée à l'extrémité.
La première épine de l'anale est beaucoup plus courte que les deux suivantes qui
sont d'égale longueur et aussi longues que les rayons mous de cette nageoire. Les
ventrales n'oITrent rien de particulier. Les écailles sont de grandeur moyenne; elles
s'avancent comme d'ordinaire sur le front, sur les opercules et sur la nageoire
caudale. La ligne latérale n'est pas tout à fait parallèle à celle du dos, en ce qu'elle
se recourbe, en avant vers le bas, pour se diriger à l'angle supérieur de la fente des
ouies. D. 12 + 10; A. 3 + 9; P. 15; V. 1 + 5; C. 19. — A l'état frais, la couleur
générale de ce poisson est un rouge sale et pâle, qui passe au blanc rougeâtre sur
les flancs, et au blanchâtre sur les parties inférieures; cette teinte générale est au
contraire beaucoup plus foncée sur la dorsale, sur la caudale et sur les pectorales;
elle est en outre relevée sur le dos, sur les flancs et le long de la base de la dorsale
de taches orbiculaires d'un gris-blanchâtre tirant sur le bleuâtre; ces taches sont de
grandeur moyenne, peu apparentes et desséminées irrégulièrement. L'iris de l'oeil
est d'un blanc bleuâtre. Cette espèce dont la longueur n'excède guère dix pouces
se trouve en abondance sur les côtes du Japon; on la pêche le plus souvent, lorsqu'il
fait beau tems, dans l'intérieur des baies; sa chair est assez estimée; elle porte au
Japon le nom de Tsitai.
4. Chrysophrys tumifrons. Pl. XXXIV. C'est peut-être cette espèce, dont
C u v i e r et Valenciennes ont vu la figure dans un recueil de peintures japonaises,
et dont ils font mention dans leur grand ouvrage, vol. VI, p. 132. Quoi qu'il en
soit, il est évident que l'espèce que nous nous proposons de décrire sous le nom de
C h r y s o p h r y s tumifrons, est nouvelle pour la science. Elle se rapproche, par son
système de dentition de la précédente, mais elle s'en éloigne beaucoup, ainsi que
toutes les autres espèces du Japon, par l'elévaton de sa tête, par la grandeur de
ses yeux et par sa bouche beaucoup plus fendue. Ces caractères contribuent à donner
à ce poisson une physionomie tout-à-fait particulière, qui rappelle en quelque sorte
celle d'une Daurade de la Méditerrannée décrite par Cuvier sous le nom de Chrysop
h r y s gibbiceps. La hauteur du corps rentre, dans le Chrysophrys tumifrons, deux
fois et demi dans la longueur totale du poisson. Le point le plus haut du corps se
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trouve près de l'origine de la dorsale. Depuis ce point le corps diminue graduellement
en hauteur jusqu'à la base de la queue, qui est séparée du tronc par les
profondes incisions que forment la dorsale et l'anale à leur extrémité. Le sommet de
la tête est au point de sa plus grande élévation presque aussi haut que le corps ; mais
depuis le front le profil descend rapidement, de sorte que la ligne du profil forme
avec la bouche un angle à peu près de 90 degrés. Cette élévation de la tête fait que
cette partie est assez grande par rapport aux autres parties du corps et que sa hauteur
surpasse sa longueur d'un quatrième. L'oeil est assez volumineux. La bouche
est beaucoup plus spacieuse que dans la plupart des autres espèces et fendue jusqu'au
dessus de l'oeil. Les lèvres sont charnues et la mâchoire inférieure est assez vigoureuse.
Le système dentaire est en tout point semblable à celui du Chrysophrys cardinalis.
Les écailles de ce poisson et leur distribution ne présentent rien de particulier; elles
sont de grandeur moyenne. La ligne latérale est plus rapprochée de celle du dos à sa
partie antérieure qu'à sa partie postérieure. La nageoire dorsale et l'anale sont
presque partout d'égale hauteur, à l'exception des deux premières épines de la dorsale
qui vont en diminuant en longueur, et de la première épine de l'anale qui est
de moitié plus courte que les deux suivantes. Les pectorales sont assez développées
et faiblement échancrées à leur bord postérieur. La caudale est un peu échancrée
à son extrémité. D. 12 + 11; A.3 + 10; P. 15; C. 19; V. 1 + 5 . — A l'état frais, ce
poisson est d'un rouge de sang pâle, passant au blanchâtre vers les parties inférieures
; cette teinte blanchâtre occupe aussi les ventrales et se montre vers les
centre et les parties inférieures des pectorales. La couleur du fond est plus foncée
sur la tête, sur la dorsale molle et sur la caudale, mais elle est nuancée de jaunâtre
à la base des nageoires. L'iris de l'oeil est rouge de sang.
On pêche ce poisson en abondance, pendant les mois d'été, à l'entrée de la baie
de Nagasaki. Sa chair est très délicate, et on la vend à des pris assez élevés. Son
nom japonais est Oobana. Il parvient à une taille de dix à onze pouces, mais
ordinairement sa longueur ne dépasse guère sept à huit pouces.
5. Chrysophrys major W. Pl. XXXV. C'est de toutes les espèces du Japon la
plus commune et celle qui atteint la plus forte taille. Elle se rapproche par ses
formes générales, par l'étendue de ses pectorales et par son système de dentition,
d'une manière singulière du pagre ordinaire, dont elle se distingue cependant par la
présence d'une troisième rangée de molaires excessivement petites, par la ligne de
son profil qui est moins courbée, et par une forme un peu diiFérente de la dorsale
épineuse. Cette espèce offre des formes beaucoup plus allongées que les Chrysophrys
tumifrons et cardinalis. Sa tête est assez grande et l'oeil volumineux. La bouche
n'est que médiocrement fendue. Il existe à la mâchoire supérieure deux paires, à
l'inférieure trois paires de canines peu longues mais assez robustes, particulièrement
chez les individus adultes. On voit dans chaque mâchoire, deux rangées de molaires
tuberculeuses de grandeur moyenne; mais vers le devant de la bouche la rangée
interne de ces molaires plus grandes est remplacée par plusieurs rangées de petites
( l ) C'est par erreur que nous avons indiqué cette espèce i la page 67 de cet ouvrage, sous le nom de
Chrysophrys cardinalis.