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mais l'espèce de ces mers, sur laquelle MM. Cuvier et Valenciennes, tome IX, p. 390,
avaient d'abord fixé l'attention des naturalistes, était totalement inconnue en Europe.
Ayant reçu de ce poisson deux individus desséchés et un dessin fait sur le frais,
nous sommes à même de constater que le Stromatée du Japon forme une espèce particulière,
distincte de toutes celles connues jusqu'à présent par la distribution des
t e i n t e s , ainsi que par plusieurs autres caractères empruntés des formes et des proportions
des parties du corps. En eifet, on ne peut guère confondre avec cette espèce
du Japon ni le Stromatée fiatole, dont les formes sont beaucoup plus allongées, ni les
securifer et griseus dont les épines de l'anale et de la dorsale sont en grande partie
converties en lames tronquées, ni avec le niger. Tatous et l'albus qui ont des pectorales
plus développées et l'anale moins prolongée, ni avec l'argenteus, le candidus
et l'acnleatus, dont le museau offre une forme diverse.
Le Stromatée du Japon ressemble par la forme de son corps davantage aux candidus
et au griseus qu'aux autres espèces. La hauteur du corps est une fois et cinq
sixièmes dans la longueur totale du poisson; la téte y est quatre fois et demie; la
pectorale trois fois et demie. La ligne du profil forme une courbe assez régulière, de
sorte que le museau est parfaitement arrondi et très-peu proéminent. Les yeux sont
peu volumineux, les narines amples et comme d'ordinaire rapprochées de l'extrémité
du museau. La ligne latérale se trouve rapprochée de celle du dos, particulièrement
à sa partie postérieure. Les écailles sont très-petites et tellement délicates qu'elles
ne paraissent à l'oeil qu'en regardant le poisson de très-près; sur le dessus de la téte
elles sont distribuées dans des rangées longitudinales, ce qui donne à cette partie l'air
d'être striée, disposition que l'on observe également dans le candidus et probablement
dans la plupart des espèces du genre, cà l'exception du Stromatée noir. Les pectorales
sont un peu arrondies à leur bord postérieur. Les épines de la dorsale sont dirigées
en avant, celles de l'anale en arrière, mais les unes et les autres sont si petites que
ce n'est avec peine que l'on peut s'assurer de leur existence; d'ailleurs, elles sont toujours
en parties cachées sous la peau, et n'en sortent quelquefois pas du tout, comme c'est
le cas dans notre plus grand individn, qui, à la vérité, n'en offre pas la moindre trace.
La dorsale est allongée par devant en une pointe dont la longueur égale celle des
pectorales. La pointe antérieure des ventrales est beaucoup plus longue que celle de
la dorsale et atteint, lorsqu'elle est couchée en arrière, jusqu'à l'extrémité des ventrales.
La caudale est assez grande et profondément échancrée; dans l'un de nos individus,
qui a les ventrales un peu plus longues que d'ordinaire, le lobe inférieur de la caudale
est beaucoup plus long que le supérieur; ce développement irrégulier des deux lobes
de cette nageoire ne paraît par conséquent offrir qu'un caractère individuel et non
pas un caractère spécifique comme le croit Mr. de Valenciennes, qui l'attribue
par excellence à son Stromateus griseus. D. 41; A. .39; P. 18; C. 22. — La couleur
générale de ce poisson est, à l'état frais, un gris tirant au bleuâtre et passant
sur les parties inférieures au blanchâtre. Les nageoires offrent une légère teinte d'un
brun jaunâtre. L'iris de l'oeil est blanchâtre. Mais ce qui distingue surtout cette
espèce de toutes les autres du genre, c'est que chaque écaille de toutes les parties
du corps est pourvue au centre d'une petite tache ronde ou oblongue un peu plus
foncée que la couleur du fond. Ces taches, au lieu de s'efi'acer après la mort, deviennent
même plus sensibles dans les individus empaillés qu'elles ne le sont dans les vivants.
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Le Stromatée du Japon porte dans cet empire le nom de Mana-ka tsuvvo. Il
atteint ordinairement la taille d'un pied. On le prend de tems à autre, notamment
en automne, à l'entrée de la baie de Nagasaki. La chair très-grasse offre un met
délicieux et très-recherché des Japonais.
L ES DORÉES. (ZEUS).
L Zeus japonicus , Cuvier et Valenc. Tome X, p. 24. — Les savans que nous
venons de citer ont établi cette espèce d'après deux dessins, dont l'un fait partie
d'un recueil japonais de poissons, tandis que l'autre se trouve dans l'atlas du voyage
de Krusenstern, Pl. 61 , fig 1. Le premier étant peu soigné, le second assez inexact,
il était impossible d'assigner à cette espèce des caractères fixes, et de prouver qu'elle
diffère en effet par l'espèce de la Dorée commune de nos mers, à laquelle celle du
Japon porte la plus grande affinité. Les envois des voyageurs hollandais qui ont
visité le Japon, nous mettent à même de constater que la Dorée des mers du Japon
forme une espèce non seulement distincte de la Dorée commune, mais encore de l'espèce
du Cap et de la seconde espèce de la Méditerranée établie par Cuvier et Valenciennes
sous le nom de Zeus pungio. C'est de l'espèce commune que la Dorée du Japon
se rapproche le plus ; elle lui porte même une affinité tellement grande que l'on ne
parvient à l'en distinguer d'une manière nette qu'à l'aide des caractères tirés du nombre
des boucliers qui garnissent la base des nageoires. Offrant absolument les mêmes
formes, la même organisation et la même distribution des teintes que l'espèce commune,
il suffira pour se faire une idée précise de la Dorée du Japon, d'indiquer les caractères
par lesquels elle se distingue de celle de nos mers, connue sous le nom de Zeus
faber. On observe d'abord que les boucliers qui garnissent la base de la dorsale molle,
sont au nombre de six ou quelquefois de sept dans l'espèce du Japon; dans celle de
nos mers, il y en a ordinairement neuf, et quelquefois huit seulement. A l'anale molle,
il n'existe que six et rarement sept boucliers dans le Zeus japonicus; dans le Zeus
faber on en compte neuf. Les boucliers ventraux sont au nombre de six ou de sept
dans la première espèce, dans la seconde il y en a neuf à dix. Du reste, tous ces
boucliers, ainsi que les épines dont elles sont armées, ne présentent aucune différence
sensible dans ces deux espèces. Je trouve encore que l'épine occipitale manque toujours
dans la Dorée du Japon, que celle du surscapulaire est très peu développée, que
les épines de la dorsale et de l'anale sont plus grêles, qu'elle a les yeux un peu plus
volumineux que la Dorée commune, et que la tache des flancs est ordinairement un
peu plus grande et de forme oblongue. Les nombres offrent peu de différence, comme
on peut le voir par la formule suivante. D. 10 et 22; A. 4 et 21; V. 1 + 5 ; P. 14;
C. 15. — Boucliers D. 0 + 6; A. 0 + 6; V. 6; P. 8. — Nous possédons une dizaine
d'individus de cette espèce, dont le plus grand porte dix-sept pouces en longueur
totale. Quant aux couleurs naturelles et à la manière de vivre de ce poisson, nous
ne sommes pas à même d'en fournir des détails. Il parait cependant que l'espèce est
commune dans les mers du Japon.
2. Zeus nebulosus, Pl. 66. — Il existe dans les mers du Japon, indépendamment
de l'espèce dont nous venons de traiter, une autre Dorée assez différente, et