LES GOUJONS. (GOBIO.)
1. Gobio esocinus. Pl. XCIX, fig. 2. En mettant ce poisson curieux à côté du
Goujon d'Europe, on n'hésitera pas un instant à rapporter ces deux espèces cjui
se ressemblent beaucoup par l'ensemble de leurs formes, à un même genre; mais un
examen détaillé de ces poissons fait ressortir des différences d'organisation assez sensibles,
pour justifier leur séparation générique aux yeux de certains naturalistes
q u i , sans cesse occupés à multiplier outre mesure le nombre des groupes, ne paraissent
guère se rendre compte de la désolation qu'ils portent dans l'ame du naturaliste
qui vise h un but plus élevé qu'à la connaissance spéciale de quelques familles du
règne animal. Ce Goujon du Japon est en effet très-remarquable par la position
avancée de son anus; par ses lèvres charnues, un peu frangées et prolongées en lobes
pendants, caractère qui rapproche ce poisson des Labéons; par ses sous-orbitaires
extrêmement développés; enfin, par son museau allongé, gros, un peu retroussé par
devant, et offrant certaine analogie avec la tête du brochet, analogie à la quelle
nous avons fait allusion par le choix de l'épithète que nous conférons à ce poisson.
Les galeries du Musée en renferment une dizaine d'individus, dont la longueur varie
de trois pouces et demi à sept pouces et trois quarts.
Cette espèce offre des formes plus allongées et plus grêles que le Goujon commun
d'Europe. La grosseur du corps près du commencement de la dorsale est une fois et
demie dans la hauteur du poisson, laquelle est cinq fois et demie à six fois dans la
distance comprise entre l'extrémité du museau et l'échancrure de la caudale. La tête
entre trois fois et trois quarts dans la distance que nous venons d'indiquer, et le
museau occupe presque la moitié de la longueur de la tête. L'entre-deux des yeux
égale à peu de chose près leur diamètre, qui est deux fois et un tiers dans la longueur
du museau.
Les yeux sont tout à fait rapprochés du sommet de la tête et tant soit peu dirigés
vers le haut. L'entre-deux des yeux est assez concave, et cette concavité se prolonge
aussi sur l'occiput, qui est séparé de la nuque par une ligne, au milieu un
peu saillante en angle, et faiblement courbée vers les côtés de la tête. Les os du
f r o n t , en descendant sur la base du museau, s'y prolongent en une saillie en forme
de pentagone de la longueur du diamètre de l'oeil et plane en dessus. En avant et
sur les côtés de cette saillie, le museau se trouve un peu excavé; mais vers le
devant il devient assez gros, arrondi de tous côtés et même un peu retroussé. La
bouche s'ouvre sur le dessous du museau, près de son extrémité; sa fente est presque
horizontale, et elle est assez étroite; la fin du maxiflaire n'atteint guère jus(]ue sous
l'aplomb de la fin du deuxième tiers de la longueur du museau. Le barbillon se
trouve placé en bas près de la fin du maxillaire; sa longueur surpasse un peu le
diamètre de l'oeil. Le maxillaire est simplement revêtu d'une peau semblable à celle
des autres parties de la tête. La peau, au contraire, qui revêt l'inter-maxillaire est
plus charnue, et elle forme un voile pondant, faiblement crénelé au bord, de la
largeur du maxillaire, et qui entoure tout le bord inférieur de l'inter-maxillaire. La
mâchoire inférieure est munie d'une double lèvre pendante et crénelée au bord, savoir
une première lèvre plus petite et garnissant seulement le bord antérieur de cet os et
une deuxième divisée en trois lobes, et entourant cet os dans toute son étendue. Le
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premier sous-orbitaire est de forme deltoïde et tellement large qu'il occupe presque
à lui seul les côtés de la moitié antérieure du museau, et que le maxillaire se
trouve en grande partie caché sous cet os, lorsque la bouche est fermée. Le deuxième
sous-orbitaire est encore assez grand et en forme de parallélogramme, dont le diamètre
vertical est d'un tiers moins considérable que le diamètre horizontal. Les autres
sous-orbitaires sont au contraire petits et étroits. Le bord du préopercule forme un
angle un peu obtus et arrondi; les bords de l'opercule et du sous-opercule forment
une ligne continue et assez régulièrement arquée. Les os de la tête offrent tous une
surface plus ou moins unie, à l'exception des occipitaux, dont la surface est assez
rugueuse; la peau dont la tête est revêtue n'offre nulle part des traces d'écaillés.
La poitrine est également revêtue d'une peau nue, qui se prolonge jusqu'à la fin de
la base des pectorales. Les écaille? du corps sont un peu plus grandes que celles
du Goujon d'Europe; elles ont la surface couverte de stries un peu divergentes,
très-fines et serrées; on compte 42 à 44 écailles sur la ligne latérale et 11 rangées
d'écaillés entre le dos et le ventre, dont 5 se trouvent au dessus de la ligne latérale.
La ligne latérale est presque droite, et ne monte que par devant très-insensiblement
vers le haut. L'anus s'ouvre beaucoup plus vers le devant que dans le Goujon commun;
se trouvant placé à la fin du premier sixième de la longueur comprise entre
la fin de la base des ventrales et le commencement de l'anale, cet orifice est tout à
fait rapproché de la base des ventrales.
Le nageoires de ce poisson offrent les particularités suivantes: Les pectorales se
trouvent placées sur la ligne de la bouche; elles sont par conséquent tout à fait
reculées vers le bas; dirigées vers le devant elles se meuvent à peu près dans la
direction de l'axe longitudinal du corps; leur longueur égale la distance comprise
entre l'angle du préopercule et l'extrémité du museau; elles s'étendent en arrière
jusque sur la base des ventrales; elles sont arrondies vers le bas, et prolongées vers
le derrière en une pointe conique, dont l'extrémité est formée par le troisième
rayon; les quatre premiers rayons sont un peu courbés; le premier est simple, les
trois autres sont divisés en deux branches seulement, mais les suivants sont branchus
comme d'ordinaire. Les ventrales sont d'un quart moins longues que les pectorales;
leur extrémité est éloignée du commencement de l'anale à une distance égale aux
deux tiers de leur longueur. L'anale est un peu plus courte que les ventrales, et
très-faiblement éehancrée à son bord inférieur; son dernier rayon est de moitié plus
court que le premier rayon mou: des trois rayons antérieurs indivisés, le premier
est à peine sensible, et le dernier est grêle et flexible; aucun de ces rayons n'offre
des dentelures. La caudale est moins échancrée que dans le Goujon commun, de
sorte que la longueur de ses lobes libres n'occupe que deux cinquièmes de la longueur
totale de cette nageoire. La dorsale nait vis-à-vis de la fin du deuxième tiers
de la distance comprise entre la base des pectorales et des ventrales, sou bord supérieur
est droit et descend obliquement vers le bas, vu que le dernier rayon mou de
cette^ nageoire est presque de moitié plus court que le premier; les trois rayons
iiidivisds qui la précèdent sont semblables par leur construction, leur forme et leur
longueur relative aux rayons correspondants de l'anale. D.3 + 7 , dont le dernier est,
comme à l'ordinaire, double; A. 3 + 6, dont le dernier est également double; V. 1 + 7,
dont le dernier est simple; P. 1 + 1 5 ; C. 19, outre les rayons latéraux accessoires.
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