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LES TK[ACA.iNTHËS. (ÏRIACAWTIUIS),
1. Triacaiithiis brevirostris^ Pl. CXXIX, fig. 2. On n'a décrit jusqu'à présent
qu'une seule espèce de Triacanthe, savoir le Balistes biaculeatus de Bloch,
Pl. CXLVITI, fig. 2 ; niais nous en possédons quatre à cinq espèces nouvelles, qui
se distinguent tant de ce biaculeatus qu'entre elles, soit par la longueur comparative
de leur museau ou l'étendue plus ou moins considérable de leurs écailles, soit par
leurs formes plus ou moins trapues et un corps plus ou moins élevé; une d'entre-elles,
savoir celle de l'article suivant, s'éloigne même des autres par plusieurs caractères
très-essentiels de sorte qu'elle mérite de former une subdivision particulière dans le
genre des Triacanthes.
L'e.spèce que nous décrirons sous l'épitliète de brevirostris, parait être celle que
M. de Valenciennes a désignée sous ce nom dans les galeries du Musée de Paris.
Elle est assez voisine du biaculeatus, dont elle se distingue cependant par un museau
plus court et par conséquent moins pointu. Nous en possédons un bon nombre
d'individus, originaires en partie des mers de la Sonde, en partie de celles du Japon.
La description suivante est faite d'après un individu du Japon, très-bien conservé, qui
porte à peu près huit ponces en longueur totale, et qui a également servi de modèle
à la figure que nous publions de cette espèce.
La hauteur du corps aux pectorales est , dans cette espèce , trois fois dans la longueur
comprise entre l'extrémité du museau et l'éehancrure de la caudale ; la tête
est un peu plus de quatre fois dans cette longueur; le museau entre à peu près une
fois et demie dans la tête, et l'oeil est peu près trois fois dans le museau. L'entredeux
des jeux est, au milieu, de moitié plus considérable que le diamètre de l'oeil,
et l'anus s'ouvre sur la moitié de la distance comprise entre l'extrémité du museau
et l'échancrure de la caudale. La ligne du dos entre les deux dorsales est tant soit
peu cchancrée. Le sommet de la tête est élevé en forme de carène qui se prolonge
jusque sur l'entre-deux des yeux, où elle est accompagnée, de chaque côté, d'une
rainure peu profonde. Le museau est arrondi vers les côtés, mais sa ligne supérieure
est un peu concave. La peau est parsemée de petites écailles très-serrées, de forme
rhomboïdale et à surface taillée de manière à former quatre facettes. La ligne latérale
forme sur le tronc une très forte courbure vers le haut; mais elle descend, derrière
l'anus, sur le milieu de la queue où elle est droite.
Les pectorales sont assez arrondies à l'extrémité; leur longueur égale la moitié de
celle du museau. La dorsale épineuse naît au dessus de l'aiselle de ces nageoires ;
son épine antérieure est, comme d'ordinaire, très-forte, hérissée d'aspérités très-prononcées,
et assez longue pour égaler la longueur du museau; les trois épines suivantes
sont de plus de deux tiers plus courtes, beaucoup plus faibles, et en grande
partie enveloppées dans la membrane qui les réunit. L'épine ventrale est implantée
sous l'aplomb de la grande épine dorsale, à laquelle elle ressemble sous tous les
rapports. L'anale commence à une très-petite distance derrière l'anus; elle est, par
derrière, de moitié plus basse que par devant, où sa longueur égale à peu près celle
des pectorales. La deuxième dorsale, quoiqu'un peu plus basse, est plus longue et elle
s'étend plus vers le devant que l'anale, de sorte que l'anus se trouve sous l'aplomb de
L
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la fin du premier tiers de cette dorsale. La caudale est profondément échancrée à
l'extrémité. D. 4 et 23; A. 18; V. 1 ; P- 14; C. 12.
A l'état frais, la teinte dominante de ce poisson est un bleuâtre pâle, tirant au
blanc argenté sur le ventre et au brunâtre sur le dos. Les pectorales et la caudale
sont jaune de citron. Les lèvres offrent une légère nuance couleur de chair, et on
remarque, à la base de la dorsale, une large tache noire qui s'étend aussi sur toute
cette nageoire, à l'exception de la moitié supérieure de la grande épine antérieure,
qui est grisâtre ainsi que les épines ventrales, l'anale et la dorsale molle.
Cette espèce, assez rare au Japon, y porte le nom de Gin-Koomuki.
2. Triacanthus anomalus. Pl. CXXIX, fig. 3. Nous avons déjà constaté dans
l'artiele précédent que ce poisson curieux , jusqu'à présent inconnu des naturalistes,
s'éloigne des autres espèces du genre Triacanthe , par plusieurs caractères essentiels
en faveur desquels on pourrait l'élever au rang des sous-genres. En effet, ce poisson,
tout en se rapprochant des Triacanthes par l'ensemble de son organisation et
par sa physionomie en général, s'éloigne cependant des espèces de ce genre, par
un corps moins allongé, plus élevé et plus gros ; par ses dents beaucoup plus nombreuses
, plus minces, et qui rappellent en quelque sorte celles des Ostraeions ; par
la présence de petits rayons mous dans la membrane de l'aiselle de l'épine ventrale,
semblable à ce qu'on observe dans le Monocentris ; par sa première dorsale presque
contiguë à la dorsale molle et composée de six épines très-fortes; par sa caudale
arrondie et non pas échancrée; par son bassin plus mobile; par l'absence de la ligne
latérale ; par ses écailles hérissées de petites pointes et par ses couleurs. Les formes
générales de ce poisson étant parfaitement rendues dans la figure que nous en publions
, nous n'entrons pas dans des détails minutieux sous ce rapport; toutefois,
nous faisons observer qu'il offre, sous ce rapport, certaine analogie avec celles du
Sanglier, Capros aper, de la Méditerranée.
La hauteur du corps, soit aux pectorales, soit à l'anus, est presque deux fois et
demie dans la longueur totale du poisson; la tête occupe le quart de cette longueur,
et le museau entre deux fois et un tiers dans la tête. Le corps est assez déprimé. Le
ventre est plane, et la distance comprise entre les faces externes de la base des deux
épines ventrales égale le tiers de la hauteur du tronc. Le lobe libre de la queue
est étroit, et sa hauteur à la base de la caudale, entre quatre fois et deux tiers
dans la hauteur du corps. L'entre-deux des yeux est un peu bombé et, au milieu,
d'un tiers moins considérable que le diamètre longitudinal de ces organes. Les orifices
de la narine, doubles de chaque côté et assez ouvertes, sont rapprochées des
yeux. L'ouverture de la bouche est, comme dans toute la famille des Sclérodcrmes,
très-étroite. Les mâchoires sont garnies chacune d'une rangée de dix-huit à vingt
petites dents serrées, pointues, un peu coniques, courbées, et un peu dirigées vers
le devant; cette rangée est le plus souvent suivie, dans l'une et l'autre mâchoire, de
plusieurs autres dents. La peau est, comme à l'ordinaire, uniformément garnie de
petits compartiments taillés en facettes ; mais ces compartiments ou écailles sont hérissés
chacun de trois petites épines très-pointues et implantées presque perpendicu-
Lairement sur les écailles, ce qui fait que la peau de ce poisson offre une surface
très-rude au toucher. Je n'ai pu trouver aucune trace de la ligne latérale. Le bassin