92 93
L E S iSCOmiSUROIDES.
LES MAQUEREAUX. (SCOMBER).
1. Scomber scombrus japonicus. Ou sait que les Maquereaux se divisent naturellement
en deux groupes, extrêmement voisins l'un de l'autre par l'ensemble de
leurs formes et par leur aspect général;, mais se distinguant entre eux d'une manière
tranchante par la présence ou par l'absence d'une vessie natatoire et par le nombre
plus ou moins considérable des épines de la première dorsale. Des espèces dépourvues
d'une vessie natatoire et de rayons plus nombreux à la première dorsale, on ne
connaît jusqu'à présent avec certitude qu'une seule, savoir: le Maquereau commun.
Scomber scombrus de Linnaeus, espèce commune dans la Méditerranée, sur les côtes
atlantiques de l'Europe et dans les parages occidentaux de la mer du nord, mais plus
rare dans les autres parties de cette mer et dans la Baltique. Cuvier a indiqué
une deuxième espèce de Maquereau commun, originaire du Cap de Bonne Espérance,
et connue seulement par le squelette; mais cette espèce ou race ne se distingue,
suivant Cuvier, du Maquereau commun que par des dents plus menues, plus nombreuses
et plus serrées. Il existe également au Japon un Maquereau, en tout point
semblable au Maquereau commun, mais qui parait plutôt se rapprocher de la race
du Cap par ses dents faibles et nombreuses. N'ayant pas été à même d'examiner ce
Maquereau du Cap en nature et ne possédant qu'un seul individu de la race du Japon,
nous n'avons pu constater avec précision le degré d'affinité qui existe entre ces deux
races et nous avons préféré, au lieu de réunir ces deux races sous la même dénomination,
désigner provisoirement la dernière sous le nom de Maquereau commun
du Japon. Cuvier, 1. c. p. 55, a fait mention d'un Maquereau à dos bariolé du Japon,
d'après une figure qui fait partie d'un imprimé japonais; mais comme il existe
dans les mers du Japon trois espèces ou races de Maquereau, il est impossible de
décider à laquelle de ces trois espèces il convient de rapporter la figure que nous venons
d'indiquer. Quant aux descriptions des deux prétendues espèces japonaises de
Maquereau, publiées par Houttuyn P), elles sont, comme l'a déjà observé Cuvier, 1. c.
p. 54, trop superficielles, pour qu'on puisse se faire une idée précise de ces animaux.
L'individu du Maquereau commun du Japon, rapporté par Mr. de Siebold, est long
de quinze pouces. Comparé au Maquereau commun des mers d'Europe, il ne s'en
distingue en effet que par ses dents qui sont moins longues, plus délicates, plus nombreuses
et par conséquent plus serrées. Tous les autres détails de son organisation,
ses formes, la distribution des teintes sont tout-à-fait semblables à celk^s de l'espèce
d'Europe. Il a comme celle-ci, douze épines à la première dorsale, et le nombre des
(1) nist. nat. des Poissons, TJ]I, p. 56; Scomber capensis.
(2) Veiliandeliiigen der naarlcmnier Maatschappij, Vol. XX, pan. 11, p. 331, Scomber japoniciis ct Scoml)er
anratiis.
rayons des autres nageoires ainsi que les fausses nageoires ne présentent pas la plus
légère dilférence. La coupe des pièces operculaires est absolument la même; le dos
est comme d'ordinaire, orné de chaque côté d'une trentaine de lignes ondulées noires,
et il existe, le long des flancs, une ligne longitudinale noirâtre, indistinctement ondulée,
accompagnée vers le bas d'une deuxième ligne moins prononcée, ça et là interrompue,
et s'elTaçant par degrés vers les parties postérieures de la queue. Les parties
molles enfin présentent la même organisation, soit par l'absence complète de
vessie natatoire, soit par la forme de la vésicule du fiel allongée en boyau étroit, etc.
Il ne nous est parvenu aucune notice sur les couleurs naturelles de ce poisson, ni sur
sa manière de vivre.
2. Scomber pneumatophorus j a p o n i c u s . Pl. XLVII. — Indépendamment du
Maquereau dont nous venons de parler, le Japon produit encore une autre espèce de
Maquereau à dos bariolé, et qui s'éloigne du précédent parce qu'il a une vessie natatoire
assez développée. Les Japonais distinguent même deux races de cette espèce;
il parait par conséquent que ces deux races représentent les deux races de Maquereaux
de la Méditerranée, connues sous les noms de Scomber pneumatophorus et colias.
Je n'ai pu parvenir à distinguer entre elles les deux races japonaises au moyen de
caractères tranchans et précis, et le défaut d'individus bien conservés des deux Maquereaux
à vessie natatoire de la Méditerranée m'a empêché de constater s'il existe
des caractères suffisans, pour regarder comme espèces particulières les Maquereaux
du Japon, dont je viens de faire mention. Je puis seulement affirmer que ces Maquereaux
japonais se distinguent du Scomber grex de l'océan atlantique, par leur estomac
plus allongé ainsi que par leurs coecums plus courts et moins nombreux, et qu'ainsi
ils se rapprochent également, à cet égard, dos Maquereaux pneumatophores de la
Méditerranée.
Les deux Maquereaux à vessie natatoire du Japon présentent sous tous les rapports
les mêmes formes, les mêmes nombres aux rayons des nageoires, et la même organisation
que ceux de la Méditerranée, de sorte qu'il serait inutile d'en donner une description
détaillée. Nous nous contenterons en conséquence de communiquer ces détails
qui pourront dans la suite servir à reconnaître ces poissons.
La petite race, à laquelle nous avons donné l'épithète de minor , se rapporte en
tout point au Scomber pneumatophorus de la Méditerranée. A l'état frais, il est d'un
vert bleuâtre terne, assez clair sur les flancs et passant à l'argenté vers les parties
inférieures, et au noirâtre vers l'extrémité du museau. Les nageoires pectorales et
la caudale sont d'un olivâtre pâle, teinte dont on voit aussi de légères nuances sur
les côtés de la tête, sur l'iris de l'oeil et sur les flancs. Les autres nageoires sont
grisâtres. Comme dans les Maquereaux pneumatophores de la Méditerranée, il existe à
la partie supérieure du museau un large espace blanchâtre qui se prolonge sur le
front et par devant les yeux, mais qui ne paraît guère être sensible dans les individus
frais. Les taches dont le dos est orné, sont d'un noirâtre pâle tirant sur le bleu;
celles qui se trouvent par devant de la seconde dorsale sont en chevron; les autres
sont irrégulières et forment des anneaux incomplets ou des taches transversales. On
voit, au dessous de ces taches, une série de points ou de petites taches rondes, disposées
en ligne ondulée. Ce Maquereau atteint une longueur de neuf pouces; mais
24