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LES TASSARDS. (Ctbidm.)
]. Cybium chinerise, PI. LIII, fig. 1. — On sait que G. Cuvier, 1. c. VIII, p. 180,
a donné ce nom à une espèce de ïassard, connue seulement d'après une figure qui
fait partie d'un recueil de peintures chinoises, et dont Mr. de Laeépède s'était servi
antérieurement pour établir son Scombre chinois. Cette espèce se distinguant des
autres par un nombre moins considérable de fausses nageoires, je crois devoir y rapporter
un Tassard des mers du Japon, d'une taille très-grande, mais dont nous
n'avons malheureusement reçu que le dessin publié sur notre planche 53. Ce dessin,
exécuté sur le frais, sur les lieux mêmes, et sous les yeux de Mr. Bürger, semble
fait, ainsi que tous les autres dessins que nous avons reçus du .Japon, avec la plus
grande exactitude, de sorte qu'il offre les moyens d'en tirer tous les détails nécessaires
pour l'établissement de l'espèce. Il parait qu'elle s'éloigne non seulement des
autres espèces par le nombre moins considérable des fausses nageoires, mais aussi par
la forme arrondie des pectorales et par la distribution des teintes.
Cette espèce appartient au nombre de celles où le corps n'est que médiocrement
allongé. La hauteur du corps entre ;i peu près cinq fois dans la longueur totale du
poisson; la tète y va quatre fois et demie, mais les pectorales n'en occupent que le
septième. Les formes générales du poisson, la coupe des opercules et les dents ne présentent
rien de particulier. Les nageoires pectorales se font recotmaitre par leur forme
arrondie. La dorsale épineuse est, en égard à son peu d'étendue, passablement haute
par devant, ce qui fait que son bord supérieur va plus subitement en descendant vers
les parties postérieures que dans la plupart des autres espèces. Les ventrales sont un peu
plus petites que les pectorales, mais, comme d'ordinaire, de forme deltoïde. L'anale
offre à peu près la mémeforme que la deuxième dorsale; elles sont toutes deux de moitié
plus longues que les premiers rayons de la dorsale épineuse. Les fausses nageoires sont
en dessus au nombre de sept; en dessous on n'en voit que six de libres, la septième
étant tellement rapprochée de l'anale qu'elle fait elle-même partie de cette nageoire.
La caudale est, comme à l'ordinaire, très développée. La ligne latérale fait sa grande
inflexion vers le bas, sous la partie postérieure de la première dorsale. D. 14 et 15
+ 7 fausses nageoires libres; A 15 + 1 fausse nageoire et 6 fausses nageoires libres;
P. 18; C. 26.
Le ventre de ce poisson offre, à l'état frais, une belle teinte argentée, qui passe,
sur les flancs, au blanc bleuâtre, et sur les parties supérieures, au vert bleuâtre sale.
Les parties postérieures, à partir de l'anale et de la seconde dorsale sont nuancées
de gris bleuâtre. On voit sur la moitié postérieure du poisson, de chaque côté, sur
le milieu des flancs, deux rangées de taches rondes noirâtres. Une raie d'un gris-bleu
noirâtre descend verticalement depuis le troisième rayon de la deuxième dorsale jusqu'au
point d'insertion de l'anale; cette raie est un peu en croissant dont la ligne
convexe regarde la queue. Les pectorales et la caudale sont d'un bleu noirâtre trèsfoncé
, particulièrement vers les parties postérieures des nageoires. Les autres nageoires
sont d'un gris bleuâtre, mais cette couleur passe au noirâtre vers les extrémités
de la seconde dorsale, de l'anale et des ventrales. L'iris de l'oeil est d'un jaune
verdâtre très-pâle.
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Ce poisson, dont le nom japonais est Savara, parvient à une taille de douze pieds,
et pèse alors plus de cent livres, On le prend, particulièrement au milieu de l'été,
dans les baies de Simabara et de Figo. On en mange généralement la chair dans les
villes situées le long des côtes du Japon, et on la sèche aussi, pour la transporter
dans l'intérieur des terres.
L'individu qui a servi de modèle à notre figure était long de trois pieds.
2. Cybium niphonium. Tab. LUI, fig. 2. — Il existe, dans les mers du Japon,
une deuxième espèce de Cybium, très-différente de celle que nous venons de décrire,
et qui se rapporte évidemment à celle que Cuvier et Valenciennes, l. c. VKI, p. 180,
ont établie, sous le nom de Cybium niphonium, d'après une ligure qui fait partie d'un
recueil japonais de figures de poissons, conservé à la Bibliothèque du Musée de
Paris.
Cette espèce qui offre des formes beaucoup plus allongées que la précédente, surpasse
même sous ce rapport le Cybium Commersonii, et peut-être aussi toutes les
autres espèces connues. Sa première dorsale est pourvue d'un nombre plus considérable
de rayons que celle des autres espèces, à l'exception du Cybium de Solander; sa
tête est plus petite, mais les nageoires fausses sont au contraire en nombre moindre
que cela a ordinairement lieu dans les espèces à formes allongées. Il me semble
par conséquent que ce Cybium forme une espèce assez reconnaissable et bien établie.
Notre plus grand individu porte à peu près trois pieds en longueur. La hauteur du
corps entre cinq fois et demie dans cette longueur totale; la tête en occupe le cinquième,
mais les pectorales y entrent environ onze fois et demie. La ligne latérale forme quelques
légères inflexions sous l'aplomb de l'entre-deux des dorsales, et elle n'atteint le
milieu des flancs que vis-à-vis de la deuxième fausse nageoire. La tête est plus petite
que dans le Cybium Commersonii, les yeux sont aussi moins volumineux et la
bouche est plus étroite; les dents enfin sont plus faibles, mais du reste, comme d'ordinaire,
comprimées, droites et à deux tranchans. Le préopercule est faiblement
échancré à son bord postérieur, mais j'ai observé que cette échancrure varie, suivant
les individus. La première dorsale est assez longue, mais moins haute que dans le
Cybium chinois, la deuxième dorsale, l'anale et notamment la caudale sont moins
développées que dans cette espèce. Le nombre des fausses nageoires n'est que de huit,
tant en haut qu'en bas ; dans notre grand individu cependant les derniers rayons de
l'anale et de la deuxième dorsale sont plus allongés que les autres, ce qui lui donne
l'air d'une fausse nageoire accessoire. D. 20 et 16 et 8 fausses nageoires; V. 14 et
8 fausses nageoires.
La couleur générale de ce poisson est, à l'état frais, un bleu sale, passant au blanc
bleuâtre vers les parties inférieures, et au noirâtre foncé sur le dos. On observe une
légère teinte jaune derrière les yeux, sur les opercules et à la base des pectorales.
Les flancs sont parsemés, vers le dessus, de nombreuses taches noirâtres, tantôt orbiculaires,
tantôt angulaires ou flexueuses et en forme de raies; elles sont assez irrégulières,
mais les inférieures se présentent sous forme de petites taches oblongues,
disposées longitudinalement. Les nageoires inférieures sont d'un gris noirâtre pâle.
Les pectorales, la deuxième dorsale, les fausses nageoires supérieures et la caudale
sont d'un noirâtre foncé. La première dorsale est d'un blanc grisâtre, mais elle est
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