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T E S BI^GIVIVIOIDES.
L E S STICHÉS. (Stictaetis).
S t i c h a e u s hexagrammiis. Pl. 73, fîg. 1. Le professeur Reinhardt de Copenhague,
en établissant le genre Stiché y a compris deux poissons du Groenland,
savoir, le Blennius punctatus de Fabricius, et une espèce nouvelle appelée par ce savant
Stichaeus unimaculatus, espèce rangée depuis par Mr. Kroeyer dans le genre Labrax
ou Chirus, et décrite par lui sous le nom de Chirus praecisus P). Les mers du Japon
produisent une troisième espèce de ce genre, également nouvelle pour la science, et
que nous désignerons sous le nom de Stichaeus hexagrammus. Les poissons compris
dans le genre Stiché étant peu connus, nous ferons observer qu'ils offrent de l'analogie
avec les Labrax, soit par leur physionomie, soit par leurs ^narines dont l'oriQce
est simple P), soit enfin par leur corps muni le plus souvent de plusieurs lignes latérales
accessoires; niais ayant les intestins dépourvus d'appendices coecales, et leur
préopercule n'étant pas réuni au sous-orbitaire au moyen d'une apophyse osseuse, il
convient d'éloigner les Stichés des Labrax, de laisser à ceux-là leur place dans la
famille des Blennoïdes, et de ranger ceux-ci, ainsi que nous l'avons fait dans cet
ouvrage à l'exemple de Mr. de 'Valenciennes, dans la famille des joues cuirassées.
Du reste les Stichés se distinguent encore des Labrax sous plusieurs autres rapports,
notamment par leurs ventrales jugulaires et composées seulement de trois rayons, par
leur dorsale unique, très-longue et réunie avec la base de la caudale, par le défaut
d'aigrettes sourcilières, etc. Les trois espèces qui composent le genre Stiché sont
faciles k distinguer les unes des autres par le nombre des lignes latérales dont chacune
est pourvue; elles diffèrent encore sensiblement entre elles par la disposition
des teintes. Le Stichaeus unimaculatus a le corps pourvu de chaque côté de quatre
lignes latérales, dont les lignes accessoires sont toutes incomplètes. Le Stichaeus
hexagrammus offre de chaque côté trois lignes latérales complètes et très-distinctes.
Le Stichaeus punctatus enfin ne présente qu'une ligne latérale unique comme le Labrax
agrammus, et la plupart des poissons en général.
(1) Oversigt over det Kongelige Danslie Videnskabernes SelskaLs Forliondlinger, 1835—188B, p. 9 à 11.
(2) Naturhistoiik Tidshrift, Kopenhague 1836, TOI. 1, cahier 1, p. 25 i S2.
(3) La tête de ces poissons ainsi que celle des Labrax, voir plus haut p. 27, Otant percée d'un nombre
plus ou moins considérable de pores, il est probable que Mr. Krojer, 1. c., p. 27, en assignant ces poissons
des narines doubles, a pris pour des narines postérieures le pore le plus rapproché de ces organes. Du reste,
j e trouve encore des narines simples dans les Gonelles, les Zoarcès, les Anarhichas , et dans les Lycodes, fait
d é j à constaté, par rapport à ce dernier genre, par le professeur Reinhardt de Copenhague; voir son ouvrage
i n t i t u l é : Ichthjologiske Bidrag til de Grdnlandske Fauna, Kopenhague, 1837, 4", p. 73. Il paraît même
que la plupart des Jilennioïdes des Gobioïdes, et même des poissons à pectorales pédiculées n'ont de chaque
côté qu'un seul oriGce des narines; mais cette supposition a besoin d'être constatée par des reclierches anatoiniques,
dont nous ne pouvons nous occuper ponr le moment.
Le Stiché des mers du .Japon ne nous est coniai que par la figure que nous en
¡lublious, figure faite au Japon sur le frais et sous les yeux de Mr. Bürger, qui nous
a é"alemcnt adressé quelques notes descriptives sur ce curieux poisson. On voit par
la ii"ine que nous en publions, que cette espèce offre des formes assez délicates et
aloui'ées. La hauteur du corps entre six fois et demie dans la longueur totale du
poisson; la tète y est environ quatre fois et demie. La téte est en général basse,
alougée, et sa ligne supérieure ne forme qu'une courbure très-légère. Le museau est
de longueur moyenne. Les yeux, quoique latéraux, sont tout à fait rapprochés du
sommet de la téte; il sont peu volumineux. 11 n'existe de chaque côté qu'un seu!
orifiee des narines, et cet orifice s'ouvre, comme dans les espèces de la mer glaciale,
dans un petit tube placé à distance égale des yeux et du haut du museau. La bouclie
est fendue jusque vis-à-vis du bord antérieur de l'oeil, et armée, suivant Mr. Bürger,
sur chacune des mâchoires, de plusieurs rangées de petites dents acéreés, augmentant
un peu en grandeur vers le devant. Les lèvres sont charnues. La langue est
large, mais mince, lisse et de forme ovale. Le préopercule est arrondi sur ses bords;
la peau qui revêt l'opercule est au contraire prolongée en une pointe aiguë. L'anus
s'ouvre immédialcment devant la nageoire anale. Les écailles sont très-petites et cessent
d'exister sur la téte qui est enduite à l'état frais, comme toutes les autres parties
du poisson, d'une matière visqueuse. Il existe, de chaque côté du corps du
poisson, trois lignes latérales,, saillantes en forme de carène, droites et par conséquent
parallèles entre elles. La première ou celle qui se trouve rapprochée du dos,
commence au dessus de l'ouverture des ou'ies et se perd au point de réunion de la
dorsale et de l'anale; celle qui se trouve près do la ligne du ventre, naît derrière
les pectorales et finit à la base du premier rayon inférieur de la caudale. La mitoyenne,
enfin, naît également derrière la base des pectorales et se prolonge jusqu'au
rayon mitoyen de la caudale.
Les nageoires de ce poisson offrent la disposition suivante: les ventrales sont pet
i t e s , rapprochées l'une de l'autre, et composées seulement chacune de rayons mous
et branchus; elles sont placées sous l'aplomb de l'ouverture des ouïes, de sorte que,
naissant en avant des pectorales, elles méritent l'épithète de jtigulaires. Les pectorales
sont peu développées et arrondies. 11 n'existe qu'une seule dorsale, et elle est
entièrement composée de rayons épineux; elle commence un peu par derrière du visà
vis de l'aiselle des pectorales et s'étend assez uniformément tout le long du dos
jusqu'à la caudale, à laquelle elle est complètement réunie au moyen d'une membrane;
peu haute, elle diminue encore un peu en hauteur vers le devant. La caudale est
à peine plus grande que les pectorales et fortement arrondie. L'anale naît à peu près
sous l'aplomb du (|uinzième rayon de la dorsale, à laquelle elle ressemble par sa
forme; mais ses rayons, quoique indivisés, sont assez flexibles, et elle n'est pas réunie
à l'anale, quoiqu'elle s'étende jusqu'au bord inférieur de cette nageoire même. Les
nombres de cette espèce sont comme suit: B. 6; D. 40; A. 29; V. 3; C. 12; P. 14.
Les teintes de ce poisson, sont, à l'état frais, ni variées, ni agréables à l'oeil. La
couleur dominante est un brun pâle, plus clair sur le dessous et tirant un peu au
rougeâtre sur le ventre et au jaunâtre sur la tête. On voit sur les opercules deux
raies d'un brun pâle; elles montent, vers le devant, un peu obliquement en haut,
pour atteindre le bord postérieur de l'oeil. Les pectorales, d'un jaune brunâtre, sont
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