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Conservó dans l'esprit de vin, co poisson offre une jolie teinte argentee, passant
au brun sur le dos, qui est orné de cinq bandes assez larges d'un brun foncé; ces
bandes cependant, ordinairement formées par l'assemblage de petits points bruns
sont souvent en partie effacées, notamment sur le dessus du dos, de sorte qu'il n'en
reste qu'une rangée de larges taches orbiculaires disposées le long de la ligne latérale,
mais dont la couleur tire souvent sur le bleuâtre, notamment dans les jeunes
individus. On voit sur l'opercule une tache semblable mais mal déterminée. Le
dessus et les côtés de la tête sont ornés de petites taches brunes, le plus souvent
de forme orbiculaire. La dorsale et la caudale sont pointillées de brun sur un fond
jaunâtre. Les autres nageoires sont d'un jaunâtre uniforme, mais on voit souvent
du brun le long des rayons de la face postérieure des pectorales.
Les dents pharyngiennes de cette espèce sont distribuées sur une seule rangée,
très-serrées les unes contre les autres, grêles et pointues; on en compte cinq de
chaque côté.
2. Gobio barbus. Pl. XCIX, fîg. ]. La deuxième espèce de Goujon des eaux
douces du Japon est très-différente non seulement de celle que nous venons de décrire,
mais encore de toutes celles connues jusqu'à présent. Ce poisson curieux rappelle
le barbeau commun par sa forte taille, et en général aussi par ses formes et sa
physionomie; l'orifice de son anus, au lieu d'être avancé comme dans les Goujons,
s'ouvre tout près du commencement de l'anale ; sa bouche n'est garnie de chaque
côte que d'un seul tentacule pendant de la partie postérieure du maxillaire, absolument
comme cela a lieu dans les Goujons; ses lèvres ne sont pas frangées comme
dans le Goujon ésocin et le barbeau commun, mais à bord simple comme dans le
Goujon commun; sa poitrine est recouverte d'écaillés; le troisième rayon de la dorsale,
au lieu d'être faible comme dans les Goujons, est très-robuste comme dans les Barbeaux,
quoique nullement dentelé à son bord postérieur; ses sous-orbitraires cnQn
sont, comme dans certains Percoïdes, tels que les Acérines, revêtus d'une couche
adipeuse, ce que l'on n'observe ni dans les Goujons ni dans les Barbeaux.
Cette espèce nous est connue par trois individus, dont l'un est empaillé et de
dix-sept pouces de long, tandis que des deux autres qui sont conservés dans l'esprit
de vin, l'un offre en longueur près de neuf pouces, l'autre quatre pouces et demi,
Le dessin que nous publions de cette espèce a été fait sur le frais, d'après le
plus grand de nos individus conservé dans la liqueur forte.
La grosseur du corps vis-à-vis du commencement de la dorsale est deux fois et
un sixième dans la hauteur du corps au même endroit, et cette hauteur est environ
cinq fois dans la longueur comprise entre le bout du museau et l'échancrure de la
caudale. La tète entre quatre fois et demie dans cette longueur, et le museau est
deux fois et demie dans la tête. L'entre-deux des yeux égale le diamètre des'orbites
qui est une fois et demie dans la longueur du museau.
Les yeux ne sont pas tout à fait placés à fleur de tête. Le milieu du front
est légèrement concave et bordé de chaque côté d'une ligne saillante, qui se
prolonge jusque sur le milieu du museau; les côtés du front sont un peu incliné
vers le bord des orbites. La ligne de démarcation entre la tête et la nuque est
arquée, mais elle forme au milieu un angle saillant. Le museau, vu de côté, esl
peu conique; sa moitié antérieure est arrondie, et passablement grosse. Les narines
se trouvent placées, vers le haut, à une distance de l'oeil égale à la moitié du diamètre
de ces organes. On voit, sur le museau, entre son extrémité et les narines,
une saillie conique, probablement formée par la pointe antérieure et supérieure des
palatins. La fente de la bouche se prolonge sur le dessous du museau jusqu'à son
extrémité; elle est étroite, et le maxillaire ne s'étend en arrière que jusque sous
l'aplomb du commencement de la deuxième moitié du museau. Le barbillon qui
pend de sa partie postérieure est grêle et sa longueur égale à peine deux tiers du
diamètre de l'orbite. La mâchoire inférieure est un peu plus courte que la supérieure,
et toutes les deux sont garnies de lèvres charnues mais simples et nullement
frangées. Le premier sous-orbitaire est assez grand ; mais il est revêtu à sa moitié
inférieure d'une substance adipeuse, qui se prolonge au dessous et derrière l'oeil
jusqu'aux côtés de l'occiput, et qui cache dans son épaisseur une rangée de lames
osseuses très-minces mais passablement larges et semblables à des écailles. Une
substance adipeuse analogue à celle dont nous venons de faire mention se prolonge
le long des bords du préopercule. Toutes les parties de la tête sont revêtues d'une
peau lisse, et l'opercule même, où ces téguments sont extrêmement minces, oiTre une
surface presque tout à fait unie. Les écailles ont leur surface marquée de stries
serrées, mais très-délicates et très-peu divergentes; ou compte environ 48 écailles
sur la ligne latérale, et entre le dos et le ventre 16 rangées d'écailles, dont 8 au
dessus de la ligne latérale. Cette ligne est droite, mais par devant elle se courbe
comme d'ordinaire un peu vers le haut. L'anus s'ouvre immédiatement au devant
du commencement de l'anale.
La longueur des pectorales égale environ celle de la tête sans le museau; couchées
en arrière, leur pointe est éloignée de la base des ventrales à une distance égale
à la moitié de leur longueur. Les ventrales sont presque d'un quart plus courtes
que les pectorales, et éloignées avec leur extrémité de la base de l'anale à une
distance presque égale à leur longueur totale. L'anale tient par rapport à sa longueur
le milieu entre les ventrales et les pectorales; les trois rayons indivisés, qui
précédent les rayons mous, sont grêles, nullement dentelés, et le troisième est même
très-flexible à sa moitié terminale; le bord inférieur de celte nageoire est coupé
carrément. La caudale est profondément échancrée. La dorsale naît sur la ligne
verticale imaginaire qui indique la fin du troisième quart de la distance comprise
entre les pectorales et les ventrales; sa hauteur par devant surpasse d'un quart la
longueur des pectorales, mais par derrière elle est plus de moitié plus basse que par
devant; son bord supérieur est droit; sa première épine est extrêmement petite, la
troisième est très-longue et très-vigoureuse, mais aucune de ces épines n'est dentelée.
D.3 + 7; A.3 + 6; V. 1 + 8; P. 16; C. 19, outre les rayons latéraux accessoires.
Le fond de la teinte dans les individus vivants est un vert grisâtre très-pâle,
tirant au brun sur le dos et à l'argenté sur les parties inférieures. La tête est
nuancée d'un roux clair mais assez vif. Les écailles, à l'exception de celles des
parties inférieures, sont marquées à la base de leur partie libre d'une raie verticale
d'un brun couleur de foie; et l'on voit sur le corps des raies longitudinales d'un
brun très-clair, dont le nombre correspond à celui des rangées d'écailles, mais qui
sont très-peu sensibles et qui s'effacent complètement sur le dessous du poisson. Les